Chapitre 2.4

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À quelques kilomètres de Ghudam, en direction du nord, un village du nom de Petit-Azuré, empruntant son nom au cours d’eau qui le traversait, accueillit les survivants. En partie dévasté par la créature une dizaine d’années plus tôt, quelques maisons étaient restées miraculeusement debout. On trouva refuge dans l’une d’elles : une demeure familiale âgée de près d’un siècle avec un étage.

Kayn fut transporté dans ce qui fut autrefois le salon, inconscient et déposé sur les restes d’un vieux canapé. Son corps était pris de tremblements, de sueur et sa peau était pâle comme la neige. À ses côtés, Lucie tentait de garder son calme. Alexandre se chargea de demander à tous si quelqu’un possédait des connaissances en médecine, mais personne ne se manifesta. Cependant, un homme resté muet et à la mine pensive, originaire de Ghudam, s’avança vers lui sans un mot.

« Je peux peut-être l’aider, mais… »

La terreur se lisait sur chaque parcelle de son visage. Il guettait le moindre bruit extérieur, craignant que la calamité ne les poursuive. Lucie ignorait quand il les avait rejoints et s'il faisait partie de la milice de Ghudam, mais le temps lui manquait pour le questionner. « Vous êtes médecin ? » fut la seule question qu’elle s’autorisa à lui poser.

« Oui », répondit-il simplement en se penchant au dessus de Kayn pour l'examiner.

Il tira sur le tissu de son t-shirt, puis élargit le trou provoqué par la balle en le déchirant avec ses index. Lucie l’éclaira avec sa lampe torche et il put prendre pleine connaissance de la blessure.

« Alors ? le pressa-t-elle.

  • Je ne peux que me baser sur un examen visuel, je dirais que la balle a dû frôler son artère axillaire. Au vu de la quantité de sang sur ses vêtements, il en a déjà perdu beaucoup. Si je connaissais son groupe sanguin et si j’avais le nécessaire, je l’aurais immédiatement transfusé.
  • Vous ne pouvez rien faire pour lui ? l’interrogea-t-elle en déglutissant péniblement.
  • Il me faudrait du matériel, je n’ai rien sur moi. La première chose à faire serait d’arrêter l’hémorragie. »

Alexandre partit immédiatement à travers la maison à la recherche de médicaments ou de quelque chose qui pourrait servir. Bien qu’il n’appréciait guère Kayn, il refusait de laisser mourir qui que ce soit.

« Le garrot est bien placé, mais il n’est pas assez serré », ajouta le médecin en l’arrangeant.

Il se dirigea d’un bond à l’autre bout de la pièce, approcha une table et retira la poussière accumulée avec la manche de sa veste. Il ordonna ensuite à Lucie de l’aider et ensemble, ils y placèrent Kayn.

« Il est important que tout son corps soit au même niveau, ainsi son sang va se répartir uniformément et il ne devrait pas souffrir de manque d’oxygène. Du moins, s’il lui en reste suffisamment. »

Il tâta le pouls du jeune homme : faible, il restait néanmoins perceptible.

« D’après ce que j’ai vu, la balle n’est pas ressortie, reprit-il en se mordillant nerveusement l’ongle du pouce. Et si… peut-être que l’artère a été touchée et que la balle retient le plus gros de l’hémorragie. Si je l’enlève, il mourra.

  • N’avez-vous pas dit que l’artère n’était pas touchée ? intervint Max qui observait attentivement la scène assis sur un fauteuil à quelques mètres.
  • Je n’ai que mes yeux pour l’examiner, s’offusqua-t-il brusquement, je ne peux qu’émettre des hypothèses et agir en conséquence. Je ne suis sûr de rien. »

Il traversa la pièce de long en large comme un tigre en cage, puis revint d’un trait vers son patient.

« Il est inconscient, alors… je pense que la meilleure chose à faire est de cautériser la plaie. La balle ne devrait pas bouger et son corps, guérir de lui-même avec le temps, cependant, il y a un risque d’infection non négligeable qui pourrait conduire à une septicémie. Si cela arrive, je ne pourrai rien faire. Et même en cas de réussite, son bras pourrait avoir des séquelles à cause du manque de sang. »

D’un pas nonchalant, Linus s’approcha et jeta un œil à la blessure de Kayn. Il croisa le regard sévère que Lucie lui adressait et recula sans dire le fond de sa pensée. Et qu'elle était sombre ! De tout son être, il espérait voir la mort emporter le jeune homme. Selon lui, c’était tout ce qu’il méritait. Il le haïssait, n'éprouvait pour lui que du mépris. C’était un fauteur de trouble, une grande gueule, un emmerdeur qui n’avait pas sa place dans son groupe. Il ne demandait qu’à en être définitivement débarrassé.

