6.

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Il y eut ensuite un long silence, bercé par les tapotements incessants de l'avocat.
Adam, qui se dit qu'on ne lui avait encore jamais parlé comme cela, fut très remonté contre le vieillard a lunettes:

*Quel grossier personnage, personne ne lui a donc appris le respect à celui là. Pourquoi, mal gré mon jeune âge ferais je preuve de respect envers lui, si lui ne me respecte pas. Est ce que le fait d'être un vieillard hystérique peut lui permettre de tenir de tels propos ? Être un enfant mérite il de se faire traiter comme une vulgaire serpillière ? Je ne crois pas. Je ne lui ai rien fait. Qu'il aille au diable, ce misérable bossu!*

Alors, dans un sursaut d'orgueil mêlé à un relent de frustration, Adam déclara:

"Si cela vous conviens d'être le larbin d'un avocat pressé, cela me conviens aussi, on dis souvent que l'on a ce que l'on mérite n'est ce pas. Puis ce que je vous dérange, je m'en vais, amusez vous bien dans vos papiers."

Aussitôt dis, le vieillard entra dans une colère noire et répliqua:

"JE SUIS UN NOTAIRE!!!!" avant de se calmer petit à petit, en un décréchendo entraîné par le rythme tapoté de l'avocat, et de reprendre avec une voix tremblante emplie de désespoir :

"Pas un larbin…"


Il baissa la tête, comme pour exprimer toute sa tristesse.

Adam, qui n'était pas du genre à être insensible à la tristesse d'autrui, fût pris d'une douce compassion en regardant le vieillard en train de sangloter.


L'enfant s'excusa.

"Non, je vous prie, c'est moi qui m'excuse. Voyez vous, les tapotements de cet avocat de malheur me rendent dingue, et si je ne retrouve pas ce qu'il me demande, je n'ose imaginer ce qu'il va m'arriver, vous comprenez." dit à son tour le vieillard.
Adam, voyant la détresse de son interlocuteur, ne dis plus une parole, et le silence retomba doucement parmi les tapotements de l'avocat.
Le petit garçon, craignant de faire rejaillir la fureur du vieux bonhomme en lui proposant son aide, ou bien même en lui demandant ce qu'il cherchait, décida de le laisser tranquille. Il songea a se diriger vers l'échelle menant au balcon pour disparaître, cependant, une ultime question lui vint à l'esprit, celle ci lui brûlant les lèvres, et, ne pouvant pas s'empêcher de la poser, il s'adressa au bossu:

"Encore une fois, je suis vraiment désolé de vous importuner mais, n'auriez vous pas vu une petite fille vêtue d'une robe rouge passer par la a tout hasard?"

Le vieillard eut un sourire:

"Vous voulez certainement parler de la princesse? c'est justement pour elle que je me démène autant, elle se marie bientôt, alors il faut vraiment que je retrouve ce document, sinon... Enfin... Vous seriez bien aimable si vous me laissiez continuer."

*Ah, une princesse. J'aurai dû m'en douter, seules les princesses sont aussi belles, évidemment, une princesse, ça ne pouvait être qu'une Une princesse.* se dit Adam d'un air rêveur. Puis, un peu laissée de côté à cause des douces images que lui évoquait le mot "princesse", la suite de la phrase revint à son esprit, comme pour le gifler d'un revers de main afin qu'il se rende brutalement compte de la situation :


*Quoi! Elle va se marier?! La princesse va se marier?!* et l'instant qui suivit cette réflexion, Adam demanda au vieillard avec empressement :

"Elle va se marier?! Mais, avec qui?!"

"Je vous en ai déjà trop dis, laissez moi tranquille, je vous prie."

Adam repris de plus belle:

"S'il vous plaît, dites moi quelque chose, dites moi n'importe quoi!" et voyant le vieillard rester dans le silence, Adam insista une fois encore:

"Dites moi au moins ou la trouver!"

Le vieil homme, d'un regard méfiant, jeta alors un œil autour de lui, puis vers l'avocat posté sur le balcon, avant de dire au garçon à voix basse:

"Allez voir le couturier. Il vous aidera peut-être. Maintenant, partez."

Adam resta planté la, en proie à milles questions. Le vieillard s'éloigna un peu plus loin pour continuer sa tâche.

"Mais ou peut on le trouver!" s'écria Adam, mais le vieillard fit la sourde oreille, bien décidé à ignorer le petit garçon à présent. On n'entendait plus maintenant que le tapotement sournois causé par la patte de l'avocat venant s'aplatir sur le balcon, ce qui rendit l'agacement d'Adam, mécontent de n'obtenir plus de renseignements, encore plus conséquent, alors, à bout de patiente, il repris la parole d'un ton plus autoritaire:

"Parlez bon sang! les avocats n'ont pas d'oreilles!"

Le vieillard alors se retourna, et tout en réajustant ses lunettes, et d'une voix aussi certaine que résignée, regardant l'enfant cette même manière, il répliqua:

"Les avocats n'ont pas non plus de pattes."


Il marqua un temps d'arrêt et repris:

"Même les murs ont des oreilles. Partez."

Adam, quelque peu chamboulé par ce qu'il venait d'entendre, compris bien qu'il ne soutirerait pas plus d'informations au vieillard.

Il décida de l'abandonner à ses jurons et ses documents, et se dirigea vers l'échelle conduisant au balcon. Une fois monté, il passa a côté de l'avocat et son insupportable tapotement, sans que celui ci ne lui consacre la moindre attention.

Il ouvrit la porte de la grande salle pour continuer sa route et découvrit devant lui une immense foret. C'était le moment de s'y engouffrer. Adam regarda droit devant lui, poussa un long soupir et s'écria:

"Alors… Allons voir le couturier."

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