Chapitre 1
Un muret délimitait les champs et les prés de la route vers Athènes et le fleuve Céphise. Une femme au teint cuivré et aux cheveux noirs en bataille trempait le linge, son nez effronté pointant vers la rive miroitante. L’éclosion des campanules faisait suite à la saison fraîche, recouvrant une maison de pierre grise à deux pas. Une famille vivait ici ; un patriarche, un jeune homme qui pourrait être son fils et cette femme, tout aussi jeune, peut-être son amante. Il n’en était rien. Les jeunes étaient des esclaves, tandis que leur maître : Antès, rasé de près pour entretenir un aspect juvénile, arborait les traits d’un athénien pure souche et des cheveux bruns coupés courts. Profitant du beau temps, il avait troqué sa tunique de laine et portait un chiton long de citadin et des sandales lacées, comme pour rappeler ses origines aisées. Il se tenait sur un bâton de berger pour avancer, boitant le reste du temps entre sa maison et les étables où ses moutons bêlaient à longueur de journée.
Il sortit dans la cour pour y trouver son esclave qui arrosait un jeune olivier, l’air captivé par l’extérieur :
– N’en fais pas trop, dit-il calmement, viens plutôt m’aider à sortir les bêtes.
– Quelqu’un est arrivé.
L’esclave montra du doigt un homme de l’âge de son maître qui se présentait à leur portail, accompagné d’un jeune garçon aux mèches clairsemées et à l’air un peu ahuri, avant de s’éclipser.
– Antès, mon vieil ami ! Lança le premier à la cantonade, espérant réveiller un peu d’enthousiasme chez son hôte. Ce qui produisit l’effet inverse.
– Propis, soupira-t-il d’un air agacé, je ne me rappelle pas t’avoir invité.
– Une invitation ? En sommes-nous vraiment là dans notre relation ? Souviens-toi, nous étions comme des frères à l’époque.
– Jusqu’à ce que je sois traité d’infirme en pleine assemblée. Tu ne t’es pas manifesté ce jour-là : « mon frère ».
– Je vois que tu as encore la rancune tenace. J’avais vraiment besoin d’entrer dans les bonnes grâces des bouleutes. Si je n’avais pas fermé les yeux à l’époque – pourtant ces invectives me révoltaient – je n’aurais jamais été élu archonte aujourd’hui.
– Toutes mes félicitations d’ailleurs, annonça-t-il sans conviction, archonte-roi, ce titre n’est pas trop difficile à porter ?
– Je visais le poste d’éponyme. Rien de mieux pour entrer dans l’histoire. Du reste, traiter des affaires d’homicides m’ennuie profondément. Disons que c’est un mal nécessaire, et temporaire.
– Tu ne m’as pas présenté ce garçon qui t’accompagne.
– Oh, Kalithos est mon fils, annonça-t-il avec une grande fierté avant de l’ébouriffer. C’était encore un enfant à l’époque, mais il vient d’entamer son éphébie. Excuse-le s’il est un peu réservé, son esprit a tendance à digresser. Il n’est pas idiot, mais un peu lent, parfois. Enfin, j’ai une grande confiance en son éducateur. Un homme charmant qui nous vient de Samothrace.
Le fils en question ne s’intéressait absolument pas à la discussion ; ces pseudos retrouvailles entre son père et un ancien cavalier, reconverti en paysan. Rivé sur l’encadrement du mur, son regard dessinait les contours de la lavandière, l’admirant au sein du complexe comme une caryatide soutenant sa colonne. Antès s’était aperçu de l’insistance, teintée d’embarras, avec laquelle il reluquait son esclave, mais préféra revenir à son interlocuteur. Les comptes se régleraient plus tard.
– Cela ne m’explique pas ce que me vaut l’honneur d’une telle visite, poursuivit-il d’un ton égal, nous ne nous adressions plus la parole depuis cinq ans. J’ai donc cru, peut-être à raison, que tu n’avais plus rien à faire avec un éclopé.
