Chapitre 21

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La garde royale progressait lentement sur la glace. Les soldats furent d'abord réticents lorsqu'ils posèrent un pied sur la surface gelée, pensant qu'elle allait céder sous leur poids. Mais très vite, il s'avéra qu'elle pouvait facilement supporter tout le poids des cinq équipages confondus, ce qui les rassura légèrement. Mais des murmures d'inquiétude traversaient encore les troupes tandis qu'ils progressaient en direction de Yohamitään, leur chemin encadré par de gigantesques murs d'eau grondante.
Elsa, Anna et Kristoff, à la tête de la garde royale, furent les premiers à fouler le sable de l'île. La montagne en son centre attira immédiatement leur attention, jusqu'à ce que Kristoff pointe quelque chose à sa base. Les deux jeunes femmes suivirent la direction qu'il pointait et étouffèrent une exclamation de surprise.
Au pied de la montagne, une ville était érigée. Une ville qu'elles reconnurent aussitôt : Arendelle. De toute évidence, Roderick avait usé de sa magie pour reconstruire la ville selon ses souvenirs, ce qui expliquait les légères différences dans les bâtiments, dans un style un peu plus ancien que la véritable Arendelle.
Les murs des bâtiments ondulaient de noirceur, constitués de ténèbres qui semblait vivante. Ils n'étaient pas une copie parfaite de la réalité, ils semblaient légèrement voûtés, distordus et corrompus par la magie, rendant la ville plus dissonante que la réalité.
L'atmosphère qui régnait sur la ville était silencieuse, presque pesante, mais ils pouvaient sentir que quelque chose y était tapi. Ils avaient la désagréable impression que la ville était un être à part entière, une créature qui attendait qu'ils s'avancent dans ses rues pour les engloutir dans ses ombres étouffantes.

Ils échangèrent tous les trois un regard inquiet mais déterminé. Pendant un instant, ils avaient eu l'impression d'être de retour à la véritable Arendelle, assiégée par Roderick, quelques semaines auparavant.
Anna poussa un soupir.

— Au moins, nous savons où le trouver, assura-t-elle. Il est si égocentrique qu'il doit se prendre pour le roi de cette... copie d'Arendelle.

Elsa hocha la tête. Au fond d'elle, elle espérait qu'Aodhan s'y trouvait aussi. Elle s'apprêtait à faire part de cette pensée à sa sœur, mais cette dernière s'était déjà tournée vers les soldats et leur expliquait son plan.

— Ne vous laissez pas troubler par l'apparence de la ville, déclara-t-elle d'une voix forte. Il ne s'agit pas d'Arendelle ! Ce n'est qu'une copie, une illusion créée par Roderick et ses ténèbres ! C'est son idéal, ce qu'il compte infliger à notre ville, mais nous ne le laisserons pas faire ! Nous allons nous battre, nous l'empêcherons de noircir l'espoir et la lumière de notre Arendelle bien-aimée par ses pouvoirs !

Elle dégaina sa rapière qu'elle pointa vers le ciel, l'air plus déterminé que jamais.

— Elsa, Kristoff et moi-même nous dirigerons vers le château pour récupérer la corne du Narval ! Battez-vous, offrez-nous suffisamment de temps pour détruire Yohamitään une bonne fois pour toutes ! Affrontez les ombres pour ramener la lumière sur notre royaume ! Pour la mémoire du roi Agnarr, de la reine Iduna ! Pour Arendelle !
— Pour Arendelle ! scanda la troupe.

Les soldats de la garde royale levèrent leurs armes au-dessus de leurs têtes en poussant des cris de guerre.
Anna se tourna vers sa sœur et Kristoff, un sourire de défi aux lèvres. Les deux autres lui répondirent, eux aussi galvanisés par le discours de la jeune reine. Elle les dépassa, avançant vers la fausse Arendelle. Les deux autres lui emboîtèrent le pas, et bientôt, ce fut toute leur petite armée qui fut en marche.

— Allons régler leur compte à Roderick et Yohamitään, fulmina Anna.

