Adeline V.I.P.
En rentrant de la fac, Adeline fut accueillie par un Truc particulièrement souriant, qui lui tendit un paquet "reçu par coursier", lui dit-il. Intriguée, elle le remercia d'une caresse sur la joue et fila l'ouvrir dans sa chambre. Dans le paquet, elle y trouva une robe, accompagnée d'un mot:
"Ce vendredi, vous êtes conviée à m'accompagner. Vous serez rémunérée à votre juste valeur, et vous ferez votre entrée dans notre projet par la grande porte. Soyez prête à 17h, mon chauffeur viendra vous chercher."
Le mot était signé Monsieur Gaspard. Adeline sourit en coin et sortit la robe pour l'essayer. Elle était noire, douce, comme jamais elle n'avait senti. Elle l'étale sur le lit et se déshabilla. Sa porte, comme d'habitude, restait grande ouverte. Elle n'avait rien à cacher aux habitantes de cette maison, ni à son propriétaire, et encore moins son corps. Elle vit Truc l'espionner mais ne le regarda même pas. Elle fit glisser le tissu sur sa peau.
La robe lui arrivait au tiers de sa cuisse, quelques centimètres à peine sous ses fesses. Elle était moulante sur la partie, mettant ses hanches en valeur. Le haut, lui, était plus lâche et remontait sur sa poitrine en deux voiles, cachant à peine ses seins, qui se rejoignaient dans sa nuque. Son dos était entièrement nu et son nombril visible. Monsieur Gaspard voulait que tous les regards se portent sur elle, et cela lui plut énormément.
Elle se rendit dans la chambre voisine, où Sybille discutait avec Shana. Elles étaient en lingerie, l'ordinateur portable ouvert devant elles, et elles ricanaient. Elles s’arrêtèrent pourtant net en voyant Adeline et sa robe.
-- On a fait des folies? lui demanda Sybille en la dévorant du regard.
-- C'est Monsieur Gaspard qui me l'a offerte. Il veut que je l'accompagne dans une soirée vendredi soir... en tant qu'escorte.
-- Hors de question, trancha Sybille. Toi, tu n'es pas une escorte. Une escorte obéit, toi tu ordonnes. Les escortes, ce n'est pas ce qui manque.
-- Il semblerait que la soirée serve aussi à ce que, je le cite: "vous ferez votre entrée dans notre projet par la grande porte". Je peux toujours refuser l'argent, mais je pense qu'il est du genre à ne pas lésiner sur les tarifs.
-- Alors il va être temps de passer la vitesse supérieure, mes chéries, déclara Sybille en se levant. Réunion au salon!
Quelques minutes plus tard, les sept amies étaient au salon, servies par un Truc qui remerciait à chaque griffure, chaque claque, son sexe enfermé en cage. Depuis la soirée de crémaillère, il venait un soir de plus par semaine, et les Sardanapales soupçonnaient qu'il allait sûrement quitter sa femme pour venir vivre sa soumission sept jours sur sept, s'il continuait.
Sybille annonça aux autres membres la nouvelle d'Adeline et leur expliqua qu'il allait falloir créer une structure juridique pour la suite.
-- Je pourrais demander à ma tante, dit Moïra. Elle est plutôt douée, paraît-il.
-- Puis-je me permettre, Mesdemoiselles?
Tous les regards se tournèrent vers Truc, à la fois outrés et intrigués qu'il prenne la parole pendant une réunion. Il baissa aussitôt les yeux et se tut, attendant qu'on lui autorise de continuer, ou qu'on le punisse pour son impudence.
-- Il vaut mieux pour toi que ce ne soit pas pour dire une connerie aussi grosse que toi! s'exclama Sybille en lui tapotant sa bedaine.
-- Merci, Maîtresse.
Sybille était la seule qu'il appelait ainsi, car elle s'occupait beaucoup de lui. Adeline elle-même en avait été étonnée, mais au fil du temps, elle s'était habituée à cette relation un peu bizarre entre le vieil homme et la jeune femme. Elle l'écouta avec les autres, curieuse de voir comment les choses allaient tourner.
