Chapitre 5 Les Tunnels d’Eredvène
La compagnie poursuivit son périple vers Eredvène. La montagne majestueuse se dressait au loin, menaçant les fous qui osaient s'approcher de ses sommets enflammés.
Après des jours de marche, ils se rapprochèrent du pied de la montagne. Des gorges sinueuses s'étendaient devant eux telle une toile tissée par des mains géantes. Les parois abruptes semblaient s'élever jusqu'au ciel, comme pour empêcher quiconque de s'aventurer dans ce défilé étroit. Le groupe avançait avec prudence, s'assurant de bien suivre le chemin tracé par les voyageurs avant eux.
一 Nous approchons des tunnels, mes amis, annonça Samuel d'une voix calme, faisant écho aux battements du cœur de chacun. C'est là que notre route prendra une tournure plus... sombre.
Erold observait les parois rocheuses qui semblaient se refermer sur eux.
一 Il semble que nous allons entrer dans le ventre de la montagne. J'espère que ces tunnels ne sont pas trop étroits. Je n'aime pas être confiné dans des espaces exigus.
Aranor, d'un air rassurant, lui tapota l'épaule.
一 Ne t'en fais pas, mon ami. Ces tunnels sont suffisamment éclairés et assez larges pour que toi, ou Grom, puissiez y marcher sans frotter les murs. Nous devrions pouvoir les traverser sans trop de difficultés.
La traversée des gorges était loin d'être ennuyeuse. Des cris d'oiseaux étranges résonnaient dans les défilés, accompagnant le bruissement du vent.
Grom s'arrêta un moment pour contempler une cascade de lave qui semblait tomber des nuages.
一 Magnifique, n'est-ce pas ? dit-il, captivé par la beauté de la nature.
Lyra hochait la tête avec un sourire radieux.
一 C'est vrai. La nature est si riche en merveilles et en mystères.
Ulrik, quant à lui, scrutait les environs avec méfiance, ses yeux filaient sous son chapeau.
一 Restons vigilants. Ces gorges pourraient être un repaire pour des brigands ou d'autres créatures peu accueillantes.
Samuel acquiesça, reconnaissant l'importance de maintenir leur garde haute.
一 Tu as raison, Ulrik. Soyons prudents.
Au fil des heures, le groupe avança avec labeur, gravissant les derniers dénivelés pour atteindre les tunnels L'air chaud des montagnes emplissait leurs poumons, les épuisant plus que de raison. Enfin, les souterrains apparurent devant eux comme d'immenses portes taillées dans la roche.
Leur entrée était gardée par de majestueuses statues de guerriers, figées dans le temps. Magnus, l'érudit du groupe, s'arrêta pour observer les sculptures.
一 Ces statues représentent sans doute des gardiens ancestraux, veillant sur les voyageurs qui empruntent ces tunnels depuis des générations.
Samuel sourit.
一 Alors, entrons et rendons hommage à ces gardiens avec notre courage.
Les tunnels étaient sombres, mais des torches placées le long des parois apportaient une lueur réconfortante. La compagnie marchait avec précaution, avançant dans ce dédale de pierre. Les ombres ondulaient sur les murs, créant une atmosphère à la fois mystérieuse et inquiétante.
Lyra brisa le silence.
一 J'espère que nous ne rencontrerons pas de créatures étranges. Mon instinct me dit que nous devons garder les yeux ouverts.
Le colosse hocha la tête, dégainant son arme pour plus de sécurité.
一 Je suis prêt à en découdre avec quiconque osera nous attaquer, déclara-t-il en agitant son arme.
Les compagnons avançaient prudemment dans les tunnels sombres, mais peu à peu, l'ambiance changea. Ils se rendirent compte qu'il n'y avait plus aucune torche sur leur chemin, plongeant les galeries dans une obscurité oppressante. Seule la faible lueur de leurs propres flambeaux éclairait leur route. L'atmosphère était pesante, et chacun ressentait une tension grandissante.
Ulrik s'arrêta brusquement, remarquant des traces de sang fraîchement épanché sur le sol rocailleux. Il fit signe aux autres de s'arrêter et examina les marques avec inquiétude.
一 Des blessures récente, murmura-t-il d'une voix basse, quelque chose de dangereux rôde dans ces tunnels, toujours sur ses gardes, il saisit discrètement une de ses fioles de poison, on dirait qu'on est tombé sur un os. Restons sur nos gardes, mes amis.
Aranor, alerte, se saisit de son marteau de forgeron, prêt à se défendre à tout moment.
一 Les tunnels sont-ils habités par des monstres ?
Le chef fronça les sourcils, scrutant l'obscurité devant eux.
一 Normalement non, mais vu le sang je dirais que c'est possible. Restons groupés et accélérons.
