Chapitre 1

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Un peuple que tu n'auras point connu mangera le fruit de ton sol et tout le produit de ton travail, et tu seras tous les jours opprimé et écrasé.

Deutéronome 28:33


Le décor se prêtait parfaitement à l’un des grands films d’évasion qu’elle affectionnait tant. Les soldats, le fusil au bras, avaient le regard austère et le bruit d’acier battu qui montait des murs barbelés insinuait dans sa bouche un arrière-goût de sang. L’actrice en vedette se prénommait Aleth Caspari, avait la mine des jours fatigués et d’épais cheveux châtains ondulant jusqu’à sa nuque. Elle se mouvait avec la discrétion d’une voleuse et gardait les mains enfoncées dans ses poches, comme par peur qu’on lui dérobe ses doigts. À son grand regret, aucune caméra n’était disposée près du camp de travail, pas plus qu’un Jean Renoir n’était présent pour lui indiquer comment sublimer son jeu. Face à elle se trouvait simplement l’expression du cruel pragmatisme dont la guerre avait donné naissance. Là-bas, derrière les deux imposantes tours de guet, les fours à métaux tournaient à plein régime et les cheminées crachaient une épaisse fumée noire. Là-bas se trouvait le cœur de l’effort de guerre allemand : les balles qui armeraient les fusils de l’infanterie, les ailes qui porteraient les bombardiers, le tout fabriqué par les citoyens des pays ayant plié face à la foudre du Reich. Là-bas se trouvait son seul et unique frère.

Une voix dans son dos l’arracha à ses contemplations. Le chauffeur du taxi implorait du regard la jeune femme de le libérer. Il fallait le comprendre, pour un immigré d’origine turque comme lui, la proximité avec les soldats à l’uniforme vert-de-gris représentait une source d’angoisse difficilement surmontable. S’excusant d’un sourire gêné, Aleth glissa deux billets de cinquante marks par-dessus la vitre conducteur. Le chauffeur grommela quelque chose qui ressemblait à un merci avant de lui arracher des mains les coupures. Elle alla pour lui souhaiter bonne route, mais il actionna subitement la manivelle de la vitre, sans laisser le temps à la jeune femme de retirer ses doigts. Elle sauva de justesse son majeur de la décapitation et s’en sortit avec un léger pincement.

— Hé ! Faites gaffe ! cria-t-elle en secouant sa main endolorie.

Pour toute réponse, la voiture démarra en trombe, ne laissant derrière elle qu’un nuage de poussière. Aleth toussota, chassa l’air du revers de la main et eut quelques mots pour le conducteur de la Citroën dont on ne percevait déjà plus la silhouette. Très vite, la douleur prit le pas sur son agacement et elle examina de nouveau la victime du jour. Une fine coupure rougeâtre descendait le long de son doigt et s’arrêtait pile entre les deux premiers plis, formant ainsi une croix inversée. Un mauvais présage dont elle se serait bien passée.

Elle avança vers la guérite qui marquait l’entrée du camp. L’un des deux gardes arborant l’insigne de l’aigle sortit de la cabine et vint s’enquérir de ce visiteur pour le moins inhabituel. Sans un mot de bienvenue, il exigea ses papiers. La jeune femme tira de son manteau une lettre portant cachet officiel du Reich.

— Aleth Caspari, j’ai rendez-vous avec le commandant Strohm, se présenta-t-elle, en se dispensant également de toute forme de politesse.

La façon dont il rétrécissait les yeux puis les élargissait de surprise au fil de sa lecture avait quelque chose de comique. Il y avait de quoi surprendre : le commandant proposait à la jeune femme de contourner le service du travail obligatoire pesant sur son frère, moyennant une somme de dix-mille francs. Un accommodement qui n’était pas rare, mais en principe réservé à des personnes jouissant de puissantes connexions. Aleth Caspari n’avait pas la mine docile d’une maîtresse d’officier et son manteau rapiécé ne laissait que peu de doutes sur son appartenance à une famille de notables. Pour le garde, cela avait tout l’air d’une équation impossible à résoudre et on voyait presque la fumée qui s’échappait de ses oreilles. Après ce qui parut être une éternité, il capitula et lui rendit les papiers avec un hochement de tête abrupt.

— Suivez-moi, ordonna-t-il, avec un fort accent.

Empruntant une porte dérobée, il la mena à l’intérieur du camp, là où les sentiers en terre battue étaient bordés de baraquements délabrés dont le bois vert pourrissait. Ici et là, elle remarqua des fenêtres brisées et des toits écroulées, vestiges de récents bombardements alliés. C’était ce qui effrayait le plus Aleth. L’usine était un point stratégique, les ouvriers de simples dommages collatéraux et si la déflagration s’étendait aux baraquements, ce serait un sacrifice acceptable.

