Chapitre XIII

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A défaut de m'endormir, je somnole et parviens tant bien que mal à me reposer. Lorsqu'arrive le petit matin, mes yeux ont du mal à s'ouvrir. Depuis ma chambre, j'entends des bruits de pas dans l'escalier : Madeline et son petit ami descendent en trombe. Il faut croire que le sexe ne les a pas calmés...

Quand à moi, je me lève difficilement et me prépare pour aller travailler. Les semaines s'écoulent ainsi, avec la secrète satisfaction de découvrir un peu plus la vie intime de Madeline. Plusieurs fois par semaine, elle invite son compagnon à passer la soirée, et plusieurs fois je me plante la nuit devant leur porte, pour assister à leurs ébats.

Gémissements féminins, râles masculins, grincements de ressorts... Autant de sons intermittents délicieux d'abandon... Quelquefois j'aimerais voir à travers les murs ; bien que mon imagination soit fertile, j'aimerais visualiser leurs postures sexuelles... Les sanglots de Madeline sont une délicieuse torture pour moi, et je ne peux m'empêcher de décoller l'oreille de cette porte verrouillant leurs amours.

En journée, je croise souvent Madeline dans la cage d'escalier, et nous nous saluons comme si de rien n'était. Mais quelques semaines plus tard, lorsqu'elle m'invite chez elle pour lui donner un coup de main, elle me présente son petit ami :

_ Je te présente Nathan, dit-elle tout simplement.

La jeune femme m'explique que le garçon étudie à l'école de journalisme lui aussi, où les jeunes gens se sont rencontrés. Nous avons ensuite discuté dans une ambiance détendue, et c'est entre deux propos que Madeline m'expliqua, qu'une fois sa formation achevée, elle envisage de s'installer en Espagne avec lui, pour travailler.

Etonné, je lui demande dans quoi. Elle me répond :

_ Mais dans le journalisme, voyons... !

Et de m'expliquer qu'une place l'attend là bas, dès l'obtention de son diplôme, puisqu'un de ses cousins, d'origine espagnole, a un poste bien placé dans un quotidien castillan. Et bien que son départ se fasse l'année suivante, elle commence à le préparer... Je la félicite, et m'en rejouis ouvertement, mais en secret la tristesse m'étreint. Dans une douzaine de mois, je n'aurais plus son sourire rayonnant du matin en sortant de chez moi, ni ses sublimes extases à écouter chaque nuit devant sa porte, le coeur transporté de fièvre... Bref, je retournerai à ma solitude...

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