DAVID

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Les quatre hommes s'étaient reunis au fin fond de la forêt, tard dans la soirée, avec pour ordre de laisser leurs téléphones à leur domicile et de garer, chacun, leurs véhicules à des endroits différents.

David n'avait pas choisi cet endroit par hasard. A cette heure de la journée, le passage de voiture y était rare. Hormis, les quelques habitants du hameau un peu plus haut, personne n'emprunter cette route de campagne. Ce qui limitait le risque d'être repéré.

La chaleur moite du mois d'Août s'était engouffrée au milieu des arbres, rendant l'air irrespirable, ce qui n'empêchait pas Greg de fumer clopes sur clopes, prenant ainsi le risque de déclencher un incendie. David lui en aurait bien fait la remarque s'il n'avait pas senti son coequipier aussi nerveux.

Julien,lui, restait silencieux. Trop silencieux. Ce qui le rendait plus inquiétant encore que François, qui ne tenait pas en place à ses côtés.

David regardait ses trois collègues d'un air songeur. Ils ne savaient pas s'ils tiendraient sous la pression. Ce n'était pourtant pas le moment de flancher. Leur secret venait d'être déterrer. Ils étaient tous sur la celette.

Le moindre faux pas; et c'était la prison à perpette.

Le poids des responsabilités pesait lourd sur ses épaules. Même s'ils avaient commis l'irréparable d'un commun accord, c'est lui qui les avait embarqué dans cette merde. Et c'était à lui de les en sortir. Ils avaient gros à perdre, famille, enfants, boulot, réputation.

En ce qui le concernait, il n'avait aucun regret. Ils avaient débarrassé ce monde d'un monstre, impossible à stopper par la voie de la justice. Une vie valait mieux que plusieurs.

Greg, qui allumait sa cinquième cigarette depuis leur arrivée rompa en premier le silence:

- On est foutu! Maintenant que le corps a été découvert, ils vont forcément remonter jusqu'à nous!

- Nous avons pris toutes les précautions possibles et imaginables. Il n'y a aucune inquiétude à avoir. répondit David tentant de calmer les esprits.

- Tu es sérieux en disant ça? clama François d'un ton agressif - Bien sûr qu'on est dans la merde jusqu'au coup! Maintenant qu'il y a un corps, il va y avoir une enquête et qui dit enquête, dit découverte d'indices qui meneront jusqu'à nos tronches!

- Le corps moisi sous terre depuis des semaines. Vous savez aussi bien que moi ce que ça veut dire. A ce stade, ce n'est même pas sûr qu'ils arrivent à l'identifier.

Sur ces paroles le silence se fit. Greg alluma encore une clope et François se mit à faire les cents pas au milieu des fougères cuites par la chaleur. Julien resta stoïc, aussi calme que précedement, bien installé sur ses appuis, mains dans les poches, attentif.

Son attitude faisait froid dans le dos malgré les trente degrés ambiant. Il n'affichait aucune émotion, comme si toute cette situation ne le concernait pas.

Autant, David comprenait la nervosité et les angoisses de ces deux autres collègues, autant la froideur apparente de Julien lui glaçait le sang.

- N'oubliez pas que nous sommes bien placés pour suivre l'avancée de l'enquête, s'il y a une. Avec un peu de bol, nous serons même désigner pour la mener.

- Ce que tu proposes, c'est quand plus d'être coupable de meutre au premier degré, on va devoir se rendre coupable de falsification et dissimulation de preuves?

David se tût.

- On n'a pas le choix Greg. C'est notre seul chance de s'en sortir, intervint François. On peut demander à se saisir de l'affaire?

- On pourrait. Mais sincérement, je pense que le plus sage, c'est d'attendre que se soit le parquet qui nous appel. Comme nous suivons le dossier depuis le début, se serait logique que notre équipe soit saisie.

- ça fait des semaines qu'on "bosse" sur sa "disparition" sans obtenir aucun résultats, David. Et tu crois sincèrement qu'ils vont te refiler l'affaire maintenant qu'ils ont un cadavre sur les bras? explosa François. Non. Cette fois, il va falloir jouer ton rôle de chef et que tu ailles la chercher cette putain d'affaire. Avant que Johnny nous passe devant.

- Si on n'y va trop franco, on risque d'éveiller les soupçons!

- Ah! Ta sacro prudence est de retour! Tu l'as pourtant oublié, ce soir là, quand tu as mis des coups de pelles pour enterrer son corps de gros dégueulasse. Pas vrai? C'est le moment de renouveler l'opération.

David ne savait pas quoi répondre. François marquait un point, lui qui misait toujours sur la mesure avait lâcher prise à ses plus sombres pulsions. Pas une seconde, il n'avait douté ou même hésité. Persuadé de faire ce qu'il fallait. Et il s'était accroché à cette idée, de toutes ses forces, sans jamais penser aux conséquences.

Mais là, encerclé par les hauts sapins, il comprenait que quoiqu'ils décident de faire maintenant, ils étaient pris dans un engrenage dont ils ne pourraient sortir sans faire tomber des têtes. Ils étaient liés les uns aux autres jusqu'à la mort.

Il devait se rendre à l'évidence, tromperies, mensonges et dissimulations faisait maintenant parti de leurs quotidiens; gâcheraient leurs relations, leurs carrières, et leurs sommeils.

- Dans quel guêpier on s'est foutu les gars? C'était une connerie. Une très, très grosse connerie, qu'on va payer cher. Très cher. Toute notre vie. D'une façon ou d'une autre.

La messe était dite.

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