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Croyez-moi, il était à sa quatrième tentative au Baccalauréat. Dans la classe, les tout jeunes l'avaient rejoint. "Doyen", c'était son petit surnom, un surnom qui lui rappelait qu'il était en train de perdre son temps et surtout celui de maman. Maman, c'est vrai, était plus touchée par ses échecs répétés que toute autre personne. "Si ton père était encore en vie, il aurait tout fait pour que tu aies ton BAC", disait-elle en essuyant discrètement une goutte de larme qui perlait sur sa joue. Rappeler la mort de papa était toujours douloureux.
Il avait aussi envie de pleurer. Mais à quoi bon ? Tout ce que la vieille attendait, c'était ce sésame qui lui ouvrirait les portes de l'emploi.
Il étudiait avec acharnement. Mais rien ne lui réussissait. Il avait expliqué des cours à des plus jeunes qui avaient réussi brillamment à leur examen. Décidément, il lui fallait prendre les choses en main.
Alors il décida : cette année, peu importe le moyen qu'il utiliserait, il aurait le BAC.
Et tout bascula.
"C'est un réseau fiable", lui dit ce monsieur en costume qu'on lui avait recommandé.
- Et vous dites que je dois payer combien ? demanda-t-il.
- 150.000 F avant la composition et 50.000 après les résultats.
- 200.000 F, répéta-t-il pour lui-même.
Il n'avait qu'à faire entrer son téléphone dans la salle de composition. Et c'est tout. On lui fournirait les corrections 20 minutes après le lancement des épreuves.
- Et si on me surprenait avec mon téléphone ? s'inquiéta-t-il.
- Les surveillants sont dans la confidence, rassura le monsieur.
Est-ce qu’il était rassuré ? Non ! Mais est-ce qu'il allait le faire ? Absolument. Ne restait qu'à trouver les 150.000 F. Là aussi, il avait une idée.
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