Chapitre 3

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Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne.

Matthieu 10:28

La pluie battante martelait le pare-brise. Richter, indifférent, quittait régulièrement les yeux du volant, triturant le bouton rotatif de l’autoradio à la recherche d’une fréquence stable. Une opération vaine, la réception étant brouillée depuis l’orage subi qui avait éclaté au départ de la ferme.

L’insouciance apparente de l’officier SS agaçait la jeune femme depuis lors. Il ne cilla pas une fois lorsque Aleth lui exposa les évènements survenus dans la chambre. Il l'interrogea néanmoins avec insistance sur la marque étrange apparue sur le bras de Rose, ainsi que sur les circonstances exactes entourant sa crise soudaine. Le rapport de l’exorciste achevé, Richter s’emmura dans le silence, ne s’adonnant à aucun commentaire, gardant pour lui ses hypothèses.

En bon officier, il dissimulait soigneusement à la jeune femme ses motivations véritables. Aux yeux d’Aleth, cette imprévisibilité faisait de Richter une menace au moins aussi grande que celle du démon.

Alors qu'ils approchaient d'un croisement, Aleth porta son regard à travers la vitre latérale embuée. À leur droite, un vieux panneau de bois à peine lisible indiquait de prendre la direction Est pour rejoindre le village voisin. Contre toute attente, le véhicule ne dévia pas et poursuivit sa route.

— Nous ne dormons pas à l’auberge ? demanda-t-elle, soucieuse.

— Le village étant éloigné de la ferme, on m’a généreusement proposé un hébergement plus adapté, répondit-il en désignant du doigt la ligne d’horizon.

Au moment où Aleth posa le regard, un éclair déchira le ciel et illumina la forteresse médiévale couronnant l’éperon de la vallée. Douze tours surmontées de toits coniques pointaient vers le ciel de plomb, tandis qu’un vent violent ballotait des étendards déchirés entre les meurtrières. À l’arrière, un donjon ovoïde s’enfonçait dans une forêt mutilée, celle-là même où elle avait aperçu la femme au linceul.

— Impressionnant n’est-ce pas ? Cette forteresse a bravé les assauts anglais durant la guerre de cent ans.

Aleth ne partageait pas l’enthousiasme de Richter. L’empreinte du mal était ici plus forte que jamais. Une ombre prédatrice semblait encercler la forteresse, irriguée par les corps noyés au fond des douves et par ceux pourrissant dans les racines des bois maudits. Blême, la jeune femme sentit une masse oppresser sa poitrine et le temps perdit toute signification.

Lorsqu’elle émergea, le véhicule était à l’arrêt dans ce qui paraissait être la haute-cour. La portière à sa droite s'ouvrit alors avec fracas et un courant d'air froid s'engouffra dans l'habitacle. Richter se tenait devant d’un air impatient, un parapluie noir à la main. Avec effort, la jeune femme s’empressa de glisser hors du véhicule.

Conserver son équilibre s’avéra périlleux. Un rideau d’eau frappait le pavé avec une telle force qu'il paraissait le disloquer De petits ruisseaux se formaient entre les dalles, serpentant à travers la cour avant d’être avalés par les grilles de drainage dans un gargouillement sinistre. Aleth et Richter finirent par atteindre une série de marches de pierres menant à l’entrée. Levant le bras, Richter se saisit du heurtoir en forme de tête de lion et le laissa retomber avec force sur la porte en bois massif.

— Ma femme va nous ouvrir, expliqua-t-il, tandis qu’un cliquetis métallique lui donna raison.

Les portes s’écartèrent, dévoilant un imposant vestibul où les tapis persans s'étendaient sur les dalles de marbre au sol. La femme de l’officier se tenait au milieu de la pièce, baignée par la lumière dorée des chandeliers.

