Les collines troubles
Je n'entendis d'abord que des hurlements. Charlie me lança un regard interrogateur, j'articulai en silence " Dom " :
" Salut, boss. Ça va ?
- Tu peux me dire ce que vous avez foutu avec Charlie hier soir ?
- On a fait ce que tu as demandé.
- Je vous ai dit de le buter discrétos ! Pas de faire sauter sa baraque et de rameuter toutes les divisions de fédéraux du coin ! Bordel ! "
Il gueulait si fort à l'autre bout du combiné que Charlie leva les yeux vers moi, le sourcil arqué, le regard sombre.
" Il vous est pas venu à l'esprit que Nate Galloway pouvait être un putain de flotteur pour des gros poissons comme nous ?
- Comment ça, Dom ?
- Un appât, Sean. La mort du vieux est déjà dans les infos locales. Leonard m'a appelé ce matin pour savoir si vous aviez quelque chose à voir avec ça.
- Merde ! soufflai-je.
- Comme tu dis, Sean. Maintenant, démerdez-vous pour ne pas foirer le coup avec les Ghost Dogs et pour ne pas vous faire remarquer par le FBI.
- OK, boss.
- Sean, encore une merde comme ça et j'envoie Fergus. Et tu sais comme moi comment il se comporte avec ceux qui font des erreurs de novice.
- J'ai compris le message, Dom. On va rattraper le coup.
- Y a intérêt, putain ! J'attends autre chose de gars de votre niveau ! "
Et il raccrocha. Charlie me pressa aussitôt de questions. Pendant un instant, je levai les yeux vers les collines brunes. Sous les volutes des nuages bas et la pluie fine qui tombait, elles semblaient troubles.
D'après Dom, les fédéraux avaient laché les chevaux. Ne nous restait qu'à sauver la face avec Leonard et ses Ghost Dogs. À Charlie, je répondis :
" Tu sais quoi, mon vieux ? On va s'la jouer naturel sur ce coup-là. C'est ce qu'on fait de mieux. "
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