Chapitre 17

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« Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ? »
- Oh, rien du tout.

Anna jeta un regard interrogateur à sa sœur, mais n'insista pas. Elsa lança un coup d'œil à Aodhan, derrière elle, qui lui adressa un clin d'œil complice.

- Puisque tu es d'aussi bonne humeur, je devrais te laisser l'interroger.
- C'est toi la reine, désormais, rétorqua Elsa en reprenant aussitôt son sérieux.

Tous trois, accompagnés de Kristoff, étaient en train de descendre un étroit escalier en colimaçon en pierres froides qui menait aux cachots. Ils se dirigeaient vers la cellule de Roderick, au plus profond du dernier sous-sol d'Arendelle, sous étroite surveillance. Même lorsque Elsa y avait été enfermée, elle n'avait été placée que dans une cellule à la surface, et un seul garde était chargé de la surveiller.
La troupe de gardes les laissèrent passer et, sur ordre d'Anna, les laissèrent seuls le temps de parler à l'homme dans la cellule. Ils approchèrent des barreaux et s'arrêtèrent à bonne distance.

- Roderick, appela la reine.

Sa cellule était humide et presque entièrement plongée dans le noir. La seule lumière de la pièce provenait du chandelier qui se trouvait dans le couloir, ses flammes tremblotantes illuminant à peine les barreaux devant lesquels ils se trouvaient.
Tout au fond, une silhouette remua dans la pénombre. Roderick se leva lentement du banc en bois qui lui servait aussi de lit, et se rapprocha d'eux.
Désormais privé de ses pouvoirs des ténèbres, le temps rattrapait l'homme et reprenait son emprise sur son corps. Des rides se creusaient dans ses joues déjà maigres, et des cheveux blancs parsemaient désormais sa coiffure noir de jais.

- Je me demandais quand est-ce que vous viendriez me rendre visite, dit-il d'une voix faible.
- Nous étions occupés à réparer les dégâts que vous et vos ombres avez infligé à Arendelle, rétorqua froidement Anna.

S'il n'avait pas été responsable de l'invasion du royaume, elle aurait presque eu pitié du vieil homme. Presque.
Ce dernier ferma les yeux, visiblement fatigué. Il les rouvrit pour regarder le groupe tristement.

- Je suis désolé pour ce que j'ai infligé à Arendelle, déclara-t-il. Les ténèbres avaient corrompu mon cœur, elles m'ont fait perdre la tête... J'étais aveuglé par la rage et le pouvoir. Grâce au pouvoir de la lumière, mon cœur a été libéré et j'ai retrouvé la raison.
- Tss, laissa échapper Aodhan.

Ils se tournèrent tous vers lui, mais il se contenta de regarder Roderick avec méfiance et mépris.

- Je sais que vous ne me croyez pas, répondit l'homme à sa remarque silencieuse. Mais je suis prêt à vous prouver ma bonne volonté en vous disant tout ce que vous voulez savoir.

Anna s'avança d'un pas, l'air décidé.

- Lorsque vous vous êtes battus avec Aodhan, vous avez parlé de « Yohamitään ». Est-ce qu'il s'agit de cette entité dont vous m'avez parlé après m'avoir enlevée ?

À l'évocation de ce nom, une lueur étrange passa dans les yeux de Roderick. Il sembla hésiter un instant, puis il répondit :

- Yohamitään est effectivement l'entité dont je vous ai parlé. Celle qui réside sur l'île du sud où j'ai échoué. C'est grâce à elle que j'ai survécu. Pour faire simple, disons qu'il s'agit d'un Ahtohallan, mais elle ne gratifie que des pouvoirs de ténèbres.
- Afin que vous puissiez reprendre Arendelle et voler les pouvoirs des esprits de la forêt, compléta Elsa d'une voix tranchante.

De nouveau, Roderick ferma les yeux d'un air coupable.