Alexandre revint dans le salon. À sa mine désespérée, on devina qu’il n’avait rien trouvé.

« Bon, il n’y a pas une minute à perdre, déclara le médecin en fouillant ses poches. Il me faudrait… une source de chaleur, quelque chose qui puisse chauffer une lame suffisamment pour pouvoir cautériser la plaie. Cela stoppera le saignement. C’est tout ce que je peux faire pour l’aider. »

Son regard balaya la pièce, mais il se confronta de nouveau à un mutisme total.

« Allons, réagissez, vous avez un réchaud dans le sac à dos auquel vous vous accrochez tant ! gronda Max en direction de Linus. Vous croyez peut-être l’avoir bien caché, mais je vous ai vu vous en servir à Menave pour réchauffer une vieille conserve.

  • Il est vide, il n’a plus de gaz, affirma l’ancien militaire en croisant les bras.
  • Vous n’aurez donc pas de mal à vous en séparer !
  • Je ne m’en séparerai pas.
  • Vous allez vraiment laisser mourir ce jeune homme parce que vous le détestez ? » insista le vieil homme en fronçant les sourcils.

Tous les regards se dirigèrent vers Linus, et leur poids asséna un terrible coup à son égo. Il pressentit qu’il allait perdre une partie de sa popularité s’il se butait à refuser d’aider Kayn. Malgré lui, bougonnant intérieurement, il fouilla dans son sac et en sortit l’objet.

« Est-ce que quelqu’un pourrait guetter dehors si la calamité vient par ici ? demanda le médecin qui suait à grosses gouttes tandis qu’il retirait son manteau pour être plus à l’aise.

  • Il fait nuit, on ne verra rien, répondit Alexandre. Et puis, elle est occupée à Ghudam.
  • Et si elle avait décidé de nous suivre ? »

Comprenant la panique qui saisissait l’homme, Alexandre consentit à faire le guet à l’extérieur pour le rassurer. Il jeta un regard à sa sœur pour lui dire de ne pas s’inquiéter.

Les mains tremblantes, le médecin attendit d’entendre la porte d’entrée se refermer avant de bouger de nouveau. Il était si nerveux qu’il semblait presque en état de choc. Lucie posa délicatement sa main sur son bras et chuchota pour le rassurer :

« Je vais faire tout mon possible pour vous aider, dîtes-moi seulement ce que je dois faire.

  • Vous allez m’éclairer », dit-il en sortant un petit canif de sa poche et une bouteille d’eau de son sac.

Tout d’abord, il commença par découper le t-shirt de Kayn, puis lava la lame avec le liquide, alluma le réchaud et la plaça au-dessus.

« J’aurais besoin de quelqu’un pour le tenir : il risque de se réveiller un instant à cause de la douleur. »

Cette fois, Noé se porta volontaire. Il s’approcha et se tint prêt à maintenir le blessé. Tandis que la lame chauffait, Lucie questionna le médecin pour enfin répondre à ses interrogations muettes.

« Je m’appelle Edward Thierriet, se présenta-t-il, j’étais à Ghudam depuis quelques mois quand, il y a environ deux semaines, on m’a enfermé. Manifestement, remettre en question le fonctionnement de cette ville n’était pas une bonne idée. Sans votre intervention, j’y serais encore, je vous dois bien d’essayer de lui sauver la vie.

  • Il s’appelle Kayn », l’informa-t-elle avant de lui donner également son nom.

Edward examina la lame et décréta que la température en était suffisamment élevée.

« Je vais sûrement devoir m’y reprendre en plusieurs fois, alors surtout, tenez-le bien », ajouta-t-il à l’attention de Noé qui acquiesça d’un signe de tête.

Une première fois, il appliqua le métal chauffé sur la blessure de Kayn. Celui-ci ouvrit les yeux presque instantanément et chercha instinctivement à repousser la cause de sa violente douleur. Mais il était à peine conscient. Sa main chassait aveuglément l’air jusqu’à ce que Noé la saisît et l’immobilisât.

« Kayn, tout va bien », lui murmura Lucie en caressant son front d’une main et en vaillant à ce que le faisceau de la lumière reste sur sa plaie.

Sa tête retomba comme celle d’un pantin inanimé. Une odeur de chair brulée envahit la pièce ; M. Thierriet renouvela l’opération un long moment, cautérisant consciencieusement chaque partie qui saignait encore. Finalement, les yeux plissés, il contrôla son œuvre et déclara avoir fini.

« Vous… vous êtes sûr ? s’inquiéta Lucie en regardant soucieusement la plaie. Il n’y a rien d’autre que nous puissions faire ?

