[SOCIAL] - Une photo
Une Photo
Oh putain, il me va vraiment trop bien ce t-shirt!
M’extasiais-je en voyant ces tissus entourer mon corps de leur douceur lissée, et de ses couleurs ravivées
Il faut trop que je fasse une photo maintenant!
Cherchais-je sans relâche cette touche de perfection, assaisonnement de nuances et de textures à ma tenue, faisant de ces draps de pudeur, un mets à cuisiner
Mon téléphone…c’est bon, j’ai tout
Me dépêchais-je vers ce miroir, reflétant jusqu’au sauron électronique entre mes mains, seule échappatoire de cette plaque informatique entre mes doigts
Bon, une photo que je vais poster
Pris-je la pose, et une photo, étirant mon sourire à un point tel qu’on en entendrait presque mon extase de ces carrés colorés et informatisés, d’un moment arrêté
Et, une autre photo en souvenir
Caressais-je à nouveau ce rond d’un rouge si perçant qu’il en était ennemi de la lumière, si brillant qu’il en était concurrent de l’ampoule d’un blanc pur
Faut voir qui a commenté…
M’étonnais-je en voyant ces numéros monter, grimper, voler sur ce hall social des intéractions inarrêtables
On en pense quoi?
Ouvrais-je avec enthousiasme cette prison de notifications, cherchant avec attention ces détenus qui m’ont répondu
Ils disent quoi?
Observais-je ce nombre escalader, au risque de m’étonner, à une vitesse indécidée, si saccadée que je ne puis y compter
Leurs réponses?
Lisais-je avec envie retenue ces mots, ces envies répétées sur ma photo, ces…
Commentaires
Syfuu_47
Je préfèrerais sans ces conneries…
Raky_7: Rep à: Syfuu_47
Nn, elle est éclaté avec ou ss
LBG: Rep à: Raky_7
oe, J’confirme
Le verre, en un revers, fila, vola de ma main pour venir enlacer, dans sa vitesse inégalée, le mur renforcé
Pourquoi…
Les éclats, en un lourd fracas, s’envolèrent plus vite que ces notifications, plus vite même que le son de leur agonie
Pourquoi moi…
Vis-je, avec un sourire déchiré, le cadavre étalé de cette brique informatique, violée de haine et de méchanceté
Pourquoi dire ça?
Passais-je les doigts sur cette dépouille de verre et d’acier, laissant ses gouttes d'électricité enlacer les miennes, d’espoir désespéré
Pourquoi ma tenue? Pourquoi?
La caressais-je pour la peindre de ce bordeau d’envies, la déchirant d’un mouvement crié, agonisant, avant de laisser ces tissus se faire avaler dans un mélange d’un rouge délavé de gouttes mélangées
Pourquoi lire ces foutus commentaires?
Fixais-je une dernière fois le miroir…
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