19,08,2018, VEILLE DE NUIT
Attendre,
Scruter les bruits dans la nuit, toutes antennes dehors,
Le nez au vent cherchant quelque parfum bavard,
Les yeux aux aguets, fouiller l’obscurité épaisse,
En quête du moindre mouvement,
Si furtif qu'il soit.
Attendre en silence.
Réguler ma respiration, souffle léger, imperceptible.
Laisser passer les minutes, les quarts d’heure, les heures,
Comme on laisse passer la pluie.
Ne pas tousser.
Ne pas avoir besoin d’uriner.
La peur m'inonde le corps d’une sueur froide et gluante
A chaque craquement de feuille ou de brindille...
Les branches frissonnent comme moi.
Le sang siffle dans mes oreilles,
Et brouille mon écoute attentive.
Prier sans un mot pour que la nuit soit paisible,
Pour être soudain invisible.
Respirer, prête à bondir,
Cœur haletant, panique qui rôde
Et me serre la gorge telle une corde rugueuse.
Le temps s'allonge et m'égare dans ses zones d'ombre,
Respirer lentement,
Desserrer mes mains raidies sur mon bâton.
Le renard qui glapit, la chouette, les sangliers,
Sont bêtes que je connais,
Dont tous les bruits me rassurent,
Bien pires sont les pas des bêtes à deux pattes...
Attendre sans bouger,
M'appliquer à me faire statue,
Tendue comme un arc,
Prête à frapper.
Immobilité du prédateur
Avant l'attaque...
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