L'imaginaire

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Il s'était écoulé presque un mois à Neridia. Les jumeaux ont commencé à prendre goût à leur nouvelle vie. Azura étudiait sans relâche : entre l'histoire des mages, les cours d'autodéfense avec Horus et ceux de magie, la brune n'avait pas le temps de s'ennuyer. Surtout avec Edwin Sungrey comme professeur.

— Fermez les yeux !

La jeune femme se trouvait dans une petite pièce vide, à l'exception d'une table et d'un verre d'eau. Edwin l'observait tel un vautour, cherchant absolument à découvrir jusqu'où elle pouvait aller dans son lien avec l'eau.

— Vous me dites que vous avez déjà réussi à faire bouillir de l'eau par le passé. Pourquoi n'y arriveriez-vous plus maintenant ?

— À ce moment-là, je ne maîtrise pas mes capacités…

— Essayez encore.

Azura soupira. Cela faisait un bon moment que cette eau restait désespérément immobile. Elle prend le verre entre ses doigts et ferme les yeux, mais rien ne se produit.

— Persévérez, insiste Edwin. Pensez à votre grand-père, qui pouvait respirer sous l'eau. À votre arrière-tante, qui contrôlait l'eau à sa guise. Vous avez forcément un don en rapport avec cet élément.

La brune pâlit et renvoie les paupières. Elle tenta de se remémorer un souvenir de son père et, sans trop savoir pourquoi, l'imagina projeter une boule d'énergie sur Edwin. Un gloussement lui échappa.

— Sortez ces idioties de votre esprit et concentrez -vous, avant que je ne vous expédie au beau milieu du désert pour vous y abandonner !

La brune déglutit et se focalisa sur l'objet. De nouveau et guidée par son instinct, elle pensa à son père. Soudain l'eau se mit à vibrer sous ses doigts, elle ouvrit grand les paupières. Edwin s'abaissa à sa hauteur ébahie. L'eau flotta au-dessus du verre et se transforma en une grande bulle. Comme un film à la télévision, le souvenir d'Azura qu'elle s'était remémorisé quelques minutes plus tôt défila à travers la bulle. Son père était à ses côtés, il fabriquait sa maison de poupée, l'enfant qu'elle était l'admirait avec émerveillement. 

Azura jeta un bref coup d'œil à Edwin, qui ne semblait pas insensible à ce qu'il percevait, malgré ses efforts pour prouver le contraire. La brune sentit une chaleur monter en elle et, étreinte par l'émotion, ferma brusquement la main. La bulle éclata, le souvenir se dissipa, et l'eau se déversa dans le verre, dévalant le long de son jean.

— L'eau a une mémoire, Azura. S'exclama Edwin. Vous pouvez lire les souvenirs à travers celle-ci.

— Je pensais ne pas pouvoir être capable d'autre chose.

— Je vous l'ai pourtant dit, vous avez un grand potentiel. Il est bientôt dix heures. Vous pouvez disposer.

Azura quitta la pièce, son cœur lourd, et se dirigea sans but précis dans les couloirs de Hestia. À l'extérieur, la cour était vide, tous les élèves étaient partis. Elle marche vers les jardins près de l'étang, cherchant un peu de calme. L'eau réfléchissait son image, et elle se perdit dans le miroir de sa propre tristesse.

— Azura ?

Un frisson la parcourut. Loevan était là, son sourire éclatant comme un rayon de lune. Elle ne l'avait pas vu depuis si longtemps. Son cœur s'emballa à la vue de ce jeune homme au manteau gris et au jean noir qui épousait parfaitement sa silhouette fine. Il s'approche d'elle avec une grâce tranquille.

— Ça n'a pas l'air d'aller, que se passe-t-il ? exigea-t-il, les yeux pleins de douceur.

Azura passe une main tremblante dans ses cheveux, gênée.

— Je… je lis les souvenirs à travers l'eau.

— Vraiment ? C'est incroyable, Azura.

Elle se laisse tomber sur un banc, des larmes perlant à ses yeux.

— J'ai vu mon père… murmura-t-elle, la gorge serrée. Un beau souvenir, mais tellement douloureux.

Loevan s'assit à ses côtés, le regardant avec une compassion silencieuse.

— Je ne peux pas prétendre savoir ce que tu sens, mais je peux imaginer à quel point ça doit être difficile.

Azura détourna les yeux, les bras croisés sur son torse.

— Comment se fait-il que tu sois là ? demanda-t-elle, plus pour détourner l'attention de ses émotions que par curiosité.

— J'étais à la bibliothèque, à la recherche d'un livre. Puis j'ai senti ton énergie… et je t'ai aperçu à la fenêtre. En fait, c'était une belle coïncidence. J'avais vraiment envie de te voir.

Azura frissonna, et Loevan sourit, presque imperceptiblement.

— J'ai quelque chose à te montrer. Ça pourrait te remonter le moral.

Loevan plongea son regard dans le sien, deux petits tourbillons apparurent dans ses pupilles. Azura l'observa avec stupeur.

– Loe ? 

Le paysage environnant a lentement changé : les arbres se métamorphosèrent en cerisiers, ornés de magnifiques fleurs roses, et des pétales ont commencé à tomber des branches. Le brouillard se dissipa et fut remplacé par un ciel ensoleillé.

— Tout ça est réel ? 

Loe sourit.

— Non, ça sort de mon imagination. 

— J'ignorais que tu pouvais faire ça.

 Soudain, un ciel étoilé apparut. Ils étaient au milieu d'une forêt, des papillons bleus et des lucioles tournaient autour de la jeune femme. La lune apparut, elle aussi était bleue. 

– Le bleu est devenu ma couleur favorite. Admit Loevan.

Le jeune homme balayait son regard sur son joli visage empreint de mélancolie, sur ses yeux captivants et larmoyants, sur ses lèvres qu'elle mordillait.Il pouvait distinguer ses joues rouges et sa respiration plus rapide que d'habitude. Azura était profondément touchée, elle admirait les contours de son visage d'une pureté et d'une beauté à damner, elle respira son doux parfum poivré, ses yeux étaient dorés comme l'ambre, ses lèvres rose pale l'attiraient dangereusement.

Son cœur pulsait en harmonie avec le sien, des frissons parcoururent son corps. Prise d'un élan insurmontable, Azura se pencha en avant et inclina sa tête pour finalement atteindre les lèvres de Loevan. Ce dernier anticipa son geste et se laissa abandonner par le baiser qu'il avait tant imaginé. Ses yeux se fermèrent et l'intensité de l'échange augmenta, leur âme et leur corps semblaient parfaitement synchronisés. La main de la jeune femme remonta dans les cheveux du jeune homme, ce dernier la saisit délicatement et déposa sa paume libre en bas de son dos. Azura frémit et profita de cet acte intime et brulant ; elle sentit son souffle se couper et mit lentement fin à cet échange fougueux. Les deux jeunes gens restèrent silencieux un moment, le garçon esquissa un sourire.

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