Soudain, des chiens, cachés derrière les clôtures basses, se mirent à aboyer violemment. Aleth sursauta, le cœur battant la chamade. Elle arrêta son regard quelques secondes sur le panneau de métal tissé, son seul rempart face aux bergers allemands qui grondaient. La jeune femme dut s’assurer de l’absence de trou dans la clôture avant de pouvoir tourner le dos sans crainte. Elle constata alors que son guide l’avait distancé d’une bonne dizaine de mètres et dut presser le pas sous le regard moqueur de ce dernier. Ils arrivèrent finalement à un bâtiment qui paraissait mieux entretenu que les autres, qu’elle devina utilisé pour les fonctions administratives du camp. Le garde lui désigna du doigt un couloir sur leur droite, éclairé de manière intermittente par un néon défaillant.

— La porte tout au fond. L’Oberst vous attend.

La jeune femme le dévisagea d’un air surpris. Oberst signifiait colonel en allemand, un grade bien supérieur à celui de l’expéditeur de la lettre. Le garde resta de marbre et d’un mouvement de tête, il réitéra l'ordre. Elle finit par tourner les talons d’un air résigné. La réponse à ses interrogations se trouvait de toute manière derrière cette porte. Tandis qu’elle progressait dans le couloir, Aleth eut la désagréable sensation que le grésillement du néon s’intensifiait. Les changements de luminosité se faisaient plus abrupts et elle dut cligner des yeux à plusieurs reprises pour ajuster sa vision. Elle se surprit à augmenter le rythme de ses pas, mais la porte lui paraissait de plus en plus lointaine, comme si le temps se figeait à chaque flash. Calme toi. L’injonction de son esprit mit progressivement fin à l’épisode de panique. Lorsqu’elle émergea, Aleth était devant la porte, la main sur la poignée. Elle soupira de soulagement. Mais une angoisse différente monta aussitôt lorsqu’elle se remémora ce qui l’attendait derrière.

Une odeur de vieux papier et de tabac froid parvint à ses narines tandis que le bureau du commandant se dévoilait à elle. Elle fut accueillie par le regard vitreux d’un sanglier empaillé dont la tête ornait le mur. Une lampe à abat-jour diffusait une lueur tamisée sur la bête, projetant une ombre difforme sur le bureau. Sur sa droite, une grande étagère en bois sombre débordait de livres, de souvenirs militaires et de divers bibelots, dont beaucoup paraissaient avoir été choisis sans véritable sens de l'esthétique.

Cela manque de goût, vous ne trouvez pas ?

Près de la fenêtre, une silhouette imposante se détacha de la pénombre. L’homme qui avait deviné ses pensées avança vers elle, ses bottes de cuir claquant le sol tels des coups de fouets. Il vint se placer derrière le bureau, droit comme un I. L’homme avait le nez aquilin, les contours acérés et des yeux bleus perçants. Mais ce qui la frappa le plus, c’était la couleur noire de son uniforme et le double éclair brodé sur son col. Un SS constata-t-elle, amère.

Vous n’êtes pas le commandant Strohm, dit-elle, sur un ton accusateur.

L’officier SS étira ses lèvres dans une tentative de chaleur. Le geste était mécanique, comme copié d’un manuel sur l’étiquette.

— C'est à ma demande que vous avez été convoquée ici, sœur Caspari. Je suis l’Oberst Hans Richter et j’agis en tant que représentant du Reichsführer Heinrich Himmler, dit-il, dans un français impeccable.

Aleth accusa le coup. Des sueurs froides commençaient à couler le long de son front. Un colonel SS, ce n’était pas la même chose qu’un commandant de camp, encore moins quand il se disait représentant d’un des grands pontes du régime nazi. Le temps qu’elle digère l’information, l’officier avait déniché sous le bureau une bouteille de Whisky irlandais et deux verres. Elle déclina d’un geste de la main.

— Buvez donc. Je n’aurais pas sorti le Jameson s’il s’agissait de vous empoisonner.

Si c’était une tentative d’humour, c’était raté, mais si c’était là une tentative d’intimidation, c’était réussi. Elle porta le verre à ses lèvres et la sensation de brûlure lui arracha une grimace. Richter s’en délecta, son regard semblant lui dire « Vois-tu ma petite, ceci est une boisson d’homme ».

— Vous excuserez ce petit stratagème, mais je craignais fort que vous ne donniez pas suite à ma lettre si elle était signée de mon nom, continua-t-il.

