VIII

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Il se mit à fréquenter les lieux de dragues.

Avec le temps il avait acquis la manière d'aborder et de séduire.


Parfois il accompagnait son partenaire à son domicile, d'autre fois il l'amenait dans son appartement Pour quelques heures, pour une nuit. Certains amants partageaient sa vie plusieurs mois.


Tel Don Juan il avait eu sa liste : Roux à la peau laiteuse, blonds couleur pêche, des trapus, des graciles, des bavards, des taiseux, des apollons, des hercules … mais ce n’était jamais la connivence vers laquelle un mouvement intérieur le portait.


Souvent après ces rencontres, la vague d'exaltation retombait et une boue d'amertume l'envahissait.

Ce n'était jamais le bon. Le corps était assouvi mais il n'avait pas rencontré le héros de ses fantasmes !!

Le «Garçon» !


Cette déception dépassait le « post coïtum animal triste ». C'était plus intense, il ressentait un écart, une béance. Le mot n'était pas trop fort. Il avait espéré un ébranlement, une exaltation !


Quand il laissait son imagination vagabonder c'étaient les mots : complétude, effacement des limites, dissolution, plénitude qui émergeaient.


L'homme qu'il rencontrait était immédiatement confrontée à cette aspiration grandiose.


Il savait que c'étaient les torses, les lèvres, les fesses qui l’avaient guidés vers ces hommes . Mais il y avait « quelque chose », sous-jacent à cela, qui n'avait pas encore pris la forme de l'amour. Cela se situait dans ses prémices et même dans les prolégomènes du désir.

C'était antérieur !


Face à la beauté (seul ce mot modeste convenait, « splendide », « superbe » étaient trop emphatiques et érodés) il se comportait comme devant un feu qui brûle, un volcan qui crache, une mer démontée, une montagne escarpée.


Il reconnaissait qu'il était pris dans une bulle : un somnambule traquant l'inaccessible étoile, aveuglé par sa volonté de rencontrer LA beauté dans son incarnation. Parfois son mental, son intelligence lui disent qu'il recherche un inatteignable, un irréel. Mais cela ne sert à rien, il veut ! Tel l'artiste s’affrontant au marbre.


Mais dans cette quête impossible, l'étalon de mesure était trop ambitieux et, jamais, le marbre d'assez bonne qualité.

Ce fut une évidence douloureuse … jamais il n'aurait le contact espéré avec ces corps fantasmés. Ni ne connaîtrait cette parfaite communion.


Petit à petit il se convainquit, il crut, qu'il faisait fausse route et que les relations intimes avec des hommes n'étaient peut être pas pas la bonne manière de vivre son désir. Plutôt une forme d'esthétisme ou de mysticisme, et qu'il ferait mieux de se lancer dans la peinture ou la sculpture.

...
A l'aube de sa vie professionnelle, il s'était « rangé », avait pris la voie « droite » et enfouit son aspiration.

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