Un silence pesant enveloppait les rues de la fausse Arendelle, seulement perturbé par l'écho des pas des soldats. Une odeur âcre de brûlé envahissait leurs narines, les rendant de plus en plus mal à l'aise. Les bâtiments tordus semblaient se pencher sur eux, tels de gigantesques créatures qui les observaient, augmentant le poids de leur appréhension. Leurs armes étincelaient faiblement à la lumière tamisée qui filtrait à travers les nuages sombres, la pointe de certaines épées tremblaient d'appréhension. Un murmure feutré s'élevait des rues, les ténèbres ondulantes des bâtiments produisait un bruissement à la fois doux et lugubre. Une tension palpable s'installait sur eux, et avec elle le sentiment qu'on les observait. Les créatures étaient là, cachées, ils le savaient.
Un frémissement agita les rues et les ruelles étroites, suivi par le crissement tristement familier des griffes sur les pavés. Les soldats resserrèrent leurs rangs en observant partout autour d'eux, leurs cœurs accélérant dangereusement. Même Elsa et les deux autres entendaient le sang battre dans leurs tempes. La rapière d'Anna tremblait dans sa main.

Soudain, des dizaines, des centaines de paires d'yeux jaunes, brillants, s'ouvrirent dans l'opaque noirceur des ténèbres. Les ombres étendaient leurs bras en avant, rampant en plantant leurs griffes dans le sol, ou bien en marchant sur les créatures qui se trouvaient sous elles. Elles avançaient inexorablement vers le trio et la garde royale. Lentement, Anna leva la pointe de sa rapière, raffermissant sa prise sur la poignée.

— À l'attaque, souffla-t-elle.

Elle se précipita vers les ombres, accompagnés d'Elsa et Kristoff. Bientôt, les premiers cris de guerre retentirent, et les soldats se jetèrent à la rencontre des ombres.

Les créatures s'écrasèrent sur eux comme une vague qui emporterait tout sur son passage. Elsa parvint à dresser un dôme de glace tout autour d'eux pour les protéger, mais il fut rapidement brisé sous le flot des créatures. Elles se jetèrent sur la petite armée, griffes en avant.
Mais les soldats ne se laissèrent pas faire. Ils appartenaient à la fière garde royale d'Arendelle ! Les griffes des ombres tintaient au contact de leurs boucliers qui paraient les attaques des créatures dans des gerbes d'étincelles. Dans des gestes amples mais précis, les soldats repoussaient les ombres avant de les pourfendre avec leurs armes.
Anna, le front plissé par la concentration, esquivait habilement les ombres, sa rapière ripostant aisément avec précision, fendant l'air avec grâce, témoignant de son entraînement avec Mattias.
Dans des éclairs de magie bleutés, Elsa invoquait des éclats de glace tranchants qu'elle projetait sur les créatures sombres. Sans prendre le temps de vérifier si les coups avaient porté, elle projeta de nouveau un éclair sur une ombre plus massive que les autres, la congelant sur place avant qu'elle ne se brise en mille morceaux sous l'assaut des soldats.
Mais malgré leurs efforts combinés, les ombres gagnaient du terrain, toujours plus nombreuses. Pour chacune qui tombait, deux la remplaçaient. Leur nombre semblait sans fin et les premiers signes de fatigue commençaient déjà à se faire ressentir dans les rangs. Plusieurs soldats furent happés dans les ténèbres où ils disparurent, leur cri étouffé dans le néant.
Elsa, qui tentait d'économiser ses forces jusque-là, décida de se montrer plus agressive avec sa magie. Ils devaient éviter de se faire submerger.

Elle écarta les bras en croix, les sourcils froncés et la mâchoire crispée par l'effort requis, elle tourna ses mains paumes vers le ciel et les leva lentement.
Suivant son mouvement, de gigantesques pics de glace surgirent du sol, acérés et tranchants, pourfendant les ombres. Les plus proches furent gelées par un froid mordant qui surgissait du sol, désormais recouvert d'une fine couche de givre. Bientôt, un mur d'ombres figées dans la glace barrait la route à celles qui se trouvaient derrière. Elsa décrivit un demi-cercle avec ses bras, et un tourbillon de neige s'éleva en faisant trembler les environs. Les ombres glacées craquelèrent sous les vibrations et se brisèrent en mille morceaux, tandis que la bourrasque enneigée déferla soudainement sur les créatures qui étaient coincées derrière. Le raz-de-marée d'ombres fut projeté du sol et, une par une, les créatures disparurent dans des panaches de fumée noire, pourfendue par les flocons de neige tranchants qui tourbillonnaient dans les airs.
Les cheveux blonds d'Elsa volaient dans son dos, emportés par les bourrasques de sa magie. Elle sentait ses forces emportées peu à peu. Les ombres avaient disparu, leur offrant une percée nette jusqu'au pont menant au château. Elle dissipa sa magie, haletant de fatigue, sous les acclamations des soldats. Il ne restait plus que des éclats de glace plantés dans les bâtiments, désormais à moitié détruits par la violence des vents invoqués par la jeune femme.

