Orèle
Des décharges électriques secouent mes muscles à chaque choc de ma course. Je ne peux m’arrêter. Mes yeux sont sans cesse attirés vers le corps svelte d’adèle ondulant au rythme de ses pas. Je ne peux la laisser seule. Pas que je pense qu’elle ne puisse s’en sortir sans moi mais simplement car sa chaleur et son courage sans faille me rassurent. La force brute. Source d’énergie si pure. Je me retourne. Emma peine à supporter le poids du corps de l'examinateur. “ Passez le moi et passe devant. Je couvre nos arrière.” Elle hésite. “ Allez y nous n’avons pas de temps à perdre.” L’infirmière s’approche de moi et dépose l’homme sur mon dos. Je reprends mon chemin à une vitesse toujours plus rapide malgré le poids sur mes épaules. Soudain une odeur vient me chatouiller les narines. “ Tous à terre!!” Je me jette contre le sol rapidement imité par mes compagnons. j’attache mon chemisier que j'avais jusqu'à maintenant dans ma main sur mon nez. Le poison ne tarde pas à s’infiltrer dans mes narines. Mes paupières s’alourdissent rapidement. Je me lance dans une lutte sans issue qui malgré tous mes efforts ne mène à rien. Mon poul ralenti et je plonge dans un état second.
Mon cœur reprend dans une secousse qui manque de me briser les côtes. Mes muscle se cambrent à l'afflux sanguin si soudain. Le réveil est brutal. Je pose mes mains sur le carrelage froid et tente de me relever. Le sang me monte à la tête et me fait perdre l’équilibre. Au bout de trois tentatives mon corps consent enfin à tenir debout sans trop tanguer. Je regarde autour de moi. Emma reprend peu à peu connaissance à quelques centimètres de mes pieds et l’examinateur déjà conscient m’admire de son air béat dont il a le secret. Il articule quelques mots que je m'efforce de comprendre. Sa voix est rauque. “ Elle n’est plus là. Ils l’ont emmené.” Je fais un demi tour rapide et comprend enfin ses propos. Adèle. Où est elle ? Déjà bien loin devant nous? “ Petit. Elle est encore là. Mais il te reste peu de temps. Ils attendent le rétablissement complet de morphé avant de partir. Ils ont besoin de lui et de ses acolytes pour évacuer. Je ne prends pas le temps de réfléchir et me mets à courir. Je n’ai plus le temps de traîner, de créer des plans développés. Cela ne sert à rien de toute manière. “ Et attends!! Tu ne sais même pas où aller. A quoi bon.
- Si. Au flair.” Mon éducation reprend le dessus et réveille des souvenirs heureux.
L’odeur de la pluie pénètre dans mon corps. Mes cheveux trempés tombent, lissés par la pluie sur mes épaules. Un lapin dans la main, je rentre à la maison. Il ne fait pas très chaud mais au moins on est au sec. Toute ses senteurs si douces s'imprègnent en moi et se gravent à jamais dans mon esprit. Mes sens s'aiguisent un peu plus chaque jour. L’enseignement de ma mère paye. Je sens irradier sa chaleur. Elle s’approche près de moi et se couche. Je me lauve dans ce cocon de douceur et m’endors ma respiration posée sur les ronflements légers de mon petit frère posé un peu plus loin dans un coin de la pièce.
Toutes les sensations me reviennent peu à peu. L’obscurité quasi totale, l’odeur de la pluie s’imprégnant peu à peu au refuge : la douceur de l’instant. J’étais si bien. C’était si beau. Je me sentais bien. Mon sang ne fait qu’un tour. Des images viennent remplacer les beaux souvenirs. Suis moi… Suis ma voix… Oxane ! Je déambule dans les couloirs, bientôt rattrapé par Harold. “ Tu l’entends ?” L'examinateur répond par la négative d’un vague signe de tête. Mon pouvoir s’est déclenché. Je prends peur. Je n’en veux pas. La connexion s’arrête immédiatement. Que faire ? Je dois continuer. Inspirer, expirer et se concentrer. Je peux le faire. La connexion reprend, chaque seconde un peu plus fort. Quand je sors de l’état de torpeur que provoque ma capacité, je découvre un couloir qui m'est encore inconnu. Je pensais avoir traversé le bâtiment de long en large cherchant désespérément du secours mais mes impressions étaient apparemment erronées. Je me retourne et remarque le visage rouge de l’examinateur. Il essaye tant bien que mal d’articuler mais je ne perçois que quelques bribes de sa phrase saccadée par de longues inspirations. J’ai dû aller un peu vite. Je suis là… Suis moi. La voix vient de derrière. Une large porte blindée nous cache le passage. Je commence à désespérer. Pendant que vous arriviez j’ai eu le temps d'analyser la situation et crois moi. Je ne pense malheureusement pas que la situation tourne en notre avantage. Je manque de m’étrangler.Comment peut elle rire et plaisanter dans une situation pareille. Ça me dépasse. Sur la droite de la porte il y un petit boîtier en hauteur vous le voyez ? Je lève les yeux au ciel. Et cris à Arold. “ Un boîtier! Vous voyez.