- C'est cela, confirma-t-il.
- Mais qu'est-ce que Yohamitään y gagne ? poursuivit-elle.
- Les ténèbres, répondit-il simplement. Son seul et unique pouvoir régnant sur le monde entier, à travers moi.
- Mais nous avons contré ses plans. Vous n'êtes plus l'avatar de ses ténèbres, la corne a dissipé vos pouvoirs, alors cette entité devrait disparaître, suggéra Anna avec espoir.
- Je l'aimerais, répondit Roderick avec un sourire triste. Mais elle ne s'arrêtera pas là. Si elle ne trouve pas un nouvel avatar, alors elle enverra d'elle-même ses ombres sur Arendelle et la Forêt Enchantée. Elle voudra détruire tout ce qui pourra la contrer, comme vous l'avez fait.

Elsa et Anna échangèrent un regard inquiet.

- Alors Arendelle est toujours en danger ?
- J'en ai bien peur, acquiesça sombrement Roderick.
- Je ne vous crois pas.

La voix de Kristoff s'éleva soudain. Les bras croisés, il avait observé l'échange en toisant le vieil homme du regard.

- Votre malfaisance n'avait rien à voir avec les ténèbres. Vous étiez déjà un homme mauvais, avide de pouvoir et sans aucun scrupule. C'est la raison même de votre exil d'Arendelle.

Pendant une seconde, une ombre menaçante passa sur le visage de Roderick, comme s'il s'apprêtait à se jeter sur Kristoff. Mais son expression disparut rapidement, et il hocha la tête.

- J'ai fait des erreurs, j'en conviens. Mais je vous prie de me croire, ce sont bien les ténèbres qui ont... empiré ces vices.

Un long silence passa, et Anna décida finalement de mettre fin à la discussion. Elle rappela les gardes tandis que le petit groupe sortait de la pièce et remontait les escaliers.

- Qu'en penses-tu, Anna ? lui demanda sa sœur.
- Il ment, c'est certain, affirma-t-elle. Mais je n'en suis pas si sûre à propos de Yohamitään. Si les ténèbres menacent toujours Arendelle...
- Il y a un moyen de s'en assurer, affirma Kristoff. Les trolls pourront nous aider en regardant l'avenir du royaume.
- C'est vrai, approuva Anna, l'air pensif. Nous devrions nous y rendre immédiatement. S'il nous dit la vérité, alors...
- Nous aviserons en temps voulu, dit Elsa en posant la main sur l'épaule de la rousse. Mais il serait plus prudent que quelqu'un reste avec Roderick, en plus des gardes, pour le surveiller.

Arrivés en haut des marches, le groupe se stoppa derrière Anna, qui avait arrêté de marcher. Elle se tourna vers Aodhan.

- Aodhan, je te fais confiance, déclara-t-elle. S'il nous ment et nous cache ses pouvoirs... Tu seras capable de l'arrêter s'il tente de s'évader. Tu penses en être capable ?

- Oui, approuva le jeune homme en hochant la tête. Je garderai un œil sur lui.
- Nous ne serons pas partis longtemps, lui assura Elsa. Nous devrions être de retour ce soir.

Elle se tourna vers Kristoff qui approuva ses dires d'un signe de tête. Après de rapides au revoir, le groupe se sépara, Elsa, Anna et Kristoff sortant du château pour rendre visite aux trolls, et Aodhan redescendant vers la froide cellule de Roderick.

Aodhan fronça du nez alors qu'une odeur de moisi emplissait ses narines. Il attrapa une chaise et s'installa face à la cellule de Roderick, qui le regardait faire.

- Aodhan, c'est cela ? demanda-t-il finalement d'une voix rauque.

L'intéressé ne répondit pas, se contenant de fixer l'homme derrière l'ombre des barreaux.

- J'ai entendu les gardes dire que c'est toi qui avais invoqué la lumière de la corne, poursuivit-il sans prendre ombrage de son silence. Je suppose que je dois donc te remercier.
- Économisez votre salive, grogna le jeune homme.

Roderick pouffa de rire, un rire jaune, avant de reprendre son sérieux.

- Vous ne me faites pas confiance, je le sais bien, et c'est tout à fait normal. Mais je veux faire mes preuves, leur montrer ma bonne foi. Tu dois comprendre cela, n'est-ce pas ?

