3.

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"- Espèce d'abruti maladroit, c'était mon dernier gland!" 

"- Nananananananan, c'était MON dernier gland!" se fit entendre un dialogue rapide entre deux voix stridentes au dessus du petit garçon.

"- Tu-n'a-jamaicéssé! Ne cesse! Et-ne-cesserajamais-de-mentir! C'ETAIMONGLAND!!!"

"- TU MENS! ILETAITDANLAPATTE GAUCHE!!!"

Adam, entendant ce remue ménage venant des hauteurs, releva la tête en se frottant les yeux, pour découvrir au beau milieu d'un trou creusé tout près de la cime d'un gigantesque chêne, un écureuil à deux têtes en train de se disputer avec lui même, si l'on puis dire ainsi, à propos d'un gland, ce dernier étant certainement celui qui venait de tomber sur la tête du garçon.

Le jeune enfant n'en crut pas ses yeux et se les frotta une seconde fois. Ce qu'il voyait était bel et bien réel, aucun doute à cela, néanmoins, cela ne le surpris que l'espace de quelques secondes, après toutes les choses extraordinaires qu'il avait été amené à voir jusqu'au chêne de l'écureuil.

Il s'adressa à l'étrange créature:


"- Bonsoir, Mr l'écureuil".


Entendant cela, en proie d'une réaction immédiate, les deux vives bouches cessèrent immédiatement de remuer, et tout le corps ainsi que les deux têtes restèrent figées un instant, avant de baisser les yeux au sol et de regarder Adam d'un air menaçant: 

"- Comment cela!"
"- Monsieur l'écureuil!" s'exprimèrent chacun leur tour les deux têtes, avant de reprendre en cœur:


"NE M'ASSOCIEZ PAS A CE SOURNOIS SAC SANS CERVELLE!"
"- PETIT !"
"- BONHOMME !" et leur deux cou respectifs devinrent alors longs et disproportionnés par rapport au corps leur servant de support, ils ondulaient dans l'air, gardant les deux têtes constamment en mouvement et donnant à Adam une légère sensation d'hypnose.

Comme il n'était pas serein quant à la réaction "des écureuils" donc, il décida de ne pas les contredire et repris sa phrase:

"Je vous demande pardon : Bonsoir, Messieurs Les Écureuils" et les deux cou se rétrécisserent dans la seconde qui suivit :


" Voilà qui est mieux" reprirent les deux écureuils.


Il y eu après cela une accalmie générale, juste ce qu'il fallu à Adam pour se sentir en confiance et questionner les deux chipoteurs, d'un air désabusé et réellement sincère, tout en sanglotant :


"Je vous demande de l'aide. Je ne me suis bien que trop éloigné de chez moi et je voudrais repartir auprès de mes parents. Cet endroit est si vaste et si étrange que je m'y suis perdu, il fait très noir et j'ai si peur tout seul, je voudrais vraiment retrouver mes parents. Aidez moi je vous prie, aidez moi à retrouver le chemin qui mène auprès des miens."

Les deux écureuils, ne sachant que dire, se regardèrent d'un œil plein de compassion, attristés par ce qu'ils venaient de voir et d'entendre, pendant que les pleurs d'Adam continuaient de se déverser au pied de l'arbre.

Allant pour dire quelque chose et se ravisant de suite après deux ou trois fois, ils se concertèrent à voix basse, chuchotant des choses inaudibles pour le pauvre Adam qui se tenait debout, sur le seuil du chêne:


"- dis lui"
"- Pourquoi moi? dis le lui toi."
"- Voyons, voyons, ça n'est pas mon rayon, je suis plus doué pour amadouer"
"- Ce n'est ni ma tasse de thé, que neni je ne dirais." 
"- Mais il le faut, il le faut!"
"- Ce n'est pas faux, il faut les mots"
"- Avouons le lui en cœur"
"- Oui, avouons lui, avouons le lui ce malheur"
"- Oui, avouons le lui"

Ils se tournèrent vers l'enfant et prirent leur respiration, avant de déclarer, l'un après l'autre, de deux voix profondément tristes: 

"- Nous devons vous avouer."
"- Mon cher petit enfant."
"- À notre grand regret."
"- Surtout au gré du temps."
"- Qu'il n'y a point de retour."
"- Ici pour l'innocence."
"- Qu'il faut courir."
"- Toujours."
"- Toujours."
"- Dans le même sens."
"- Dé."
"- So."
"- Lé."

