Chapitre 39 (les succubes)
[petite précison : j'ai réécrit une partie des chapitres 36 et 37, j'ai rajouté pas mal de trucs (cf le dialogue sur le rêve d'Alban, qui a besoin d'aller voir un psy il paraît) et en ai changé quelques autres, donc n'hésitez pas à aller voir (même si ce n'est pas crucial pour la suite de l'histoire hein) ]
– Elle l'a ferré.
– Je n'en suis pas si sûre, Asmodée. Il pourrait encore…
– Parbleu, Abrahel, tu n'as cessé d'espérer qu'elle échoue ! Mais elle est en train de réussir. Il est déjà à elle. Lilith voulait l'envoyer à la mort, je le sais, et toi tu applaudissais dans son ombre ! Mais aujourd'hui, garces jalouses que vous êtes, la petite Iluth va prendre sa revanche sur vous deux.
– Tu inventes des menteries. Lilith n'enverrait jamais l'une de nos sœurs à la mort. Je ne sais comment tu t'es mis cette idée dans la tête !
– Oui, oui, c'est cela, tente de te dédouaner ! Je connais Lilith depuis l'aube des temps, elle a l'esprit retors et mesquin, et toi, gamine, tu aurais voulu cet humain pour toi seule !
– Tu…
– Au nom de Samaël, je n'ai cessé de craindre son échec et je la vois enfin réussir ! Elle vous damne le pion. Bientôt, vous ne rirez plus d'elle. Elle reviendra vous donner des leçons. Je suis fier de notre Iluth.
– Et moi je crois au contraire que tu avais raison. Tu craignais qu'elle ne s'attache à l'humain, que celui-ci la corrompe, et n'est-ce pas ce qui est justement en train de se produire ?
– Je ne pense pas, Abrahel. Ce n'est pas ce que je vois.
– C'est ce que moi, je vois. Si elle lui succombe réellement, que ferons-nous alors ?
– Cela n'arrivera pas.
– Asmodée, ton affection pour Iluth t'empêche d'être objectif. Il y a quelques semaines tu priais sans cesse Lilith de la rappeler parmi nous, aujourd'hui tu nous chantes ses louanges alors même que rien n'est gagné. Quand cesseras-tu ton cirque de vieillard sénile ?
– Tu m'insultes à présent, garce de gamine ? Hors de ma vue ! Ou tu…
– Asmodée. Abrahel.
– … Samaël.
– Samaël.
– Cessez vos cris de truies qu'on égorge. C'est à quel sujet, cette fois-ci ?
– Iluth.
– Encore ? Vous allez finir par l'user jusqu'à l'os à force de la regarder.
– Cette fois-ci, tout a changé. Elle s'est montrée à lui en tant que femme.
– Vraiment ? Qu'a donc fait l'humain ?
– Rien ! Ce godelureau l'a acceptée. Il a ri comme un gamin !
– Samaël, Iluth est en train de réussir le défi que ta diablesse de femelle lui a imposé. Aucun de nous ne croyait en elle et pourtant, elle est sur le point d'y parvenir.
– Ne t'emballe pas à ce point, Asmodée. Nous disions la même chose à propos d'Êve, des millénaires auparavant. Et nous savons tous et toutes comment elle a fini.
– Morte sur la terre des hommes, lorsque son corps terrestre s'est trouvé trop vieux ! Comme un animal ! Comme une truie ! Exilée loin de nous pour un homme qui…
– Calme, Abrahel.
– Pardonnez-moi.
– Nous n'avons pas su réagir alors. Mais, quoi que tu puisses en penser, vieil Asmodée, Lilith et moi sommes les seuls à donner les ordres ici. Et si jamais, dans les jours et les semaines qui viennent, nous voyons Iluth s'assujettir à cet homme, je peux te jurer que nous sévirons.
– Que lui ferez-vous ?
– À elle, rien. Mais il nous faudra tuer sa proie avant qu'elle ne puisse plus le faire. Abrahel pourra s'en charger. Son cœur brûle de revanche, elle le prendra plus vite qu'aucune autre et sera sans pitié.
– Est-ce un ordre, mon seigneur ?
– Pas encore, petite, mais tiens-toi prête. Cela pourrait le devenir très vite.
– Tout cela est stupide. Envoyer Abrahel pour couper l'herbe sous le pied d'Iluth ! Serais-tu fou, Samaël ? L'homme a baissé sa garde devant Iluth et elle seule. Jamais il ne laissera une autre le séduire. Il tuera cette sotte d'Abrahel avant qu'elle ne le tue.
– Tais-toi, Asmodée ! Si Iluth a pu le corrompre, je le peux aussi. Elle n'est qu'une petite intrigante maladroite. J'ai défait des centaines de mâles avant même qu'elle ne vienne au monde !
– C'est ce qui fait sa force. Elle ronge lentement le cœur de cet homme depuis le début de l'automne, crois-tu pouvoir en faire autant en l'espace d'une nuit ? Vous vous fourvoyez ! Laissez-lui sa chance. Samaël, je t'en conjure, ne prends pas de décisions hâtives. Ou Abrahel en paiera le prix de sa vie, et peut-être Iluth également…
– Ne t'inquiète pas pour ça, mon vieil ami. Nous lui avons laissé sa chance. Elle la saisit depuis plus de trois mois à présent. Mais si le vent tourne, nous serons là pour lui venir en aide.
– En tuant sa proie à sa place ?
– En la débarrassant d'un être qui pourrait la séparer de nous.
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