– Quelle sévérité ! J’avais cru que mon ami d’enfance serait heureux pour moi et qu’il me souhaiterait davantage de bonheur. Souviens-toi, lorsque nous nous perdions dans l’agora en fuyant les pédagogues, et que nous nous retrouvions à errer dans les quartiers chauds.
Son regard se dirigea presque instinctivement vers la jeune femme qui séchait encore le linge à l’extérieur.
– Elle s’appelle Dione, reprit le fermier.
– Comme ta femme ? Je vois que tu portes toujours un pendentif à son effigie. Excuse-moi, c’est encore un peu tôt. Puisse son âme avoir trouvé le chemin du Styx.
– C’est une tyrrhénienne, reprit-il en éludant l’autre partie. Elle et son mari, Naros, sont inséparables. J’ai dû acheter la paire à Phalère, sur le marché du vieux port, l’année dernière, pour le prix d’un seul. Leur précédent maître, un vieillard de Corinthe, en avait fait des artistes accomplis. Pour ma part, je n’ai pas vraiment besoin de ça, mais de mains et d’esclaves durs à la tâche.
– Belle affaire.
– Elle me pose beaucoup de soucis, souffla-t-il en la désignant du doigt, c’est une vraie effrontée. Heureusement, les deux parlent très bien notre langue.
– Curieux, je ne vois pas l’autre.
Comme pour lui répondre, l’esclave jaillit de l’étable et se présenta dans la cour de la maison, les mains sales et un sourire de façade qu’il lança aux visiteurs ainsi qu’à son maître, qui ne cherchait pas à paraître aimable quant à lui.
– Nous comptions nous rendre à la cérémonie de la troisième lune au temple d’Hécate, avant la tombée de la nuit. Puisque tu es ici, je suppose que tu te joindras à nous ?
– Oh non ! voulut s’esquiver l’archonte, je dois encore préparer mon discours pour l’ékklesia qui se tiendra la semaine prochaine, nous n’allons pas traîner. N’oublie pas que notre tribu y est conviée. Je suis aussi venu pour te le rappeler. J’oubliais. Un banquet est donné pour l’admission du petit dans un mois, tu y es invité d’honneur, bien entendu.
– Si je trouve le temps ; le travail de la terre est éprouvant, tu sais. Il faut s’occuper des bêtes aussi.
– Tes esclaves s’en chargeront bien seuls. Je n’ai jamais compris pourquoi tu avais quitté ta belle maison en ville pour devenir fermier. Ici, je ne sens que le purin et l’urine de cheval. Viens, plutôt, ma femme sera heureuse de te revoir.
– J’y réfléchirai, concéda-t-il à contrecœur.
L’archonte fit demi-tour avec son fils et, passant le portail, rejoignit la voie sacrée en disparaissant derrière un laurier rose.
Trois femmes voilées de noir chantaient aux côtés du prêtre qui leva une coupe remplie du sang sacrifié, vers la lune qui se profilait à peine à l’horizon. La carcasse d’un chien reposait sur la stèle, dont les fluides s’écoulaient dans les escaliers du sanctuaire d’Hécate. On poussa un grand cri, et d’autres s’élevèrent de la foule alignée devant le temple. Des chœurs y répondirent aussi, comme une seule voix. Ce soir-là, on sacrifia deux dogues noirs à la déesse des croisements : tricéphale, dont les regards étaient chacun dirigé vers un chemin différent, et incrusté de joyaux différents en lumière et en teinte. A cause du dernier tremblement de terre, le temple était dans un état déplorable ; la frise s’effritait et la peinture se décollait des statues et des plafonds, encore somptueux un siècle plus tôt.
Le chef de culte présenta un récipient pour y recevoir des dons et d’autres offrandes à la déesse. Un jeune homme blond à l’air impassible s’avança avec une caisse entière, trop lourde pour qu’il l’eût portée jusqu’ici, seul.
