aurele; protocole
Mes pas résonnent sur le vieux carrelage. Je prends le temps d’admirer l’architecture du bâtiment. Nous sommes passés si vite. De grandes fenêtres laissent passer la lumière hallée du soleil couchant sur les murs jaunis par le temps. L’odeur du vieux papier peint, les cris de joies des enfants retrouvant leurs parents. Personne ne m'attend en bas. Je suis bel et bien seul. Où vais-je pouvoir dormir cette nuit ? Sûrement sous le petit pont que j’ai vu en arrivant ici. Je serai à l'abri.
Je traîne les pieds afin de rester au chaud plus longtemps. Je m'arrête sous un des lustres poussiéreux qui éclairent le hall.Je fouille mes poches à la recherche d’une petite pièce qui pourrait payer mon repas. Mes doigts ne rencontrent que le tissu usé de mon short troué. J’ai si faim, il faut que je trouve quelque chose. Je profite des derniers instants de chaleur avant une longue nuit dans la fraîcheur d’octobre.
Les lumières s’éteignent une à une. Encore une panne de courant. Un gouvernement au bout du rouleau ou devrais-je plutôt appeler ça une dictature. Plus d’argent qui rentre encore moins qui sorte. Leçon de vie à mes dépends. Je m'apprête à sortir quand je la sens. L’odeur de l’enfer, du massacre. Les souvenirs s’emballent. Mon corps me dicte de sortir en courant et de m’éloigner au plus du diable en personne mais mon cœur s’y refuse. Ces gens ne peuvent rien faire contre lui. Il est là pour moi; à cause de moi. Je coure dans les couloirs tortueux. Je suis l’odeur tel un chien de chasse. Je suis privé de mes sens dans cette pénombre. Je touche de mes mains les murs et fenêtres même le ciel tantôt clair et gris s’est teinté d’un noir profond. Je redécouvre le bâtiment. Les petites arabesques frottent mes doigts. L’odeur s'amplifie je continue d’avancer à pas de loups. Les lumières se rallument dans une symphonie de tintements de verre. Le soulagement m'envahit. Je suis sauvé mais cette odeur me ramène à la réalité. Il n’est pas partie. Je regarde autour de moi. Rien de suspect. Je continue ma chasse. Je remonte les escaliers avec une impression de déjà vu. L’odeur s’arrête ici. C’est toujours dans ces moments-là que je me sens vraiment sauvage. Mon instinct animal ressort plus que jamais. J’observe la scène d’un air désolé. Là Arold se trouve recroquevillé dans le coin. Si plié sur lui-même qu’un peu plus et je ne l'aurais pas vu. Il pleurs. A chaudes larmes, ses yeux remplis de terreur sont rouges et gonflés. L’impression qu’il me fait est déroutante. D’un côté l’envie de le prendre dans mes bras pour le calmer et d’un autre sa carrure si virile qui me donne tout sauf envie de l’approcher. Je fuis devant ce dilemme. Il ne me voit pas. Je crois qu’il ne verrait même pas un éléphant passer devant lui. J’ouvre la porte. Mon cœur s’arrête. Elle est là. Affalée sur le sol baignant dans son sang. Je coure à ses côtés. Les plaies sont profondes mais son poul bien que faible bat toujours. J'examine chaque partie de son corps. Je n’ose pas retirer son chemisier mais je sais parfaitement que ce pourpre n’est pas sa teinte d’origine. Je retire mon t-shirt l’arrachant au passage et essaye tant bien que mal d’arrêter le saignement sur les plaies principales. J’essaye de me lever, de chercher de l’aide… mes jambes se dérobent sous la panique. Tout est de ma faute. Elle se meure à cause de moi. Mes yeux ne cessent d’être attiré par ce corps sans vie qui s’étale devant moi. Je reprends mon courage. Il y a encore de l’espoir. Je hurle. Une longue plainte, à s’en déchirer le cœur. Les larmes ruissellent sur mon visage. Je me relève et aperçois un détail qui m’avait échappé. Un détail ? Là, à quelques mètres, se trouve le diable personnifié. Je recule de quelques pas par réflexe avant de me rendre compte de son état. Inconscient, ligoté par un fil d’argent à la colonne qui soutient le plafond. Sa jambe percé d’une profonde entaille suinte. Un liquide blanchâtre recouvre sa plaie. Je me retourne pour regarder le portrait innocent qui m’attends. “ C’est toi ?
