Chapitre 1
3 ans après
Il est 14 heures, nous voilà enfin à la gare Saint-Charles à Marseille, nous venons d’arriver. Avec mon fils, nous nous dirigeons vers la sortie de la gare.
Notre taxi est déjà là, le chauffeur nous attend.
Je détache Enzo de sa poussette et le chauffeur range nos sacs dans le coffre. J’installe Enzo dans le siège auto à l’arrière du véhicule.
Je regarde autour de moi et souris. Je ferme les yeux et inspire l’air comme si j’avais été en apnée pendant tout ce temps d’absence.
— Tout va comme vous voulez ? me demande le chauffeur.
Je réouvre les yeux et continue de sourire.
— Parfaitement bien. Je suis tellement heureuse de revenir chez moi.
Le silence fut interrompu par mon fils.
— Dis maman, c’est quand qu’on va voir papa ?
Je monte dans le taxi et ferme la portière.
— Je vous dépose où ma p’tite dame ?
Je souris à mon fils et réponds au chauffeur.
— Au 32, rue du Commandant Rolland, à la salle de boxe, plus précisément, s’il vous plait.
Enzo secoue ses petits bras en l’air, l’air victorieux.
— Ouais, on va voir papa, crie-t-il.
Après de longues minutes de route, le chauffeur nous dépose devant la salle. Je lui paie la course et il sort nos sacs ainsi que la poussette du coffre.
Je reste un instant sur le trottoir avec Enzo, à regarder la devanture de cette salle. Léandro a eu raison d’insister, c’est magnifique.
Je m’agenouille auprès de mon fils et le regarde.
— Tu te souviens de ce qu’on avait dit ?
— Oui, on fait la surprise à papa.
— Donc ?
— On ne crie pas partout.
Je souris et me redresse.
Enzo tient la poussette et marche à côté de moi une fois que j’ai pris nos sacs puis nous avançons jusqu’à l’entrée.
J’ouvre la porte d’entrée et avance dans le hall d’entrée. Je jette un coup d’œil sur ma droite, personne à l’accueil.
Nous continuons d’avancer et nous entendons des bruits de frappes venant de notre droite.
Je demande à Enzo de rester à côté de moi et dépose les sacs ainsi que la poussette dans un coin afin de ne pas gêner le passage.
Nous pénétrons un peu plus dans le hall et nous avançons en direction de la salle.
En y entrant, je suis émerveillée. Un immense ring de boxe était placé au centre de la pièce. Des sacs de frappe étaient suspendus en rangée sur notre droite et sur notre gauche. Il avait vu les choses en grand … en y regardant bien, je voyais aussi du matériel de musculation, des tapis de courses …
Leandro est là, en train de frapper dans un des sacs. Il est dos à nous, il ne nous voit pas. Je le regarde et je ne peux m’empêcher de sourire. Il m’a tellement manqué durant ces 3 ans d’absence.
Je demande à Enzo de garder le silence et nous nous approchons de lui sur la pointe des pieds.
— T’es pas assez bien positionné, lançais-je.
D’un coup il se retourne vers nous et il se fige quelques secondes avant qu’Enzo ne lui saute dessus.
— Come stai, mio piccolo principe ? demanda Leandro. ( Comment vas-tu mon petit prince ? )
— Va bene, papà, sono felice di vederti. ( Je vais bien papa, je suis très content de te voir )
Leandro serre son fils dans ses bras plusieurs minutes puis il me regarde.
— Je suis content que tu sois là, tu m’as trop manqué ! me dit-il.
Il passe son bras par-dessus mes épaules et me sers contre lui.
— Vous me manquiez trop, je ne pouvais plus rester toute seule.
Il desserre son emprise.
— Vous ne deviez pas arriver la semaine prochaine ?
Je décolle ma tête de son torse et je vois qu’il me regarde avec ses yeux d’un bleu renversant.
— On voulait te faire la surprise, lui répondis-je.
— C’est réussi.
Il nous sert à nouveau contre lui quelques minutes qui semblent durer une éternité. Mais je me sens tellement bien dans ses bras que je ne veux pas en sortir.
— Je te fais visiter ? questionna Léandro.
— J’espère bien … je veux tout voir, prendre mes marques.
Il dépose Enzo à terre et me sourit.
— Alors là comme tu peux le voir, tu as la partie boxe avec le ring, les sacs de frappe … une partie musculation et cardio.
Je pose mes doigts sur les cordes du ring et les fais glisser dessus. Le combat me manque beaucoup … je ne suis pas remontée sur un tatami ou un ring depuis bien trop longtemps … presque 3 ans et demi sans ressentir toute cette adrénaline lorsque l’on va combattre, cette sensation que l’on a à frôler le tatami.
— Derrière tu as une pièce pour le rangement, poursuit Leandro.
— On pourra se faire un petit combat ? En souvenir du bon vieux temps.
— Quando ti pare, tesoro. ( Quand tu veux, trésor )
Leandro nous montre les vestiaires hommes et femmes. Les douches sont intégrées aux vestiaires.
