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- Là, vous avez la salle de bain, et sur la gauche la cuisine. Bon je vous l’accorde l’agencement est spécial, mais il faut voir sur place. Sur plan on ne se rend pas vraiment compte.
- Oui c’est…spécial, en effet. Et puis la chambre dans les combles…je ne sais pas trop.
- Il y a aussi la maison du centre-ville. Je sais que ce n’est pas parmi vos critères, mais on pourra toujours y aller.
- Oui…vous savez, c’est ma femme qui a sélectionné, moi je dois les visiter et lui donner mes impressions. Avec ses horaires elle ne peut pas se libérer avant 21h et….
- Oh mais je serai ravie de vous organiser des visites de nuit vous savez.
Elle éclate de rire. Et relève ses cheveux qu’elle coince dans une barrette, juste au-dessus de sa nuque.
Elle a beau porter un tailleur presque strict, on voit bien que ce n’est qu’un uniforme, et pas un mode de vie. Elle est détendue, rigole beaucoup, même trop. Elle est familière avec un client qu’elle voit pour la première fois. Il n’a jamais vu ça.
La plupart des agents jouent un rôle, et n’ont qu’un seul but, faire du chiffre. Elle semble différente. Tellement différente….mystérieuse et ouverte. Timide et avenante. Professionnelle et amicale.
- Monsieur Parra ? Vous êtes avec moi ?
- Oui excusez-moi je réfléchissais à la maison du lotissement. Vous avez dit combien de chambres ?
- 3. Vous avez besoin de beaucoup de chambres ?
Son sourire n’est pas anodin. Et au vu de l’âge de son client, elle ne sous-entend pas l’arrivée prochaine d’enfants dans la famille.
L’homme ne se laisse pas décontenancer par son allusion un peu lourde.
- Pas spécialement. Mais j’aimerais une pièce à moi. Une sorte de bureau.
- Une sorte de bureau ? Dites-m’en plus.
- Une pièce sans rien d’autre qu’un ordinateur et des fauteuils. J’ai besoin d’une pièce unique pour pouvoir m’y enfermer.
- Oh là…vous me faites peur là ! Rien d’illégal j’espère ?
Il lui sourit. Est-elle faussement naïve ?
- Non, rien d’illégal. J’écris, c’est tout.
- Oh ! Vous écrivez des livres ?
- Pas vraiment, plutôt des textes, pour certains sites.
- Ah. Bien. J’espère que vous me ferez lire l’un d’entre eux. Bon nous devons y aller Mr Parra, sinon nous allons tomber dans les bouchons et les visites vont nous prendre trois fois plus de temps que prévu.
Il est presque déçu qu’elle n’ait pas été plus curieuse. Mais c’est mieux ainsi. La recherche de maison s’annonce compliquée, elle a raison, mieux vaut ne pas trainer.
Sur le parking, elle le précède jusqu’à arriver près d’une 206 grise métallisée.
- Je vous en prie. Pour une fois, c’est la femme qui ouvre la portière. Dit-elle en souriant de toutes ses dents en lui montrant le siège passager.
En passant au plus près d’elle, il perçoit son parfum. Fruité. Un fruit rouge. De la fraise peut-être. Elle claque violemment la porte et court s’asseoir côté conducteur.
Sa jupe remonte au-dessus de ses genoux. Elle enlève sa veste et la jette sur les sièges arrière avec sa sacoche. Son débardeur blanc en satin brille sous les rayons du soleil qui traversent le pare-brise.
Elle espère qu’il regarde, qu’il cherche à voir. C’est un très bel homme qu’elle accompagne aujourd’hui dans ses recherches. Son regard la subjugue, mais elle ne doit rien montrer.
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