Tels sont mes souvenirs, d'une période dont je suis déjà nostalgique, alors que j'en ai pourtant " bavé " pour avoir le Baccalauréat... Le temps déforme le passé... Mais c'est toujours un plaisir que de le raconter, surtout à Madeline, pour comparer les potaches d'hier à ceux d'aujourd'hui... Ma petite voisine du troisième s'amuse tellement des blagues de mon époque, qu'elle m'en redemande. Comme je ris des siennes d'ailleurs, que je regrette de ne plus pouvoir refaire maintenant...

Finalement nous ne sommes pas si différents que ça... Et nous avons traversé les mêmes espoirs, les mêmes doutes, les mêmes apprentissages et parfois... les mêmes errements... Je dis cela en témoin. Je viens d'achever mes courses chez l'épicier du coin, et je remonte chez moi. C'est la fin de l'après-midi... Je range les provisions, et puis l'idée me vient de rendre visite à la " p'tite jeune " du troisième.

Rien de plus facile pour moi qui habite au premier justement ; je grimpe donc tranquillement. Arrivé sur le palier, je constate que sa porte est entreouverte. Etonné et même temps ravi, je rentre silencieusement, me réjouissant de faire une farce à Madeline. Je franchis le petit couloir, longeant la salle d'eau et toilettes, pour accéder directement à la salle à manger.

Sur des étagères, ses livres et ses notes de cours. Divers bibelots ramenés de ses voyages à l'étranger. Un lampadaire des années 1980 trônait dans le coin de la pièce, tandis qu'un canapé B.Z. meublait l'angle opposé... Ce décor familier, que j'ai vu tant de fois, est censé me rassurer... Mais plus j'avance à pas de loup dans la pièce, et plus la perplexité me gagne...

Au fond de la pièce à droite, une porte grande ouverte : c'est la chambre de la jeune femme. J'entends des bruits étranges, comme des soupirs étouffés... A la fois intrigué et inquiet, je m'approche, souhaitant que ce ne soit pas un malaise... Auquel cas, à part composer le 15, je serais bien incapable de lui porter secours.