Les wc hommes et femmes sont séparés et se situent entre la salle de boxe et celle de danse, dans le hall d’entrée.
— Tu as beaucoup de monde ? interrogeais-je.
— ça marche pas mal ouais … autant de femmes, que d’hommes et d’enfants.
— Tu penses que j’aurais autant de succès que toi ?
Il me sourit.
— Ne te sous-estime pas. Tu feras un tabac, crois-moi … d’ailleurs, j’ai commencé à en parler autour de moi et ils ont l’air intéressés.
— Je t’avoue que ça me stresse pas mal cette histoire.
— Pourquoi ? Tu danses divinement bien, ils vont tous tomber sous ton charme.
— Ce n’est pas de danser qui m’angoisse … donner des cours ce n’est pas la même chose.
Leandro me sourit à nouveau.
— Je comprends ce que tu ressens, j’étais un peu tendu quand j’ai commencé à donner mes premiers cours mais franchement … c’est un kiff immense. T’imagine même pas … viens je vais te montrer ton antre.
Il me prend par la main et nous traversons le hall d’entrée pour rejoindre la seconde salle.
Il ouvre la porte, allume la lumière et là … je reste bouche bée.
Une immense pièce s’est ouverte à moi. La lumière se reflétait sur les murs où ont été posé un miroir sur toute la longueur.
Je lâche sa main et m’élance dans la salle. Je tourne sur moi-même et mes yeux s’illuminent.
— C’est magnifique, lançais-je, les yeux pétillants.
— Tu as plus de 100 mètres carrés pour toi toute seule. Tu vas faire un tabac, non è il mio piccolo principe ? ( N’est-ce pas mon petit prince ? )
— Se papà, mamma è la migliore. ( Si papa, maman c’est la meilleure. )
Mon fils me regarde avec des grands yeux.
— Ehi, mamma, puoi ballare ? ( Maman, tu peux danser ? )
— Non ne sono sicuro, répondis-je. ( Non, je ne suis pas sûre.)
Enzo regarde son père avant de reporter son regard sur moi.
— Per favore mamma. ( S’il te plaît maman.)
Je lance un regard à Léandro.
— Tu che ne pensi ? questionnais-je. ( T’en penses quoi ? )
— Penso che dovresti ballare. Ti liberarà dallo stress. ( Je pense que tu devrais danser. Ça te libérera du stress. )
Je souris et les regarde tous les deux. Ils me font leurs yeux de chiens battus.
— Ok, avete vinto. Io ballerò per voi. ( Ok, vous avez gagné. Je vais danser pour vous.)
Enzo brandit les poings en l’air, content.
— Posso scegliere la canzone ? demande Enzo à son père. ( Je peux choisir la chanson ? )
— Oui vas-y.
Leandro sort son téléphone de sa poche et fait défiler les noms des chansons devant son fils.
Pendant qu’ils choisissent la chanson, j’enlève mes chaussures et je me place au centre de la pièce.
— Ca y est.
— Tu as choisi quoi, mon poussin ?
Avant de me répondre, les garçons s’asseyent au sol en tailleur.
— J’ai choisi Without d’Ashley.
Je souris à mon fils. Je connais cette chanson par cœur et il sait que je l’adore.
Il est émerveillé lorsqu’il me voit danser, les yeux brillants comme les étoiles. Leandro me regarde et sourit.
Je me place au milieu de la salle, m’assois par terre en tailleur. Je fais une rotation en arrière avec mes épaules pour m’aider à me concentrer.
Je ferme les yeux, baisse la tête et pose mes mains sur mon pied gauche.
La musique démarre et je me redresse sans bouger les mains. Au bout de 10 secondes, je me laisse envahir par la musique, je ne vois et entends plus rien à part la mélodie.
Au début, il n’y a que les bras qui bougent dans un rythme rapide. Je suis concentrée sur la mélodie.
Puis 2 secondes avant d’entendre la voix de la chanteuse, je me lève. A partir de là, je ne contrôle plus rien … mon corps a pris le dessus.
Peut-être est-ce parce que je connais cette chorégraphie par cœur pour l’avoir faite lors du championnat départemental que j’ai remporté grâce à cette chorée ?
J’ai remercié Leandro pour ça … après tout, cette chorée c’est la sienne. Il a toujours été là pour moi, je ne serai plus de ce monde sans lui.
A la fin de cette chorégraphie, je suis applaudie par mes deux spectateurs.
— Tu es belle quand tu danses maman, me dit mon fils, les yeux brillants.
— Merci mon chat. Et toi ? T’en as pensé quoi ?
— C’était … j’ai ressenti les mêmes émotions que lorsque tu l’as dansée pendant la finale du championnat départemental … quand tu danses, c’est juste une autre personne que je vois.
— Tu sais ce que je ressens quand je danse ?
— Liberté, confiance, plaisir … tout ce qui fait de toi la personne que tu es … Hai scelto bene la canzone, pulcino. ( Tu as bien choisi la chanson, poussin.)
— Maman, elle aime beaucoup cette chanson, elle la chante tout le temps.
