Chapitre 6

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Par moments, j'ai envie de lui balancer tout ce que j'ai sur le cœur, mais je sais que cela ne servirait à rien, il ne changerait rien pour autant. Il ne redeviendra pas la personne qu'il était avant. J'ai beau me creuser la tête, je ne comprends pas pourquoi il a tant changé.

Quand je regarde les photos de nous, celle d'il y a un an, je me dis que cette personne-là, je l'aimais, et cette personne me manque. La personne avec qui je me réveille en ce moment quand je dors avec lui - ce qui est assez rare désormais - je me demande ce qu'il va encore me dire comme mots blessants.

Je me suis dit que je devais agir comme lui pour qu'il comprenne que cela est blessant, mais comment blesser une personne qui n'a pas de cœur, une personne qui n'en a cure de votre mal-être, à plus forte raison quand il en est la cause.

Au moins Naya a été heureuse de me voir et je suis en colère, elle n'a pas eu sa douche se soir. Je sais qu'il est tard, mais puisqu'elle n'a pas école le lendemain, il pourrait au moins faire en sorte qu'elle soit propre. Franchement, cela m’énerve au plus haut point, ce n'est pas comme s'il était une heure du matin ou plus tard, non, ils arrivent à sept ou huit heures.

Cela me fait penser au jour où il est allé lui acheter des vêtements, quand je suis rentrée après une autre dispute, ou cette fois j'ai pleuré comme pas possible à cause des mots de la petite qui m'ont fait mal au cœur, je ne suis pas rentrée, je suis allé chez Élise puis nous sommes allés chez Viviane. Les vêtements qu'il lui a achetés ne lui vont pas, ils sont trop grands, je l'ai vu tout de suite. Je ne comprends pas comment il a fait pour ne pas le remarquer. Il lui a au moins acheté deux paires de chaussures à la bonne taille.

Je ne suis pas rentrée trop tard de cette journée-là, mais au moins, j'ai passé un bon moment et cela m'a fait un fou de ne pas rester avec Jackson. Aston aussi a aimé cette journée-là, et si j'avais pu, ou si pouvais, nous passerions d'autres journées comme celle-ci. Seulement pour que je puisse voir encore et encore le sourire de mon fils, qu'il soit heureux et pas seulement pour quelques heures, mais pour toujours.

Je sais qu'aujourd'hui, ce ne sera pas ainsi. Je sais que la personne que j'ai aimée n'est plus, oublier je ne sais où, peut-être perdue dans les vidéos qu'il regarde ou rongé par son travail, ou seulement qu'il n'était pas ce qu'il prétendait au début. J'ai seulement la sensation de m'être faite avoir et dans les grandes largeurs.

- Mais qu'est-ce que je peux être conne, me sermonnais-je.

- Qu'est-ce que tu dis, me demande Jackson.

Je ne lui réponds même pas, cela ne sert à rien de toute manière, j'ai usé de bien trop de salives pour que ce que je dise terminé dans l'oreille d'un sourd. Je suis lasse de son comportement avec moi, et surtout avec Aston. Si je devais donner une note à la hauteur de mes sentiments, elle serait bien basse.

Mon portable vibre, d'ordinaire, je n'aime pas passer du temps sur cet engin si ce n'est pour m'en servir réellement, pour envoyer un message ou pour téléphoner ou pour lire. Mais en ce moment, ce n'est pour aucune de ces actions là que je le déverrouille. Je discute depuis quelque temps avec Léo, je l'ai rencontré chez Élise et Tristan, il est sympa.

Je reçois un message, une photo également. Je souris et je me dis que cela me fait du bien, pour une fois, le téléphone n'est pas un moyen de me tenir éloignée de lui, mais a trop attendu un geste de la part de Jackson, je préfère discuté par cette application. Je ne sais pas beaucoup de choses de Léo, mais nous discutons assez régulièrement.

Je me retourne, je regarde ce que fais Jackson, comme chaque fois il est devant son téléphone, la tablette ou la télévision. Il ne me porte aucune attention, je n'ai même pas une appréhension en me disant qu'il pourrait comprendre que je discute avec quelqu'un d'autre, il n'en a rien à faire. Je regarde l'heure, presque dix heures.

Je souris encore une fois, je sais qu'il a passé le weekend chez Élise et Tristan, donc quand ils vont sortir le chien, il sera là aussi. J'ai hâte de sortir la chienne cette fois, et pas seulement pour fuir Jackson, mais parce que je vais retrouver des amis.

Lorsque nous sommes sorties, nous étions seuls dehors, je suis allé comme chaque soir vers le monument de l'allée des cyprès. Nous avons joué au ballon tandis que la chienne courait, comme elle le fait chaque toutes les nuits. Nous avons joué ainsi durant des heures, Aston riait aux éclats et, c'est incroyable comme j'aime ce son, j'aimerais l'entendre à chaque instant de la journée. Mais je sais que lorsque nous allons prendre le chemin du retour, il va perdre ce magnifique sourire et cela me fait mal.

Lorsque nous sommes rentrées, je savais très bien ce que nous allions trouver, Jackson soit assis, soit coucher sur le canapé avec la tablette ainsi que le téléphone en main tout en ayant allumé la télévision pour faire bruit de fond. Le bruit des pompes des aquariums n'était pas suffisant sans doute. Je sais qu'il n'aura pas débarrassé son couvert n'y prit ne la peine d'avoir mis son linge au sale. C'est encore moi qui vais le faire, et j'en ai plus qu'assez.

- Aston, dis-je en parlant tout bas, va dans ta chambre, j'arrive pour l'histoire du soir.

Je regarde l'heure, je devais dire l'histoire du matin, nous ne rentrons jamais avant minuit. Je me prépare un café, une cigarette que je fume avant le café et j'ouvre le livre que je lis en ce moment à mon fils, je vérifie que je suis à la bonne page et termine le café avant de le rejoindre. Je sais quand m'attendant, il se sera changé, aura fait un avant-dernier passage aux toilettes et m'attend patiemment dans son lit. Je pousse sa porte, son lit se trouve devant moi, je referme doucement la porte derrière moi.

- Tu es prêt Aston, dis-je, la suite de l'histoire t'attend, ce soir, chapitre trois, tu te souviens.

- Oui, je me souviens, me dit-il avec un sourire, tu as écrit quoi dans celui-là.

- Je ne vais pas te le dire, dis-je en m'installant au bord de son lit, aller, tu t'installes et tu ouvres tes oreilles et ferme tes yeux.

Je le regarde faire, il ne ferme pas les yeux, ce n'est pas grave, je sais qu'il s'endormira tout de même. Avant de commencer la lecture, je lui demande de me faire un petit résumé de ce que je lui ai lu la veille. Il ne se souvient pas toujours de tout, mais il aime les histoires que j'invente pour lui.

Il ne le sait pas, mais, écrire ces histoires pour les lui lire par la suite me fait du bien, et je suis contente que cela lui plaise. En revanche, je me demande s’il en parle parfois à ses camarades. Je me suis dit que pour l'année prochaine, je pourrais écrire une petite série d'histoires courtes que je donnerais à sa maîtresse pour qu'elle puisse leur lire. Je pense que je lui demanderais également si elle peut me corriger. Je pense que cela ferait plaisir à Aston que je partage mes histoires avec sa classe.

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