-- J'ai un ami qui est réputé pour être le meilleur juriste de la ville. Il est... plutôt particulier, dirons-nous, mais il est incollable. Dites-lui votre projet, et il saura faire en sorte de vous rendre riches. C'est lui qui m'a conseillé, et j'étais arrivé avec un apport de 50000€ seulement.
-- Particulier comment? demanda Sybille en lui pinçant gentiment un téton.
-- Disons qu'il est... Je pense qu'il est atteint d'une forme d'autisme, qui n'a jamais été diagnostiqué. Vous savez? Le genre autiste et génie à la fois.
-- Tu nous le ramèneras, Truc, merci!
Puis sans plus se soucier de lui, la réunion continua en sirotant des cocktails préparés et servis par un esclave qui savait que son futur était auprès de ces femmes, et plus de la sienne. Bientôt, il n'aurait plus aucune possession propre et il serait heureux.
Sybille attendait beaucoup de cette soirée, même sans savoir où Adeline où se rendait. Alors elle mit un point d'honneur à la maquiller elle-même.
-- Tu préciseras bien à ce Monsieur Gaspard que son argent n'est pas pour la soirée passée en ta compagnie, mais pour notre projet commun. Il sera la preuve qu'il marche avec nous. Et toi, tu seras la plus belle et la plus importante de la soirée. Où qu'il t'amène, tout le monde voudra être accompagné de cette bombe à la prochaine soirée, ou l'avoir dans sa liste d'invités.
Adeline était dans un grand état d'excitation lorsque le chauffeur de Monsieur Gaspard arriva.
-- Où m'emmenez-vous? demanda-t-elle.
-- À l'appartement de Monsieur Gaspard. Celui de la capitale.
-- Oh! Le voyage va être long... J'aurais dû attendre pour passer ma robe.
-- Ne vous en faites pas, Mademoiselle.
Ce disant, l'homme qui devait avoir dans la cinquantaine sortit un gyrophare de la boîte à gants et le posa sur son toit. Les rues défilaient à vive allure, les autres automobiles se rangeaient pour les laisser passer, les feux rouges n'en étaient pas pour eux. Adeline se sentait importante, et les vitres teintées ajoutaient à son importance, tant et si bien que son excitation monta encore en flèche. Ils n'étaient même pas sortis de la ville qu'elle avait relevé sa robe et retiré son string, ouvrant grand les cuisses de façon à ce que depuis son rétroviseur, le chauffeur puisse se rincer l'œil. Quelques minutes plus tard, elle jouissait bruyamment à 180km/h sur l'autoroute.
Arrivée à l'appartement de 150m² de celui qui l'avait invitée, elle commença par se rafraîchir. Et reprendre tout le maquillage de Sybille pour être parfaitement fraîche. Seulement ensuite, elle alla à la rencontre de Pierre, qui fut époustouflé par sa beauté. Malgré que son regard montrait toute l'envie qu'il avait de la prendre, il la pressa un peu. Il n'était pas question d'arriver en retard.
-- Nous nous rendons à la fête d'anniversaire de la fille de la Secrétaire Générale Adjointe du Conseil d'État. C'est presque une amie d'enfance, avec qui je suis en très bon terme. Je me suis dit que venir avec une escorte serait...
-- Je vous arrête tout de suite, Pierre. Je ne suis pas là en tant qu'escorte dont on loue les services. Votre argent ne sera pas encaissé par moi mais par la société que je représente... Ou représenterai bientôt.
-- Ce qui revient au même, sauf que la société est votre proxénète, répondit Monsieur Gaspard, pensant avoir le dessus sur elle.
-- Ce qui implique surtout que je ne suis pas votre chose et que si ce que ces yeux me disent que vous aimeriez me faire est fait, ce sera uniquement parce que cette soirée nous aura été profitable et que nous aurons quelque chose à fêter. Vous apprendrez rapidement à connaître les Sardanapales, Pierre.
-- Vous semblez oublier qu'il s'agit d'un projet que je porte depuis longtemps, et...
-- Et croyez-moi, le coupa Adeline, prise d'une confiance en soi sans bornes, posant une main sur le sexe de Monsieur Gaspard, nous saurons vous remercier et faire de vous un homme heureux. Vous jugerez après cette soirée, n'est-ce pas.