— Elsa ! s'écria Anna en se précipitant pour attraper de justesse sa sœur qui s'écroulait de fatigue. Tu vas bien ?
— Oui, soupira la blonde, les yeux clos. Oui, je dois juste reprendre mon souffle...
— N'épuise pas tes forces, lui exhorta-t-elle, son inquiétude transparaissant sur son visage.

Elsa hocha lentement la tête et rouvrit les yeux avec un sourire rassurant. Elle avait l'impression d'avoir du plomb dans les jambes, et elle faisait de son mieux pour cacher les tremblements de son corps.

— Tout va bien, Anna. Vraiment. Nous devons avancer.

Anna la regarda encore pendant quelques secondes, l'air toujours préoccupée. Finalement, elle décida de se fier au jugement de sa sœur, et elles suivirent les soldats et Kristoff qui avaient poursuivi leur chemin jusqu'au pont.

La garde royale entoura les sœurs et Kristoff pour les protéger alors qu'ils avançaient en direction du château. Les ombres avaient momentanément battu en retraite, et même si cela les inquiétait, Elsa se sentait soulagée en son for intérieur. À mesure qu'ils progressaient, elle sentait ses forces revenir rapidement.
Le groupe s'arrêta. Face à eux, un véritable mur bloquait l'accès au pont, formant un vortex de ténèbres tourbillonnantes, s'enroulant et se déroulant à une vitesse vertigineuse, des éclairs d'énergie sombre crépitant à l'intérieur. Ils ressentirent tous un frisson leur parcourir l'échine sous les coups de vent créés par le tourbillon. Malgré tout, Elsa s'avança sans se laisser intimider.
Elle ferma les yeux, essayant de visualiser sa première rencontre avec Gale, lorsqu'il l'avait emprisonnée sous un dôme venteux. Elle n'avait qu'à s'imaginer qu'il s'agissait de la même chose : elle allait simplement jouer avec Gale qui s'amusait à former des bourrasques.

Elsa rouvrit les yeux, franchit le cercle de soldats qui la regardaient passer avec des yeux ronds d'épouvante. Elle s'arrêta face au torrent de ténèbres, leva la main, et projeta un rayon de magie en avant.
Sans aucune difficulté, un mur de glace s'érigea à contre-courant du vortex, bloquant les ténèbres qui se fracassèrent contre lui. Elle avait réussi à dégager un passage, ils pouvaient apercevoir le pont qui menait à la silhouette menaçante du château.
Mais avant que quiconque n'ait pu faire un pas, un grondement retentit et le sol se mit à trembler. Les soldats regardèrent tout autour d'eux jusqu'à ce que la source du tremblement leur apparaisse clairement.
Une gigantesque vague d'ombres, plus vaste que la précédente encore, se déversait en direction de la garde royale. Les soldats se mirent en position défensive, boucliers en avant, prêts à réceptionner le violent fracas des ombres.
Elsa réagit immédiatement et leva sa main gauche en direction de la vague de créatures. Un nouveau mur de glace s'érigea, contenant avec difficulté les ombres qui se ruaient vers eux. Mais leurs griffes commençaient déjà à attaquer la surface glacée qui commençait à se fissurer.
Anna ne prit que quelques secondes pour réfléchir. Elle se tourna vers Elsa, qui commençait à fléchir. De la main gauche, elle retenait le flot de créatures, et de sa main droite, son mur bloquait le vortex de ténèbres à l'entrée du pont. La jeune rousse se précipita vers sa sœur, l'air décidé.

— Elsa ! s'époumona-t-elle pour se faire entendre par-dessus les bourrasques du vortex et le crissement des griffes des ombres. Vas-y ! Pars au château et ramène la corne !
— Mais, et vous ? Vous ne pourrez pas contenir les ombres indéfiniment ! s'inquiéta la jeune blonde.
— On se débrouillera, affirma Anna avec conviction. Nous nous battrons jusqu'au bout pour t'offrir autant de temps que nécessaire ! Allez, vas-y !