C’est toi qui a fait ça. Mais comment ?” J'attends bêtement sa réponse. Je dois l’aider. J’ai trop de questions à lui poser. Je sors en trombe de la pièce. Je coure. Je cherche. Une personne à qui parler, un panneau, n’importe quoi. J’aperçois une secrétaire au bout du couloir. Je cours au guichet. “ le personnel médical. Où est le personnel médical ?” la vieille femme me regarde d’un air désinvolte. “ ON N’A PAS TOUTE LA NUIT DEVANT NOUS! GROUILLEZ-VOUS !” encore ce jugement “ Alors bonjour déjà…” Je suis pendu à ses lèvres. Elle bute sur chacun de ses mots. Je sais pertinemment que la brusquer n’y changera rien alors je patiente. “ Au… rez de chaussé.
- Oh… merci madame. Si seulement vous le saviez ! vous venez de sauver une vie là.
Je reprends ma course, je saute les marches.Non, je les survole. Sillonnant les chemin tortueux du palladium je tombe enfin sur l’infirmerie. Je défonce la porte d’un coup d’épaule. “ Dépêchez vous ! allez on a besoin de vous. Quelqu'un se meure! Vite! Allez c’est votre boulot non? Un homme d’une trentaine d'années au cheveux châtain s’approche de moi. “ et petit… C’est pas si facile tu sais. Il est censé aller où ton petit ?
Mais quesque j’en sais. Je vous l’ai dit je l’ai trouvé inconsciente vous voulez que je fasse quoi ?
Chaque collège à ses méthodes pour ses élèves. Sans son collège on ne peut rien faire.
-Et un téléphone vous avez? On peut appeler la secrétaire de l’étage ?
-Oui c’est une possibilité.
Je lui arrache son portable de la main et regarde dans l’annuaire. Les lettres s’enmelents. “ Allez y cherchez l’étage 23 s’il vous plaît.
- Et oh petit. Je suis pas ton chien tu te démerdes.
Je n’ai pas le temps pour les explications. “ je ne suis pas d’ici je ne sais pas lire. C’est bon ? Alors dictez moi ce putin de numéro et grouillez vous merde.” Les insultes s'enchaînent dans ma bouche sans que je ne puisse les arrêter. Le visage ensanglanté de cette fille me revient en tête ils ne captent pas l’urgence de la situation.” Euh alors étage n°23: 02 43 94 23 36. Je tape sur les touches à la vitesse de l’éclair. Le comblinet vibre sur la table, j'enclenche le haut-parleur. La voix grésillante de la vieille femme du secrétaria sort de l’appareil. Elle dit de sa voix nasillarde. “ Oui ? C’est à quel sujet ?
- Arold. Arold, il faut que je parle à Arold tout de suite.
- Savez-vous dans quel secteur du bâtiment se situe -il ?”
J’inspire une grande goulé d’air. Garder son sang froid. S'énerver ne sert à rien. “ A côté de la salle 208.
- Bien. Je m’y rend de ce pas.”
Cette manie ne se limite donc pas à notre cher examinateur. Nous entendons les petits pas boitant de la vieille femme. L’attente s’éternise. Le protocole est ridicule. Voilà bien cinq bonnes minutes que nous serions arrivés à ses côtés sans toutes ces règles. “ Voilà. Je vous le passe de suite.
Arold ? Vous m’entendez?”
Je n'obtiens que de petits gémissements plaintifs en guise de réponse. “ Ecoutez. Je n’ai pas le temps. Dans quel établissement est transféré la jeune fille que vous avez testé juste après mon passage.” Un reniflement “ je… je l’ai tuée. Je ne l’ai pas aidée. Elle est morte par ma faute. Ses pleurs se transforment en longs hurlements. “ elle n’est pas morte. Il y a encore de l’espoir. Mais pour la sauver, j'ai besoin de vous”. Je perds peu à peu espoir. Je le travaille. Je lui pose d’abord de petites questions simples, puis, augmentant peu à peu la difficulté, j'arrive à mes fins. “ Saint James elle devait aller à saint james.
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