La traditionnelle classe de neige était attendue par les élèves, impatients de découvrir les joies de la vie en communauté, loin de la famille.

Sophie, une enfant comme les autres, rêveuse et pleine de vie faisait partie du voyage cette année là. Mais pour elle, le plaisir retomba bien vite.

Alors qu’elle chahutait avec les filles de sa chambre, populaires, et quelques garçons tout aussi appréciés, un pull fut déchiré. Sophie servit de bouc émissaire, le groupe la déclara responsable, même si les amies tiraient d’un côté, les copains de l’autre. Dés lors, cette semaine prometteuse vira au cauchemar.

Sophie devint la proie de bousculades, de coups de bâtons lors des descentes de ski, on arracha les pages de son livre, on comméra sur ces moindres gestes et paroles. Elle retrouva même ses culottes cachées dans la neige, sous la fenêtre. Ses camarades avaient subtilisé une lettre dans laquelle elle demandait à ses parents de venir la chercher. Les moqueries avaient fusé lorsque ses mots avaient été lus à haute voix lors du diner.

Le changement d’école, l’arrivée au collège, perturba plus encore la jeune fille, inscrite dans une classe où elle ne reconnaissait aucun visage familier. Elle apprit à ses dépends que quelques redoutables redoublants partageraient sa vie durant l’année. Pourquoi la prirent-ils en grippe ? Elle l’ignorait.

De plus en plus rêveuse, elle se réfugia dans les livres qu’elle dévorait, rassasiées après s’être goinfrée de tout et de rien. Elle s’arrêtait tous les matins à la boutique de presse, à quelques pas de l’établissement scolaire pour dépenser son argent de poche en bonbons. Elle prit du poids et devient la risée des adolescents, celle qu’on poussait dans le bus, celle qui faisait grimacer, celle qu’on nommait la grosse.

Elle s’était montrée forte, depuis l’école primaire.

Une dispute avec sa meilleure amie, à propos d’un garçon, poussa cette dernière à blesser verbalement Sophie. La malheureuse s’empara des antidépresseurs de sa mère et se promit de les utiliser le lendemain. Puis le lendemain. Puis le jour d’après… Jusqu’à ce que ses parents les découvrent dans un placard de sa chambre. Elle refusa de leur avouer ses tourments, ne racontant que brièvement l’altercation.

Le lycée lui apporta de belles rencontres, des amitiés formidables et de nouvelles perspectives. Quand son corps s’affina, la jeune fille pu enfin s’épanouir et sourire à la vie.