— Je me demande bien pourquoi, tiens, ajouta Leandro.
Il me sourit quelques secondes.
— Tu es une magnifique danseuse et tu seras une magnifique prof de danse … d’ailleurs à ce propos, avec Aiden on a commencé à organiser une soirée … genre une soirée d’ouverture et …
Il s’arrête en me regardant.
— Pourquoi tu me regardes comme ça ? me demande-t-il.
— Je t’écoute … mais c’est qui ce Aiden, je ne le connais pas.
— C’est mon patron et en dehors du boulot c’est mon ami. Il fait partie des sponsors … c’est le plus gros donateurs, c’est grâce à lui si nos salles sont équipées et les autres sponsors sont venus parce qu’il est là.
— Ok, c’est un gars qui se la pète quoi.
— Non, c’est pas son genre … mais il aime bien tout avoir sous contrôle.
— Ouais … je vois.
— Tu t’entendrais bien avec lui … vos deux caractères bien trempés, j’aimerais bien voir ça.
— On verra ça quand j’aurai l’opportunité de le voir.
— Il sera là tout à l’heure.
— Comment ça ?
— Il prend des cours de boxe … ça va être intéressant, dit Leandro avec un petit sourire en coin.
Je le regarde en plissant les yeux, les mains sur les hanches.
— Dis papa, pourquoi tu ne danses pas avec maman ? demande Enzo.
Leandro regarde son fils sans trop savoir quoi dire.
— Oui papa, pourquoi est-ce que tu ne viendrais pas danser ? lançai-je, en le mettant au défi.
Il me fixe en plissant les yeux. Je sais parfaitement qu’il ne refuse aucun défi. Il se lève d’un coup, enlève ses chaussures.
— Pulcino, prepara la musica che ti ho mostrato prima. ( Poussin, prépare la musique que je t’ai montré tout à l’heure.)
— C’est laquelle ? demandais-je.
— Une qu’on n’a pas dansée depuis des années.
— On n’a pas dansé ensemble depuis 5 ans alors le choix est vaste.
Il sourit et fait quelques pas.
— Oh trop bien. J’adore cette chanson, dis-je en claquant des mains, contente.
Nous nous mettons en place. Leandro se positionne derrière moi, sur ma gauche, bombe le torse et baisse la tête.
Je m’écarte un peu de lui et baisse la tête également. On attend qu’Enzo appuie sur le bouton pour lancer la chanson.
Quatre secondes après le début de la musique, Leandro avance vers moi et passe sa main gauche sur mon torse sans me toucher.
Même s’il n’y a pas de contact physique, le lien qui nous unit lorsque nous dansons est là. Nous ne faisons qu’un.
Il pose sa main délicatement sur ma clavicule gauche et me pousse en arrière, vers lui. J’écarte les bras comme un oiseau qui vole et il passe ses bras sous les miens. Il m’accompagne jusqu’à ce que mes fesses frôlent le sol puis il me remonte et laisse glisser ses mains jusqu’à mes poignets pendant que je me penche en avant sur la pointe des pieds.
Il lâche mon poignet droit et pendant que je me tourne vers lui, il avance, me retrouvant ainsi sur son flan gauche. Il se penche un peu sur le côté m’emportant avec lui.
Je mets mon pied droit en pointe pendant que ma jambe gauche se lève vers le plafond …
Je pourrais danser avec Leandro sans m’arrêter. Il est tellement parfait lorsqu’il danse. Je ne regrette absolument pas de l’y avoir poussé quand nous étions enfants. Il a tellement de talent.
Ca fait 5 ans que l’on n’a pas dansé ensemble et aujourd’hui, c’est comme si on ne s’était jamais quittés.
Pendant le refrain de la chanson, on est parfaitement synchro et je ressens encore cette connexion. Je ne peux pas mettre de mots pour expliquer ça mais c’est kiffant cette alchimie entre nous. Dans les parties à deux, il est tellement doux et prévenant.
Il danse quelques secondes seul et j’ai l’occasion de pouvoir le regarder. Il a une technique parfaite, on ressent ce qu’il veut faire passer.
A la fin de la chorée, nous nous serrons dans les bras.
— Rien n’a changer, dit-il à mon oreille.
Je souris et nous sommes interrompus par des applaudissements provenant de l’entrée de la salle.
Leandro relâche son étreinte et sourit en entendant cette personne parler.
— Tu ne nous as pas habitué à ça. Tu caches bien ton jeu.
L’homme en question sourit. Il porte un pantacourt de sport gris ainsi qu’un débardeur de la même couleur. Si j’en juge, à la vue de ses bras, il a l’air d’être bien baraqué. Son regard bleu azur me déstabilise.
Je surprends son regard sur moi. Il me regarde de haut en bas en prenant son temps.
— Je ne danse qu’avec Caitlyn.
— On se demande bien pourquoi, dit-il en continuant à me regarder.
D’autres personnes entrent dans la salle. Je ne les connais pas non plus et vu leurs tenues, ça doit être des élèves de Leandro.
— Eh vieux, on te cherchait.
