Entrée en jeu

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En attendant que la serveuse nous apporte notre café et nos parts de tarte, je laissai mon regard vagabonder entre les vitres striées de pluie du diner et l'horizon.

L'avertissement de Dom au sujet de Fergus ne me plaisait pas du tout. Avec sa philosophie radicale du zéro doute, zéro blabla, zéro déchet, notre deal avec les bikers serait irrémédiablement compromis. Et, par ricochet, notre place, à Charlie et moi, dans le clan s'en trouverait certainement remise en question.

Pour le moment, mon ami semblait plus intéressé par les courbes de la barmaid que par notre sort :

 " Tu parles d'un canon, cette petite. Ça, c'est un joli petit cul comme je les aime.

 - Bordel, Charlie ! Tu veux pas être sérieux cinq minutes ? Est-ce qu'il faut que je te rappelle ce que Lizzie menace de te faire si tu la trompes encore ?

 - Putain, c'que tu peux être chiant des fois, Sean !

 - Sûrement, Charlie, mais ce n'est pas moi qui ai les burnes dans le viseur de Lizzie pour l'instant. "

Nous éclatâmes de rire. À la télé, la speakerine passait sans transition de la première sortie extra-véhiculaire d'un astronaute de SpaceX à la naissance de deux bébés girafes au zoo de San Francisco. Je devinais déjà de quoi me parlerait Marisol, ma fille aînée, quand je rentrerai à Southie.

Ma tasse de café chaud entre les mains, j'arrêtai de refléchir en regardant le flot d'inepties défiler sur l'écran.

À neuf heures pétantes, le téléphone de Charlie vibra. Leonard ou Trey, compris-je.

 " Bonjour, m'sieur Dillon. Oui, je vous écoute. souffla-t-il dans le combiné.

Dillon. Leonard. Le genre de gars que personne n'osait appeler Leo ou Lenny sans en avoir reçu la permission. Et même dans ce cas, il valait mieux rester prudent.. Un autre adepte, comme Fergus, du mantra de la balle dans la tête et des questions ensuite.

 " Oui, m'sieur, j'ai compris. Un utilitaire. Dans quinze minutes. Derrière le motel. Un de vos gars, Darius. "

J'étais si occupé à essayer de comprendre la conversation de Dom que je ne fis pas attention à la voiture de police qui s'était garée devant le diner. Charlie, un sourire en coin, lança d'un ton plus assuré :

 " C'est noté, m'sieur Dillon. Ne vous en faites pas. "

Au même moment, entra le shérif accompagné de l'un de ses adjoints et d'un autre homme en costume noir. Le FBI venait d'entrer en jeu. Le chef de la police locale tourna le regard vers nous. Avait-il entendu la fin de notre conversation ?

Une autre image me frappa l'esprit : celle d'une voiture s'arrêtant au fond des bois dans la nuit épaisse. Dans le coffre, un petit malin et une pelle. Combien de tombes anonymes comptaient les collines de la région ?

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