Emma

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  • Saint James”

Je sursaute. Voilà bien longtemps qu’un gamin avait été tranféré chez moi dans le coin. A peine ai-je tourné le regard et pris mes trois mallettes de soin que le jeune homme était déjà parti. Je trouve mon chemin en suivant la petite tache rouge bougeant dans mon champ de vue. Il court. Je peine à le suivre dans les couloirs tortueux. Le trajet me semble durer une éternité. Enfin, après un dizaine d’escaliers, une centaine de virages, et une multitude de portes passées, le garçon pile devant une porte. “ Je, je préfère ne pas entrer. Si vous avez besoin de quoi que ce soit prévenez moi.” Son regard se baisse. Jusqu’à présent je pensais que la situation le plongeait dans un profond désarroi mais en suivant son regard je compris. Là, juste sous mes pieds, était roulé mon vieil ami. Je me penche à ses côtés. Il est complètement renfermé dans son havre de paix. Impossible de l’y sortir. Le petit exige des explications. “ Il est comme toi. C’est tout. Ne crois pas que je n’ai pas lu ton dossier quand tu es arrivé tel un sauvageon dans l’infirmerie.” Spectre de l’autisme. Nous sommes tous touchés à un degré plus ou moins fort. Chacun ses failles. Je me relève et le laisse dans sa bulle. J'enclenche la poignée de la porte avec réticence. Je perçois la douleur dans cette salle. Empathie évoluée. Bien pratique dans mon emploi. J’ouvre la porte. Un haut de cœur me prend de court. Je n’ai jamais bu pareil scène. La jeune fille, affalée sur le carrelage froid. Je m'assieds à ses côtés et prend ses constantes. Faibles mais toujours présentes. Pourquoi ne m’a-t-il pas prévenu plus tôt. Je ressasse les quelques minutes passées. Il nous a prévenu. Seulement nous ne l’avons pas écouté. Ce n’est qu’un gamin me direz vous. La salle s'emplit du souffle de la mort. Cette odeur âcre mêlé à la chaleur étouffante qui te prend de plein fouet et te mène dans les abîmes de l’enfer quelques minutes durant. Le bandage de fortune entourant son torse est imbibé de sang. Je reprend conscience de la situation et coure à mes mallettes, désinfectant, bandage et perf de secour.

Je m'attelle avec conviction à la tâche. Durant la demie heure qui suit, mes mouvements se répètent. Les réflexes deviennent mécaniques. Désinfection, bandages et ça recommence indéfiniment. Je pense une plaie et en voie découvre une autre. Après plusieurs minutes la jeune fille ouvre les paupières. Ses poings se crispent. Mon cœur comme serré entre ses mains ensanglantées se serre. La douleur fait palpiter ses veines et se diffuse dans mon corps. Il va bien falloir qu’elle se retourne afin que je voie son dos. Les larmes perlant sur ses joues se regroupent en petits ruisseaux sur sa nuque. “ Tu m’ entends ?” un grognement sourd s’échappe de sa gorge sèche. Je prends ça pour une affirmation. “ Tu vas t’accrocher à mon cou et je vais te porter sur le bureau ok?” Sans attendre quelques réponses je me penche et la serre contre moi. La douleur prend le dessus sur son âme. Elle ferme toute communication avec le monde extérieur. Dors, tu souffriras moins. Je la soulève sans peine et la retourne sur le bureau. Mes ciseaux découpent le chemisier rêche et laisse son dos se découvrir. Un haut de cœur me prend de court. Je ne peux détacher le regard de la scène. Là, devant moi, le dos de la jeune fille… privé de sa couche protectrice qu’est la peau, laisse entrevoir les diverses vertèbres de l’enfant. Ses muscles saillants remuent au rythme de sa respiration saccadée. Les images se gravent profondément dans mon esprit. Qui a commis ces infamies ? Pourquoi? Je me jette sur mes mallettes, je fouille, dans tous les recoins jusqu’à trouver le petit flacon bleu que je cherchais. Je dévisse le couvercle avec difficulté et étale sur la chair à vif cette pâte blanchâtre. L’effet est immédiat. Une pellicule protectrice se forme sur la plaie et remplace peu à peu la peau. Un hurlement m’arrache le tympan. La jeune fille terrorisée porte ses mains à son dos et essaye d’arracher le pansement liquide dans des hurlements d’agonie. La terreur dans ses yeux se mêle aux affres de la réaction. Je ne sais comment réagir. Elle est dans un état second. Sûrement une allergie. La petite créature blessée tantôt si calme a changé du tout au tout. Ses prunelles aux couleurs changeantes me supplient de ce regard dont seul les enfants ont le secret. Je m’approche d’une de mes valises et en sort une seringue contenant un liquide d’un bleu roi. Je m’approche de la jeune fille en prenant garde à ne pas recevoir de coups. Je prends une grande inspiration et plante violemment l’aiguille dans sa nuque. Le corps inerte retombe avec fracas sur le bureau de marbre blanc. Ce puissant sédatif devrait contenir sa frénésie le temps que la crise allergique s'estompe. Je suis perdue face à la situation. Il faut que je la porte au lycée. Là, seulement j’aurai les moyens de soigner ses blessures convenablement. Je la reprend contre mon torse et pose son front fiévreux sur mon épaule. Ses blessures s’infectent. La minette a beau ne pas peser bien lourd pour un gamine de son âge, l’effort risque d’être difficile sur la longueur. J’essaye plusieurs positions avant de faire mon choix. Je décide finalement de la caler dans mon dos au moyen d’une couverture de survie. J’avance doucement vers la porte entrouverte et me lance dans le couloir. J’entends soudain des pas lourds arriver dans mon dos. Je me retourne brusquement et aperçois Orèle foncer à toute allure vers moi. “ Rentrez ! Tout de suite!” Ses quelques mots prononcés avec entrain ne me laisse pas le choix. Je me presse contre la porte avant de me souvenir du de l’être coincé dans mon dos. Je rentr edans la salle suivi de près par le gamin épouvanté. “ il répète inlassablement la même phrase. “ ils arrivent, ils arrivent…