Je les regarde tous jusqu’à ce que je croise son regard. Je ne sais pas s’il m’a reconnue mais si j’en crois le regard qu’il me lance, je pense que oui.
Ca me fait plaisir de le revoir après tout ce temps mais ça me rappelle aussi d’affreux souvenirs que je préfère oublier.
— Il était occupé, voyez-vous, lança l’homme aux yeux bleus.
— Tu faisais quoi ?
Leandro passe sa main sur sa nuque, gêné.
— Il était occupé avec moi, répondis-je.
L’autre homme me regarde de la tête aux pieds, puis repose son regard sur Leandro.
— Fallait dire que t’avais rencard mec, on serait venus plus tard, dit-il en rigolant.
Quelques-uns rigolent.
— Ca vous fait rire de raconter des conneries ?
— Ca va, calme-toi, me dit Leandro.
Il pose sa main sur mon bras.
— Nan les gars, c’est Caitlyn … je vous en ai parlé plusieurs fois déjà. C’est elle qui va donner les cours de danse et de fitness.
— Elle ne devait pas arriver la semaine prochaine ?
— Ca pose un problème que je sois arrivée plus tôt ?
— Ritorna gli artigli, tesoro … les gars, allez vos échauffer, on arrive. ( Rentre les griffes, trésor. )
L’homme aux yeux bleus continue de sourire et de me fixer puis ils sortent tous de la salle sauf un.
— Tu viens Lukas, on a une raclée à mettre au patron aujourd’hui.
— Je vous rejoins, vas-y.
Nous nous retrouvons seul avec lui. Il esquisse un sourire.
— Ca fait tellement longtemps … je suis content de te voir et de voir que tu vas bien … tu m’as manqué, me dit Lukas en m’enlaçant contre lui.
— Toi aussi tu m’as manqué … c’est pour ça que je suis revenue.
Nous nous regardons encore quelques secondes avant d’être interrompus par Leandro.
— C’est sympa vos petites retrouvailles mais on a un concours de boxe à faire.
— Quel concours de boxe ?
— Une fois par mois, on se fait un petit concours et le gagnant devient le roi de la soirée.
— Tout le monde peut participer ? demandais-je.
Les garçons se regardent.
— Bah … euh …
— Allez les gars, s’il vous plait. J’ai une raclée à leur mettre.
— Bah justement, on sait que tu vas nous mettre une dérouillée, alors …
— Ah … t’as la trouille en fait, Lukas.
— J’ai pas envie de me retrouver aux urgences, c’est tout.
— Je te promets d’y aller doucement, dis-je en prenant mon air de chat potté.
Après quelques secondes de silence, Leandro craque.
— Bon ok, mais t’y vas tranquille.
Je tape dans mes mains, toute contente.
— Va dans le bureau à l’accueil, il doit me rester une tenue ou deux, me dit Leandro.
— Parfait … allez-y, je vous rejoins.
Enzo se lève et va avec son père pendant que je vais me changer.
Dix minutes plus tard, je rejoins les garçons dans la salle de boxe, habillée, cheveux attachés, prête au combat.
J’entre dans la salle et je sens leurs regards sur moi. Je fais comme si de rien n’était et je me place devant un sac de frappe pour m’échauffer.
Je frappe avec les poings et les pieds mais je fais quand même attention à ne pas trop m’exposer pour le moment. Je veux pouvoir les surprendre une fois sur le ring et faire tomber leur petit sourire en coin.
Je suis sortie de mes pensées par mon fils.
— Tu viens maman, ça va commencer.
Je suis mon fils et nous rejoignons les autres.
— Stai tirando a sorte, tesoro ? demande Leandro à son fils. ( Tu fais le tirage au sort, poussin ? )
— Sì, papà
— Attends une minute … elle va combattre la p’tite ? interrogea un homme.
— Oui Raph, elle se joint à nous.
Ce fameux Raph me regarde en souriant.
— T’as pas peur de te casser un ongle, chérie.
— … mon prénom c’est Caitlyn et si j’étais toi je ne ferai pas trop le malin.
Il se met à rire.
— Ma maman, c’est la plus forte, elle va vous mettre au tapis.
Raph rigole.
— On verra ça.
Je le fixe avec un sourire sur mes lèvres. Mon pauvre, il ne sait vraiment pas sur qui il est tombé celui-là.
— Avant de commencer, on va vite fait faire les présentations … Alors Caitlyn, voici Raphaël, Maël, Gabriel, Aiden qui est notre sponsor et mon patron et Lukas.
C’est donc lui Aiden, le gars au regard bleu azur. Je sens à son regard qu’il ne me lâchera pas comme ça.
— N’essaie pas de gagner du temps. Attaque le tirage au sort.
Enzo se rapproche de son père. Il met sa main dans le chapeau et tire le premier papier.
— Raphaël.
Celui-ci sourit. Enzo plonge une nouvelle fois sa petite main dans la chapeau.
— Maman.
Leandro regarde Lukas, un peu soucieux.