-- Nous verrons, oui... répondit l'homme, entre excité par la main qui lui flattait une queue impatiente de se fourrer en elle, et méfiant.
Ils arrivèrent bientôt dans un des quartiers les plus chics de la capitale. Le chauffeur s'arrêta devant un bâtiment où un homme s'empressa de venir leur ouvrir la porte. Pierre sortit en premier et aida Adeline, avant de monter avec elle les quelques marches qui les menaient à l'intérieur. Adeline comprit rapidement qu'il ne s'agissait pas d'un appartement. Le bâtiment entier appartenait à la famille Orgery. Adeline ne connaissait que peu de choses sur cette femme qui était allée aussi haut dans les sphères du pouvoir, mais elle supposait qu'elle avait une famille riche, qui l'avait aidée à se placer ainsi.
Ils furent dirigés jusqu'à une salle énorme, digne des salles de bal des films que regardaient Adeline et ses amies parfois. Rapidement, elle repéra quelques têtes connues, ainsi que la reine de la soirée. Linda Orgery était une magnifique jeune femme de 20 ans. D'ailleurs, elle faisait plus que 20 ans, et Adeline remarqua que sa tenue y faisait pour beaucoup. Elle comprit rapidement que les invités étaient sûrement la cause de ce vieillissement voulu. Ces vieux pervers auraient sûrement passé leur soirée à tenter des gestes aussi discrets qu'inappropriés si elle ne s'était pas enveloppée dans un tailleur des plus stricts. Adeline, elle, ne se laissa pas avoir par ce genre de subterfuge. Plusieurs détails lui mirent la puce à l'oreille.
En s'approchant, elle repéra son collier. Il était brillant, et dans le dos, elle vit le pendentif en forme de clé. Son mollet gauche était tatoué, mais à cause de ses bas presque opaques, on ne devinait pas bien le motif et elle n'insista pas dessus. Surtout qu'à la cheville de la même jambe, elle vit une petite chaîne, discrète. Elle se souvint de ce que lui avait dit Shana, lorsqu'elle-même s'en était acheté une:
-- Dans certaines cultures, c'étaient les prostituées qui portaient ça. En Inde, ça montrait le nombre d'amants d'une femme. Aujourd'hui, on le porte pour montrer sa disponibilité, un peu comme en Égypte, je crois. Et ça veut dire disponible, même si tu portes une bague au doigt, si tu vois ce que je veux dire. Les femmes des couples candaulistes en portent souvent, par exemple.
Par réflexe, elle vérifia la main gauche de Linda, sans y voir de bague, lorsque Pierre Gaspard lui présenta la jeune femme et sa mère, la Secrétaire Générale Adjointe, une rouquine aux formes généreuses et aux cheveux courts qu'Adeline avait déjà aperçue à la télé. Elle était sa priorité pour la soirée, sachant très bien que le Conseil d'État était un peu le garant des bonnes mœurs de l'État. Si celui-ci ne voyait pas d'un mauvais œil la prostitution, alors les maisons closes rouvriraient, et celle des Sardanapales avant tout.
Adeline se fit mielleuse les quelques minutes qu'elle resta en sa présence. Elle sembla faire bonne impression, tout autant que sa robe, mais les affaires étaient les affaires, comme elle dit à sa fille en devant la laisser. Madame Orgery demanda alors à Adeline de lui tenir compagnie. Ce qu'elle fit avec plaisir. De nombreuses personnes vinrent encore la saluer, certains s'exclamant à quel point elle était devenue une vraie femme, alors qu'ils l'avaient connue "toute petite comme ça". Les mêmes plongeaient des regards libidineux sur la peau d'Adeline. Linda finit par prendre le bras d'Adeline et l'entraîna dehors. Derrière la bâtisse dans laquelle ils étaient accueillis, il y avait les jardins. Adeline suivit dans ce qui lui sembla être le coin le plus sombre du terrain. Durant cette petite marche de quelques dizaines de mètres, elle prit le temps de mieux la regarder.
Ses longs cheveux châtain, virant par mèches, au blond vénitien étaient épais, lui faisant une sorte de crinière sauvage une fois qu'elle les eut détachés. Ses hanches filaient de gauche à droite, à chaque pas, comme un métronome sensuel. Linda n'aimait apparemment pas toutes ces soirées, ces simagrées sous prétexte d'un pouvoir qui n'était au fond qu'une mascarade à ses yeux.