- Je ne suis pas sourd tu sais. J’entends quand elle nous parle et oui il est juste en face de nous, regarde.”
Je ne m’étais même pas rendu compte que je l’entendais à travers la porte et non dans ma tête. Bien. Il faut le briser le plus vite possible. Cet objet diffuse un gaz dans la pièce qui m’empêche d’utiliser ma capacité. Et j’ai besoin de mon entièreté pour agir le plus efficacement possible. La boite est trop haute pour être brisée à mains nues. J'inspecte encore une fois les moindres recoins du couloir dans l’espoir de trouver une solution. Parfait. Au bout du corridor se trouve un extincteur de secours. C’est lourd mais avec quelques efforts nous devrions parvenir à casser le boîtier sans trop perdre de temps. Arold me porte sur ses épaules tandis que j’assène de violents coups sur le coffret. En à peine trois coups la boîte rend l’âme dans un sifflement aiguë. Un souffle de soulagement se fait entendre derrière la porte, bientôt suivi d'un bruit sourd. “ Je respire enfin. Plus de gardes à l’intérieur. Tout le monde a survécu de votre côté ?” Mon regard croise celui d'Arnold. Merde ! Emma! ON A OUBLIÉ EMMA !! L'examinateur cambré sur ses appuis se jette dans le couloirs et repart dans le sens inverse. J’essaye de prendre le ton le plus serein possible. “ Ils devraient être là dans cinq minutes environ. “ Ok. super en attendant cache toi et dis moi si tu entends quelqu’un arriver dans ce cas de figure je devrai lancer l'assaut plus tôt.” Je grimpe à la colonne et me hisse sur les poutres du plafond. D’ici ma vue est parfaitement dégagée. Je me tiens parfaitement immobile et silencieux.
J’entends des pas venir derrière nous. Deux silhouettes ne tarde pas à passer le seuil de la porte. Je dois plisser les yeux pour reconnaître nos deux compagnons. “ C’est bon! Ils sont là !
- Bien. Maintenant vous allez tous vous placer derrière la porte du fond du couloir, la fermer et la rouvrir uniquement quand vous m'entendriez arriver. C’est bien clair. Je ne serais surement pas dans mon meilleur état. Il faudra que vous me récupériez.”
Je n’aime pas du tout que l’on me donne des ordres mais je vois bien que la situation ne me laisse pas le choix. Je coure vers mes deux compères et ferme la porte derrière nous. Il pèse un silence de mort. Je compte pour passer le temps. Un… Deux… L’explosion retentit. Je saute au plafond de surprise. Je ne peux attendre la réponse d’Oxane. J’ouvre la porte et admire le désastre . Le couloir est recouvert de débris multiples et les flammes commencent à engloutir les murs. Je vois tout d’un coup sortir une silhouette boitillante du nuage de poussière causé par l'explosion. J'accoure à ses côtés. Je ne prends même pas le temps d’évaluer ses blessures. Quel plan insensé! Faire sauter une pièce dans laquelle on est. C’est du suicide pur et dur! J’entends un craquement, puis deux, puis trois… J’accélère de plus en plus vite. Un morceau de béton me tombe sur le crâne et manque de m’assomer. Le plafond nous tombe dessus. Une goutte de sueur perle sur mon front. Je vois les yeux terrorisés d’Emma sur nous. Mon pouls s’accélère. Le plafond s’écroule par blocs d’ 1 mètre. Mes jambes accélèrent encore jusqu’à atteindre une tension insoutenable. Vingt mètres, dix mètres, cinq mètres… Je plonge et j’arrive face contre sol rapidement rattrapé par le corps inerte d’Oxane tombant sur mon crâne
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