— Détendez-vous les gars, je ne vais pas la casser en deux, promis, lance Raph.
Il monte sur le ring pendant que Leandro m’aide à enfiler mes gants.
— Togliti quel sorriso dalla faccia , me chuchote Leandro. ( Ote-moi ce sourire de ton visage. )
— Non ho ancora fatto niente , dis-je en souriant, innocemment. ( J’ai encore rien fait. )
— Sì, beh... non fare niente e ti sarò molto grato . ( Ouais bah … ne fais rien et je t’en serai très reconnaissant. )
Je souris de plus belle, lui montrant mes dents blanches.
Une fois mes gants enfilés, je monte sur le ring et me présente devant Raphaël.
— Une question et après on peut attaquer … aucune règle ? demandais-je.
— … ouais aucune règle … ah si, je vais en instaurer une, personne à l’hosto, dit Leandro.
— Ca va, elle sera encore entière quand j’en aurais fini avec elle, lança Raph.
— On ne parle pas pour toi Raph, intervint Lukas.
— Bon allez, tapez-vous les gants et commencez, annonce Leandro, en se passant la main sur le visage.
Les garçons se placent autour du ring pendant qu’on se met en place.
— Vous êtes prêts ? demande Leandro.
Je fixe Raphaël, concentrée. Je réponds à Leandro d’un hochement de tête. Raph fait de même, le sourire au coin des lèvres.
— Alors, c’est parti … Combattez.
Raph attaque directement, j’esquive facilement et lui rends les coups tranquillement pour commencer. Je ne veux pas dévoiler ma stratégie trop tôt. Je le laisse venir, barre ses coups et au bout d’un moment, je lui fais une prise et l’envoie dans les filets derrière moi.
Son petit sourire en coin tombe tandis que le mien s’étire. Je vois à son faciès qu’il n’est pas vraiment content.
— Bah alors ? Qu’est-ce qui t’arrives ? lançais-je.
Je vois ses sourcils se froncer pendant que Leandro et Lukas sourient.
Il se lance sur moi en lançant son poing. Je bascule le haut de mon corps sur le côté gauche pour esquiver et lui envoie une percute sur son flanc droit.
Il enchaîne avec une nouvelle attaque, je m’avance vers lui et lui fais un croche pied et le frappe au visage.
Je crois que mon coup de poing l’a un peu sonné car il met quelques secondes à se relever.
Lorsqu’il est debout, il semble un peu plus énervé. Ca ne doit pas lui plaire de se faire botter les fesses par une femme.
Je décide de l’attaquer cette fois. Je m’avance vers lui en pas chassé, les poings au niveau du visage. Je lève mon genou gauche, comme si je m’apprêtais à donner un coup de pied. Et là, jackpot, il baisse un de ses poings et j’en profite pour lui assener un coup de pied retourné au visage.
Je pense que là, il a vu 36 chandelles au moment où il tombe au sol.
Oups ! Je crois que j’y suis allée un peu trop fort. Quand il reprend ses esprits, il se rend compte qu’il saigne de la bouche. Il pointe le ciel avec son index et tourne son poignet … je crois qu’il a eu sa dose.
— T’es déjà fatigué ? interrogeais-je, ironiquement.
Raph me regarde avec un œil noir. Il se relève et sort du ring. Il passe à côté de Leandro qui sourit.
— Allez descends. Place au second combat.
Enzo prend le chapeau dans ses mains et en sors deux nouveaux papiers.
— Papa et Lukas.
Ce combat s’annonçait drôle. Ils montent sur le ring.
— Allez les gars, soyez heureux.
Ils me regardent tous les deux avec un sourire.
— Fais pas trop la maligne, me dit Lukas.
Je souris.
— On verra si tu rigoleras toujours tout à l’heure.
Lukas se redresse.
— Si tu gagnes ce tournoi, je paie la soirée à tout le monde au Night-Club ce soir.
— T’es prêt à perdre ta chemise ? lui demandais-je.
— Tu sais que j’aime les défis.
— … ok, ça me va.
Lukas vient taper ses gants contre les miens pour sceller le contrat que nous venons de passer.
Il se replace au centre du ring face à Leandro. Quelques secondes après, ils engagent le combat.
Ils se rendent coup pour coup. C’est assez serré à vrai dire, aucun d’eux ne veut lâcher l’affaire.
Au bout de 10 minutes, Lukas tombe au sol en essayant de reprendre sa respiration.
— Quel dommage !! Je n’aurai pas la joie de te mettre au tapis, lançais-je.
— Ca … ne serai … jamais arrivé.
— Tu sais très bien que si, dis-je en remontant sur le ring.
Je l’aide à se mettre debout et à descendre du ring. Je le fais asseoir sur une chaise à proximité.
— Qui a gagné le mois dernier ? lui demandais-je.
Il me regarde en souriant.
— Avec ce que je viens de te voir de ton combat, ne me dis pas que c’est toi.
— Non … je me suis fait refaire le portrait par mon petit frère, me répond Lukas, en m’indiquant Aiden d’un signe de tête.
