Chapitre 3 Premiers Défis

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Alors que le groupe avançait vers Aldaron, leur périple n'était pas sans difficultés, les longues journées de marche les avaient épuisé. Ils arrivaient bientôt à la capitale de Veridion, toutefois avant d'atteindre la cité et en venant du sud, ils devaient franchir un pont gardé par un troll massif. Celui-ci se dressait devant eux, les bras croisés et l'air peu accueillant. Il leva son immense gourdin en guise d’avertissement.

一Qui va là ? gronda le troll d'une voix rocailleuse, ses yeux sauvages fixés sur le groupe d'aventuriers.

Samuel, toujours calme et réfléchi, prit la parole d'une voix apaisante :

一 Nous sommes des aventuriers en route pour Aldaron. Nous cherchons à traverser ce pont pour poursuivre notre route.

Le troll plissa les yeux, évaluant chacun des membres du groupe avec méfiance.

一 Je ne laisse passer personne sans mon péage. Cinq pièces d'or par tête, ponctua-t-il d'une voix assurée.

Ulrik se redressa, son sourire malicieux aux lèvres.

一 Cinq pièces d'or par tête, c'est un tarif plutôt élevé pour un simple passage sur un pont, dit-il en se retournant vers ses compagnons.

Le troll croisa les bras, semblant ne pas être affecté par le commentaire du roublard.

一 C'est le prix à payer si vous voulez traverser mon pont. Sinon, faites demi-tour, tonna-t-il en levant le menton.

Lyra, soucieuse de l'harmonie du groupe, intervint doucement.

一 Monsieur le troll, nous ne souhaitons pas de conflit. Nous avons une quête importante à accomplir, et nous aimerions simplement continuer notre chemin, le supplia-t-elle d'une voix mielleuse.

La créature sembla hésiter un instant, puis un éclair d'intelligence traversa ses yeux et il proposa :

一 Peut-être que je pourrais laisser passer certains d'entre vous gratuitement, mais les autres devront quand même payer.

Erold fronça les sourcils, prêt à défendre l'intégrité de leur compagnie.

一 Alors ça, nom d'une tête de gnome, c'est non ! Pas question, nous resterons tous ensemble ! Si l'un de nous doit payer, alors nous le ferons tous, affirma le jeune homme d'une manière théâtrale.

Grom approuva d'un hochement de tête solennel.

一 Nous sommes unis, nous passerons tous ou nous ne passerons pas du tout.

Le troll sembla surpris par cette résolution commune. Il examina la compagnie d'aventuriers, voyant en eux plus que des voyageurs ordinaires. Ils étaient une équipe soudée, prête à se soutenir mutuellement dans l'adversité. Cela imposait le respect, même un troll était capable de le reconnaitre. Finalement, l'imposante créature soupira et s'écarta du pont en déclarant :

一 Bien, je vois que vous êtes sérieux. Passez tous, mais n'oubliez pas que personne ne traversera mon pont gratuitement la prochaine fois !

Le groupe traversa le pont, Samuel jeta un regard en arrière vers celui qui les avait laissés passer.

一 Merci pour votre compréhension, dit-il.

Le géant hocha la tête d'un air bougon, mais un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

一 Ne me remerciez pas, ce n'est pas comme si j'avais eu le choix avec vous. Bonne chance dans votre quête.

Ils poursuivirent leur route vers Aldaron, le cœur vaillant et joyeux. Quelques lieux plus loin, alors qu'ils s'approchaient de la capitale de Veridion, les derniers rayons du soleil illuminèrent faiblement leur chemin. Ils ne se doutaient pas que cette soirée allait les mettre à l'épreuve d'une manière inattendue. À mesure qu'ils avançaient à travers un bois, un frémissement d'inquiétude parcourut le groupe lorsque des bruits sourds et étouffés résonnèrent autour d'eux.

<< Quelque chose approche >>, murmura Samuel, dégainant son épée et se tenant prêt.

Des buissons à proximité s'agitèrent et une troupe de bandits émergea de l'ombre. Ils étaient une douzaine, vêtus de haillons sales et portaient des armes rudimentaires, mais la malice luisait dans leurs yeux.