Attendant patiemment son tour, Antès se rendit à l’autel pour déposer une poignée de grains dans l’urne, néanmoins déçu en constatant sa pauvreté.
– Nous ne sommes pas au sanctuaire de Déméter, lui dit-il, Hécate ne rendra pas meilleures vos cultures.
– Je ne la prie pas pour ça.
Il lança un regard énigmatique au prêtre et revint auprès de ses esclaves qui attendaient à l’autre bout de la procession avec les enfants et les épouses. Dione ne cherchait même pas à dissimuler son ennui, baillant et agitant les épaules nerveusement, tandis que Naros semblait s’être lié d’amitié avec une sorte de rhapsode vêtu d’une himation bleue bardée de cuir, aux cheveux roux couverts de perles orientales. Il se retourna à la vue du berger.
– Antès, n’est-ce pas ?
– C’est bien moi. Je peux savoir ce que vous faites avec mes esclaves ? Ils ne sont pas à vendre.
– Loin de moi l’idée de vous les acheter ! Nous discutions simplement du passé et de la nostalgie que suscite l’éloignement de chez-soi. Vous comprenez, je ne viens pas non plus d’Athènes.
– Que faites-vous ici, dans ce cas ?
– Eh bien ! Je vais et viens partout sur le continent, et j’étais très curieux de rencontrer les athéniens et de parcourir leur cité, après le sac des fils de Darios.
L’évocation à cet événement lui donna un frisson de dégoût.
– Je ne vois pas le rapport avec mes esclaves, siffla-t-il rageusement.
– Vous ignorez qu’ils viennent d’Étrurie ? Des gens très pieux, pour le peu que j’ai pu en fréquenter, aux mœurs fascinantes. Rien à voir avec ces barbares asiatiques.
– Je ne m’intéresse pas à leur culture, mais ce sont d’excellents travailleurs, même si Dione est parfois…
– Rebelle ? l’interrompit-il d’un ton égal. Les étrusques ont beaucoup de considération pour les femmes, il paraît même que leurs rois présentent le nom de leur mère avant celui de leur père.
– C’est ça qui vous intéresse chez eux ?
– Je me suis fait de nouveaux amis, voilà tout.
L’homme se retira alors, laissant seuls le berger et ses deux esclaves qui attendaient la fin des offrandes et le départ des prêtres pour repartir à leur tour. En chemin, Naros interrogea son maître :
– Pourquoi cette offrande ?
– Je l’ai faite à Hécate, soupira-t-il, j’aurais pu la faire à Zeus ou Apollon ; le dieu n’est pas important ; c’est le geste qui est important, pour moi.
Il fronça les sourcils et renonça à poser une autre question. Les étoiles étaient déjà nombreuses dans le ciel ; les mêmes que dans sa tribu, seuls les noms étaient différents. Dione et lui portaient des sacs en chanvre remplis de grains sur le dos, ployant sous l’effort, leurs muscles luisants sous la clarté lunaire.
Il faisait déjà nuit lorsqu’ils arrivèrent au pré. Medios, leur voisin, rentrait ses bœufs ; un métèque qui profitait du confort de l’attique durant cette période de l’année, son climat doux, et repartait dans sa Thessalie natale dès que l’été pointait le bout de son nez. De l’avis d’Antès, il n’était pas très malin, même selon ses standards d’élite athénienne. Comme il avait des difficultés à maîtriser son bétail, Naros proposa de l’aider, promettant qu’il serait de retour avant le lever du jour. Son maître accepta, sans le moindre intérêt pour son voisin, et rentra au bercail seulement accompagné de sa jeune esclave qui n’avait pas ouvert la bouche depuis leur départ du temple.
– De quoi vous parlait cet homme tout-à-l’heure ? s’enquit-il avec un brin de défiance.
– Kiterion faisait remarquer que nous nous ressemblions beaucoup, Naros et moi. Il s’étonnait que nous n’ayons pas d’accent.
– Ne parlez pas aux inconnus sans mon autorisation, compris ?