Je tourne la tête vers Aiden et je vois qu’il me regarde. Je le fixe quelques secondes et je me retourne vers Lukas.
— C’est lui ton frère ?
— Ouais … et tu devrais bien analyser son combat.
— T’inquiète pas pour moi.
Enzo forme le nouveau duo de combat.
— Aiden et Maël.
Les garçons montent sur le ring, se saluent et le combat commence. Ils boxent plutôt pas mal. Leandro fait du bon travail avec eux. Je surveille notamment le jeu d’Aiden. Si j’en crois Lukas, il sera un adversaire coriace.
D’ailleurs, au bout de quelques minutes, Maël est K.O par terre. C’était un combat rapide et simple.
— Efficace, chuchotais-je à Lukas.
Pour le dernier combat, Nathan et Gabriel s’affrontent. Leur combat dure une bonne vingtaine de minutes, avant que Nathan ne le remporte.
Les combats s’enchaînent et Leandro appelle les deux finalistes.
Comme vous pouvez vous en douter, j’affronte le dénommé Aiden. Ca va être intéressant. J’ai pu observer sa façon de combattre et elle est très proche de celle de Leandro avec un truc en plus.
J’adore relever les défis et ce mec-là en est un. Je vais certainement prendre des coups, ça ouais, mais lui aussi et je ne suis pas sûre du résultat final.
Nous montons sur le ring tous les deux.
— Rappel des règles pour ce dernier combat … tous les coups sont permis, dès qu’il y a un geste d’arrêt de combat, on stoppe tout. Est-ce que c’est bien compris ? demande Leandro.
Nous acquiesçons d’un signe de tête. Nous tapons dans nos gants et le combat commence. Tous les autres boxeurs s’étaient placés autour du ring. Ils sont silencieux mais ont un œil très attentif.
Pour l’instant, nous nous déplaçons en pas croisés non loin de l’autre.
— C’est quand vous voulez hein … ne vous pressez pas, lance Leandro.
— Laisse-les … on dirait deux prédateurs en chasse, ajoute Lukas.
Avec Aiden, nous nous regardons dans les yeux sans sourciller. J’esquisse un petit sourire en coin, je sais exactement comment m’y prendre.
Je commence à lever le genou gauche comme pour me protéger et avance vers Aiden. J’envoie un coup de pied puissant dans son abdomen mais il l’arrête avec ses deux mains.
Je lui souris quelques secondes avant de prendre appui sur ses mains avec mon pied et lui envoie le pied droit au visage.
Un si beau visage mais bon tant pis pour lui, c’est un combat et j’ai envie de le gagner.
Au moment du choc, il recule jusqu’aux filets. Il est un peu sonné et envoie sa tête de gauche à droite pour reprendre ses esprits.
Il me fixe de son regard bleu azur, si envoûtant … si … ok, on se calme, ne te laisse pas avoir.
Pendant plusieurs minutes, je reçois des coups dans l’abdomen. Je dois me reconcentrer … j’ai un combat à gagner.
Je me laisse surprendre une fois de plus et je me retrouve au sol sur le dos.
— Allez Caitlyn, concentre-toi … ne le laisse pas prendre le dessus.
Je me relève et j’essaie de me reconcentrer. J’avance vers Aiden, poings levés devant mon visage.
Au bout de quelques secondes, je lui envoie un coup de poing au visage mais il est plus rapide que moi. Il attrape mon poing et passe derrière moi, embarquant mon bras avec lui.
Je sens son souffle chaud dans mon cou … allez Caitlyn, concentre-toi, il ne peut pas t’avoir comme ça.
Je bascule la tête en arrière et souris. Je vois Leandro plisser les yeux. J’envoie mon coude droit en arrière de toutes mes forces et je l’atteins juste en dessous des côtes. Comme je l’avais prévu, il se recroqueville sur lui-même avec un cri de douleur. J’enchaîne en balançant un coup de tête en arrière le touchant à l’arcade sourcilière.
Il lâche mon bras et j’en profite pour faire un balayage et il chute assez lourdement sur le sol. Il lâche un petit gémissement.
— Aiden ça va ? demande Leandro.
Au bout de quelques secondes, il s’assoit et lève le pouce en direction de Leandro pour lui signifier que tout va bien.
Son arcade sourcilière gauche ainsi que sa lèvre saignaient.
— On devrait peut-être s’arrêter là, tu as besoin de soin, prévins-je.
Il lève ses magnifiques yeux bleus vers moi et je vois un sourire en coin à sa bouche. Il se relève et se place devant moi.
— T’es fatiguée ? me demande-t-il.
J’arque un sourcil.
— Jamais.
Il tape dans mes gants et le combat continue. Je crois que son égaux en a pris un coup, je le sens très énervé contrairement à ce qu’il laisse paraître. Leandro me voit sourire derrière mes gants.
— Finiscilo , me dit Leandro. ( Finis-le. )
— Lasciami divertire ancora un po' . ( Laisse-moi m’amuser encore un peu. )
Je vois Aiden s’approcher furtivement de moi. Il tente de faire une balayette et je lui envoie un magistral coup de pied retourné qui l’atteint au visage côté droit.