Elle poussa Elsa avec force, obligeant sa sœur à rompre sa magie. Elle regarda sa sœur, horrifiée, mais n'eût pas le temps de dire quoi que ce soit : le vortex commençait déjà à se refermer sur elle. Elle fit volte-face et se précipita sur le pont, évitant de justesse de se faire emporter par les ténèbres tourbillonnantes. Son estomac se noua alors qu'elle entendit le fracas du mur de glace qui se brisait, libérant les ombres sur Anna, Kristoff et la garde royale.
Elle devait réussir. Pour tous les sauver.

Elsa déboucha dans la cour intérieure du château. Les contours des tours, les créneaux du rempart, même la forme des cheminées semblaient répliquer fidèlement le véritable château d'Arendelle, malgré leur forme tordue et leur surface inconstante de ténèbres. Les fenêtres, dépourvues de vie, ressemblaient à des yeux vides qui fixaient ses moindres faits et gestes.
Elsa ressentit une pointe de douleur dans son cœur. Elle pensait au château, aux personnes qui s'y trouvaient actuellement – Mattias, Olaf, Sven, les domestiques et les autres gens de la cour – tant de gens qui comptaient sur sa réussite. Une violente colère s'empara d'Elsa, elle détestait Roderick pour cette reproduction vicieuse et impure de ce lieu où elle avait grandi. Son dégoût augmentait alors que ses yeux se posaient sur chaque détail qui ressemblait un peu trop au véritable château.
Lorsqu'Elsa franchit les lourdes portes du château, elle fut immédiatement plongée dans une atmosphère lourde et un silence oppressant. L'obscurité semblait palpable, dansant sur les murs telle des spectres. Elsa secoua la tête ; ce lieu n'était pas réel. Il n'était fait que de ténèbres, et lorsque la lumière de la corne l'aura fait disparaître, il ne restera plus rien. Seulement la triste nature de l'île.
À mesure qu'elle montait les marches du large escalier central en direction de la salle du trône, elle sentait son cœur accélérer dangereusement. Lorsque son pied se posa sur le palier et qu'elle vit la porte de la salle du trône, son cœur martelait douloureusement ses côtes comme s'il cherchait à s'échapper de sa poitrine. Elle s'efforça de prendre de longues bouffées d'air, essayant de calmer sa respiration courte et tremblante. Elle tendit la main et poussa la porte, main droite en avant, prête à user de sa magie.

Une vive douleur envahit son bras droit, lui décrochant une exclamation surprise. Le souffle momentanément coupé, elle fit quelques pas en avant, avant de tomber à genoux en tenant son bras endolori. Lentement, elle retira sa main gauche, et découvrit sur son poignet une marque sombre, comme un nuage noir qui se mouvait sous sa peau en dégageant une légère fumée. Des chaînes ténébreuses se formèrent soudain autour de ses poignets alors que des pas retentissaient devant elle.

— Je crois que vous avez raté votre effet de surprise... esprit.

Elsa releva vivement la tête. Face à elle, Roderick se tenait droit et fier. Il semblait plus grand et imposant que jamais, drapé d'un manteau noir semblable à un nuage d'orage. Une aura malfaisante se dégageait de lui, bien plus présente que la dernière fois, dans le véritable château d'Arendelle.
Derrière lui, une version tout aussi tordue et chaotique de la salle du trône se mouvait lentement. Les piliers qui encadraient la salle ressemblaient à des racines d'un arbre mort et tortueux, et là où devaient se trouver les fenêtres ne se dressaient que des rideaux d'ombre opaque. La seule lumière de la salle provenait d'un gigantesque vitrail situé derrière le trône, devant lequel Roderick se trouvait et sur lequel reposait la terne corne du Narval.
Un sourire mauvais étira ses fines lèvres.

— C'est très aimable à vous de me rejoindre pour constater l'apogée de ma puissance. Comme vous pouvez le voir, je suis différent de notre précédente rencontre – et je ne parle pas de celle où vous m'aviez jeté dans votre minable cellule.

Il se pencha légèrement en avant. Par réflexe, Elsa recula légèrement, tenant toujours son bras contre elle. Mais elle ne sentait même plus la douleur qui battait dans son poignet, elle était trop obnubilée par l'homme face à elle. Cet homme qui la terrifiait.

