« Il vaut mieux parfois rester aveugle qu'observer le monde au travers d’un filtre. »

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Je marche dans l’une des nombreuses ruelles de Calandra pour rentrer chez moi. Dans l’immensité de mon esprit s’animent des formes diverses et variées qui se représentent au gré de cette mélodie urbaine m’entourant. Ledit chant de la vie accompagnée de ses milliers de bruits, des voix se distinguant par leur timbre unique et leur intonation se mélange au brouhaha de la Cité. Cette ville, je ne peux l’observer de mes propres yeux, mais j’entends en revanche les échos. Ils m’accompagnent, me guident dans ces ruelles. Ce chemin, je le connais, maintenant, par cœur. Chaque vibration et autre tintement se répètent et colorent mon for intérieur de tâches abstraites. Elles m’indiquent le chemin du retour.

Vous ne me croirez peut-être pas, mais tout est sciemment organisé, catégorisé et pensé dans la tête d’un aveugle. Même si je ne peux saisir certaines choses illustrant la vie. Cependant, ce voile noirâtre ne m’empêche en rien d’en apprécier les sensations, les percepts, ceux qui ajoutent à ma vie d’infirme l’intérêt de vivre et même d’aller toujours plus loin. D’aller de l’avant.

De mes petits dix-sept ans, je suis habituée à cela, mais, de toute manière et heureusement, James est toujours à mes côtés. James est mon assistant personnel. Il émet toujours ce bip-bip qui lui est propre et parmi tous les autres sons, il est celui qui me plait le plus. James me rassure. Une chance pour moi de l’avoir. Je le dois à mes parents qui ont dû travailler dur pour me l’offrir.

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Sur le chemin du retour, les bruits de la ville sont au plus haut. Entre le hurlement de l’aérotrain, le vrombissement des voitures, les voix des citadins, c’est à peine si je distingue les indications de James. Il me prend par la main pour me signifier d’attendre. Il semble hésiter avant de traverser. Étrange. Cela ne lui ressemble pas.

Soudain, le célèbre jingle de la chaine publique numéro un se met à résonner plus fort que le reste des bruits environnants. Cet air insidieux fait aussitôt son effet, car il est rare de l’entendre aussi fort. Je me souviens de la dernière fois qu’il est résonné ainsi c’était pour nous prévenir d’un tremblement terre de magnitude seZpt.

J’imagine tout le monde regarder les écrans géants, les yeux à la bouche grands ouverts. J’incline la tête vers le bas et me concentre, sur mes pieds pour capter les vibrations du sol. Mais rien ne me parvient. Je redresse la tête vers ces écrans comme si je pouvais les voir. Puis la main de James ressert la mienne. Cela me fait penser qu’il a peur, même si je sais qu’il ne peut ressentir ou c’est peut-être moi aie peur.

— Flash capital ! s’annonce la voix chaude et solennelle de la présentatrice, Marisa Banks. Nous venons d’apprendre une information de la plus haute importance. Une fusillade aurait éclaté dans les laboratoires la Nationale Robotique Tour. D’après nos reporters, des machines auraient pris les armes et auraient fait plus d’une dizaine de victimes. Nous tenons, pour cela, à vous prévenir de vous éloigner de toute urgence des ro…

— Un instant, coupa Sullivan Denver. Je viens tout juste d’apprendre, que c’est un forcené qui a généré, donc pas de panique. Nous sommes vraiment désolés d’avoir monopolisé l’attention pour cela.

Est-ce que j’ai bien entendu. Des robots tueurs ? Non, impossible. Autour de moi, la cacophonie a repris de plus belle et je n’entends plus que les questionnements des passants.

— James ? prononcé-je d’une voix tremblante.

— Il faut rentrer et vite.

Autour de moi, l’air s’est alourdi. Pourtant, je sais que James serait incapable de faire une telle chose.