— Vous devez être Aleth. Je m’appelle Elise, bienvenue, dit-elle, s'écartant légèrement pour les laisser entrer

Elise Richter possédait tous les attributs d’un canari en cage. Son visage finement sculpté et sa silhouette élancée plaisaient au regard. Son apparat était distingué, fait d’une robe chatoyante aux manches bouffantes et d’une coiffe qui remontait ses cheveux d’or. Mais la captive respirait difficilement : un collier de perles étranglait son cou et une ceinture noire étouffait sa taille. À cela s’ajoutaient un sourire docile et une mesure constante dans ses gestes, témoins d’une servitude brutalement intériorisée.

— J’ai une faim de loup.

Richter détacha la sangle de son manteau et fit glisser le tissu épais de ses épaules, tendant le vêtement trempé à sa femme.

— Vous arrivez juste à temps pour le repas.

Dans un geste qui trahissait l’habitude, elle déposa le manteau sur le crochet en bois prévu à cet effet avant de se précipiter vers Aleth pour lui débarrasser du sien. L’exorciste déclina d’un geste de la main et se chargea elle-même de la besogne.

Aleth fut ensuite conduite par Elise dans un couloir parsemé de portraits. Tous représentaient un homme de haut rang aux cheveux noirs comme l’ébène et à la barbe hirsute. Sur certains tableaux, il revêtait un pourpoint en velours, de couleur pourpre, sur d’autres, il arborait une armure recouverte d’un émail rouge sang au niveau du plastron et des épaulettes. Les propriétaires suivants crurent bon d’entourer les peintures de carabines, de mousquets et de trophées de chasse. L’ensemble dressait un récit sanglant, comme si le château n’avait connu que malheurs et désolations.

Les portes au fond du couloir s’ouvrirent et un fumet enivrant vint chatouiller ses narines, lui rappelant qu’elle était à jeun. La faim guide la jeune femme jusqu’à la grande salle, là où Elise avait posé l’appât. Des plats débordant de viandes rôties et de fromages fins pour lui ravir les papilles, du cristal étincelant de vin pour régaler ses yeux. Euphorique, la jeune femme s’installât tandis que Richter la servait allègrement, dévoilant un sourire carnassier.

L’image de son frère, les yeux enfoncés, le visage émacié, lui vint alors en tête. Par-delà les murs de ce château, lui et beaucoup d’autres auraient le ventre creux aujourd’hui. Aleth sentit peu à peu son appétit la quitter. Tandis que ses deux hôtes se gavaient sans retenue, elle se contenta de petites bouchées, tournant sa fourchette dans son assiette d’un air distrait.

Aleth remarqua qu'Elise la cherchait du regard. Lui offrant un timide sourire, elle s’empressa d’introduire la conversation

— Vous avez de la famille Aleth ?

— J’ai perdu mes parents. Il ne me reste que mon frère.

Aleth jeta un regard lourd de reproche vers Richter, le geôlier d’Alexandre.

— Vous m’en voyez navrée, lui répondit faiblement Elise.

Aleth décida alors que sa colère était mal placée. Prise de remords, elle s’essaya à son tour à l’exercice formel :

— La vôtre ne vous manque pas ? Vous êtes bien loin de l’Allemagne.

— Croyez-moi, je me porte mieux loin de mes frères. À force de prêter l’oreille à mon père, ils se pensent intellectuels de renom.

— Ma femme est bien trop modeste. C’est une Goethe de pur sang, la sophistication et la finesse sont innés chez elle, intervint Richter.

— Ce sont pourtant là des qualités qui se cultivent par l’effort, lui répondit sèchement Aleth

— Vous ne pouvez nier le poids des prédispositions. Prenez la jeune Rose, je mettrai ma main à couper qu’elle compte parmi ses ancêtres une femme que l’on disait sorcière.

— Les démons sont attirés par la mort et le chagrin, pas par les gènes, objecta-t-elle, catégorique.

— Cela m’étonne que nos avis divergent sur la question, votre don ne provient-il pas justement de votre exceptionnelle lignée ?

— Vous avez fait vos recherches.

Aleth parvint à conserver une expression neutre, mais une angoisse montait en elle. Elle commençait à réaliser que Rose n’était peut-être pas le seul sujet d’étude de l’officier.

— On dit des Caspari qu’ils ont pour ancêtre un ange descendu sur terre. Pour moi, l’explication est tout autre.