Elle acquiesça, esquissant un geste d’ennui que seul un étrusque reconnaîtrait. C’était sa seule manière de garder un semblant d’estime pour elle-même. En outre le berger était-il satisfait, et tant qu’il ne la menaçait pas de lui donner des coups de canne, ou pire, ce n’était pas bien grave. Elle avait plusieurs fois songé à partir, supprimer leur maître et s’enfuir, mais Naros était sans cesse réticent et l’individu encore robuste de ses années de service en tant que cavalier.
– Idiote, gronda-t-il en désignant l’autel d’Hestia sur une étagère. Tu as encore laissé la bougie se consumer.
Dione s’empressa de racler le tas de cire froide, d’en placer une nouvelle devant la statuette virginale, et l’alluma d’un coup de silex presque automatique. C’était la première tâche qu’il lui avait confiée le jour de son achat, quelques lunaisons auparavant. Les traits du berger s’apaisèrent, sa colère s’envola comme des ronds de fumée de la cheminée, qui devenaient moins fréquents depuis que les frimas avaient commencé à s’estomper dans la région. La saison des fleurs arrivait, et charriant avec elle toute sorte de réjouissances derrière les murs de la cité. Antès fut à nouveau sombre à cette idée.
– Qu’attends-tu pour faire le repas ?
Elle roula des yeux et se dirigea vers les cuisines.
Lorsque la clarté du jour vint frapper l’étable et la maison, envahir la cour et ses palissades anarchiques, le maître se rendit, comme à son habitude, dans la salle à manger et s’étonna d’y retrouver Dione, seule et inquiète. Il jeta un œil à travers la fenêtre et remarqua que le pré était encore vide.
– Je croyais avoir demandé à Naros de s’occuper des moutons à l’aube.
– Il n’est pas rentré. Je l’ai cherché partout dans la ferme.
– Médios a dû me l’emprunter un peu trop longtemps. S’il est encore là-bas, ça va chauffer ! Cet imbécile ne sait pas couper le vin. Les gens de la campagne ne savent vraiment pas faire preuve de retenue. Propis avait raison, je ne sais pas pourquoi je m’impose un tel calvaire.
Il tournait au rouge écarlate. Cette couleur n’était pas mal. Dione sortit à sa suite, en trombe. Comme libéré de son handicap, il laissa choir sa canne et courut vers le sentier pour rejoindre l’exploitation du métèque à une lieue. Emporté par sa fureur, Antès réalisa seulement à mi-chemin qu’il outrepassait largement ce dont ses muscles étaient encore capables ; et s’effondra dans la terre. Dione attendit un moment pour lui venir en aide. C’était tentant de l’abandonner ici, mais il fallait toujours trouver Naros. Elle l’aida à se relever et jeta un regard vers le Céphise juste en-dessous.
Une forme sombre venait d’en repartir. D’instinct, elle se rendit à son emplacement précédent au lieu de le suivre, et ne put contenir un hurlement.
– Il est ici !
Le corps de Naros flottait bel et bien sur la rive, immobilisé par les joncs et les pierres, sa face blême tournée vers le ciel dans une expression de terreur sereine. Il avait un trou rouge à la poitrine. Submergée par l’émotion, sans savoir à laquelle se raccrocher exactement, Dione restait figée, face au spectacle macabre. Seul Antès, à nouveau pris d’un regain d’énergie, se précipita vers l’eau, dévalant la pente pour tirer le cadavre gonflé d’humidité. Le contact froid de sa peau lui tira un haut-le-cœur, aveuglé par des larmes inexplicables. Il souleva le corps en le tenant par les aisselles et l’étendit dans l’herbe, quelques pas en arrière.
– Apporte-moi la charrette ! hurla-t-il à Dione, tétanisée, qui se ressaisit à peine avant de s’éloigner.
