Chapitre 48 : un nouvel allié

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  Médusa perdait son sang-froid. Telle qu’elle voyait la situation, peu importe ce qu’elle lui avouerait, il n’en entendrait rien. De ce qu’elle voyait Natalia était sauve, bien qu’évanouie et... différente. D’où lui venait ces longs cheveux blancs ? Elle n’était pas comme cela quand elles rêvaient ensemble. Elle lui demandera plus tard. Elle ne voulait pas trahir leur lien, aussi étrange soit-il. Comment réagirait-il s’il savait qu’elle était venue sentant la détresse de Natalia. La démone savait que son frère n’était pas indifférent face son amie, sa réaction le lui avait prouvé. Mais était-ce au point de passer au-dessus de sa vengeance ? Il l’avait laissé pour attaquer la femme serpent. Pour l’instant, elle devait partir sans le tuer. Ce qui n’était pas chose aisé. Elle avait peur si l’on pouvait dire, de frapper trop fort et de le blesser gravement. Ça l’énervait un peu de devoir jouer ce rôle mais bon. Elle préférait privilégier celle qui l’avait aidé à tenir mentalement que celui qui était persuadé qu’elle avait assassiné de sang-froid, volontairement ses propres parents.

 Sa langue fourchue huma l’air et sentit une nouvelle odeur.

· Tiens, tiens, pensa-t-elle. On nous observe. Où est-il donc ? Ici.

 D'un revers du bras, elle repoussa le jeune homme et s’éleva sur sa queue de quelques pieds.

· T'as déjà vu un serpent mordre ?

· De quoi tu parles ?

· Certains sont si rapide qu’on les voit à peine frapper.

 Le garde royal n’eut même pas le temps de réagir. Aussi rapide que la foudre qui l’avait précédemment frappé, elle enfonça son poing dans l’estomac de son frère. Celui-ci vomit tout ce qu’il lui était possible de régurgiter et s’écroula au sol, pris de léger spams. Il leva les yeux emplis de colère vers sa sœur.

· Tu comptes nous regarder longtemps !? Cria-t-elle à l’intention de l’intru.

· Tu m’avais repéré, répondit une voix dans les buissons sur le bord de la route.

 Un homme en sortit, musclé, la peau brune, les cheveux noirs en anarchie totale, que ce soit leur longueur ou leur orientation. Il ne portait qu’un pantalon de peau, pas de haut ni de chaussure. Il arborait un sourire confiant, presque présomptueux.

· Deux démons pour le prix d’un, je suis chanceux, reprit l’inconnu en regardant tour à tour Médusa et Sarah.

· Qui es-tu ?

· Je m’appelle Vell.

· Pourquoi te cachais-tu ?

· Je jugeais ta force, démon serpent.

· Ma force.

· Oui ! S'exita-t-il. Tu es surement l’umidas le plus puissant que j’ai jamais rencontré ! J'ai si hâte de t’ajouter à mon tableau de chasse !

· Une umidas ? Ha haha !! S'époumona la dardéone.

· Tu feras moins la fière quand je t’arracherai ta grouillante chevelure !

· Tu es donc... si je résume bien... hmmm... Un humain chasseur de démon...

· Exactement !

 Il s’élança vers elle. De l’eau engloba ses bras et jambes et frappa Médusa sans s’arrêter. Auriel, toujours au sol à cause de la douleur, observait la scène et n’en revenait pas. L'inconnu arrivait à la faire reculer. Son enchainement était impressionnant. L'eau autour de ses bras avait deux fonctions : elle le protégeait et lui permettait de frapper de toute ses forces sans contre-coup tout en infligeant d’importants dégâts ; et elle propulsait au niveau de ses coudes des jets d’eau qui augmentait la vitesse et la force de ces coups. “C’est... ingénieux” pensa le garde royal. Sa détermination s’en trouva renforcée et une idée germa dans son esprit.

 Les assauts de Vell se stoppèrent. La démone semblait sonnée. Une importante quantité de liquide enveloppa ses bras. Il propulsa tout tel un boulet de canon dans le ventre de Médusa. L'impact planqua son dos contre le sol. Le combattant était très essoufflé. Il se mit à ricaner, fière de lui. Brutalement, la démone se redressa et l’attrapa par la gorge. Ses griffes se plantèrent près de sa colonne vertébrale, mais restèrent superficiel. Médusa fit craquer son cou et ses épaules en s’élevant, avec sa prise, à plusieurs pieds de hauteur.

· Quarante-trois, annonça-t-elle.

· Qu...quoi ? S'interrogea Vell

· C'est le nombre de coup que tu m’as donné. Et quarante-quatre, c’est le nombre de fois que j’aurais pu t’arracher les bras.

· C'est... c’est impossible... aucun démon n’a... jamais réussi à tenir mes attaques.

· Aucuns umidas, tu veux dire ?

· Et alors ?

· Je... ne... suis... pas... une... u... mi... das, articula la démone en insistant sur chaque syllabe.

 Elle balança le pauvre homme dans les arbres, dans un fracas de branches cassées. La dardéone soupira et fixa son frère avant de se retourner vers Natalia.