一 Regardez ce qu'on a là, une bande d'aventuriers tout fringants ! s'exclama le chef des bandits d'un ton narquois. Vous feriez mieux de nous donner tout votre or et vos objets de valeur si vous voulez éviter des ennuis.

Erold, les poings serrés, ne recula pas.

一 On se laissera pas voler par une bande de brigands de seconde zone. Rebattez chemin si vous voulez pas finir avec mon pied dans la bouche.

Le chef des voleurs éclata de rire, et ses comparses le rejoignirent.

一 En voilà un qui manque pas de courage, allez les gars. On va montrer à ces aventuriers de pacotille à qui ils ont affaire, dit-il avant de lancer la charge.

Et le combat commença, les bandits se ruèrent vers le groupe avec des cris de guerre. Grom se plaça devant les autres, prêt à encaisser les premiers coups. Ulrik dégaina ses dagues, prêt à harceler les bandits depuis les flancs. Magnus commença à psalmodier des incantations, invoquant des éclairs de feu et de glace pour repousser les assaillants. Les brigands attaquèrent avec férocité, armés de gourdins, de couteaux rouillés et de vieux arcs brisés. Erold esquiva habilement les premiers coups, son épée tournoyait dans les airs pour frapper ses ennemis avec force. Lyra en retrait, se concentra sur la défense du groupe, prête à utiliser ses talents de guérisseuse et à protéger ses compagnons. Le combat était intense, une danse furieuse où chaque coup portait son poids d'adrénaline. Les bandits étaient tenaces, mais le groupe nouvellement formé avait la détermination pour eux.

Samuel, le chef du groupe, était un guerrier d'expérience qui se battait avec la précision d'un maître d'escrime et la sagesse d'un tacticien averti. Dans le feu de l'action, il savait garder son calme et analyser rapidement la situation. Son épée dansante, rapide comme l'éclair, tranchait l'air avec une grâce presque poétique. Il ne se laissait jamais emporter par la fureur du combat, préférant observer les mouvements de ses adversaires et chercher les failles dans leur défense. Ses yeux acérés étaient toujours en alerte, repérant les meilleures opportunités pour ses compagnons d'aventure. Samuel était un meneur naturel, capable d'établir des stratégies complexes même au milieu du chaos du combat. Sa voix ferme et assurée guidait ses camarades, les aidant à rester concentrés et disciplinés. Il inspirait la confiance et le respect, et son sang-froid était une boussole pour le groupe dans les moments les plus critiques.

Grom qui s'était positionné comme un rempart en devant de file fit tourbillonner son énorme masse, envoyant voler les bandits dans les airs comme des fétus de paille. Ulrik se faufilait entre les jambes de ses ennemis, les poches pleines de sable pour les aveugler et les désorienter. Magnus déchaîna enfin des rafales de flammes et des éclairs de glace, frappant les bandits les plus audacieux avec une puissance dévastatrice. Aranor, tenant fermement son marteau, fendit l'air avec une force terrifiante, envoyant les brigands les plus coriaces au sol avec une facilité déconcertante.

Le chef des voleurs se battait avec une rage sans bornes, mais Erold, obstiné à montrer la puissance de leur groupe, engagea un duel féroce avec lui. Leurs armes s'entrechoquèrent avec une force déchirante. Il était un garçon puissant, une véritable force de la nature, chaque coup portait en lui une violence brute. Alors qu’il esquivait habilement les frappes de son adversaire, le robuste vagabond enclencha un coup d’épée latéral annonçant une puissance phénoménale. Le son de l’arme fendit l’air et siffla bruyamment. Le chef des brigands eut à peine le temps de réagir mais dans un mouvement instinctif, il releva sa lame  et réussit à parer de peu l’attaque dévastatrice d’Erold. Sous l’impact violent et à sa grande surprise, l’épée du jeune homme se brisa, laissant un temps de répit à son adversaire qui avait été projeté quelques mètres plus loin.