Avec toute la force que j’y ai mise, il se retrouve une nouvelle fois par terre. Je lui tourne le dos et pousse un cri de rage. Je me retourne vers lui et je vois la trace de mon pied sur son visage.
Décidément, il va finir défigurer à ne pas lâcher l’affaire. Il finit par se lever en chancelant un peu.
— Aiden, ça va ? lui demande son frère.
— Je gère.
— Tu gères rien du tout … tu tiens à peine debout, lâche l’affaire.
Aiden regarde son frère.
— Je gère je te dis.
Lukas lève les mains et Aiden reprend sa place sur le ring. Nous nous tenons en garde face à face, je sautille sur mes pieds.
Je lève le genou pour l’inciter à m’attaquer et c’est ce qu’il fait avec ses poings. Je me prends un de ses coups de poings dans mon gant pendant que je réplique en attaquant son abdomen laissé libre puis je me redresse et lui donne un coup de poing au visage.
Je place ma jambe droite derrière lui et le bascule en arrière. A peine il touche le sol que je lui donne un nouveau coup de poing au visage en criant.
Le temps qu’il reprenne ses esprits, je reprends ma respiration les mains sur les hanches.
— Tu veux continuer Aiden ? interrogea Leandro.
Aiden lève le bras et fait signe qu’il abandonne. Je retire mes gants tant bien que mal et je m’avance vers lui. Je l’ai vraiment amoché le pauvre.
— T’as une trousse de premier secours ? demandais-je à Leandro.
— Ouais, je vais la chercher.
Pendant ce temps, j’aide Aiden à se remettre debout et à le faire descendre du ring.
Il s’assoit sur une des chaises et j’en approche une pour m’installer à côté de lui. Leandro revient avec la trousse. Il l’ouvre et me la tend.
Je prends un paquet de compresses et une pipette de sérum physiologique. Je nettoie la plaie à l’arcade et enlève le sang qui coule. J’éponge au maximum avec les compresses.
— Va falloir des points, dis-je.
Je regarde Leandro et Lukas. Je souris en serrant les dents.
— Levez vos fesses, on y va, dit Lukas.
— T’embêtes pas, je vais l’accompagner … il me semble que tu régales ce soir. Tu ne te défileras pas.
— Tu ne perds pas l’essentiel.
Je souris et reprends un paquet de compresses puis je me lève. Aiden pose sa main sur le tas de compresses, je prends les clefs de voiture de Lukas et nous partons pour les urgences.
L’hôpital le plus proche est celui de la Timone. Aiden ne décroche pas un mot du trajet. Je le sens me fixer du regard à certains moments et je souris.
Je me gare au parking souterrain et nous marchons jusqu’aux urgences.
— Bonjour, nous avons besoin de point de suture … enfin je dis nous mais c’est surtout lui.
La secrétaire à l’accueil lève la tête vers nous.
— Bonjour Monsieur Anderson, qu’est-ce qui vous arrive ?
Aiden détache son regard sur moi et la regarde.
— Un combat de boxe, rien de bien méchant.
Elle le regarde sans ciller les yeux une seule fois pendant de longues minutes.
— Allô, il a besoin de point de suture, y’a un interne ou un médecin de disponible ? demandai-je.
Elle détourne enfin son regard d’Aiden.
— Vous êtes ?
— Celle qui l’a mis dans cet état … alors appelez un médecin ou un interne pour le recoudre.
Elle me regarde encore un instant et prend son téléphone.
— Box 3.
— Merci.
J’accompagne Aiden jusqu’au box et le laisse s’installer. Je pose mon sac sur la chaise d’à côté.
— Montre-moi la plaie, dis-je en m’approchant.
Il me regarde faire le tour pour le rejoindre.
— Quoi ?
Il esquisse un sourire qui manque de me faire chavirer.
— T’es toujours comme ça ?
— Comment ?
— En mode tigresse … les griffes dehors.
J’esquisse un sourire en soulevant les compresses de son arcade sourcilière.
— Ca saigne encore … j’espère que l’interne va bientôt arriver.
— Alors ? Tu n’as pas répondu à ma question.
— Mode tigresse hein … ?
— C’est ce que j’ai dis.
— Disons que les hôpitaux ça m’angoisse un peu.
— Pourquoi m’avoir accompagné dans ce cas ? Mon frère aurait pu le faire.
— Je t’ai amoché, j’assume les conséquences.
— C’est bien la première fois que je me fais massacrer comme ça, en tout cas.
Je rigole.
— Ouais Leandro m’a dit que tu aimais bien tout avoir sous contrôle.
— C’est vrai, je suis un maniaque du contrôle comme le dis Lukas.
Je rigole de plus belle.
Plusieurs minutes passent et personne n’est entré dans le box. Je décide de me lever de la chaise sur laquelle j’étais assise. Je vais me laver les mains au lavabo présent dans le box.
— Qu’est-ce que tu fais ?
— Je me lave les mains … je vais désinfecter ta plaie avant que tu t’infectes.