Aodhan leva les yeux vers lui en haussant un sourcil, sans répondre. Sa réaction piqua l'intérêt de son interlocuteur.

- Aaah, tu sais ce que je ressens, je me trompe ? Tu as des pouvoirs, toi aussi, et cela leur fait peur. Nous sommes des parias, toi et moi.
- Vous avez tort, répliqua vivement Aodhan.

Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de repenser aux remarques qu'Anna n'avait cessé de faire depuis qu'il s'était réveillé dans cette chambre d'amis, il y a quelques semaines. Elle l'avait même accusé d'être de mèche avec Roderick. Et si les choses semblaient s'être améliorées, une voix murmurait à son oreille... Et si ce n'était qu'une apparence ? Et si Anna ne lui avait jamais pleinement fait confiance ? Et si les sentiments d'Elsa étaient n'étaient pas sincères, mais teintés du même doute ? Et si elles l'avaient laissé avec Roderick pour le mettre à l'épreuve ?
Et si... Et si...

- Je vois le doute dans tes yeux, reprit Roderick dans un murmure. Tu sais que les deux sœurs ne t'accordent pas leur confiance. Et tu as l'impression que malgré tes efforts, rien ne sera jamais assez pour elles. Tout comme vous ne me ferez jamais confiance, peu importe ce que je ferais pour vous aider.
- Vous avez tort, répéta Aodhan. Je ne suis pas comme vous.
- Mais il existe un moyen, Aodhan. Cette corne peut sauver Arendelle. Je suis peut-être le seul à pouvoir vous aider à neutraliser Yohamitään. J'ai passé des années à ses côtés, je connais le moindre de ses secrets, ses ruses, les murmures de sa magie. Si nous emmenions la corne à Yohamitään, sa magie pourrait le faire disparaître une bonne fois pour toutes. Nous serions des héros, et Elsa te ferait enfin confiance.

Les oreilles d'Aodhan bourdonnaient. Il revoyait se jouer devant ses yeux son baiser avec Elsa, leurs moments de complicité et chacun de leurs regards échangés. Il revoyait la soirée de la veille, lorsqu'ils s'étaient amusés tous ensemble quand Anna les poursuivait avec ses dents en neige.
Roderick l'observait attentivement, un léger sourire attristé flottant sur ses lèvres.

- Tu sembles perdu dans tes pensées, commenta-t-il.

Aodhan détourna le regard.

- Tu te souviens de la première fois où tes pouvoirs ont blessé quelqu'un par accident ? demanda soudain Roderick. Imagine ce que je ressentais, moi, prisonnier de mon propre corps. Tout ce que je pouvais faire, c'était voir l'emprise des ténèbres grandir de jour en jour, faire du mal à Arendelle. Tout ce que j'ai fait, c'était pour protéger ce royaume. J'aime Arendelle. Et être responsable de tout ce chaos me fend le cœur.

Aodhan se refusait de poser les yeux sur Roderick et déglutit difficilement. Il avait du mal à croire à la sincérité de ses mots. Les ténèbres étaient-elles vraiment responsables de ce qu'il avait infligé à Arendelle ?
Malgré tout, un doute subsistait en lui. Les mots de Roderick résonnaient désagréablement en lui. Il repensa aux amis qu'il avait eu dans son enfance, qui étaient admiratifs devant ses pouvoirs de feu. Il revoyait son village qu'il adorait tant, le chasser comme s'il n'était qu'un moins que rien, après que tout ait brûlé par accident. De toute sa vie, Aodhan n'avait connu que la solitude. On l'aimait puis le jetait. On l'adorait, puis on avait peur de lui. L'amitié qu'Anna lui avait montré hier n'était que temporaire. En était-il de même pour l'amour d'Elsa ?
Après tout ce qu'il avait traversé pour sauver leur royaume, qu'il considérait à présent comme son propre foyer, il sentait le froid du doute s'immiscer en lui.
Il ne voyait qu'un seul moyen de s'assurer de la confiance définitive de celle qu'il aimait.

- Il est là ! Kristoff est arrivé !

