Chapitre 5 : Emprisonnés

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  • J’exige une explication ! Il y a quelqu’un ?
  • Cela ne sert à rien chéri. Je pense que nous savons tous les deux pourquoi nous sommes là.
  • C’est bien ce qui me fait peur.

 Thorn et sa femme étaient enfermés. Derrière d’épais barreaux, un couloir sombre, éclairé par une unique torche dont les lumières orangées dansaient sur les murs, s'étendait sur une cinquantaine de pieds. La cellule du couple était au fond de l’allée, la seule cage des lieux. Face à eux, une porte massive clôturait le corridor. L'unique source de lumière rendait l’atmosphère oppressante. Le temps parut ralentir. Le couple ne sut pas combien de temps ils attendirent et finirent par s’endormir l’un contre l’autre. Peu de temps après leur réveil, le bruit des verrous résonna. Les gonds grincèrent. Deux gardes entrèrent dans le couloir, suivis du Roi. Alors qu’ils s’approchaient Thorn essaya de parler. Le monarque l’arrêta d’un geste de la main. Le forgeron pouvait sentir et voir sa colère. Le souverain se trouvait maintenant près de la grille, devant eux. Sa voix froide résonna :

  • Pourquoi ?
  • Votre Majesté…
  • Pourquoi ?! hurla-t-il.

 La rage avait pris possession de son visage et de ses mots.

  • Pourquoi ? Je vous faisais confiance.
  • Je peux tout vous expliquer…
  • J’attends ! Pourquoi votre demeure abritait-elle un démon ?! Un … un démon habillé comme nous !

 Le forgeron tremblait, sa femme aussi. Les cris du monarque retentissaient dans le couloir, ricochant sur les parois, faisant écho à elle-même. Même les soldats ne semblaient pas rassurer. Le Roi était un puissant mage. S’il décidait de se céder totalement à la haine, peu de gens pourraient l’arrêter.

  • Nous l’avons… je l’ai trouvé à l’état d’œuf… dans la forêt… au sud d’ici… il y a quinze ans… continua le forgeron d’une voix tremblante.
  • Quinze ans… continuez !

 L'artisan sentit la colère du monarque grandir. Celui-ci semblait lutter pour garder son calme.  

  • Il a éclos le même jour que la naissance de mon fils…
  • Où est-il ? demanda Gabrielle qui n’eut pour réponse que le regard assassin du Seigneur.
  • J’ai… d’abord eu peur, reprit Thorn. Puis j’ai eu une idée…
  • Quelle idée ?! Trahir votre nation ?! Votre peuple ?! Mettre en danger la vie de tous les habitants de la capitale ?! Menacer la vie de votre FILS !?
  • Non, j’avais… espéré qu’elle…
  • Qu'elle quoi ?!
  • Ecoutez-nous Votre Altesse, Médusa…
  • Comment l'avez-vous appelé ?!

 Ces derniers mots créèrent une onde de choc qui propulsa le couple contre le mur de leur cellule. Les soldats furent eux aussi repoussés. Les époux se relevèrent avec difficulté mais la conjointe du forgeron commença à suffoquer. Les mains sur sa gorge elle cherchaient désespérément de l’air. Son mari essaya de desserrer sa robe pour l’aider mais ce fut inutile. Elle continuait à étouffer. L’artisan hurla :

  • Sire ! Pitié ! Libérez-la !
  • Votre Majesté, intervint l’un des soldats. Vous allez la tuez.
  • Elle le mériterait…

 Gabrielle put enfin respirer de nouveau. Ecroulée sur le sol, elle se rhabilla en s’appliquant à reprendre son souffle tant bien que mal. Le Roi prit de profondes inspirations, pour se calmer un minimum. Il reprit :

  • Vous avez nommé cette créature… du nom de l’héroïne de notre pays. Celle qui nous a permis de survivre, qui nous a sauvé de l’extinction… mon ancêtre…
  • Je voulais qu’elle devienne une alliée des Hommes ! cria Thorn
  • Elle n’est jamais sortie de la maison, n’a jamais blessé ou tué qui que ce soit… continua sa femme.
  • Ah bon vous croyez ?

 Le souverain claqua des doigts. Un soldat ouvrit la porte du couloir et apporta quelque chose au monarque. Celui-ci jeta l’objet aux pieds du couple. Gabrielle reconnut tout de suite la robe noire de Médusa. Cependant elle était déchirée, couverte de sang…

  • Mais c’est …
  • Un habit que vous avez donné à cette… chose, je me trompe ? Les soldats l’ont trouvé dans le canal sortant de la ville, au niveau de la grille sous la muraille. Votre fils disait avoir été miraculeusement sauvé par un démon n’est-ce-pas ? Ma théorie voyez-vous, c’est que ce monstre qui l’a sauvé n'est autre que cette femme…serpent. Les traqueurs ont réussi à retrouver le campement des kidnappeurs grâce à ce bout de tissu. D’après eux, c’était une véritable boucherie.
  • Si c'est vrai, elle l’a fait pour sauver…
  • Elle a surtout gouté au sang humain ! vociféra le roi. Les démons sont tous les mêmes ! Des bêtes sans émotions, assoiffées de sang… Cette chose va maintenant révéler sa vraie nature !
  • Je suis sûr que non, rétorqua Thorn. Votre Majesté, je suis convaincu qu’elle pourrait devenir une alliée des humains contre les démons, les autres. Ceux qui exterminent vos villages. Laissez-nous vous le prouver !

 Le Roi fronça les sourcils et commença à faire les cent pas. Une goutte de sueur perla sur le front de l’un des gardes qui espérait que le roi ne les tue pas sur place.

  • Soit, reprit le Monarque d’une voix calme. Demain, devant toute la population, dans l'enceinte du colisée, vous tenterez de justifier vos propos.

 Sur ces mots il se retourna et disparut derrière la porte, suivi par ses deux gardes. Le couple tomba à genou, épuisé.

 Quand Médusa ouvrit les yeux, il faisait noir. Sa vue s’habitua vite à l’obscurité. Elle discernait maintenant parfaitement les lieux. Elle se trouvait dans une petite pièce sans lumière, froide. Le sol, les murs, tout était de pierre. Une porte en métal verrouillait l’endroit. La fille-serpent avait mal aux bras. Elle tenta de se mettre dans une position plus confortable mais n’y parvint pas. Regardant ses mains, son visage se décomposa. D’énorme clous en acier étaient plantés dans ses paumes, la crucifiant au mur. Des larmes commencèrent à troubler sa vision. Son coeur s'accélera. Sa respiration devint anarchique. Elle regarda frénétiquement autour d'elle, cherchant désespérement à identifier les lieux. La démone tenta de se dégager, remuant dans tout les sens, mais son corps ne bougea pas. Sa queue était enchainée, immobilisée sur les parois de la cellule. La douleur du métal cassant ses écailles et déchirant sa chair, submergea la démone, comme un raz de marée. Elle hurla. Des perles transparentes coulèrent sur ses joues, glissant le long de son corps.

 Soudain les verrous de la porte s’actionnèrent dans un vacarme assourdissant. Un homme entra, grand, musclé, ne portant qu'un pantalon, des bottes et une cagoule en cuir noir. Médusa devina un sourire sous son masque alors qu’il parlait :

  • Tu es réveillée ? Parfait. On va pouvoir s’amuser.

 La fille serpent se figea de peur. Elle savait ce qui l'attendait. Cela la terrifiait.

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