Oui, tu n’as pas tort, confirma-t-elle intérieurement. Mais la question subsistait: que lui voulait ce chien de chasse d’Himmler ? Fallait-il réellement dépêcher un colonel spécialement de Berlin pour libérer le frère d’une couturière ? Non, et cela voulait dire que la transaction n’était qu’un appât et que son objectif était quelque chose d’autre. À moins qu’il ne s’agisse de quelqu’un d’autre. L’inquiétude devait se lire sur son visage, car l’officier s’empressa d’ajouter :

— Ne vous en faites pas, il s’agit toujours de libérer votre frère. Simplement, je requiers vos services pour une affaire, on ne peut plus pressante.

Pas les services d’une couturière, de l’espionnage donc. Infiltrer un réseau de résistants, séduire le chef local d’un maquis, livrer des bons samaritains à la Gestapo. Elle le ferait sans trop d’état d’âme, cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus aucun honneur à défendre. Dans le grand ordre des priorités de Aleth Caspari, il y avait sa propre personne, son frère et puis l’argent. Richter ne l’ignorait pas, c’était d’ailleurs pour cela qu’elle avait été choisie. Mais une petite voix dans sa tête lui dit « Et si c’était l’autre Aleth qui l’intéressait » Aleth n’aimait pas cette voix-là parce qu’elle envisageait systématiquement le pire, mais surtout parce qu’elle avait toujours raison.

— Le Reichsführer en personne m’a missionné dans le centre de la France pour un cas qui retient son attention. Selon toute vraisemblance, une affaire de possession. J’ai donc besoin de quelqu’un d’expérience pour m’assister dans mes recherches. Si je ne m’abuse, Sœur Caspari, vous étiez l’assistante de l’exorciste en chef du Vatican ?

C’était donc l’autre. Elle se sentit subitement à nu face au sourire carnassier de l’officier. S’il avait parlé au passé de sa fonction canonique, c'est qu’il savait pour son excommunication. Savait-il également qu’elle vendait clandestinement ses services d’exorciste et que c’était ainsi qu’elle avait réuni la somme initialement prévue dans l’accord ? Sans doute. Ou peut-être était-ce seulement l’impression qu’il voulait donner ? Les officiers comme lui n’avaient qu’à parler avec assurance et puis la paranoïa de la jeune femme ferait le reste, la conduirait à se confesser malgré elle.

— Je ne suis plus dans les ordres, précisa-t-elle quand même.

— J’ai en effet appris pour votre excommunication. Une décision navrante à mon sens, le produit d’un autre âge. Mais soyez assuré que le Reich saura apprécier votre don à sa juste valeur.

— Je croyais votre régime en guerre contre la religion ? interrogea-t-elle

— C’est en cela que le Reichsführer est un pionnier. Nous pensons que des phénomènes autrefois associés à de la sorcellerie ou à une supposée intervention divine trouvent un réel fondement scientifique et qu’il est ainsi possible de les recréer à volonté. Imaginez un instant: la quintessence du spirituel et de la science au service d’une cause plus grande, plus noble et surtout plus juste.

Elle ne l’imaginait pas. Aux yeux d’Aleth cela n’était pas bien différent d’une simple lubie. Le bon Reichsführer s’était pris de passion pour les livres ésotériques et ses subordonnés feignaient de l’accompagner dans ses délires en espérant que leur zèle serait récompensé. Non pas qu’elle n’y croyait pas elle-même : l’assistante de l’exorciste en avait vu assez pour conclure à l’existence de forces qui dépassaient la simple condition humaine. Simplement, elle voudrait bien les voir avec leurs appareils de mesures et leurs électrodes, quand il faudrait griffonner sur le carnet que le sujet s’était subitement mis à léviter et à parler des langues dont les praticiens se comptaient aujourd’hui sur le bout des doigts. Ils ne trouveraient rien d’inhabituel en ouvrant la boîte crânienne de ces malheureux, pas plus qu’ils ne relèveraient d’anomalie dans l’air, le champ magnétique ou Dieu sait quel autre concept de scientifique. Pourquoi ? Parce que tout se jouait sur un autre plan qui était normalement inaccessible au commun des mortels. Seulement voilà, une puissance là-haut avait cru bon de doter certaines de ses créations d’un sixième sens et Aleth était de ces malheureux élus. Le pourquoi était la question parmi les questions. Évidemment, les voies du seigneur sont impénétrables, amen et plus si affinité, mais quand on voyait ce qu’elle avait fait de ce don (et d’ailleurs ce qu’elle s’apprêtait à en faire), il y avait de quoi douter de la pertinence de ce choix.