Et ils baissèrent la tête, et tous les arbres de la Foret baissèrent leurs branches, dans le silence de la nuit.
Adam demeura anéanti par ce qu'il venait d'entendre, c'était assez flou dans l'ensemble mais il compris l'essentiel :


"Je ne reverrai plus jamais mes parents" déclara l'enfant, croyant se le dire à lui même, tellement l'émotion qui le submergeait était forte. Un des écureuils le reprit rapidement :


"- Oh non, mon bon, il est possible qu'ils te guident"
"- Certainement, tu les recherchera, sers bien le temps, tu les retrouvera." repris l'autre écureuil.

Adam, tout autant perdu dans les bois que dans ses pensées, perçut ces paroles mystérieuses comme des devinettes indéchiffrables, et, ans un élan de désespoir, il demanda aux écureuils:


"Le temps? Mais je ne comprends pas! Que dois je faire?"

Les deux écureuils tendirent alors leur patte respective, celle de gauche à gauche derrière l'arbre, celle de droite à droite derrière l'arbre, pour faire découvrir à Adam deux horizons lointains et différents, et déclarèrent en même temps, d'un ton tout aussi rassurant qu'autoritaire: 

"TU DOIS FAIRE UN CHOIX."

C'est a ce moment la, alors qu'il ne s'en était même pas rendu compte depuis le début de cette discussion, qu'Adam découvrit les deux chemins distinct devant lui, allant des deux cotés du tronc du chêne et découlant vers deux immenses ponts se perdant dans l'immensité :


Sur le chemin à sa gauche, le sentier était dégagé. Un magnifique pont orné de rambardes en or s'étendait au beau milieu d'un vide blanc que la lumière du jour venait percer pour faire briller la plate forme étincelante.


Sur le chemin à sa droite, il faisait nuit, le sentier était délimité par d'innombrables broussailles, et on pouvait à peine apercevoir une passerelle boisée, sans balustrades, se balancer au rythme des caprices du vent.


Adam réfléchit un instant.


Tout ce qui lui était arrivé jusqu'à présent n'étaient rien de plus que des choses incroyables:


*Tout ça est insensé, et on me demande pourtant de continuer dans le même sens, et qui me le demande? une créature incroyable, pourquoi ferais je confiance à un écureuil à deux têtes qui parle? Comment tout cela peut il être réel? Assurément, ceci est un mauvais rêve, et je me réveillerait tôt ou tard, j'en suis certain."

Et donc, empli de cette certitude, il décida de ne pas rester une minute de plus dans cet endroit loufoque, et se rebroussa chemin. Mais au moment même où il commençait à prendre le pas pour essayer de retourner chez lui, il se remit brusquement a douter:


*Pourtant, quand le gland m'est tombé sur la tête, j'ai ressenti la douleur, depuis que la nuit est tombée, je ressent la fraîcheur, et que dire quand j'ai couru derrière la fillette, n'ai ce pas l'épuisement que j'ai ressenti ? et cette fille, cette fille, elle avait l'air si réelle. Si tout cela était vrai, s'il fallait vraiment que je choisisse un de ces deux chemins pour retrouver mes parents, et la petite fille, quel chemin à t'elle pris, elle?*.


Il se redirigea vers l'écureuil à deux têtes et demanda:


"Auriez vous vu passer une jolie fillette vêtue d'une robe rouge avant que je n'arrive?" ce a quoi répliquèrent tous de suite les deux écureuils en retendant leurs pattes respectives indiquant leurs deux sentiers respectifs avant de s'écrier avec un empressement vigoureux:


"ELLE EST PASSEE PAR LA !"


Adam, mécontent, bien que fort peu surpris par cette réponse, s'impatienta et, se disant que, comme lui, la petite fille avait sûrement due penser que prendre le pont d'or trônant en plein jour était le choix le plus rassurant, il décida de prendre le sentier de gauche et de se diriger vers ce monde totalement inconnu.



Les deux écureuils regardèrent Adam traverser le pont d'or puis lentement s'effacer dans l'horizon, et reprirent leurs querelles de plus belle.

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