  • Nous n’avons ni antibiotique ni désinfectant, alors non, il n’y a rien d’autre à faire. Si vous êtes croyante, priez pour lui, au point où nous en sommes… »

À quelques kilomètres de là, la Calamité arrachait encore des vies ; certains parvinrent à fuir Ghudam, quant aux autres, leurs corps allaient reposer à jamais avec les ruines de la ville. Quelques-uns rallièrent Petit-Azuré et se mirent à l’abri dans les maisons encore debout.
Au matin, tandis que les rideaux en dentelles blancs poussiéreux filtraient les premiers rayons du soleil, Ghudam subissait encore le courroux de la bête. On se demandait quand elle partirait, mais on connaissait aussi la réponse : lorsque plus aucune vie, plus aucun souffle ne résonnerait dans la ville.

À Petit-Azuré, les survivants priaient, espérant qu’elle ne parvienne pas jusqu’à eux. Par sûreté, on laissa des guetteurs dans les rues pour prévenir de sa proximité.

Lucie n’avait pas quitté le chevet de Kayn, elle se sentait responsable de son état. Elle l’avait recouvert d’une vieille couverture trouvée dans la maison pour qu’il n’ait pas froid et surveillait le moindre changement. Le torse du jeune homme se soulevait faiblement, presque imperceptiblement. Sa peau était toujours aussi pâle, livide. Elle ne s’attendait pas à ce qu'il se réveillât immédiatement, mais elle souhaitait le voir sur pied le plus tôt possible. Non loin d’elle, des murmures parlaient déjà d’une nouvelle destination. Elle savait que le départ serait pour bientôt : sans nourriture, il n’y avait aucune raison de rester et l’on espérait peu de chose de ce qui resterait de Ghudam. Bien sûr, Linus menait la discussion. Si pour l’instant, il n’avait pas encore abordé le sujet de l’état de Kayn, cela finirait par arriver.

En début d’après-midi, Florie rentra brusquement dans la maison. Elle avait été chargée de faire le guet. Malgré la terreur qu’elle ressentait, elle avait accepté.

« E-Elle est là ! Elle... bégaya-t-elle pétrifiée de peur devant la porte d’entrée.

  • Cachez-vous et ne faites pas de bruit », ordonna Linus à voix basse.

Tous s’exécutèrent, sauf Florie qui resta figée devant la porte, les yeux exorbités. Sans réfléchir, Alexandre se précipita sur elle et la tira dans la pièce voisine jusque sous une table, puis posa son index sur sa bouche pour lui intimer le silence.
Dehors, d’énormes pas résonnaient, se rapprochant peu à peu de la maison. Lucie, accroupie près de Kayn, guettait la fenêtre toute proche. Une ombre la recouvrit progressivement, puis elle aperçut l'une des plaques de cuir serrée qui composait le corps démesuré de la bête. Ensuite, se dévoila son museau et son œil gauche entièrement blanc. On aurait dit qu’elle tentait de voir à l’intérieur de la demeure ; en face, la jeune femme se tenait immobile. Plusieurs secondes passèrent où le temps sembla s’être arrêté. Finalement, la Calamité repartit d’un pas lent. Si elle avait vu Lucie, elle n’en avait rien eu à faire. Cette dernière la pensa aveugle et si ce n’était pas le cas, elle devait sûrement en avoir eu assez la nuit précédente. Si cette pensée lui glaça le sang, elle se réjouit cependant de son départ.

« Elle est partie ? chuchota la voix de Noé quelque part dans le salon.

  • Tu veux aller voir peut-être ? » lui lança sévèrement Linus en regardant en direction d’un placard encastré dans un mur.

L’homme ouvrit lentement l’une des portes et jeta un œil en direction de la fenêtre.

« Eh, fit-il à Lucie, tu la vois encore ? »

La jeune femme prit son courage à deux mains et s’avança pour regarder à l’extérieur. Elle n’en crut pas ses yeux : la Calamité s’était couchée à l’angle de la maison pour une petite sieste. Lucie recula sans un bruit et raconta ce qu’elle venait de voir. De l’avis général, il fallait ne plus bouger et surtout, ne pas faire de bruit. Et ce fut ainsi jusqu’au lendemain matin. Cette fois-ci, lorsqu’elle se rapprocha précautionneusement de la fenêtre, elle constata que la créature était partie durant la nuit, au soulagement de tous.

Lucie revint une fois de plus sur ses pas, où Kayn était toujours inconscient. Le médecin ne put que lui conseiller la patience.

« Nous devrions aller à Ghudam, prendre ce qui pourrait nous être utile », fit Linus plus comme un ordre que comme un conseil.

