Ce qui m’a fait réaliser…

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Un mois était passé depuis le dernier message de Fanantenana. Il m’avait quelque peu bouleversé. Je crois qu’en fait il me manquait. Je ne pouvais m’empêcher d’aller sur son profil dans l’attente de voir quelques indices de sa présence mais rien ne bougeait. Ce calme était légèrement inquiétant d’ailleurs. Peut-être avait-il tout bonnement changé de compte ?

Le son d’une notification me sortit de ma torpeur. Il s’agissait d’une demande d’amie, une demande de la part du profil de la sœur de Fanantenana qu’il appelait Fa. Le nom était Fa Rabekoto. Nous n’avions jamais discuté mais j’avais souvent entendu parler d’elle. Et elle avait sans doute souvent entendu parler de moi aussi.

Elle tenta de m’appeler après que je l’eusse ajoutée à ma liste d’amis. Je refusai l’appel et lui précisai que j’étais au travail et ne pouvait pas répondre. Elle insista en disant qu’elle avait quelque chose d’important à me dire sur Fanentenana, que ça ne pouvait pas attendre. Je l’exhortai donc à m’en faire part par message sans plus tarder

_Il a disparu.

_Ce n’est pas mon problème.

Sans faire attention une seule seconde à ce manque de considération, elle continua :

_Il a laissé une lettre pour toi. Il dit qu’il ne veut plus vivre si tu ne veux pas de lui. J’ai peur qu’il ait fait un bêtise. Est-ce que tu sais où il est ?

Cette dernière phrase me troubla, autant que le parfait français de Fa. Mis à part la mauvaise conjugaison de l’article avant le mot bêtise, elle parlait très bien. Je percutai soudain. UN bêtise. C’est ce que Fara disait toujours.

_Fara, est ce que c’est vous ?

_Quoi ?

_Je ne le demanderais pas une troisième fois, Fara, est-ce que c’est toi ? Et pourquoi fais-tu ça ?

_Je ne connais pas de Fara, où est mon frère ?

_Fa, je suis à des milliers de kilomètres de lui. Crois-tu vraiment que sache où il se trouve ? Tu t’es adressée à la mauvaise personne…

_Vous êtes à votre travail ?

_Oh purée Fara, je sais que c’est toi… Oui j’y suis encore, pourquoi ?

_J’arrive alors.

_Attends ! Fara !!

Elle se déconnecta et mon soupir en dit long sur l’exaspération que me procura cet échange. Mon collègue qui s’apprêtait à partir se retourna sur le seuil de la porte :

« Tu devrais décrocher un peu. Tu fais plus d’heures supplémentaires que le nombre légal Raph. Fais attention à toi…

_Oui, merci, bougonnais-je,

_Je m’excuse encore avec mon amitié qui…

_Oui, j’ai compris, au revoir.

_Au revoir Raph… A lundi… »

Il s’en alla maussade. Je le laissais filer sans le regarder. L’attente se faisait fébrile. Si la sœur de Fanantenana était donc Fara, c’est qu’il n’était pas clair lui non plus. Pourquoi me le cacher ? Pourquoi Fara m’envoyait-elle son frère comme prétendant ? Que voulaient-ils ? Que je l’épouse pour qu’ils puissent venir ici ? Et si Fara était en fait sa fiancée et qu’il ferait tout et n’importe quoi pour venir ici ? Quitte à se servir de moi… De ma gentillesse… Parce que c’est bien connu… J’aime aider les autres. Alors ce n’était qu’un plan minable pour se servir de moi.

Je retournai sur le réseau social. J’ouvris la discussion avec Fanantenana et lui écrivis très succinctement : Si c’est un piège tu es bien mal tombé Fanantenana. Mais crois-moi, j’ai assez d’amitié pour toi pour t’aider dans tout ce que tu voudras. Réponds-moi.

Je sentis un regard se poser sur moi. Je levais la tête et vis une femme qui ne ressemblait pas le moins du monde à Fara. Je ne comprenais plus rien. Comment savait-elle que j’étais ici ? Fanantenana m’aurait fait surveiller. Elle me sourit en me demandant si elle pouvait entrer d’un signe de la main. Je lui indiquai que c’était ouvert. Cette jeune femme entra. Elle était magnifique. Une peau caramel, des cheveux et des yeux ébènes. Petite mais très bien proportionnée. Elle s’assit face à moi. Elle me sourit et je m’aperçus qu’elle avait les dents du bonheur. Je pris bêtement cela pour un signe du destin.

« Manao Ahoana, lui dis-je,

_Manao Ahoana ! Fa Rabetoko no anarako…

_C’est ce que j’ai cru comprendre ! Euh… Raphaëlle no anarako.

_Miteny…

_Tsy miteny gasy za, objectais-je,

_Ah d’accord, parce que je parle pas beaucoup français.

_Ce n’est pas grave. Vous aviez une lettre pour moi Fa ? Enfin si c’est bien là votre vrai prénom…

_Oui la voici, fit-elle en me tendant une enveloppe tâchée de café.

Ils sont sérieux… Pensais-je.

_Misaotra… »

Je la dépliai et son contenu me fit l’effet d’une claque… Narratrice… Prend la suite. Je ne pourrais pas continuer pour l’instant.

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