Le départ
- Pardon mais ça va pas être possible... bafouilla Éléon.
- Ah bon ? Et pourquoi ? rétorqua la doyenne.
- Parce que... j'ai... des trucs à faire ?
- Vraiment ? Dans ce cas, je vais envoyer quelqu'un d'autre...
- C'est vrai ? demanda Éléon, plein d'espoir.
- Non. Tu vas la chercher et tu ne reviens pas sans l'avoir récupéré.
Et... C'est ce qui s'appelle merder en beauté !
- Je peux au moins prendre quelques affaires ?
La doyenne hésita mais concéda devant le regard suppliant d'Éléon :
- ... Vas-y... Tu as trente minutes !
Éléon courut jusque chez lui, récupéra un sac presque sans fond* et entreprit de faire le tour de sa maison et de récupérer tout ce qui lui semblait important : une carte, une boussole, quelques fioles en tout genre... Enfin, il voulut ouvrir un vieux tiroir. D'un geste noble, il tira. La poignée résista. Un peu mécontent, il tira plus fort. En vain.
Il tira une dernière fois et tout le tiroir s'envola. Un énorme livre en cuir, gravé d'étrange symbole, lui atterit sur le coin du nez.
Maudissant tout les menuisiers du coin, Éléon prit le livre. Il passa la main sur la couverture et laissa une larme couler le long de sa joue.
- Papa... Maman...
En effet, bien qu'il soit orphelin, Éléon avait connu ses parents. Mais, alors qu'il n'était âgé que de cinq ans, ils avaient disparu, ne laissant que ce carnet et leur fils derrière eux.
- On part pour un bout de temps... Je vous aime.
Il glissa prudemment le livre dans le sac et entendit un grand fracas.
- Les fioles !
§
Trente minutes après, il se présenta devant la doyenne, à la porte Est de la ville-arbre. La doyenne hésita un instant à l'enlacer mais lui tapota doucement la cuisse, puisque sa taille ne lui permettait pas d'atteindre autre chose.
- Bonne chance Éléon, tu en auras besoin...
Marylin s'approcha à son tour.
- Bonne chance. murmura-t-elle en l'embrassant sur les deux joues.
Éléon devint rouge pivoine et bafouilla quelques remerciements. Puis, il se tourna vers la doyenne :
- Comment je descends ?
- T'es jamais descendu ?
- Bah, non, c'est interdit.
- Qui est le crétin qui a interdit ça ?
- Vous, Doyenne. répondit Marylin.
- Comment ça, moi ?
Marylin pointa un panneau en bois, moisi par les âges, près du vide, sur lequel on pouvait lire : "Ne pas tomber ou essayer de sauter, par interdiction de la Doyenne.". Entre temps, "Doyenne" avait été remplacé par "vieille carne" par les garnements de Furtis.
- Ah ouais... Tant pis. Bon, pour faire simple, tu te jettes tête la première dans le vide et tu pries pour survivre.
- Sérieux ?!
- Non, on va utiliser la Porte-à-Monde. C'est un mécanisme ancien, qui ouvre sur d'autres parties du monde ou différents univers.
La Doyenne s'avança vers une vieille porte en bois décrépie.
- C'est ici...
Un peu sceptique, Éléon regarda la Doyenne décrire de grands cercles avec sa canne en murmurant des formules sans queue ni tête :
- Par la toute Puissance Sacrée et l'Ultra Instinct que je développe, Hocus Pocus Bankai... C'est notre projet ! d'aller d'aller où bon nous semble ! Libéré délivré les chocapics ! Porte-à-monde, à toi de jouer !
Aussitôt, la porte trembla, s'ouvrit d'un coup sec en déversant une lumière aveuglante. Éléon s'avança timidement, poussé par la Doyenne, et passa la tête dans le portail. Il vit alors une chambre assez bien décorée, dans les tons crèmes. Il tourna la tête et se retrouva face-à-face avec un groupe de personnes des plus étranges : un nain en armure, hache à la main, un elfe blonds qui semblait, au vue de la bouteille qu'il tenait, vouloir frapper une jeune fille aux yeux troublants, avec une mèche rouge. Un garçon qui ressemblait fortement à la jeune fille, à ça près que sa mèche était blanche, tenait un pinceau dans une main et un parchemin dont dépasssait la tête d'un serpent dans l'autre. Pour finir un homme avec les yeux blancs et noirs s'apprêtait à balancer une énorme boule de feu sur le tout.
Tous les regards convergèrent vers Éléon qui rigola nerveusement et s'empressa de repartir.
- Alors ? demanda la Doyenne quand il réaparut. Tu l'as ?
- Oui.
- C'est vrai ?
- Non, mauvaise porte...
- Rahh... Encore un coup comme ça et je te jette dans le vide...
- 'Pouvais pas, c'est interdit... rappela-t-il. Le panneau...
Il voulait lui montrer mais il se rendit compte que celui-ci était tombé dans le vide.
- Alors, quelle interdiction ?
Elle avait un sourire carnassier, ce qui fit taire Éléon immédiatement. Il la laissa refaire son rituel et, quand il passa la tête à nouveau, il sentit son nez s'enfoncer dans quelque chose de mou. Il releva la tête et apperçut un soldat grassouillet qui, après avoir vidé sa bouteille d'une traite, avec un petit sourire, annonça :
- Bienvenue à Trudensil ! Papiers, s'il vous plaît ! Et droit de passage !
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*Les scientifiques bossent en ce moment même, dans cet autre univers, sur une version totalement sans fond. Mais à cause des tests ils perdent beaucoup des leurs. N'hésitez pas à vous inscrire sur le réseau des testeurs ou à faire une petite donnation. Un coeur sur cette histoire, c'est un barreau supplémentaire à l'échelle qui ira les chercher ^^
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