22. ÉTRANGE, souvenir de jeunesse.
Un événement que je n'ai jamais oublié.
J'attendais une amie devant une boutique et je marchais pour passer le temps. Elle avait du retard et je n'aime pas rester statique car on devient vite une proie, en ville dans ce genre de situation.
Donc je marchais sans hâte, regardant , à droite les vitrines et de l'autre côté de la rue le mur qui séparait la voie de chemin de fer du trottoir. Ce mur était barbouillé par endroits de graffitis laids et sans inspiration.
Et sans que cela ne soit brusque ni bruyant, lentement le paysage citadin s'est mis comme à légèrement onduler, à se déliter. J'ai ralenti, surprise de voir l'image de cette rue se « déchirer » silencieusement, un peu comme un rideau, comme un morceau de coton sur lequel on tire de part et d'autre, qui devient de moins en moins épais et presque transparent.
Au travers de ce pseudo morceau de coton, je voyais un autre paysage, le même lieu, mais en ruine, les maison, boutiques, le mur du chemin de fer écroulés, tout ayant un air vieux et délabré.
Et mon intuition me disait que ce que je voyais appartenait au futur ! À un futur assez lointain même.
Quand mon amie est arrivée, s'excusant d'avoir tardé, je lui ai fait bonne figure, n'ayant pas le courage de lui raconter ce que je venais d'expérimenter.
C'était à Compiègne, en Picardie, je devais avoir 22 ou 23 ans.
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