Lorsqu'elle s'arrêta et se tourna vers Adeline une peu embêtée de la tournure des choses qui l'éloignait de Madame Orgery, Linda déboutonna quelques boutons de son chemisier en soupirant d'aise. Puis, de sa poche, elle sortit un joint qu'elle alluma en demandant à Adeline:
-- Alors? Comment tu l'as connu, le Gaspard? Il paraît que c'est un chaud lapin...
Adeline rougit, tout en prenant le joint tendu.
-- Je travaille chez un traiteur. J'avais fait le service pour une soirée privée.
-- J'imagine que tu as dû bien servir, pour te retrouver ici ce soir, lui dit Linda en s'approchant d'elle pour lui reprendre le joint tout en se collant à elle. Remarque, il ne serait pas le seul à vouloir que le service soit irréprochable.
Elle se pencha et souffla sa fumée sur les lèvres d'Adeline, puis l'embrassa. La Sardanapale se sentit se fluidifier sous ce baiser, et y répondit presque par réflexe. Mais elles furent interrompues par sa mère, visiblement mécontente:
-- Linda... Tu es attendue pour le cadeau. Referme-moi ce chemisier.
-- Pffff... D'accord, maman, répondit la jeune femme en écrasant son pétard par dépit avant de se diriger vers la maison.
Adeline pensa l'accompagner, mais Madame Orgery la retint un instant, attendant que sa fille se soit éloignée un peu.
-- Pierre fait bien ce qu'il veut, et je ne l'empêcherai pas de débarquer ici avec ses escortes, mais laissez ma fille tranquille.
-- Veuillez m'excuser, Madame Orgery, mais je ne suis pas une de ses escortes, comme vous dites. Je suis ici en tant qu'amie.
-- Elles disent toutes ça. Qu'est-ce qu'il vous a promis, en plus de l'argent?
-- Rien du tout, Madame. Vraiment, vous allez me vexer, bien que je trouve très respectable le métier d'escorte.
-- Ah! Je commence à comprendre! Les maisons closes, hein?
Adeline sourit en coin à son interlocutrice, ravie que le sujet soit mis sur le tapis.
-- Je ne devrais pas vous embêter avec ça pendant cette soirée pour votre fille, mais oui... Disons que nous nous rejoignons, Monsieur Gaspard et moi, sur ce point. Et je serais ravie d'en échanger avec vous quand vous aurez du temps.
-- Je dois avouer que Pierre a toujours eu bon goût, en matière de femmes. Venez...
Elles se dirigèrent ensemble vers la maison, et ne dirent plus rien jusqu'à ce que, juste avant d'ouvrir la porte à Adeline, Delphine Orgery lui souffla:
-- Je suis intéressée par le point de vue d'une femme sur ce sujet, sans qu'elle soit travailleuse elle-même, j'entends. Attendez-moi, dans une heure, dans la grande bibliothèque. Mettez-vous à l'aise, là-bas, personne ne vous dérangera.
Elle ne prit que le temps d'être présente pour la remise du cadeau, et prévenir Pierre qu'elle avait une entrevue avec Delphine Orgery, puis elle se rendit directement dans la grande bibliothèque, guidée par un jeune homme en surpoids qui semblait avoir été embauché pour la soirée en tant qu'employé de maison, vu qu'il se trompa de pièce par deux fois, avant de lui ouvrir la bonne porte.
Cette pièce portait son nom, et le temps que la Secrétaire Générale n'arrive, elle eut tout loisir de plonger le nez dans quelques ouvrages à l'odeur du vieux papier. Elle ne put cependant que remarquer la collection, en hauteur, de livres plus légers, des romances érotiques qui étaient en vogue à ce moment-là.
La lumière était tamisée dans cette pièce, et elle somnolait presque lorsque la porte s'ouvrit doucement. Delphine Orgery entra en soufflant. D'après Adeline, elle avait bu quelques verres et semblait moins... coincée! Elle se leva d'un bond pour l'accueillir et Delphine lui fit signe de se rasseoir.
