III
Fils cadet d'une famille de deux enfants, son frère le précédant de dix ans, Pierre était un enfant calme et solitaire. Le départ précoce de son frère du toit familial l'avait assigné à la position de fils unique.
Suite à un grave problème pulmonaire très jeune, il était couvé par sa mère. Pas question d'envisager de camper sous tente avec les mouvements de jeunesse ou d'exposer son torse au soleil sur la plage. Toute son enfance avait été baignée par la crainte maternelle de la maladie.
Celle-ci, assez possessive, n'était pas empressée de le voir quitter le nid. Fréquemment elle interdisait à Pierre de jouer avec les garçons « mal élevés » du quartier. Son seul camarade de jeu était sa voisine.
Mais Pierre était docile, en fait un indocile docile qui, certaines fois, rageait au fond de lui-même mais n'osait pas s'opposer à cette mère envahissante. D'ailleurs il n'était pas très audacieux et ne savait, dans un groupe, se mettre en avant.
L'autre, le regard de l'autre, son jugement sur lui, il l'imaginait en permanence. Très tôt s'était développé une crainte de l'autre. Un accident, provoqué, volontairement, par un camarade de rang, en était à l'origine.
C'était un enfant peu développé physiquement ! Détestant les cours de gymnastique. Devoir exposer à tous son peu d’habilité aux engins, son manque de force au grimpé à la corde. Dans les vestiaires s'exposer, déshabillé, au regard des autres.
Il ne s'aimait pas. Une photo de lui, à treize ans l’avait horrifié : un garçon malingre aux côtes saillantes.
Aucun besoin d'exubérance physique, ou de dépense dans des jeux de ballon.
Il préférait de loin la compagnie d'un livre. C'était d'ailleurs la maxime de vie que sa mère lui avait transmise : « Le livre est le meilleur ami. »
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