Alors qu'ils progressaient, les traces de sang se firent plus nombreuses, et finalement, ils découvrirent des cadavres d'aventuriers gisant ça et là. Leurs corps étaient déchiquetés, laissant présager d'une fin brutale et violente. Une aura de terreur planait dans l'air, et les compagnons savaient qu'ils étaient confrontés à une menace bien plus redoutable que ce qu'ils avaient imaginé.
La gorge nouée, Erold murmura d'une voix grave :
一 C'est comme si le tunnel était devenu leur cimetière.
一 Quelque chose d'impitoyable rôde dans l'ombre, intervint Grom, son regard perçant scrutant les environs.
Lyra se mordit la lèvre, son cœur battant la chamade.
一 Ces âmes n'ont pas trouvé de repos. Nous devons être prudents, car nous pourrions bientôt subir le même sort.
Le roublard ajouta, d'un air inquiet :
一 Peut-être devrions-nous rebrousser chemin. Ces souterrains ne sont pas sûrs après tout !
Mais Samuel secoua la tête avec fermeté avant de déclarer :
一 Non, la Montagne de Feu est encore plus dangereuse. Nous sommes venus jusqu'ici pour une raison. Si nous reculons maintenant, tout notre voyage aura été vain. Nous devons continuer, mais veillons les uns sur les autres.
Avec cette résolution, le groupe continua de progresser dans les tunnels lugubres, gardant une vigilance accrue. Leurs pas étaient lourds, et l'angoisse grandissait à chaque pas. Bientôt, ils entendirent des bruits furtifs et inquiétants, comme des chuchotements inintelligibles et des griffures le long des parois. Alors qu'ils se tenaient prêts à affronter l'impensable, une créature apparut soudainement devant eux. Une ombre démoniaque se mouvant dans l'obscurité. Les yeux rouges luisants fixés sur le groupe, elle émanait une aura de mort et de désespoir. La créature qui se dressait devant eux était un chien gobelin, une bête peu imposante en soi, mais dont la présence glaçait le sang de Samuel.
Le guerrier avait voyagé suffisamment dans ces terres sauvages pour savoir que la présence d'un de ces chiens signifiait qu'une colonie de gobelins sanguinaires et perfides se trouvait à proximité. Affronter un seul chien n'était pas un problème pour leur groupe, mais le risque résidait dans l'éventualité de tomber sur un nid entier de ces petites abominations. La tension était palpable parmi les compagnons alors qu'ils cherchaient frénétiquement des signes de la présence ennemie. Leur attention était maintenant focalisée sur chaque recoin des souterrains obscurs, aux aguets de tout mouvement suspect.
Samuel se rapprocha de ses camarades et leur parla à voix basse :
一 Nous devons être prêts à tout moment. Un nid de gobelins peut contenir des dizaines, voire des centaines d'entre eux. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être pris par surprise.
Le forgeron acquiesça, son visage résolu.
一 Ces créatures sont des combattants rusés et vicieux. Nous devons rester en formation serrée et filer vers la sortie.
Ulrik, toujours alerte, tendit les oreilles et plissa les yeux.
一 J'entends des voix. Ils sont proches, très proches.
Les battements de cœur s'accélérèrent, soudain des ombres bougèrent dans les ténèbres, se glissant silencieusement autour d'eux. Les gobelins les encerclaient, leurs yeux rougeoyants et leurs sourires cruels les trahissant. Samuel se prépara à donner le signal de l'attaque mais le chien s'était lancé à l'assaut, suivi d'une horde de gobelins qui se déversèrent des tunnels. Un combat chaotique et redoutable commença.
Erold se tenait en première ligne, faisant pleuvoir les coups de sa nouvelle hache. Chaque mouvement était précis et dévastateur, mais les gobelins étaient nombreux, se jetant sur eux avec une férocité déchaînée.
Aranor se plaça à ses côtés, brandissant son marteau pour repousser les adversaires qui s'approchaient trop près. Il frappait avec une force surprenante, balayant les ennemis d'un seul coup. Lyra se tenait à l'arrière, concentrée sur la protection du groupe. Ulrik, habile avec ses poisons, en enduisit sa lame pour affaiblir les gobelins qui tentaient de les encercler. Chaque coup porté était mortel, mais le nombre des ennemis ne semblait pas diminuer. Grom, le colosse de la taverne, faisait preuve d'une résistance et d'une force incroyable. Il chargeait les rangs adverses, envoyant les petits démons voler sous ses coups puissants.
Samuel, quant à lui, coordonnait les attaques du groupe avec une maîtrise tactique. Il dirigeait ses compagnons dans un ballet mortel, exploitant chaque ouverture pour frapper avec précision et avancer. Le combat était sauvage, chaotique, et les gobelins semblaient se multiplier à mesure qu'ils les repoussaient. Le sang coulait, les blessés s'accumulaient, mais la compagnie continua de progresser, cherchant désespérément une issue vers la liberté. Cependant, leurs ennemis étaient impitoyables et déterminés. Leur nombre rendait chaque pas plus difficile, chaque coup plus coûteux.