Et justement parlons affaires. Parce que mine de rien, ce qu’on lui proposait était plus simple que l’espionnage. En fait, en matière d’exorcisme, la quasi-totalité des “cas” n’en étaient pas et relevaient en réalité du domaine psychiatrique. La frontière entre ces deux catégories était finalement assez fine pour que l’on ait mis au bûcher de simples victimes de troubles psychiques et que l’on ait interné des personnes réellement possédées. Mais c’est précisément là que cela devenait intéressant pour elle, Richter n’était pas capable de faire la différence. Mettons qu’il faisait finalement fausse route, rien n’empêcherait la jeune femme de simuler l’exorcisme et il n’y verrait que du feu. Elle n’en serait pas à son coup d’essai, avec le Père Thomas ils le faisaient parfois, histoire de dire qu’ils n’avaient pas fait le trajet depuis Rome dans le vide. Et le pire c’est que ça marchait, au point parfois d’assister à des guérisons spectaculaires. Oui, elle avait décidé. Elle offrirait à Richter le spectacle qu’il voulait , le ou la possédée trouverait dans le rite un moyen d’expurger ses souffrances psychiques et le frère d’Aleth serait libre. Tout le monde y gagnait, surtout, elle en fait. Mais serait-ce pécher de gourmandise que d’en demander plus ? Après tout, une fois Alexandre libéré, il leur faudrait bien trouver de quoi saucer leurs plats. Le colonel et ses amis avaient visiblement les poches lourdes et elle se portait volontaire pour les en soulager.

— Je veux cinquante-mille francs et la libération immédiate de mon frère, dit-elle, d’un ton qu’elle aurait espéré plus affirmé.

— Vous aurez les deux une fois le travail achevé, répondit-il, nullement désarçonné par la réponse immédiate de la jeune femme.

Ça se tenait. Si elle n’appréciait guère la perspective de laisser Alexandre aux mains brutales des allemands et à la merci des avions anglais, au moins avait-il accédé à sa seconde demande. Tout était question de temps et au besoin, elle raccourcirait les choses, bousculerait un peu le prétendu possédé pour provoquer l’exorcisme. Qu’avait-elle à perdre ? Absolument tout lui répondit la voix et elle ne sut que répliquer.

— Au moins qu’il soit bien traité.

— Ce sera fait, dans la mesure du possible. Peut-être, désirez-vous le voir ?

— Ce ne sera pas nécessaire.

Les mots étaient venus avant que le cœur de la jeune femme ne s’emballe à cette perspective. L’effort déployé pour refuser lui parut inhumain, mais la honte était plus forte. Alexandre Caspari était le bon samaritain de la fratrie, au point qu’elle avait peur que ces “coups de mains” ponctuels ne se transforment en activité de résistance. Sa convocation au STO était une bonne chose, avait-elle pensé à l’époque, même si elle avait revu sa copie depuis. La sœur au contraire était celle qui avait le casier judiciaire le plus fourni et avait même réussi à être expulsée de l’église. Sacré exemple pour celle qui était l’aînée. Il reste qu’elle se savait faible face aux remontrances de son cadet et le simple fait de voir son visage pourrait faire vaciller sa détermination.

Richter arborait l’air ravi de celui qui avait mené avec succès sa mission. Après le départ de la jeune femme, il décrocherait son téléphone: « Herr Himmler, encore une mission réussie pour votre limier favori. » Et il lui dirait : « Bon soldat, à ton retour je te prendrais sur mes genoux et je te donnerais ton biscuit. » Elle fit l’erreur d’imaginer la scène et dut se mordre les lèvres pour ne pas laisser échapper un fou rire. L’officier qui n’avait rien remarqué sortit de son tiroir magique un épais dossier qu’il déposa sur le bureau. Sur la couverture, en dessous de “streng geheim” (top secret, elle devina), était sobrement étiquetée “Rose Perdieu”.

Enchantée Rose, j’espère que tu ne mords pas.

Elle plaisantait à moitié. Son dernier cas (qui encore une fois n’en était pas un) avait laissé de belles traces de molaires sur l’avant-bras de la jeune femme. Hypocondriaque qu’elle était, elle avait passé les jours suivants à surveiller sa température et à avaler des antibiotiques de peur qu’on lui ait refilé une saleté.

— Prenez connaissance de ce rapport, lui dit Richter. Il contient tout ce dont vous avez besoin de savoir.

La laissant à sa lecture, il se dirigea vers la sortie, les pas lourds et réguliers comme ceux d’un automate. Certaines informations resteraient donc hors de portée de madame l’assistante. Non pas que ça lui déplaisait, moins elle en savait, mieux c’était. Les pas cadencés de Richter s’arrêtèrent avec la brusquerie de celui qui avait oublié ses clés. Il tourna les talons, dévisagea la jeune femme de ses yeux de rapaces et ajouta :

— Je me réjouis de notre collaboration Aleth.

Elle tiqua au terme de collaboration bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Mais elle se tut.

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