7.
La forêt était vivante et lumineuse, ici, l'atmosphère semblait paisible et rassurante, tout le contraire de celle où Adam avait rencontré les deux écureuils.
Bien évidemment, les bizarreries de ce lieu ne s'étaient pas effacées pour autant, on pouvait alors voir une rangée d'oiseaux au plumage multicolore, le buste rond, chanter sur les branches un gospel à capela, la tête haute et le corps solide, ou bien encore des chats cyclopes sauvages, perchés sur les hauteurs des arbres, tous se prélassant gracieusement en regardant passer le jeune Adam d'un gros œil tout aussi mystérieux que malicieux. Il y avait aussi ces serpents aux multiples corps et têtes ne formant qu'un, si bien qu'on pourrais tout autant appeler cela une pieuvre sans tête aux multiples tentacules, ces dernières étant les serpents, s'agitant a droite à gauche, l'un voulant choisir une direction, l'autre allant de l'autre, cette créature peu esthétique n'eut l'air de ne savoir faire que du sur place, comme un éternel combat qui finirait par l'épuiser. Mais ce qui étonna le plus notre petit aventurier étaient les mysterieux papillons de cette foret. Certes, il les vit déambuler au sol, sur les branches, sur les fleurs, comme un Roi qui paraderait au milieu de tout son or, avec leur air de créatures sacrées, leurs ailes tatoués par de multiples dessins naturels et toujours plus originaux les uns que les autres mais jamais un seul n'eut pris son envol devant les yeux du jeune enfant, aucuns papillons ne flottaient dans l'air pur de ce bois coloré.
Adam ne sachant pas où aller, se laissait guider par le hasard, si bien qu'il eut plusieurs fois l'impression de reconnaître un arbre, une souche, un terrier ou un sentier familier.
Il finit par se décourager a la vue, pour la 5eme fois consécutive, des oiseaux amateurs de gospel n'ayant toujours pas fini l'unique et seule chanson de leur répertoire.
Adam, épuisé par les kilomètres à tourner en rond, se posa sur le premier caillou qu'il eut en vue et se laissa plonger dans une tristesse profonde, laissant filer les sanglots, couverts par les voix des oiseaux chanteurs.
Il se passa plusieurs longues minutes, ou Adam se remémora tous les événements qui lui étaient arrivés depuis le moment où il était sorti de sa chambre, tous les personnages qu'il avait rencontré, aussi improbables et grotesques les uns que les autres, et tous ces lieux, toujours plus incroyables, ne cessant de se dire que tout cela n'était qu'un mauvais tour que lui jouait sa propre imagination.
Il se pinça le bras, et n'eut que pour seul résultat la souffrance d'une douleur toute neuve, qui le poussa a sangloter encore un peu plus:
*Je suis perdu, perdu, perdu.
Je veux rentrer chez moi, je n'en peux plus de cet endroit.
Maman, je suis perdu."*
Il pensa au doux visage aimé de sa mère.
Cela rendit sa présence dans ce lieu encore plus insupportable, et il éclata en larmes, en évoquant le nom de l'être le plus cher à son c à plusieurs reprises:
"Maman!"
L'un des oiseaux chanteurs de gospel, interpellé par les sons émanant du jeune enfant, sembla réagir à l'écoute de ce mot répété en boucle par le petit bonhomme, si bien qu'il s'arrêta de chanter et baissa son bec vers le pauvre garçon inconsolable. Tous ses compères firent de même à tour de rôle, le dernier s'arrêtant en plein milieu de la chanson pour laisser place au silence.
Ils fixèrent l'enfant en train de pleurer l'espace d'un instant, sans laisser transparaître aucune émotion précise, puis le premier oiseau repris du service, tout en gardant son regard sur Adam:
"POM POM POM POM POM POM POM POM POM POM POM POM POM, HUUM"
Et tous les autres l'accompagnèrent:
"- POM"
"- POM"
"- POM"
"- POM"
"- POM"
"- POM"
"- POM"
"- POM"
"- POM"
"- POM"
"- POM"
"- POM."
"- POM....."
Ils reprirent tous en cœur:
"Mister Sandman, bring me a dream
Make it the cutest that I've ever seen
Give her two lips like roses in clover
Then tell her that my lonesome nights are over
Mister Sandman, I'm so alone
Don't have nobody to call my own
Please turn on your magic beam
Mister Sandman, bring me a dream
Mister Sandman, bring me a dream
Make it the cutest that I've ever seen
Give her the word that I'm not a rover
Then tell her that my lonesome nights are over
Mister Sandman, I'm so alone
Don't have nobody to call my own
Please turn on your magic beam
Mister Sandman, bring me a dream"
Le petit garçon leva les yeux.
Au fur et a mesure de la mélodie qui découlait comme un joyeux remède à la tristesse, les oiseaux chantant et se balançant de droite à gauche sur la branche, il oublia petit à petit sa peine, et se laissa entraîner.
"Mister Sandman, bring us a dream
Give her a pair of eyes with a congeal of gleam
Give her a lonely heart like Harlehatschi
And not so wavy hair like Liberatschi
Mister Sandman, someone to hold
Would be so peachy before we're to old
So please turn on your magic bean
Mister Sandman, brings us
Please, please, please
Mister Sandman, bring us a dream
Yeah...
Mr Sandman
Bring me a dream
Make it the cutest I've ever seen
Give her two lips like roses and clover
And tell her that her lonesome nights are over
Sandman
I'm so alone
Don't have nobody to call my own
Please turn on your magic beam
Mr Sandman bring me a dream
Mr Sandman
Bring me a dream
Make her the cutest I've ver seen
Give her the word that I'm not a rover
And tell her that her lonesome nights are over
Sandman
I'm so alone
Don't have nobody to call my own
Please turn on your magic beam
Mr Sandman, bring me a dream "
Puis, tout la compagnie prit son envol, tout en continuant de chanter:
"MrSandman
Bring us a dream
Give her a pair of eyes
With a congeal of gleam
Give her a lonely heart
Like Harlehatschi
And not so wavy hair
Like Liberatschi
Mr Sandman
Someone to hold
Would be so peachy
Before we're to old
So please turn on your magic beam
Mr Sandman bring us "
....
....
les oiseaux se dirigèrent vers un mur de branches et de feuillages qui s'écartèrent a leur passage, ouvrant l'accès à un chemin encore invisible il y a de cela quelques minutes, et les oiseaux finirent en coeur:
"Please Please Please
Mr Sandman
Bring us a dream
..…"
Avant de s'envoler définitivement pour le ciel, laissant à Adam le plaisir de découvrir ce qui se présentait devant lui:
À quelques pas de la se trouvait un immense lac ou dormait une eau claire et paisible.
Le petit garçon, émerveillé, s'en approcha.
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