Sur les traces de l'ile

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Les vagues s'écrasaient contre le hublot, tandis que les bougies éteintes laissaient encore s'élever un fin filet de fumée. Au milieu du silence, le bois craqua au-dessus de sa tête. Azura avait le sommeil léger, et le moindre bruit suffisait à troubler sa nuit. Elle se redressa lentement, jetant un regard vers Elisandre, qui dormait encore à poings fermés. Les bruits de pas se rapprochaient. Prudemment, elle quitta son lit et s'avança vers la porte. Soudain, celle-ci s'ouvrit dans un grincement sinistre. La brunette fit un bond en arrière.

Ewen, les traits fatigués, se tenait devant elle. Sans réfléchir, Azura accourut dans ses bras.

— Mon petit frère !

Le jeune homme la serra doucement contre lui.

— Je suis plus grand que toi ! protesta-t-il.

— Je suis née huit minutes avant toi, alors je reste ton aînée !

— Azura, tu es déjà levée ?

Elisandre, émergeant du sommeil, se redressa sur le lit, le regard embrumé.

— Désolé pour mon intrusion, Élise, s'excusa Ewen.

— Ewen ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Je vais faire vite. Shadow a récupéré la montre à gousset.

— Il a fait quoi ? ! s'exclama Elisandre en bondissant du lit.

— Il s'est infiltré dans le bureau du capitaine durant la fête et l'a dérobée.

— Toujours à faire cavalier seul, celui-là… Mais je dois admettre qu'il a été plus astucieux que nous cette fois-ci, admit-elle.

— Il faut que je retourne au dortoir, l'aube approche.

— Merci de nous avoir informées, Ewen, dit Azura.

— Sois prudent ! ajouta Elisandre.

Il inspecta discrètement les environs avant de disparaître en silence. Peu après, le crépuscule pointa à l'horizon, et une cloche résonna sur le navire, arrachant tout le monde à leur sommeil. Fergus fit irruption dans la chambre des filles.

— Pardonnez mon interruption. Ordre du capitaine.

Il déposa des seaux remplis d'eau devant elles.

— Je vous laisse ceci pour vous rafraîchir.

— Vous n'avez pas de savon ? demanda Elisandre.

— Bien sûr que si. Nous ne sommes pas des pouilleux. Contrairement à certains monarques qui refusent de se baigner, affirmant que l'eau est source de maladie et d'infortune, nous ne sommes pas si idiots.

La blonde gloussa.

— Le savon est déjà mélangé à l'eau. Je vous ai aussi apporté du linge. Dame Elisandre, vous êtes attendue aux commandes. Azura, vous pouvez la suivre.

Azura esquissa un sourire. Il avait pris la peine de prononcer son nom correctement et s'était montré plus courtois avec Elisandre. Avait-il, lui aussi, ressenti ce lien du sang qui les unissait ?

Une fois prêtes, les deux jeunes femmes rejoignirent le pont. Les garçons étaient déjà là, les cheveux humides, signe qu'ils avaient reçu le même traitement.

Elisandre s'initia à la barre sous l'œil attentif du capitaine, qui, malgré une gueule de bois carabinée, nota ses talents en navigation avant de s'éclipser pour aller se reposer.

Ewen discutait avec sa sœur tout en jetant des regards furtifs à Shadow, assis sur les marches, croquant distraitement dans une pomme. Loevan s'approcha des jumeaux. Ses cheveux trempés plaqués contre son crâne lui donnaient un air plus sévère, plus proche de son père. Il observa Azura. La lumière du soleil filtrait à travers ses yeux azur, mettant en valeur ses légères taches de rousseur.

— C'est le pire réveil de ma vie, grommela le blond. Une chose est certaine : je n'aurais jamais pu vivre à cette époque !

La brune gloussa.

— Loe, je me sens torturée. Il y a quelque chose dont je dois te parler. Je n'en ai parlé qu'à Ewen tout à l'heure.

Ce dernier esquissa un sourire et s'éclipsa.

Azura se pencha au-dessus de l'océan avant de reporter son regard sur le jeune homme.

— Les paroles de cette voyante ne cessent de me hanter. « Ils convoitent la fille aux yeux bleus. »

— Je comprends ton inquiétude. Nos pères sont les plus grands ennemis de la magie noire. Si quelqu'un te veut du mal, ce sont probablement des mages noirs.

— Mais qui ? Et pourquoi maintenant ?

— Avant, tu n'avais pas de pouvoirs. Maintenant, tu es une cible.

— Tu crois vraiment que quelqu'un voudrait ma peau ? 

— J'espère me tromper. Mais si c'est le cas, je le tuerai moi-même.

Azura esquissa un sourire en coin avant de fixer à nouveau l'océan.

— Horus, Jacynthe, tous les autres… Tu crois qu'ils vont bien ?

— Ne t'inquiète pas. J'en suis certain.

D'un geste naturel, il posa doucement sa main sur la sienne. Elle entrelaça ses doigts aux siens et contempla les vagues à ses côtés.

Pendant ce temps, Elisandre examinait la carte avec attention. Une silhouette se glissa derrière elle. Jian, muni d'une longue-vue, scrutait l'horizon.

— Pas mal, pour une fille.

— Une femme ! s'indigna Elisandre. Tu as un problème avec moi ?

— C'est curieux, ce langage familier. Pourtant, les Français disent que leur langue est la plus belle du monde.

— Si tu pouvais cesser de me distraire et retourner faire le vautour, ce serait parfait.

L'Asiatique gloussa et lui tendit l'instrument.

— Tenez, je vous apporte une longue-vue.

Elisandre l'accepta, incrédule. Lorsqu'elle observa l'horizon, elle se figea. Neridia. L'île était visible. Aucun bouclier ne la dissimulait.

Fergus s'approcha.

— Avez-vous repéré quelque chose ?

Elle réagit au quart de tour.

— Une… une baleine.

- Oh…

Le jeune homme observa le ciel, un air inquiet se peignit sur son visage.

— Une tempête approche. 

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