La tension grandissait, et il devint évident que la survie de tous était en jeu. La compagnie serra les rangs, renforçant leur résolution à sortir de ces tunnels vivants. La lutte se poursuivit sans relâche, les aventuriers refusant de reculer. Chaque coup porté, chaque adversaire vaincu les rapprochait un peu plus de la sortie tant convoitée.
Alors que la bataille faisait rage, une idée germa dans l'esprit de Samuel. Il repéra une ouverture, une fissure dans le mur des tunnels.
<< Par ici ! Suivez-moi ! >> cria-t-il à ses compagnons.
Avec une volonté nouvelle, la compagnie se fraya un chemin vers l'ouverture, bataillant avec ferveur pour atteindre leur échappatoire. La lumière du jour apparaissait enfin devant eux, signe d'une possible sortie des ténèbres. Le combat n'était pas terminé, et les petites abominations les poursuivaient avec une haine implacable, mais l'espoir les galvanisait. Ils étaient résolus à survivre, à braver les ténèbres pour émerger victorieux.
Grom se tenait devant ses camarades, sa large masse levée, défiant la horde de gobelins qui se ruait sur eux. Son visage était décidé, son regard fixe et plein d'assurance.
一 Ils sont trop nombreux. Allez-y ! Sortez d'ici ! cria-t-il à ses compagnons. Je vais les retenir !
Lyra, la guérisseuse, s'approcha de lui avec inquiétude.
一 Non, Grom, ne fais pas ça ! Nous ne pouvons pas te laisser ici seul !
Le colosse lui sourit tristement.
一 Lyra, tu es la plus précieuse d'entre nous. Protéger les autres fait partie de mon rôle. Ne t'en fais pas pour moi. Fuyez pendant que je les occupe !
Erold s'énerva et s'écria :
一 Certainement pas mon ami, pas question de te laisser seul ici !
Mais Grom semblait serein, son visage était paisible et il dit à Erold d’une voix ferme mais pleine de bonté :
一 Mon ami, ceci est ma tâche, ma mission, voudrais-tu me dérober ma destinée ? Sache que je suis prêt, la mort ne m’effraie pas, mais toi va, survis ! Tu es jeune et promis à de grandes choses. Alors maintenant, files Erold ! Et protège les !
Le jeune homme ne put s'empêcher de laisser couler une larme sur sa joue, il salua avec intensité Grom, signe de son profond respect pour cet acte de bravoure et de sacrifice ultime. Samuel, les yeux brillants d'admiration et de tristesse, s'approcha de Grom et lui serra la main.
一 Tu es un véritable héros, mon ami. Nous ne t'oublierons jamais.
Il acquiesça, puis fit volte-face vers les gobelins qui approchaient. Il se lança dans la mêlée, tourbillonnant avec une grâce inattendue malgré sa taille imposante. Sa masse fendait l'air, fauchant ses adversaires avec une puissance impressionnante. Le géant au grand cœur était un mur impénétrable, repoussant les petits démons avec une fureur terrifiante. Il en écrasa un de son pied colossal, balaya un autre d'un revers de son arme, puis se lança dans une charge furieuse contre une poignée d'ennemis.
La horde de gobelins s'acharnait sur Grom, déterminée à le submerger, mais il fit preuve d'une résistance farouche. Il tomba à genoux sous le poids des blessures, mais il se releva à chaque fois, comme si sa volonté seule pouvait le maintenir debout. Les compagnons étaient déchirés entre l'envie de rester pour l'aider et la nécessité de survivre. Ils savaient que s'ils restaient, ils risquaient de périr tous ensemble, et cela n'aurait servi à rien. Ils avaient besoin de sortir des tunnels, de préserver l'espoir de voir la lumière du jour à nouveau.
La voix grave de Samuel se fit entendre une dernière fois :
<< Nous devons partir. Grom a choisi son destin. Honorons son sacrifice en survivant. >>
A contrecœur, les compagnons commencèrent à reculer, le laissant se battre seul contre la horde implacable de gobelins. Ils ne pouvaient s'empêcher de jeter des regards en arrière, sachant que chaque instant qui passait diminuait ses chances de survie. Grom, blessé mais toujours héroïque, continuait à se battre, se frayant un chemin à travers les gobelins. Le son de sa masse se mêlait aux cris et aux rugissements des ennemis. Il tomba finalement sous le nombre, mais il lutta jusqu'au bout.