— En réfutant ainsi tout ce qui dépasse votre compréhension, vous nous mettez tous en danger Richter.

— Dois-je prévoir le dessert ?

L’intervention d’Elise fit retomber la tension d’un cran.

— Inutile, je m’apprêtais à montrer la bibliothèque à notre invitée.

Dans un geste qui transpirait d’impatience, Richter vint se placer derrière la jeune femme, empoignant fermement le dossier de sa chaise. D’un regard, il lui fit comprendre qu’elle avait suffisamment objecté pour la journée. Si le cœur d’Aleth se révolta, ses jambes firent acte de défection. Une fois debout, ce sont ses lèvres qui se livrèrent à la traîtrise, offrant un sourire amical au belligérant. L’angoisse fit vibrer ses cordes vocales et Richter s’abreuva des rires feints de la jeune femme tandis qu’il la conduisait dans l’aile opposée du château.

— Je vous présente le travail du H Sonderkommando.

L’officier poussa les portes, révélant des rangées entières de livres anciens dont exhalait une odeur de papier vieilli. Une curiosité dévorante vint alors trancher le nœud d’angoisse qui l’enserrait jusqu’alors. Elle se déplaça rapidement entre les étagères en bois sombre, effleurant du doigt les reliures dorées. Les références étaient innombrables et variées : Le Marteau des Sorcières rédigé par les inquisiteurs Kramer et Sprenger, la Géotie du mage britannique Aleister Crowley ou encore le Grand Grimoire, que l’on disait écrit par la main du diable lui-même. Il s’agissait sans nul doute de la plus grande collection d’ouvrages sur les sciences occultes jamais réunie.

— Une fois reposée, vous aurez tout le loisir de consulter ces documents, lui dit Richter.

La lueur d’intérêt qui brillait dans le regard de la jeune femme ne lui avait pas échappé. L’offre était tentante, mais l’intuition d’Aleth lui sonna qu’il fallait emprunter un autre chemin.

— Je suis suffisamment reposée. Pourriez-vous m’indiquer où sont les ouvrages liés à l’historique de ce château ? Je suis persuadée qu’il y a un lien à établir avec notre affaire.

— Connaître son passé pour envisager le futur. Vous voyez que nous sommes sur la même longueur d’onde, lui répondit l’officier, un sourire illuminant son visage.

Richter lui indiqua par la suite devoir prendre congé “pour régler des affaires” et à l’intérieur d’elle-même, elle poussa un soupir de soulagement. Un silence monastique s’abatta alors sur la bibliothèque, interrompu ponctuellement par ses aller-retour entre les étagères et son bureau sur lequel s’entassaient déjà bon nombre d’ouvrages. Profitant de la faible clarté qui filtrait à travers les rideaux en velours cramoisi, elle griffonna frénétiquement le papier au gré de ses découvertes.

Très vite, elle s’aperçut de la justesse de son impression ressentie dans le couloir. Les évènements mentionnés dans les chroniques n’étaient que récits de bataille et meurtres sanguinaires. Elle apprit le nom de l’homme représenté en portrait, Alaric de Rougemont, que l’on surnommait le baron pourpre. À l’époque où le prince noir semait la terreur dans la région et commanditait aux soldats anglais d’effroyables massacres, le baron lui résista férocement. L’Histoire l’avait retenu comme un fin tacticien, mais un ouvrage attribuait ses succès militaires à une raison bien plus obscure.

Le livre n’était pas l’œuvre d’un simple détracteur, il provenait de la plume de l’archevêque De Beaufort, alors à la tête du diocèse local. Les faits étaient rapportés de manière méticuleuse, ponctués de nombreux commentaires renvoyant à la littérature canonique. L’archevêque s’intéressait notamment au récit de deux domestiques du baron pourpre ayant trouvé refuge à Bourges après avoir vu leur maître s’adonner à la pratique de la sorcellerie. L’un deux affirmait même que lorsque cette forteresse fut prise d’assaut par les anglais, largement supérieurs en nombre, le baron avait usé de la magie noire pour faire lever les morts.