Alexandre devina aisément que sa sœur refuserait de quitter le chevet de Kayn. Et Max était trop âgé pour chercher dans les décombres de quoi subsister. Il irait pour eux.
Tania demanda à Lucie de garder ses enfants et fit promettre à ceux-ci de rester sage en son absence. Elle ne pouvait pas éternellement s’en remettre aux autres pour subvenir à ses besoins. Elle craignit qu’on le lui reprochât et c’est surtout pour cela qu’elle s’était décidée à accompagner Alexandre avec qui elle se sentait en sécurité.

Avant de partir, ce dernier s’empara du sac de Kayn et le vida :

« Je vais ramener tout ce que je peux, assura-t-il à sa sœur.

  • Essaye de trouver des médicaments, d’accord ? »

Il lui fit un signe de tête affirmatif puis rejoignit Tania qui l’attendait devant le seuil de la demeure.

« J’ai toujours pensé que cet idiot était indestructible, fit Max en s’approchant du blessé. Manifestement, je me trompais.

  • Moi aussi, je crois qu’il n’a pas fini de nous étonner. À chaque fois, il trouve le moyen de remettre en question l’image que j’ai de lui.
  • Tantôt insupportable, tantôt raisonnable, il a le don de nous perdre, rit le vieil homme en posant un regard bienveillant sur Kayn.
  • Pensez-vous qu’il puisse s’en sortir ?
  • Evidemment. Une fois de plus, il fera l’inverse de ce qu’on attend de lui. »

Lucie eut un sourire, mais elle n’imaginait pas ne plus le voir. Il avait beau être agaçant, elle le trouvait attachant. Une sorte de mauvais garçon qu’elle aimait détester.
Elle songea un instant à l’histoire qu’il lui avait comptée. Depuis ce jour, elle n’avait cessé d’y penser. Le ton sérieux qu’avait employé Kayn avait laissé le doute s’immiscer en elle : pouvait-il dire la vérité ? Et si tel était bien le cas, comment avait-il eu connaissance de ce récit ? Son esprit rationnel aurait voulu crier une nouvelle fois qu’il s’était moquée d’elle – après tout, c’était bien son genre – mais la Calamité, elle, n’avait rien de normal. On n’avait jamais vu telle créature, de mémoire d’Homme. Ni quelque chose lui ressemblant. Et sa soudaine apparition rendait l’histoire de Kayn davantage crédible.

Seule avec Max, Lucie décida de lui demander son avis sur le sujet et lui raconta tout, non sans éprouver une certaine gêne tant elle pensait sa réflexion absurde.

« Nous ne connaissons pas tout de ce monde, alors, qui sait ? répondit le vieillard en se tenant pensivement la tête. Le fait que tu tiennes ce récit de Kayn devrait te faire douter, en premier lieu. Cependant, j’aime à penser qu’il plaît à notre jeune ami de dire la vérité quand il la sait blessante. Ou importante, en sachant qu’on ne le croira pas.

  • Alors vous pensez qu’il pourrait y avoir du vrai dans cette histoire ?
  • Je l’ignore, mais si ce devait être le cas, il serait bon de lui demander d’où il tient ce récit.
  • Kayn est plutôt… obsédé par la Calamité. Il ne s’en cache pas, il la trouve passionnante. Je pense sincèrement qu’il a voulu se moquer de moi, mais je pense aussi qu’il l’a entendue quelque part et qu’il a décidé de s’en servir pour me tourmenter. »

Elle jeta un regard à l’intéressé, puis soupira bruyamment.

« Je suis sûrement en train de faire ce qu’il attend de moi.

  • Ne m’as-tu pas dit qu’il y croyait fermement ? Dans ce cas, il ne te l’a sûrement pas racontée pour se moquer. Peut-être avait-il besoin que quelqu’un y croit aussi pour qu’elle paraisse plus réelle à ses yeux ? Kayn semble être un garçon bien seul : il ne parle jamais de sa famille ni même de lui. Il essaye d’être détesté, mais ses actions montrent pourtant qu’il a bon cœur. J’imagine que cette maudite bête a dû lui arracher sa famille, comme elle l’a fait à tant d’autres et qu’il a peur de souffrir de nouveau s’il devait s’attacher à quelqu’un. Je ne vois que cela pour justifier son comportement.
  • Cela ne justifierait pas son obsession pour la calamité, objecta Lucie en fronçant les sourcils.
  • Nous réagissons parfois étrangement. Peut-être qu’en s’intéressant à elle, il pense pouvoir trouver un moyen de la tuer.
  • Tous ces « peut-être », ça ne fait pas beaucoup de certitude, répondit-elle en esquissant un sourire.
  • Alors il faudra lui demander, s’il s’en sort. »

À ce stade, personne n’aurait pu dire si Kayn allait survivre à sa blessure. Son corps était froid, son cœur battait faiblement, et qui aurait pu dire où sa conscience s’était envolée. Au fond, il avait regretté sa décision et si elle lui coûtait la vie, il aurait trouvé cela fort ironique.

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