La cellule

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Assis dans sa cellule, Georges semble tout à fait à l’aise. Il ne montre aucun signe de stress, souris niaisement aux gens qui passent, et compte assidûment le nombre de petits carreaux du carrelage au mur. Carrelage plutôt décent, dirons-nous, présentant un motif basique constitué de grand carreaux noirs entourés de petits carreaux blancs, de telle sorte qu’un carreau noir est parfaitement entouré de 16 petits carreaux blancs. Les carreaux noirs sont disposés de manière que l’un des sommets pointe vers le sol, de telle façon que le carreau le plus bas touche parfaitement le sol et donc les petits carreaux blancs qui l’entourent en ce point sont coupés en deux parts égales. Georges était donc plongé dans la contemplation et l’étude numérique de ce mur parfaitement symétrique et aux formes bien carrés comme il les aime.

C’est au cours de cette étude approfondie, qui aurait pu durer des heures, et d’ailleurs durait déjà depuis bien plus longtemps que le sens commun ne l’aurait supporté, que l’officier fit son entrée.

⁃ 278.

⁃ Plait-il ?

⁃ Le nombre de petits carreaux blancs sur ce mur, est 278.

L’officier, qui somme toute n’avait rien demandé, et en vérité n’en avait strictement rien à faire, fit comme s’il n’avait pas entendu, et fit signe à quelqu’un hors de la cellule.

Alors entrèrent deux policiers transportant une table en acajou de quatre mètres par un mètre cinquante, une chandelle posée au milieu. En chacune des extrémités de la table sont disposées les ustensiles à même de permettre le bon déroulement d’un repas : fourchette, couteau, cuillère, assiette et verre (à pied, en l’occurrence).

L’officier tends une serviette à Georges qui dans l’instant la pends à son cou ; et attends qu’un autre policier lui amène un siège (lui aussi en acajou, sans même petit coussin pour les fesses, ce qui doit être pour le moins inconfortable), pour s’asseoir en face de lui.

A ce stade-là, et pour ne pas perdre un lecteur qui, j’en suis sûr, est déjà confus quant aux dispositions architecturales de la cellule et du comment une si grande table peut-elle y rentrer, je pense qu’il est nécessaire de faire un point sur les conditions de détentions dans lesquelles se trouve notre ami Georges.

La cellule de Georges fait 6m50 par 2m50 de large, et en ce sens ressemble bien plus à un conteneur qu’à une cellule de prison. De plus, elle est entièrement vide, à défaut d’une banquette disposée sur le mur du fond et prenant toute la largeur de la pièce, sur 50cm de profondeur. C’est sur cette banquette que Georges est assis. Le mur du fond, comme les murs de droite et de gauche, sont parfaitement similaires et présentent les fameux carrelages. Il n’y a donc aucune fenêtre dans la cellule, et le dernier côté est fermé par une grille, qui mène sur le couloir du commissariat. C’est par cette grille, qui peut s’ouvrir entièrement, comme des portes à battant, que l’officier a fait rentrer la table.

Georges est donc assis face à l’officier de police, dans une cellule aussi grande qu’oppressante, à moins que comme Georges, l’on apprécie tout particulièrement les carrelages bien symétriques.

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