· Re... reviens... lais...sse-là... murmura son frère avant de s’évanouir.

  Auriel sentit une douce chaleur l’envahir, réconfortante, purificatrice. Ses douleurs disparaissent les unes après les autres. Il avait l’impression d’être près d'un bon feu de cheminée, avec ses parents... ses parents... non, ils étaient morts... tués par Médusa. Elle s’approchait de :

· Natalia !! S'écria-t-il en se réveillant.

 À côté de lui se trouvait Sarah, ses ailes ardentes repliées contre ses flans.

· Auriel, comment te sens-tu ?

· Euh... mieux, merci. Où est Natalia ?!

· Je l’ai adossé contre un arbre là-bas. Elle dort toujours.

 Médusa ne l’avait pas blessé. Il fut soulagé.

· C'est toi qui m’as soigné ? Demanda-t-il

· Oui, les flammes de mes plumes peuvent soigner les blessures, avec un peu de temps.

· Et Médusa ?!

· Elle est partie. Elle est...

 La simple évocation de la démone lui provoqua d’intenses tremblements.

· Ça va aller ? S'inquiéta le jeune homme.

· Oui... c’était la première fois que je ressentais une... chose pareil. Elle était encore plus terrifiante que la veuve noire... je n’ai pas pu t’aider. Je suis désolé.

· Ne t’en fais pas. Si tu étais intervenue, elle t’aurait surement tuée, la rassura-t-il en lui tapotant la tête. Et l’homme qui a affronté Médusa ?

· Il est là-bas, répondit-elle en pointant de l’aile un arbre. Il a réussi à se protéger en parti avec de l’eau mais ça n’a pas suffi. Il s’est s’évanoui.

· Tu peux le soigner ?

· Euh...

· Qui y a-t-il ?

· Quand il est arrivé, il semblait vouloir me tuer après. C'est un chasseur de démon... j’en suis une aussi...

· Je te protégerai. J'ai à lui parler.

· Très bien.

 Ils s’approchèrent de lui. Sarah le recouvrit de ses ailes incandescentes. Les flammes l’enveloppèrent, crépitèrent doucement. Ses blessures se refermèrent à vue d’œil. Au bout d’une demi-heure, il était totalement guéri. Plumes emplirent petit à petit ses brassards et gants de cuir. Les sangles se refermèrent comme par enchantement et la demi-démone retrouva des bras normaux, enfin, à peu près.

 L'homme gémit. Le garde royal recula d’un pas et le pointa de sa lance vers lui.

· Hmmm. Où suis-je ?

· Toujours au même endroit.

· Oh, vous êtes le gars qui a pris une raclée.

· Toi aussi.

· J'ai réussi à la toucher, moi. Qui était-elle ? Que faisait une dardéone ici ?

· C'est une longue histoire. D’où viens-tu ?

· Si tu m’expliques cette soi-disant histoire ?

· Très bien, mais j’ajoute une condition.

· Quoi donc ?

· Celle qui t’as soignée est une demi-démone...

· Comment !? S'esclaffa-t-il en se levant en sursaut.

 La concernée se cacha derrière le lancier.

· Tu ne lui feras aucun mal. C'est une amie.

· J'ai pour principe de tuer tous les démons que je croise. Regarde.

 Il se tourna légèrement et montra un groupe de petite cicatrice. Il y en avait treize.

· C'est le nombre de démon que j’ai tué, enchaîna-t-il.

· Impressionnant. Mais que des umidas apparemment. Comme moi, tu ne fais pas le poids face aux dardéons.

· En effet. Mais ça ne m’empêche pas de tuer ce que je peux, jusqu’à ce que je sois assez fort pour tuer ce serpent.

· Dans ce cas, j’aurais une proposition à te faire ?

 Il parut intrigué. Pensant le pour et le contre, il fit par accepter :

· Très bien. Mais tu connais ma condition, après ça je t’écouterai.

· Marché conclu. Je m’appelle Auriel, termina le garde royal en tendant la main.

· Vell.

 Ils scellèrent leur accord avec cette poignée. Le lancier se dirigea vers sa protégée et la hissa doucement sur son dos. Tous les chevaux avaient fui ou était mort. Ils devraient terminer la route jusque-là capitale à pied. Le plus urgent était de trouver un endroit pour se reposer et permettre à la princesse de reprendre des forces.

 Le groupe se mit donc en route vers le nord, esquivant l’arbre de ronce sanglante.

 À la tombée de la nuit, ils sortirent enfin de la forêt. La route longeait maintenant un champ de blé, prêt à être récolté. Si la mémoire d’Auriel était bonne, la ferme gérant ces parcelles n’était qu’à une heure de marche. Ils accélérèrent le pas.

 Le ciel était totalement noir lorsqu’ils atteignirent, guidés par la lune et attirés par les lumières des bâtisses. La ferme se composait de trois bâtiments : surement une étable, un entrepôt et la maison. Auriel toqua à la porte. Un vieil homme ouvrit, surprit visiblement d’avoir de la visite aussi tard.