Celui-ci profita de l’occasion et se précipita sur Erold, pointe en avant pour porter un coup d’estoc. Mais c’était sans compter les réflexes du fort gaillard. D’une seule main il stoppa le coup en saisissant l’épée par le tranchant. Le chef des bandits le regarda, un air étonné marquait son visage. Du sang gouttait de la paume d’Erold mais celui-ci ne semblait pas gêné le moins du monde par cette blessure. Il poussa un cri puissant qui résonna dans le corps du voleur et de son bras libre il asséna un coup d’avant bras sur la lame. Celle-ci se brisa en deux, laissant les deux hommes désarmés, face à face, dans un moment de tension palpable.

Le soleil s’abaissait de plus en plus dans le ciel, et le combat se poursuivit sans relâche. Les brigands étaient désormais sur la défensive, leurs attaques moins assurées face à la ténacité implacable du groupe d'aventuriers. L’un d’eux avait péri sous les éclairs de magie de Magnus, un autre avait été lacéré par les dagues d’Ulrik et un dernier avait eu les jambes fracassées par le marteau d’Aranor. Grom avait instillé la peur dans le cœur de certains et Samuel avait manoeuvré à la perfection pour se retrouver en position dominante face quatre adversaires. La vue de leur chef malmené par l’imposant jeune homme acheva de les décourager. Peu à peu, les assaillants furent repoussés, jusqu'à ce que le leader des bandits, blessé et salement amoché par Erold, se rende finalement.

Le silence retomba alors que les voleurs s'enfuirent, et le groupe resta debout, les souffles courts, couverts de poussière et de sueur, mais triomphants.

一 Eh bien, voilà qui était un premier test réussi, s'exclama Ulrik avec un sourire espiègle et en remettant en place son chapeau.

一 Personne ne pourra nous sous-estimer désormais, ajouta Lyra, sa voix empreinte de fierté.

Leur chef s'avança, essuyant une goutte de sang sur son front.

一 Nous avons prouvé que nous étions plus qu'une simple bande d'aventuriers de seconde zone. Bravo à vous.

Après la bataille, la compagnie se rassembla autour d'un feu de camp pour reprendre leur souffle, ils n’étaient plus qu'à quelques heures de marche d’Aldaron mais ils devaient se reposer et panser leurs plaies. Lyra se hâta de sortir son équipement de guérison, déployant ses compétences médicinales avec grâce et douceur. Ses mains habiles se déplaçaient avec assurance, prodiguant des soins aux blessures de ses compagnons.

Elle s'approcha d'Erold, dont la paume avait été éraflée lors de l'affrontement. Avec un sourire apaisant, elle nettoya la plaie et appliqua un onguent curatif.

一 Ça ne sera pas une blessure qui vous retiendra, Erold. Vous serez sur pied en un rien de temps.

Il lui rendit un sourire reconnaissant.

一 Merci, Lyra. Tes soins sont les bienvenus après une bataille mouvementée comme celle-ci.

La jeune femme se tourna ensuite vers Grom, dont le bras avait été légèrement blessé par une flèche. Elle fit preuve de la même délicatesse et de la même assurance, apaisant la douleur de son ami avec un toucher aimant.

一 Vous êtes un roc, Grom, mais même les rochers ont besoin de douceur parfois.

Il gronda doucement, reconnaissant son expertise.

一 Vous avez raison, Lyra. Je vous suis reconnaissant d'être là pour nous.

Lyra continua de panser les blessures de ses compagnons avec attention. Elle s'occupa des égratignures d'Ulrik et des brûlures mineures de Magnus, mettant tout son cœur dans chaque geste. Chaque membre du groupe pouvait sentir l'amour et le dévouement qu'elle mettait à l'œuvre, renforçant le lien qui les unissait.

一 Aranor, as-tu besoin d'aide pour cette éraflure sur ton bras ? demanda Lyra en souriant à l'homme à la robuste barbe.

Il secoua la tête, un sourire amusé aux lèvres.

一 Non, je vais bien, merci Lyra. Mes bras sont habitués aux petites coupures de forge.

Lyra haussa un sourcil, observant les mains calleuses d'Aranor.