-- Tu bois quelque chose? Au fait, je ne t'ai même pas demandé ton prénom, jeune demoiselle. Excuse-moi pour tout à l'heure. Ma fille est parfois... Enfin, c'est Linda, quoi!
-- Je m'appelle Adeline, Madame Orgery, et vous êtes toute excusée.
-- Appelle-moi Delphine, s'il te plaît. Je ne suis pas fan de toutes ces simagrées patriarcales. Tu dois bien comprendre que je vis seule par choix. La plupart de mes invités de ce soir sont persuadés que c'est parce que je suis frigide. Qu'ils pensent ce qu'ils veulent. Je lutte pour les droits des femmes depuis que j'en suis une, même sûrement avant. C'est pourquoi ce point qui revient si souvent dans la bouche de Pierre m'irrite au plus haut point. La prostitution est l'avilissement de la femme par l'homme, sans parler de toutes les horreurs que l'on voit au nom du plaisir. Sais-tu que la plus grande partie des prostituées de ce pays sont arrivées ici par containers, comme de simples marchandises?
Tout en entamant un sujet qui apparemment lui tenait à cœur, Delphine Orgery servit deux verres de vin blanc et en tendit un à Adeline sans même attendre son accord.
-- Je sais exactement de quoi il s'agit, Delphine. Moi et mes amies comptons justement utiliser le plaisir pour renverser la vapeur, si je puis dire. Les hommes... ne sont plus capables de grand-chose, lorsqu'un téton pointe son nez. Offrons-leur ce qu'ils veulent, et nous aurons le champ libre.
Adeline avait décidé d'utiliser une approche plus directe: ne pas montrer l'ouverture de maisons closes comme un but, mais un outil. La Secrétaire Générale avait dû penser qu'elle avait affaire à une jeune demoiselle sans grande réflexion, qui suivait un bel étalon, émerveillée par le pouvoir qu'il représentait. Elle ne s'était pas méfiée et avait dévoilé trop rapidement sa façon de penser, imaginant sûrement ramener Adeline à sa cause. Cette dernière enchaîna sans lui laisser la moindre chance de l'arrêter:
-- Vous devez comprendre que si nous attendons les miettes qu'ils veulent bien nous donner, nous ne serons jamais plus que des faire-valoir, au nom de la sacrosainte parité qu'ils nous ont octroyée. Nous devons prendre ce qui nous revient de droit, de la même manière qu'ils se sont imposés. Ils ont compartimenté sexe et pouvoir à cause de leurs faiblesses face au sexe. Mélangeons les deux, que les prises de décisions se fassent dans des lieux de luxure, que les femmes s'habillent vraiment comme elles le désirent, même dans l'hémicycle! Comment croyez-vous que je sois arrivée devant vous ce soir? Parce que je n'ai pas eu peur, parce que le pouvoir se prend pour le plaisir qu'il procure, et non par dévotion pour un soi-disant peuple. Et le plaisir, j'en prends, j'en ai pris, et en prendrai. Je ne céderai sur aucun des deux.
Adeline termina son laïus presque essoufflée. C'était la première fois qu'elle reprenait les paroles de Sybille avec autant de ferveur, au point de les faire siennes, et de laisser une Delphine Orgery souriante, les yeux pétillants de joie.
Celle-ci ne répondit rien tout de suite. Elle dévisageait la jeune demoiselle pleine d'aplomb devant elle et l'embrassa. Adeline ressentit cette pulsion de plein fouet et eut un peu de mal à répondre à ce baiser qui la prise par surprise. La Secrétaire Générale mit fin à ce baiser qui avait pourtant commencé à enflammer le corps d'Adeline. Malgré ses 40 ans bien passés, Delphine Orgery était une belle femme aux formes pulpeuses, tout autant que ses lèvres sucrées.
-- Merci, lui dit-elle avec sincérité. J'ai passé des années, à me battre seule. J'en ai oublié la ferveur de mes 20 ans, quand je pensais pouvoir changer le monde.
La femme caressa la jeune militante sur sa joue et descendit dans son cou, puis sur sa poitrine, entre ses seins à peine cachés. Elle en écarta le voile tout en continuant à discuter:
-- Qui es-tu, toi? Et tu comptes faire ça toute seule?
