De mes années de collège, de lycée et d'études supérieures, il me reste l'amitié de Clarisse. C’est elle qui m'arrachait à mon travail de grande personne comme elle me le disait souvent quand nous étions petites. Plus tard, elle m'emmène dans les endroits les plus secrets du quartier, de Paris et de toutes les villes où nous séjournons au gré de nos déplacements, c’est un tourbillon à elle toute seule.

Pour cela, il lui faut m'arracher à mes disques, mes livres et mon violon, en un mot à ma tour d'Ivoire. C'est ma plus grande amie, celle à qui je confie tout, celle qui est toujours là.

Depuis l'âge de 5 ans, je travaille mon violon plusieurs heures par jour. Clarisse veut devenir cantatrice, elle chante tout le temps. Nous fréquentions le même conservatoire. De concours d’entrée, en examens de fin de cycle, nous avancions dans notre vie avec des choix parallèles qui nous permettaient de ne pas nous perdre de vue.

Clarisse dit que c’est essentiel pour moi, sinon on finirait par me retrouver momifiée dans la bibliothèque de mon père. Nous avons passé un Bac Littéraire option musique, puis à l'université nous avions suivi le même parcours en musicologie. Puis nous avons voyagé au fil des invitations en résidences artistiques ou dans des salles de concert prestigieuses.

Mais voilà, elle aussi m'a quitté, il y a un secret derrière tout cela, mon secret que je n'ai pas pu lui avouer.