VII

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J'étais attablé à une terrasse Grand_place. La flèche de l'hôtel de ville se détachait sur le ciel bleu.


La place connaissait son habituelle animation de Juillet. Les amateurs de selfies brandissaient au dessus de leurs têtes leur mâts télescopiques. C'était le même brouhaha multilingue que chaque année.


Mon regard errait de gauche à droite, mon corps jouissant de la chaleur du soleil. J'éprouvais cependant un peu d'agacement face à cette agitation futile des photographes, plus chasseurs qu'artistes.


Un moment mon attention accrocha un couple d'hommes émergeant d'une ruelle latérale et se dirigeant dans ma direction. Barbus, vêtus d'un t-shirt blanc et d'un jeans, ils respectaient le look imposé pour leur âge. Je les plaçais dans la trentaine.


Ce n'était manifestement pas des amis. Armé d'un important appareil numérique, l'un d'entre eux photographiait un détail de la façade de la maison du Roi. Il montra sa photo à son compagnon et au regard qu'ils échangèrent je perçus leur complicité. Je pensais percevoir toute la fierté de l'un par rapport au travail de l'autre. Je reçus comme un coup à l'estomac !


Ils reprirent leur cheminement échangeant, en rigolant, quelques remarques. Le hasard fit qu'ils s’arrêtèrent devant moi. Je les voyais de dos et le geste furtif de la main sur la hanche ne m'échappa pas. Ce petit geste à peine esquissé était, pour moi, le témoin d'une relation de couple.


Dès ce moment je me mis à extravaguer leur histoire. Je les imaginais, déambulant, dans des lieux moins fréquentés, la main dans la main ... Je les vis prenant leur petit déjeuner après une nuit de rapprochement et de caresses ... Je les fantasmais enlacés, au retour du travail, goûtant ce moment d’échappatoire à la solitude. Ce goût d’être là l'un pour l'autre. Ce sentiment d'adéquation, d'élection ... Je crus percevoir toute la douceur de ces moments intimes qui faisaient qu'ils étaient couple. Ce message, qu’inconsciemment, ils envoyaient, maintenant, vers l'extérieur.


***

Un changement de la température me fit sortir de ma réflexion.

Les nuages avaient envahi partiellement le ciel bruxellois. Je fis signe au serveur pour lui indiquer mon intention de payer. Dans l'attente je regardai les clients des tables voisines. A l'une de celles-ci en diagonale je vis un garçon d'environ vingt-cinq ans qui parlait avec une personne que je ne distinguais pas .

Le garçon était blond, avec un beau visage régulier, parsemé légèrement de taches de rousseur, ses dents blanches étaient parfaitement implantées. La discussion avec son compagnon semblait animée et de temps en temps sa bouche faisait un petit pli que je trouvais attendrissant. Il parsemait ses paroles de sourire.


Il y eut comme un ajustement immédiat entre lui et l'être de mes attentes ...

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