Des exclamations retentirent de toutes parts alors que des rochers roulaient en direction d'Elsa et Anna. Mais ils esquivèrent les jeunes femmes pour se jeter sur Kristoff, qui en tomba à la renverse en riant aux éclats.
Les rochers prirent rapidement la forme de petits trolls, et leur enthousiasme était très difficile à calmer. Un troll, apparemment plus âgé, d'après la mousse qui couvrait son visage comme une barbe, s'approcha d'eux.

- Allons, allons, du calme !

Les trolls s'éloignèrent légèrement et Kristoff put enfin se relever en époussetant la poussière qui recouvrait ses vêtements.
Le petit groupe se trouvait dans une clairière, celle-là même où Kristoff avait emmené Anna il y a trois ans, lorsqu'ils leur avaient demandé conseil pour le cœur d'Anna, alors gelé par la glace d'Elsa.

- Vous vous êtes mariés, ça y est ? demanda une troll d'un âge avancé.
- Pas encore, sinon vous auriez été invités, répondit Anna en soulevant quelques trolls hors du passage de Kristoff, qui tentait de les rejoindre.
- Alors, que venez-vous donc faire ici ? leur demanda Grand Pabbie, l'ancien des trolls.

Elsa, Anna et Kristoff s'assirent sur un tronc d'arbre allongé non loin et expliquèrent la situation à Grand Pabbie. Ils résumèrent du mieux qu'ils purent ce qui était arrivé à Arendelle, qui état Roderick, et ce qu'était supposément Yohamitään.

- Nous avons besoin de votre sagesse pour savoir si Roderick dit la vérité, conclut Anna. Nous devons savoir si Yohamitään menace toujours Arendelle.
- Je comprends, hocha Grand Pabbie.

Il se décala et fit quelques gestes compliqués. De la lumière apparut devant lui, légèrement bleutée, et bientôt, elle forma une silhouette qu'ils reconnurent rapidement : celle du château d'Arendelle.

- Je vois... Des ombres qui s'étendent, commença-t-il. Des ténèbres sur un cœur brisé. Il ne vous faudra pas vous laisser tromper par les apparences, car la lumière de la vérité se cache dans les ténèbres. Vous devrez vous unir, ou...

Le château d'Arendelle oscilla entre ses couleurs normales et le noir complet, puis disparut complètement.

- Ou les ténèbres envahiront tout.

Il se tourna ensuite vers les trois autres, qui l'observaient avec appréhension.

- Le futur vacille à chaque instant, mais une décision vient de tout faire basculer à l'instant où nous parlons. Vous pouvez encore sauver Arendelle, si vous faites les bons choix.

- Une décision vient d'être prise ? répéta Anna sans comprendre.

Elle échangea un regard inquiet avec Elsa, qui redoutait de prononcer le moindre mot. Elles pensaient toutes les deux à la même chose. Tous trois devaient immédiatement retrouver Aodhan au château.

La nuit venait à peine de tomber lorsqu'ils arrivèrent au château d'Arendelle. Des nuages sombres planaient sur le royaume et quelques flocons commençaient à recouvrir les pavés de la cour intérieure. Tout était calme et paisible, comme à l'ordinaire.

Ils se précipitèrent à l'intérieur du château, et alors qu'ils prenaient la direction des geôles, ils tombèrent sur Mattias, visiblement inquiet.

- Anna, Elsa ! s'exclama-t-il.
- Mattias, avez-vous vu Aodhan ? demanda vivement Anna.
- Aodhan ? répéta le capitaine de la garde sans comprendre. Non, je ne l'ai pas vu, mais il y a quelque chose de plus grave... Roderick s'est échappé !

Elsa et Anna échangèrent un regard sombre et paniqué. La blonde n'avait plus prononcé un seul mot depuis leur départ de chez les trolls. L'appréhension nouait douloureusement sa gorge.
Un autre garde déambula dans le couloir. Après avoir tenté de reprendre son souffle, il annonça, bouleversé :

- Ma reine ! Nous avons arrêté Aodhan aux portes du château à l'instant ! Il... Il est avec Roderick !

Le cœur d'Elsa sembla se figer, comme si elle venait d'être traversée par sa propre magie de glace.
Elle et Anna se précipitèrent hors du château, en direction des larges portes.