Les yeux de l’esclave étaient d’une blancheur terrible ; semblant atteindre des horizons que l’humain n’entrevoit qu’à la fin. Sa tunique était déchirée, prise dans les roseaux ou simplement arrachée par son agresseur. Cette plaie au cœur, nette, implacable, ne pouvait qu’avoir été causée par une dague ; un couteau sinon. Il avait souvent été confronté à la mort durant son service militaire ; des camarades éventrés, il en avait vus. Leurs tripes maculaient les plaines de la ville de Platées. Or cette blessure, fût-elle immaculée, l’emplissait d’horreur.
Quand Dione revint avec le cheval et le véhicule, il n’avait pas encore fait son deuil. Médios arriva à ce moment en traînant une de ses vaches de la même manière que la veille et fit de grands signes à l’esclave, avant de s’apercevoir qu’elle était paralysée, et tourna son regard vers Antès, toujours penché sur le macchabée. Il mit un temps à l’identifier, dans l’éblouissement matinal, et malgré la couverture que lui offrait le berger boiteux.
– Naros, murmura-t-il, que t’ont-ils fait ?
En l’entendant, l’étrusque se retourna, les traits déformés par une rage telle que des coulées de lave semblaient lui sortir par la bouche et que des éclairs fusaient dans sa direction.
– Qui ça : Ils ? Que lui est-il arrivé ?
Au regard de la jeune femme, il comprit qu’on l’accusait déjà de l’avoir tué, et réfléchit à sa défense.
– Ils ? Je l’ignore, bredouilla-t-il nerveusement, j’ai dit ça comme ça. Vous savez, je l’aimais bien, moi aussi, pourquoi est-ce que j’aurais… ?
– Tu es le dernier à l’avoir vu, reprit-t-elle presque calmement, que s’est-il passé ?
Une telle autorité émanait de cette esclave. Il n’avait pas la force de lui résister.
– Hier, il m’a aidé à rentrer le bétail, puis je lui ai proposer de rester pour le dîner, mais il avait promis de rentrer, alors je lui ai montré une amphore de vin qui me restait de la saison dernière. Mais il n’a rien voulu savoir. Il est reparti et j’ai mangé seul. Médios mange toujours seul, de toute façon.
Bien qu’elle voulût lui sauter au cou pour l’étriper, quelque chose dans son discours sonnait juste ; Dione se souvint d’avoir aperçu une silhouette suspecte en arrivant, mais ce n’était pas celle du métèque. Parfois, ses souvenirs se mélangeaient pour tendre vers une autre réalité ; et elle avait beau la tordre à foison et assigner à l’inconnu le visage et la morphologie du bouvier, cela ne collait pas.
– Ça me revient ! Reprit-il. Il y avait quelqu’un d’autre, cette nuit… il rôdait près de mes bêtes alors je suis sorti avec ma faucille pour le chasser.
Son sang ne fit qu’un tour à cette nouvelle. Elle s’avança vers le pauvre homme et commença à le secouer. Il manqua de lâcher la bride ; sa vache n’attendait que ça.
– Oh là ! Doucement.
– A quoi ressemblait-il ? Dis-le-moi, le martelait-elle sans arrêter de le secouer.
– Je ne l’ai pas bien vu. Il faisait si sombre, et puis j’avais sans doute un peu abusé du nectar.
Dione posa d’autres questions, en vain, le soleil montant avec la réalisation qu’elle ne le verrait plus, à présent seule, avec son maître et sa vie d’esclave et de femme, dans un univers d’hommes. Antès l’aida à soulever le corps et l’allonger dans la charrette, sans prêter attention à leur voisin qui s’épandait toujours en excuses, ses yeux fixés sur cet homme flasque, désarticulé : un bien inutile. La première désespérée par sa condition et la perte du seul soutien qui lui restait, et le second aux prises avec des sentiments paradoxaux que sa fierté refusait d’élucider ; les compères de mauvaise fortune demeurèrent ainsi interdits le reste de la journée et, tout en répétant leurs gestes, cherchaient à se libérer de l’image de Naros, sans doute pour des raisons différentes. Ils n’arrivaient pas encore à se projeter.
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