16 ans plus tôt
— Comment est-ce possible ? S’écria brutalement une voix masculine.
Debout devant le médecin, un homme de grande taille criait en agitant les bras dans tous les sens, désespérant la femme à ses côtés qui essayait de calmer l’enfant contre sa poitrine.
— Je ne peux que le répéter, soupira le spécialiste, mais cette jeune fille ne possède aucun facteur magique.
— Nous en possédons tous les deux. Ca n’a aucune logique!
La fillette se débattait entre les bras maternels en regardant en coin son paternel. Âgée de deux ans, elle possédait de long cheveux blonds, ainsi que les yeux vairons caractéristique de la famille Freanys.
Le père plaqua violemment ses mains sur le bureau en face de lui, qui le séparait du médecin, faisant sursauter sa fille.
— Elle pourrait être en retard ?
— C’est possible mais... L’homme se leva pour caresser les cheveux de la petite. C’est à cet âge que tous les enfants reçoivent leurs pouvoirs. Si à la fin de l’année, rien ne s’est encore produit la véracité de mes propos me désole.
— On ne peut rien faire pour ça ? S’enquit la mère.
L’homme la regarda dans les yeux et soupira une énième fois depuis que le trio était entré dans son cabinet. Les cas d’absence de magie était quasiment, voir terriblement nul. Jamais personne dans l’histoire de Dehlia n’était née sans magie et avoir la preuve que cela pouvait exister, était devant ses yeux, bien qu’il eût voulu ne jamais l’avoir su. Avouer à des parents que leur enfant possédait une tare aussi importante était très dur à digérer. Surtout à une lignée de grand mage...
Il les regarda quelques instants, tentant de trouver la moindre solution à ce problème, en vain.
— Monsieur Freanys, Madame Freanys, les interpella-t-il, je ne peux malheureusement rien faire. Si quelque chose me parvient dans les jours, les semaines, les mois qui viennent je vous en ferais part, comptez sur moi.
— Tout ce que nous aurions voulu, hoqueta la mère, c’est qu’elle ait des pouvoirs. Son avenir est compromis...
Il voulut la reprendre, mais aucun contre-argument ne lui venait à l’esprit et cela l’enrageait. Il détruisait les rêves d’une fillette, avant même qu’elle ne soit capable d’en faire, et démoralisait des jeunes parents.
Il se rassit sur sa chaise et croisa ses mains en tremblant.
— Ce sera à vous de lui faire comprendre qu’elle est différente, sans qu’elle ne s’en sente démunie. Il faudra lui trouver quelque chose dans lequel elle pourra se développer comme un enfant magique, sans que l’absence de magie ne lui fasse défaut.
Ils regardèrent l’enfant que sa mère déposa sur le sol courir dans tous les sens. Ils soupirèrent en constatant qu’à son âge, elle ne pouvait en rien savoir du malheur qui allait l’attendre dans les années à suivre. Claudiquant maladroitement, la petite secoua le bâton qu'elle tenait dans les mains dans tous les sens, tout en avançant vers la porte vitrée. Ses yeux bleus et gris brillaient de la fougue de l'enfance et d'un geste de la main, surprenant les adultes, elle lança son bâton droit devant elle. La fillette poussa une exclammation de joie et partie reprendre son jouet.
Son père la regarda se baisser et attraper le morceau de bois dans ses mains potelées. Un sourire éclata sur son visage, il se leva et s'empara de sa fille en la serrant fortement contre lui. Il l'entendit grogner contre ce traitement et regarda son épouse dans les yeux.
— J'ai trouvé.
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