Dans la cour intérieure, une masse de gardes s'était assemblée devant les portes qui menaient au pont. Les oreilles bourdonnantes, sa vision floue, Elsa les poussait sans ménagement, précédée de sa sœur, qui l'interpellait sans qu'elle l'entende. Enfin, elle arriva devant la source de l'inquiétude de la garde royale. Elle poussa une lamentation et tomba à genoux, la main devant la bouche.
Aodhan se tenait devant eux, cachant Roderick derrière son dos, observant les lances pointées vers eux sans aucune inquiétude. Son regard était sombre, vide et vitreux, caché sous une mèche de cheveux blonds. Dans son dos, la corne du Narval était fermement attachée, sa surface totalement terne.
Roderick, lui n'affichait aucune expression. Aucune joie, aucun triomphe ou de défi.

- Nous partons, annonça simplement Aodhan. N'essayez pas de nous arrêter.
- Aodhan..., murmura fébrilement Elsa.

Elle sentit à peine les mains d'Anna se poser sur ses épaules.

« Regarde-moi...
Où est l'étincelle que je voyais autrefois ?
Dans tes yeux, ton amour dévorant
Comme un feu ardent ? »

Aodhan refusait obstinément de poser les yeux sur elle, fixant un point au-dessus de sa tête. Mais Elsa, elle n'arrivait pas à détacher son regard de lui. Le monde s'effaçait, s'écroulait tout autour d'eux. Elle ne pouvait pas croire qu'après tout cela, il avait libéré Roderick.
Pas après le baiser qu'ils avaient échangé sur le balcon.

« En cette vie,
Il nous est rare de trouver cette personne
Qui sera toujours là pour nous soutenir
Et nous compléter. »

Elle s'agrippait à Anna en tentant de se relever, comme elle s'agripperait à un roc en pleine tempête. Elle fixait Aodhan avec défi, désormais, et son silence, en plus de sa trahison et son obstination à ne pas la regarder, la mettait hors d'elle. De la glace se forma au creux de ses paumes alors qu'elle s'avançait, ignorant ses larmes, en lui criant :

« Alors pourquoi
nous déchirons nous ?
Depuis le départ,
Tu avais mon cœur !
Alors pourquoi
Notre amour s'éteint ? »

Elle n'était désormais qu'à quelques centimètres d'Aodhan, et elle crut voir sa lèvre inférieure trembler. Pendant un instant, elle pensa l'avoir atteint. Le souffle court, elle l'observait.
Le jeune homme posa finalement ses yeux sur elle. Le vide de son regard la terrifia. Il pencha légèrement la tête, l'air presque peiné, mélancolique. Elle n'arrivait pas à comprendre son geste. Comprenait-elle seulement ce qu'il ressentait réellement, ou interprétait-elle mal l'expression de son visage ? Elle devait se faire violence pour ne pas le saisir par le col de son manteau et le secouer pour avoir une réaction de sa part.
Il fit soudainement volte-face et saisit Roderick par le bras alors qu'ils s'avançaient vers le pont. Les gardes s'approchèrent, mais Anna les interrompit : elle connaissait la puissance incontrôlable des pouvoirs d'Aodhan. Il était capable de faire exploser tout le château si quelqu'un se mettait en travers de sa route.
Mais face à Aodhan et Roderick, au bout du pont qui reliait le château à la ville, un autre groupe de soldats approchait dangereusement, la pointe de leurs lances en avant. Elsa se précipita à la suite d'Aodhan et tenta une nouvelle fois de l'interpeller.

« Alors pourquoi
nous déchirons nous ?
Depuis le départ,
Tu avais mon cœur !
Alors pourquoi
Notre amour s'éteint ? »

Aodhan poussa soudainement Roderick du haut du pont et le suivit rapidement. Les gardes se précipitèrent de chaque côté du pont jusqu'à l'endroit où ils avaient sauté.
Les deux hommes étaient en train de nager jusqu'à une embarcation, et Elsa ne put qu'observer, impuissante, la voile se déplier, et emporter Aodhan et Roderick en direction du sud.

Alors pourquoi ?

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