Première partie - Chapitre 2

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Le trousseau glissa des doigts d'Émilie, elle réprima un juron. De son bras gauche, elle serra plus fort son fils contre elle, se courba pour ramasser ses clés avec difficulté et ouvrit la porte. Son sac de course tailladait sa main droite. À l'aide de son pied, elle écarta le vantail puis le rabattit derrière eux.

Tous les soirs, c'était la même cavalcade. Son patron la retenait et elle devait courir jusqu'à l'école d'Hugo. La garderie fermait à dix-huit heures et elle subissait les remarques ou les regards désapprobateurs de l'institutrice. Elle avait tenté d'expliquer la situation mais tout ce qu'elle reçut en retour fut un rappel acerbe. En toutes circonstances, son cheveu sur la langue représentait un handicap pour s'affirmer, la personne en face d'elle esquissait un sourire ironique et elle perdait ses moyens. Émilie rongeait son frein depuis plusieurs années.

Après avoir déposé un baiser sur le front de son petit garçon, elle l'installa dans un coin du salon occupé par ses jouets et fila à la cuisine.

A cinq ans, il devait être couché au plus tard à neuf heures, elle ne devait donc pas tarder à réchauffer le repas préparé la veille et faire sa toilette. Impossible de compter sur Clément, son compagnon, qui ne rentrerait qu'au moment de passer à table.

D'un geste agacé, elle se débarrassa de ses courses et les rangea, laissant sur le plan de travail les ingrédients pour le dîner du lendemain soir. La cocotte en verre remplie à ras bord voyagea du frigo au four. Émilie se précipita dans la salle d'eau pour faire couler le bain et installer les canards en plastique et autres babioles qui distrayaient Hugo. Avec dextérité, elle fourra les vêtements dans le lave-linge, un bouchon de lessive fut prestement versé, elle appuya sur le bouton "Marche". À côté, l'enfant chantonnait et faisait rouler une petite voiture rouge. D'un geste leste, la maman le souleva, le déshabilla, l'assis dans la baignoire et le savonna avec douceur. Ce moment hors du temps révélait la magie de leur relation, l'enfant riait aux éclats et entraînait sa mère dans son bonheur.

Au fond du couloir, un claquement retentit.

— Papa est rentré.

En toute hâte, émilie sécha Hugo et l'aida à revêtir son pyjama.

Assis dans son fauteuil, Clément lisait un journal sportif.

Salut.

Salut.

La jeune femme disposa assiettes, couverts et verres sur la table. Le petit garçon avait escaladé les genoux de son père et lui racontait les péripéties de sa journée. La cocotte en verre rejoignit le dessous de plat et les trois convives s'installèrent autour de la table. En fond sonore, la télé déblatérait son discours habituel, interrompu par des accès musicaux agressifs.

— Maman, attends-moi.

Hugo trottinait derrière elle. Le sac poubelle dans une main, la menotte de son fils dans l'autre, Émilie gagna le jardin. Elle constata l'encombrement du ciel devenu menaçant, la nuit brutalement tombée obscurcissait la rue. Les alentours paraissaient anormalement calmes.

À mi-chemin dans l'allée, elle leva les yeux et resserra ses doigts sur ceux de son fils. Aucun bruit ni aucun être vivant ne troublaient le silence. Comme à son habitude, le petit garçon avait compté dix pas provoquant le bravo de sa maman.

Émilie s'arrêta, stoppée elle ne savait pourquoi. Sans une seconde pour se questionner, tous deux furent emprisonnés par un souffle puissant.

Une gigantesque griffe lumineuse lacéra le ciel jusqu'au sol suivie d'un vacarme étourdissant.

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