Son cœur bondit subitement. Un dessin représentait une marque faite d’obscurs écrits et de symboles anciens, la même que celle gravée sur le bras de Rose. Mais elle n’irait pas au bout du mystère, le reste des pages était arraché. La jeune femme bascula en arrière et soupira.

Était-ce l’œuvre de Richter ? Peu probable si l’on considérait que le destinataire de cet ouvrage était Himmler. Nul besoin d’endommager le livre, il suffisait de le conserver à l’abri des regards. Au vu de l’emplacement hasardeux qui était alloué au rapport de l’archevêque, il lui paraissait plus certain que l’officier ne l’avait jamais consulté. Le forfait était donc plus ancien et l’identité et les desseins de son auteur lui restaient inconnus. Là encore, son intuition la guidait à rapprocher l’évènement avec le cas de la jeune Rose. En l’absence de repères, la jeune exorciste savait pouvoir compter sur ce sixième sens, autant pour dissiper le mystère que pour rester en vie.

Un bruit de chute vint interrompre ses réflexions. L’officier était-il revenu ? Dans un geste de panique, la jeune femme s’empressa de glisser l’œuvre de l’archevêque dans la pile. Mais les secondes passèrent, sans aucun signe du retour de Richter. Le silence environnant lui sembla alors surnaturel, comme si la bibliothèque retenait sa respiration, effrayée.

Comme par défi, elle se releva d’un bond en faisant bruyamment racler sa chaise. Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle découvrit l’origine de son agitation. Un ouvrage était venu s’écraser au sol, maladroitement rangé par la jeune femme. Elle s’avança prudemment, mais sans pouvoir se débarrasser de l’impression que les étagères se resserraient autour d’elle. Tandis qu’elle s’accroupissait, une bourrasque se leva subitement et les pages du livre se déployèrent en éventail. Son nez discerna alors une odeur de lavande séchée qui lui parut étrangement familière. Mais ses neurones mirent au second plan toute tentative d’association, les signaux étant fixés sur l’injonction de son esprit.

Derrière toi.

Sa nuque pivota légèrement, comme si quelqu’un tirait un fil fixé sur sa tête. Son buste suivit et pour la seconde fois, elle fut confrontée à l’apparition. La femme au linceul avait cette fois les mains vides et la robe immaculée. Entier, son visage reflétait les traits d’une autre rencontre faite aujourd’hui.

— Rose…

La femme parut réagir à ce nom et son regard se voila soudainement de mélancolie.

— La réponse que tu cherches n’est pas ici.

Le fantôme glissa alors vers le mur au fond qu’elle traversa comme de l’eau. L’exorciste n’hésita pas, elle savait par expérience que de tels esprits lui étaient inoffensifs. Enchaînés par le regret, ils n’avaient qu’une finalité : avertir et protéger.

Aleth s’avança de nouveau, atteignant l’endroit où le fantôme avait disparu. Son regard se posa alors sur une petite étagère au-dessus de laquelle trônait une peinture représentant la résurrection du Christ. Au sol, elle remarqua que sur une petite surface le parquet était légèrement plus décoloré et comportait des rayures. La jeune femme poussa alors légèrement le meuble révélant une porte étroite en bois ancien.

Tirer la poignée fut comme ouvrir la gueule d’une créature abyssale aux crocs faits de stalactites. Une odeur fétide se dégageait de la grotte et le lichen bruni avait la texture de la chair, comme si elle assistait là aux restes de son dernier repas. Un repas qu’elle imaginait pluriséculaire et composé de cadavres ingérés et décomposés par la terre. Son œsophage prenait lui la forme d’un escalier en spirale qui s’enfonçait dans les entrailles du château. La source de l’empreinte du mal se trouvait sans nul doute au bas de ses marches.

La progression de la jeune exorciste fut périlleuse, ses pas manquant de glisser sur la pierre visqueuse. Mais, étrangement, des torches étaient disposées sur les parois sans qu’elle comprenne quel combustible pouvait ainsi brûler pendant toutes ces années. Finalement, elle finit par atteindre une pièce qui semblait autrefois servir de cachots. Le fantôme se tenait au centre du couloir étroit, son regard perdu à travers les barreaux d’une cellule.