-- Je suis une Sardanapale, Delphine. Nous sommes sept, mais avons déjà quelques fervents soutiens, comme Monsieur Gaspard.
Elle tendit sa poitrine lorsque la belle femme frôla de ses doigts un téton dressé d'envie.
-- Mais la prostitution restera la prostitution. Comment s'assurer qu'aucun mal ne sera fait aux femmes qui pratiqueront dans ces lieux de débauche? Comment s'assurer qu'elles seront consentantes? Et quelles perspectives de carrière auraient-elles? Parce qu'aujourd'hui, même les stars du porno, qui ont choisi leur métier, ne peuvent pas prétendre à autre chose qu'à passer leur vie à faire fantasmer les hommes et être des objets de désir.
Adeline prit les choses en main. Elle caressa la cuisse de Delphine et remonta sous sa robe, jubilant de la petite crispation de celle-ci, avant de se relâcher, comme un doux consentement aux caresses que la belle étudiante avait décidé de lui procurer.
-- La prostitution mise en place par les hommes, qui n'a pour but que le profit, et non le plaisir, n'existera plus. Chez nous, la prostitution sera exercée par nos cadres... Et même une partie de la direction, peut-être bien. Et puis... Nous ne nous arrêterons pas aux femmes. Les hommes aussi auront leur place sous les tables rondes, pendant que ces dames prendront les décisions qui mettront ce pays sur la voie du futur.
-- Tu es une diablesse, Adeline, répondit Delphine dans un soupir alors que son bouton du plaisir était frotté par une Adeline maintenant pleine d'un désir enflammé.
-- Le tapin sera interdit, chaque pute pratiquera dans un endroit sécurisé et sécurisant. Chaque maison accueillera ses propres salariées comme des indépendantes. Le plaisir y sera sans limite... et sans frein, ajouta-t-elle en appuyant fermement sur le clitoris gonflé de la Secrétaire Générale.
Rien que d'y penser, Adeline eut une montée d'excitation extrême, qui faillit la faire jouir sur le coup. Elle était en train de caresser et allait faire jouir une des personnes les plus influentes de cette République. Et elle était en train de la ramener à sa cause, à celle des Sardanapales.
Mais elles furent interrompues par la porte qui s'ouvrit. Elles sursautèrent ensemble et tournèrent leur visage vers l'employé de maison rondouillard qui, visiblement gêné, signifia à la maîtresse des lieux qu'elle était attendue dans la salle de réception pour le gâteau d'anniversaire.
Elle se leva et défroissa sa robe par réflexe, avant de vérifier sa coiffure, puis elle tendit une carte de visite sortie de son sac à main à Adeline.
-- Je pense que cela demande réflexion. Je serai le week-end prochain dans ma maison de famille à la campagne. Viens avec tes amies et nous pourrons sûrement trouver un accord. Linda sera là, aussi. En attendant, je dois continuer de jouer ce jeu qu'est ma vie depuis bien trop longtemps.
-- Nous serons là toutes les sept, Delphine.
Puis la Secrétaire Générale reprit sa contenance de Secrétaire Générale et s'en alla rejoindre la fête et Adeline se rassit pour terminer son verre, les cuisses ouvertes, deux doigts plantés dans son con dégoulinant de stress et de désir. Elle avait rallié la Secrétaire Générale Adjointe du Conseil d'État à leur projet, et toutes les Sardanapales allaient la féliciter, chacune à sa façon!
Adeline renversa la fin de son verre en jouissant. Elle ricana et laissa tout tel quel. Avant de sortir de la grande bibliothèque, elle retira son string souillé de cyprine et le laissa négligemment sur le petit canapé où elles étaient assises.
Fière d'elle, mais encore fiévreuse, elle rejoignit la fête. Linda était près de sa mère et ensemble elles découpaient l'énorme gâteau préparé pour l'occasion. Adeline rejoignit Pierre Gaspard en train de discuter avec le ministre de l'agriculture et sa femme. Visiblement, ils s'entendaient bien, mais Adeline ne se priva pas, une fois les salutations passées, de couper court à ce moment de joie, en glissant à l'oreille de son cavalier:
-- Il faut que vous me baisiez. Rentrons, vous le ferez en route.
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