  • Ecoute petit, calme toi et explique moi doucement car vraiment j’ai beau faire tout ce que je peux j’ai beaucoup de mal à te comprendre.”

Bien qu’à la vue de sa mine blafarde j’en déduis la situation critique ; ses marmonnements inintelligibles bercent mon cœur et me calme à la manière d’un conte raconté à un enfant avant qu’il ne plonge dans un monde dont lui seul à le secret. Aurèle balaye la salle du regard. “ Où vous l’avez mis ?!

Mais voyons ? de quoi parle tu ?” son visage se crispe encore.Mes pensées s’égarent. Je l’imagine en train d’exploser sous la pression. Je ne comprend pas l’urgence de la situation, j’essaye tant bien que mal de me concentrer. Je souffle un grand coup et me concentre sur les battements de mon cœur comme me l’a appris mon mentor durant ma jeunesse. “ Eh ? Gamin ? ça va ?

Ne m’appelez plus jamais gamin! On est perdu… hun” Il marmonne dans un langue qui m’est inconnue. Son visage tantôt terrifié se couvre d’un masque de sûreté impénétrable. “ La peste. Ils sont là.” Ils pointa la jeune fille du doigt. Je l'avais complètement oublié. Ce n’est pas responsable. Il va falloir que je m’implique davantage dans mon emploie si je veux espérer le garder plus d’un mois. “ Elle. Elle a été confrontée à Morphé cela ne fait aucun doute. Je l’ai trouvé ligoté ici” Ce nom fait renaître des souvenirs que j’avais enfouis au plus profond de mon être. Un frisson me parcourt l’échine. Je comprends enfin. La réalité des choses me frappa de plein fouet. Voilà bien une bonne dizaine d'années qu’ils n’avaient pas frappé. Comment ai-je fait pour rester dans le vague durant tout ce temps ? Aurèle se redressa et se dirigea vers moi d’un pas décidé. “ on doit partir. On a pas le choix.” Ses mots résonnent. Il jette un coup d'œil à la blessée gisant au sol à quelques mètres. Ses paupières s’agitent doucement. Le sédatif commence à s’estomper. Elle devrait se réveiller. Ses mains engourdies se posent sur ses paupières closes. A peine fut-elle réveillée qu’elle s'exclama en parcourant la salle. “ Il est où ?” Orele se retourna dans un arc s’apparentant plus à une catapulte qu’à une physionomie humaine. “ On doit y aller” La jeune fille se releva sans difficulté, comme si elle venait de se réveiller d'une bonne nuit de sommeil réparateur.” Ecoutez: Nous somme actuellement traqués. Par je ne sais quels moyens vous êtes parvenus à survivre ou du moins à survivre mais là n’est pas la question. “ Son rythme d'élocution incroyablement élevé m’effraie. Comment, encore ce même mot trop d’interrogations pour si peu de réponses. Mais comment fait elle pour analyser la situation si rapidement ? Je pourrais presque percevoir les rouages de son esprit tourner à plein régime. A peine eut- elle récupéré un peu d 'oxygène qu'elle reprit son monologue toujours plus rapidement, toujours plus rapidement.”... Morphé est parti. Je peux donc affirmer sans trop de peine le fait qu’il soit parti voir son guérisseur personnel. A la vue des séquelles infligées, son traitement prendra donc environ deux heures et demie. Reste à savoir la durée de mon inconscience…” elle penche son visage près de la plaie et pose ses lèvres sur l'ecchymose. “ A voir mes blessures entravées d’un demi centimètre et le sang séché à plus de quatre vingt pour cent j’estime mon inconscience aux alentours de deux heures ce qui nous laisse très peu de temps pour élaborer un plan assez réfléchi pour nous laisser une chance de sortir libre de cet établissement. Mais avant tout j’aurais besoin de vos aptitudes qui pourraient éventuellement entrer dans le stratagème.” Enfin elle se tait, ses yeux croisèrent les notre et la jeune fille plongea son regard essayant de déchiffrer une réponse dans notre silence. Mais, avant même qu’elle n’ai pu en tirer quelque chose, l’explosion retentit signant le départ des troupes. Elle s’écria. “ Bien. Je crois que nous n'avons d’autre choix que de foncer dans le tas. Elle explosa les gonds de la porte et sortit un stylo de sa poche. “ On fait avec les moyens du bord !”

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