— Vous ne m'aurez pas comme la dernière fois. Je suis lié aux ténèbres, désormais. La lumière ne fera pas disparaître mes pouvoirs. Je suis lié à Yohamitään, et Yohamitään est lié à moi. Tant que je vivrais, les ténèbres s'étendront sur le monde.

Il se redressa et continua d'observer Elsa, ses yeux brillants de défi teinté de ce qui ressemblait à de la pitié pour la pauvre femme. Il éclata soudain de rire – ce même rire sans joie qui la hantait.

— Je dois avouer qu'il était facile de vous berner, reprit-il. Prétendre avoir l'intention de se repentir, cela finit toujours par marcher. Pas avec vous, bien entendu, mais avec les âmes les plus sensibles... Les esprits faibles, celles qui doutent, les désireuses de faire leurs preuves.

Elsa écarquilla les yeux, évitant de trahir les émotions qui assaillaient son cœur alors que le puzzle s'assemblait dans son esprit. Aodhan avait cru aux mensonges de Roderick, il avait voulu prouver sa bonne foi en voulant sauver Arendelle à lui seul... Cela n'expliquait pas tout – pourquoi ne pas lui en avoir parlé, pourquoi il pensait avoir encore besoin de faire ses preuves alors qu'il venait de sauver Arendelle – mais elle comprenait au moins un peu mieux la situation. Le jeune homme, quant à lui, restait introuvable.
Roderick semblait avoir lu dans ses pensées. Un nouveau sourire assombrit son visage alors qu'il déclarait :

— Le cœur des gens biens sont souvent les plus manipulables... Ton cher Aodhan n'a pas fait exception. Grâce à lui, j'ai découvert quelque chose : si ton cœur et tes intentions sont bonnes... La corruption des ténèbres n'en est que plus grande.

Elsa tenta de se relever, mais ses jambes refusaient de répondre. Elle se contenta donc de regarder Roderick avec tout le mépris dont elle était capable.

— Bien, Elsa, il est finalement temps de mettre un terme à votre existence ridicule. Aodhan ?

Elsa tourna la tête alors qu'un bruit retentit sur sa droite.
Aodhan émergea du coin sombre de la salle. Il n'avait pas changé depuis son départ d'Arendelle, si ce n'est ses traits par la fatigue. Malgré la situation, la jeune femme ne put s'empêcher d'éprouver un immense soulagement... Jusqu'à ce qu'il vienne se poster face à elle, l'épine du Narval dans sa main.
Vu d'aussi près, Aodhan avait véritablement quelque chose de différent. Il avait le regard aussi vague que le soir où il était parti. Il semblait regarder Elsa sans la voir. Mais cette fois-ci, son état semblait pire ; malgré le bleu clair de ses yeux, ils semblaient aussi sombres et froids que les ténèbres. Tout comme ceux de Roderick. L'ancien roi d'Arendelle contrôlait Aodhan par les ténèbres.
Pendant un instant, elle pensa déceler un éclat, une lueur dans ses yeux, mais elle disparut aussitôt. Les larmes coulaient le long des joues de la jeune femme. Non, elle l'avait imaginé. Il ne s'agissait que du reflet du vain espoir qu'elle ressentait qu'Aodhan lui adresse la parole. Mais il restait muet, enveloppé dans un silence qui étouffa les dernières étincelles d'espérance d'Elsa.

— Ne t'inquiète pas, esprit de la Forêt Enchantée, reprit Roderick. Ton existence, bien que courte et insignifiante, ne sera que le premier pas vers mon ascension et celle d'Arendelle. J'irai à Ahtohallan afin de récupérer tes pouvoirs, et avec la magie de glace combinée à celle des ténèbres, je vaincrais les autres esprits. Et lorsque j'aurais tous leurs pouvoirs, je serais l'être le plus puissant de ce monde. Plus personne n'osera se dresser face au roi d'Arendelle. Aodhan, tue-la.

Aodhan posa la lame de l'épine du Narval sur l'épaule d'Elsa. Le contact glacé lui décrocha un frisson. Elle déglutit avec difficulté, la gorge nouée par la terreur. Elle sentait le tranchant de la lame sur la fine peau de son cou.
Les doigts d'Aodhan étaient crispés sur la poignée de l'arme. Ses yeux voilés étaient toujours posés sur la jeune femme. Elsa, la respiration tremblante, un torrent de larmes inondant ses joues, implora l'homme qu'elle aimait du regard.
La lame s'abattit.

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