— Où sommes-nous ? lui demanda Aleth.

— Là où tout a commencé.

Aleth ne put lui formuler de réponse. On lui agrippa les cheveux et son crâne vint battre contre les barreaux à sa droite. Encore sonnée, elle sentit des mains rugueuses, quasiment dépourvues de chair, serrer son cou. Elle leva les yeux par réflexe et sentit un souffle putride inonder son visage. Mais elle ne cilla pas, pétrifiée par le visage de son assaillant. Une profonde lacération le traversait à l’horizontale, comme si ses yeux étaient barrés. Aucun cœur ne battait à travers sa peau bleue exsangue et dépourvue de pilosité. C’était une abomination sans vie, une créature dont l’existence même reniait la création.

Aleth commença à suffoquer et son instinct de survie reprit le dessus. Elle porta ses mains à celles de son agresseur, mais très vite les muscles de ses bras tremblèrent d’effort. Le manque d’air lui brûlait les poumons et elle sentit sa conscience vaciller. Elle ne sortirait pas vainqueuse de cette lutte. La jeune femme chercha donc de ses jambes un appui sur le sol et bascula vers l’avant.

Le mouvement brusque fit perdre à ce dernier l'équilibre, et l'étreinte autour de son cou se relâcha un instant. Elle profita de l’instant pour s’extirper et se retrouva à quatre pattes, aspirant une douloureuse goulée d’air. La toux qui suivit fut métallique et des gouttelettes de sang éclaboussèrent la paume de sa main.

Hors de danger, elle dirigea son regard vers le fantôme. La pièce s’illumina subitement. Derrière la femme, des flammes céruléennes dessinaient un pentacle complexe. Elle reconnut la marque portée par Rose et décrite dans le livre: l’origine du mal. L’agitation gagna les geôles qui, maintenant éclairées, révélèrent des dizaines d’autres abominations. Dans la cacophonie d’acier heurté et de cris gutturaux, elle discerna un mot: Baal. D’une voix, les prisonniers scandaient ce terme, comme s’ils le vénéraient.

Derrière Aleth quelque chose de lourd racla le sol. Elle discerna en premier la tunique couleur pourpre, en second l’imposante hache maculée de sang. Elle ne sut quelle expression revêtait le baron pourpre, son visage étant dissimulé derrière une cagoule de bourreau. D’une démarche boiteuse, il avançait inexorablement vers sa prochaine victime: Aleth.

Prise de panique, elle tenta de se relever, mais elle reçut un violent coup de pied dans les côtes. Sur le dos, elle vit avec terreur un éclat argenté s’abattre sur elle. D’un geste désespéré, elle arracha son rosaire de son cou et le brandit en face d’elle en murmurant une prière. Fermant les yeux, elle se prépara à l’impact.

Mais la douleur ne vint pas. Derrière ses paupières, elle ne vit plus de flammes danser. Ses oreilles ne percevaient plus que le clapotement des gouttes qui s’échappaient du plafond. Elle ouvrit les yeux en sursaut, libérée de son cauchemar. Il fallut quelques secondes à son esprit pour se débarrasser de l’idée que des abominations la guettaient encore du fond de leurs cellules. Contemplant ses blessures bien réelles, elle ne put lui en vouloir. Par rapport à l’incident de la forêt, la frontière entre les deux mondes lui paraissait plus fine. Au point qu’elle se demandait avec effroi ce qui serait advenu d’elle si le spectre avait pu porter son coup.

Un éclat attira son attention, là où le fantôme se tenait. C’était une broche en or blanc, de la forme d’une fleur en pleine éclosion. Un présent qu’elle attribua à l’esprit errant qui l’avait guidé. Derrière cet indice se trouverait la suite de sa quête de vérité. Mais dans son esprit Aleth repensait avant tout à la prédiction qui voulait qu’elle tue Rose et un doute effroyable la tenaillait. Car à ce rythme là, ce serait elle qui mourrerait la première.

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