一 Vous feriez mieux de faire plus attention, vous risquez de finir avec des bras troués à force de vous battre.

一 Tout comme mes ennemis, je suppose, répliqua-t-il avec un clin d'œil, ce qui fit sourire toute la compagnie.

Une fois les soins terminés, la guérisseuse se rassit auprès du groupe, épuisée mais satisfaite.

一 Prenez soin de vous, mes amis. Nous aurons certainement besoin de toutes nos forces pour ce qui nous attend.

Samuel acquiesça, sa voix remplie d'admiration avant de lui dire solennellement :

一 Merci, Lyra. Vous êtes un atout inestimable pour notre équipe. Vos talents nous sont d’une grande aide.

Elle rougit légèrement, touchée par ces mots.

一 C'est un plaisir d'être avec vous tous. Je pense que nous sommes une équipe solide, dit-elle d'une voix faible et gênée.

Et ainsi, ils restèrent près du feu de camp, les blessures pansées, l'adrénaline de la bataille laissait peu à peu place à une camaraderie chaleureuse. Ils étaient unis par leur mission commune, mais également par leurs liens d'amitié qui grandissaient. Avec Lyra à leurs côtés, ils savaient qu'ils avaient une guérisseuse extraordinaire, prête à veiller sur eux dans les moments de joie comme dans les épreuves les plus sombres.

Erold et Aranor, de garde, s'étaient écartés du groupe pour discuter sans gêner les compagnons endormis. Le jeune homme regardait avec tristesse l'épée qu'il tenait entre ses mains, maintenant brisée en deux.

一 Par la barbe des nains ! Encore une épée qui n'a pas résisté à ma force, s'exclama-t-il d'un air désolé.

Aranor leva un sourcil, regardant la lame d'un air dubitatif.

一 Entre ton arme et celle de ton adversaire je n'ai jamais vu quelqu'un casser autant d'épées en si peu de temps. Tu es sûr que tu n'as pas hérité d'une force surhumaine sans le savoir ?

Le robuste gaillard secoua la tête avec un sourire ironique.

一Ce serait un peu gênant d'avoir des muscles d'acier sans le savoir. Mais sérieusement, je comprends pas. C'est déjà la troisième que je brise en deux mois. Poissard que je suis ! ponctua-t-il en se frottant les cheveux.

Le forgeron prit l'arme pour l'examiner de plus près.

一 Peut-être que tu devrais essayer quelque chose de plus solide. Une hache, par exemple. Avec tes bras et ta force, je suis sûr que tu pourrais couper un arbre en deux sans trop d'efforts, déclara-t-il en secouant vivement la tête.

Erold leva un sourcil, songeur.

一 Une hache, hein ? Je n'ai jamais essayé, mais ça pourrait être sacrément amusant. Pardi je me vois déjà couper nos ennemis en deux d'un seul coup !

Aranor rit doucement.

一 Tu es bien enthousiaste quand il s'agit de combattre. Mais je suis sérieux, Erold. Une hache conviendrait certainement mieux à ta force titanesque. Et puis, ça colle bien avec ton allure.

Il hocha la tête, le regard pétillant d'excitation il déclara :

一 Tu as raison ! Une hache pourrait être l'arme parfaite pour moi. Et imagine les chants épiques que les bardes chanteront à mon sujet !

Aranor secoua la tête avec amusement.

一 Oui, oui, je peux déjà les entendre : "Erold le Destructeur, celui qui fend les montagnes et brise les épées !'

Le jeune vagabond éclata de rire.

一 C'est exactement ça ! Et toi, Aranor, tu pourrais être le forgeron légendaire qui a forgé l'arme parfaite pour moi.

Il haussa les épaules avec modestie et caressa le manche de son marteau.

一 Oh, ce serait un honneur, bien sûr. Mais n'oublie pas de me payer en bière et en rigolades.

Ils rirent ensemble, leur camaraderie solide comme le roc. Erold était déterminé à essayer la hache à sa prochaine occasion, tandis qu'Aranor était persuadé qu'il pourrait forger l'arme la plus résistante jamais vue.

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