· Bonsoir, messire. Veuillez-nous excuser pour ce dérangement, mais pouvez-vous nous héberger pour la nuit.

· Qui êtes-vous ?

· Je m’appelle Auriel. Je suis garde du corps, et voici mes compagnons. Nous nous sommes faits attaqués par des bandits et nos chevaux ont été tués.

· Bien sûr, bien sûr. Entrez.

Il se décala et ils pénétrèrent dans la demeure du paysan.

· Je n’ai que deux chambres à vous proposer.

· Cela nous ira très bien.

 Ils montèrent à l’étage et leur hôte leur montra les deux pièces. L'une d’elle possédait un lit simple, un vieux fauteuil et une armoire, l’autre contenait deux couchettes et une commode. Le garde royal allongea la princesse dans la première chambre. Le fermier les salua et partit se coucher surement.

· Bon. Maintenant tu m’expliques ? Réclama Vell.

· Oui. Allons dans l’autre salle. Laissons Natalia se reposer.

 Dans l’autre chambre, Auriel expliqua son histoire : son enfance avec Médusa, la mort de ses parents... il dut révéler l’identité de sa protégée. Le manipulateur de l’eau parut surpris, indécis, mais écouta toute son aventure.

· Eh bin, lâcha-t-il à la fin. C'est presque trop prévisible. Un démon élevé par des hommes qui finit par les tués. Excuse-moi mais tes parents n’étaient pas très futés.

· Je t’interdis de les insulter, s’énerva le jeune homme.

· Moi, j’aurais bien aimé les connaître, avoua Sarah.

· Un marché est un marché. Je m’appelle Vell et je suis originaire de l’Endaroen

 Auriel se leva brutalement et porta la main à son arme. Il avait révélé des informations dangereuses à un ennemis.

· Calme-toi et laisse-moi finir. Je me fous des conflits politiques et autres. Tout ce qui m’intéresse, c’est de tuer le plus de démon pour devenir assez fort.

· Pourquoi ?

· Pour tuer cette araignée noire !

· La veuve noire ?

· Oui. Mon village a entièrement été détruit par elle. Seul un mage a tenté de l’arrêter mais en vain.

· Qui était-il ?

· Je ne sais pas, un vieil homme en tenue multicolore.

 Auriel tiqua. Cela ressemblait à la description de l’apothicaire du désert, l’homme qui l’avait également envoyé dans le passé.

· C'était quand ? L'interrogea-t-il.

· Il y a un peu plus de 20 ans. Je n’avais que 6 ans.

Après un instant de silence, Vell reprit :

· Tout à l’heure, tu as parlé d’une proposition aussi. Qu'avais-tu en tête ?

· J'y réfléchis depuis mon retour à la capitale. Je souhaite créer une equipe dont le but premier sera de combattre les dardéons.

· Tu es sérieux ?

· Oui. Médusa en est une, la veuve noire en est une, et elles ne sont pas les seuls. Il y en a encore beaucoup sur Pandora. Si l’on s’entraine en équipe, je suis sûr que l’on peut les battre.

 L’endaroennien réfléchit un instant. Cette idée semblait l’intéresser mais il hésitait.

· Et donc ? Qui serait dans ton équipe ?

· Vous deux, si vous acceptez, ainsi que certains de mes camarades à la capitale.

· Mais... est-ce que... c’est les humains... je... bégaya la jeune Sarah.

· Je comprends ce que tu veux dire. Je ne tiens pas à te forcer. Je sais que tu as peur, mais si tu nous suis, je ferais tout pour te protéger.

 Elle se tue, le visage baissé. Auriel lui demandait de se jeter dans la gueule du loup, elle qui fuyait les humains depuis des années. Il n’avait pas le droit de lui imposer cela et n’insista pas. Il avait promis de veiller sur elle.

· Donc je devrais m’allier à un pays ennemi, pour combattre des démons, rigola Vell d’un ton ironique. J'accepte. J'ai hâte de voir comment tu feras en sorte qu’un ennemi de ton pays rejoigne tes rangs sans être considérer comme un espion.

· On verra bien, répondit le concerné en souriant.

· Et avec ça, je promets que je ne ferais rien contre... Sarah c’est ça ?

· Oui... répondit la concernée d'une voix faible et timide

· Je te considère comme une alliée.

· Mer... merci.

 Ils discutèrent encore un peu puis Auriel les laissa pour retourner veiller sur la princesse. Lorsqu'il entra dans la chambre, elle dormait toujours, marmonnant de temps à autre. Son sommeil semblait plus agité qu’avant. Était-ce un signe de son réveil prochain ? Le jeune homme soupira et s’assis au bout du lit, le visage tourné vers la fenêtre.

 Il resta ainsi de longues minutes, repensant à tous ces événements. Son esprit était tiraillé entre deux feux : sa vengeance et sa recherche de vérité d’un côté, ses sentiments pour la princesse de l’autre. Ça le torturait. Pendant un moment, il l’avait abandonné pour affronter sa sœur. Quel piètre garde faisait-il. La fatigue surgit, comme si tous les efforts et le stresse des jours précédents se déclenchait soudainement. Une main se posa sur son épaule.

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