Je fouille un peu dans tous les tiroirs et trouve un set à pansement avec une bouteille de Biseptine, des ampoules de sérum physiologiques. Je récupère tout ça et prépare le matériel sur la table. Je mets un masque et enfile un gant stérile après avoir fait une friction hydroalcoolique (purée ça me rappelle tant de choses) et prends une compresse de cette main gantée et de l’autre la première pipette de sérum physiologique.
— Tu peux enlever le tas de compresses, s’il te plaît ? demandais-je à Aiden.
— Tu sais ce que tu fais au moins ?
— Pourquoi, t’as peur ?
— Je n’ai jamais peur.
— Ouais ça se voit … allez enlève ces compresses, j’ai envie de profiter de ma soirée payée par Lukas.
Il rigole et enlève les compresses qu’il tient dans sa main. Je nettoie la plaie et toujours personne en vue. La prise en soin se fait désirer, je vais en parler à Lukas.
Je prends la bouteille de Biseptine et en dépose sur la nouvelle compresse que je tiens en main. Je m’apprête à appliquer le désinfectant sur la plaie quand le rideau du box s’ouvre et laisse entrer une personne en blouse blanche. Ca doit être l’interne.
— Qu’est-ce que vous faites ? me demande-t-il.
— Je désinfecte une plaie, ça ne se voit pas ?
— De quel droit vous utilisez ce matériel ?
— Ca doit faire une bonne demi-heure qu’on patiente. Le patient a une plaie ouverte, le risque infectieux vous connaissez ou vous voulez que je vous donne un cours ?
L’interne me dévisage.
— Poussez-vous !
— Je vais finir ma désinfection et vous vous allez vous préparez pour la suture.
— Vous travaillez ici ?
Je regarde le mur en face de moi quelques secondes avant de répondre.
— Non … mais je connais quelques personnes.
L’interne pose enfin son regard sur Aiden.
— Monsieur Anderson, excusez-moi, je ne savais pas que …
— Si vous l’aviez su, vous seriez arrivé plus vite ? Mon dieu, mon dieu.
L’interne s’apprête à me répondre mais Aiden lève la main pour le faire taire.
— Ne me faites pas perdre mon temps inutilement. Faites votre travail, qu’on puisse partir.
— Oui … tout de suite, Monsieur Anderson.
L’interne va se laver les mains au lavabo.
— On est connu de partout on dirait.
— Je suis le PDG d’une très grosse entreprise et je finance une partie de cet hôpital.
— Oh … tout s’explique, lui dis-je en souriant.
L’interne se sèche les mains et installe son matériel. Il prépare sa seringue d’anesthésiant et commence son soin.
Vingt minutes plus tard, l’interne pose enfin son pansement.
— C’est fini Monsieur Anderson … je vais vous faire une prescription médicale pour les soins à faire à domicile.
— Je vais m’occuper des soins, lançais-je.
Aiden me regarde. L’interne me lance un regard noir, je crois que je lui tape sur le système.
— Caitlyn …
—J’y tiens. C’est à cause de moi, alors je répare.
Aiden esquisse un sourire.
— Très bien … mettez-moi ce qu’il faut, j’ai déjà mon infirmière, lança Aiden avec un sourire en coin.
— Rajoutez des antalgiques, ajoutais-je.
— Je connais mon travail, merci.
— Vous ne l’avez même pas ausculté, alors permettez-moi d’en douter.
— Vous avez besoin d’autres choses Monsieur Anderson ? demande l’interne sans m’écouter.
— Ca ira, merci.
Aiden prend son ordonnance des mains de l’interne et se lève. Après avoir récupérer mes affaires, nous remontons en voiture et allons à la pharmacie.
— T’as l’air de bien t’y connaitre dans ce genre de choses !
— J’ai … j’ai toujours aimé ça mais j’ai choisi la danse et le fitness. Je te ramène chez toi ?
— Je veux bien … on a une soirée de prévu ce soir.
Je détourne mes yeux de la route et le regarde.
— Tu veux quand même y aller malgré ton état ?
— J’ai des antalgiques et une infirmière personnelle, je pense que je survivrai à une soirée payée par mon frère.
Je rigole.
— Vu comme ça … du coup, on va aller directement chez moi. Tu pourras emprunter des vêtements à Leandro.
Il regarde sa montre.
— On a encore du temps devant nous.
Je souris.
— T’as jamais dû attendre après une fille pas vrai ?
Il ne répond pas mais sourit.
Je me gare en bas de l’immeuble et nous prenons l’ascenseur pour rejoindre le 2ème étage.
— T’es pas encore prêt ? demandais-je à Leandro qui jouait avec Enzo sur le tapis du salon.
— On a encore le temps. Alors … ça a été aux urgences ? me demande Leandro.
— Ecoute, y’a un interne qui est venu s’occuper d’Aiden mais franchement une vraie plaie.
— Comment ça ?
— Vois ça avec Aiden, il va t’expliquer, je vais me préparer.
Aiden regarde Leandro, ne sachant pas quoi dire.
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