Alors que le groupe s’approchait de la sortie des tunnels, les cris de combat de Grom s'estompèrent. Le silence qui suivit fut un hommage silencieux à celui qui s'était sacrifié pour protéger ses amis. La tristesse et la perte les envahirent, mais ils savaient qu'ils devaient continuer à avancer. Ils étaient désormais plus résolus que jamais à atteindre leur objectif, à trouver la hache légendaire et à honorer la mémoire de leur ami tombé. Il avait été un véritable héros, et son sacrifice ne serait pas oublié. Chaque pas qu'ils feraient désormais serait une promesse de se battre pour la justice et la survie, en l'honneur de leur camarade.
La compagnie se précipita vers l'ouverture dans le mur, poursuivie de près par la horde de gobelins impitoyables. Leurs respirations haletantes, leurs muscles endoloris par l'effort, les aventuriers se battaient pour leur survie, guidés par la lueur d'espoir devant eux. La lumière du jour les enveloppa enfin alors qu'ils émergeaient des ténèbres des galeries. Ils se trouvaient maintenant à l'extérieur, au pied de la face nord d'Eredvène, et la vue majestueuse et intimidante de la montagne de feu les entourait.
Cependant, leur soulagement fut de courte durée, car les gobelins n'avaient pas abandonné leur traque.
<< Nous ne pouvons pas nous arrêter ici ! >> s'exclama Samuel, faisant face à la menace qui les talonnait. Trouvons un endroit où nous pourrons nous défendre.
La troupe se mit en mouvement, courant en direction d'un petit ravin rocheux. Ils se postèrent derrière les rochers, légèrement en surplomb, se préparant à affronter la horde qui les encerclait. Cet emplacement offrait un avantage stratégique à la compagnie, certes léger, mais un avantage tout de même. Erold se tenait devant ses compagnons, sa hache à la main, prêt à faire face à l'ennemi. La rage dans ses yeux était visible, son visage marqué par la perte de son ami. Une énergie sauvage s'empara de lui alors qu'il entra en mode berserker, bouillonnant de colère. Aranor et Samuel se positionnèrent à ses côtés, leurs armes prêtes à frapper. Ulrik qui pestait d'avoir perdu son chapeau, dégaina son arbalète, mettant en joue les gobelins qui approchaient. Les petits démons s’avançaient, grognant et aboyant, leurs yeux rouges fixés sur la compagnie.
Magnus, le sorcier du groupe, s’écria alors << Couvrez vos yeux ! >> Il déploya sa magie et invoqua des éclairs pour zébrer le ciel, aveuglant temporairement les gobelins et perturbant leur avancée. Cela offrit à Erold une ouverture parfaite pour se ruer au cœur de la horde, sa hache tournoyait à une vitesse fulgurante.
La bataille fut féroce, les créatures se jetèrent sur Erold avec acharnement. Mais la rage et la fureur du guerrier étaient telles qu'il les repoussait avec une force dévastatrice. Chaque coup porté était mortel, chaque ennemi qui osait s'approcher de trop près tombait sous la furie du guerrier. Magnus maintenait sa protection magique, créant des boucliers pour protéger ses camarades des attaques des gobelins. Sa magie se mêlait à la bravoure d'Erold, permettant à ce dernier de tenir bon face à la horde qui semblait inépuisable.
Ulrik, depuis son poste d'arbalétrier, tirait sans relâche sur les ennemis qui tentaient de contourner leur position. Ses flèches trouvaient leur cible avec une précision meurtrière, affaiblissant les rangs adverses. Aranor, son marteau de forgeron dans les mains, se lançait dans des charges destructrices, écrasant les gobelins sous ses coups puissants. Sa force herculéenne faisait des ravages parmi les ennemis. Lyra, malgré sa réticence à prendre des vies, fit preuve de courage en lançant quelques sorts offensifs pour soutenir ses compagnons.
Le chaos régnait, mais la pugnacité du groupe était inébranlable. Les démons tombaient un à un sous les coups des aventuriers, mais il semblait que leur nombre n'en finissait pas. Cependant, l'énergie dévastatrice d'Erold ne faiblissait pas. Sa fureur était comme une tempête déchaînée, emportant tout sur son passage. Les gobelins ne pouvaient rien faire contre la violence du jeune guerrier et la magie protectrice de Magnus. Ils furent décimés.
Finalement, après une bataille acharnée, le nombre des gobelins diminua jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une poignée. L'ennemi était désormais repoussé, vaincu par la résistance acharnée de l'équipe. Le jeune homme, hors de lui, rugissait encore, son visage couvert de sueur et de sang. Le calme revint peu à peu dans le ravin, et les compagnons reprirent leur souffle, observant les corps des petits monstres tombés au combat.
La perte de Grom était toujours présente dans leur esprit, mais leur victoire sur la horde était un honneur pour sa mémoire. Ils se levèrent, se préparant à reprendre leur route vers leur objectif.
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