Marqué par un connard
7 h 30
La sonnerie retentit dans mes oreilles et m’extirpe de mon sommeil. J’ouvre mes paupières. Le premier élément qui me parvient comme toujours est la fraicheur de l’air conditionné. Je l’ai réglé à quinze degrés centigrades. Cela est établi de telle sorte que, chaque matin, je puisse me réveiller non sans mal. Et comme je déteste rester allongée sans rien faire, je sors du lit. Un frisson part du bas de mon dos et s’arrête sur mes avant-bras. Je frotte de la main mes bras pour me réchauffer.
— Opérateur. Régule progressivement la température à vingt-deux degrés centigrades, ordonné-je d’une voix enrouée.
Chaque matin c’est la même rengaine. Cette phrase sort machinalement après chaque frisson. Je m’étire enfin pour réveiller de cette longue nuit. J’ai bien trop accumulé de fatigue la semaine précédente. Et celle qui se présente à nouveau, va, je crois, être tout aussi rude. Qu’importe, cette pensée me ramène à la réalité. Je me dirige d’un pas assuré vers la salle d’eau.
— Opérateur. Lumière. Et ouvre les volets de l’appartement.
Ceci dit, je peux, maintenant, rentrer dans la salle d’eau. Pendant que je me regarde dans le miroir, le rideau du hublot ovale sur ma gauche s’ouvre progressivement. Cela éclaire davantage la pièce. Je saisis un gobelet le remplit d’eau et me rince la bouche. Je déteste cette sensation de sentir mauvais alors comme tous les matins, et ce depuis mes huit ans, j'ai adopté ce mécanisme. Adopter une hygiène impeccable. J’ai hérité cela de mon père. Un homme dont le statut était si important pour cette ville, qu’il a fini par y perdre sa famille et sa vie par la même occasion. En recoiffant mes cheveux en pagaille, je le revois. Cela est sûrement dû à son côté asiatique. Enfin, c’est toujours ce qu’on me dit. Or, ce matin alors que je range ma brosse à cheveux à sa place, mon regard croise mon visage. Étrange. Cette manière de m’observer. On aurait dit celle ma mère. J’efface cette pensée, par une autre. Une envie pressante me prend.
Je termine mon rituel sous l’eau brulante de la douche. Cette pureté qui ruissèle sur le sommet de mon crâne m’est à chaque fois une bénédiction. Il est plutôt rare de bénéficier d’autant de luxe dans un si petit apparemment. Enfin, quatre-vingt-six mètres carrés, j’ai toujours trouvé cela petit. Surtout pour une personne comme moi. Oui, j’aime les grands espaces et ne m’en cache pas. Je pose une serviette sur mes cheveux et sors nue. La chaleur de l’appartement est optimale. Dans la cuisine, j’ouvre le frigo où un plateau garni m’attend. Assise sur le bar, les nombreuses gouttes qui jonchent mon corps commencent à s’évaporer. En croquant dans ma tartine beurrée, où un coulis de fraise la recouvre, j’aperçois mon salon. Tiens, j’aimerais bien changer la déco. Aujourd’hui, j’ai envie de me renouveler. Demain ce sera surement fait. Généralement, quand je décide de faire quelque chos, la chose en question se fait. Je dois tenir cela de ma mère. Qu’importe. Je bois mon bol de café froid et repars dans ma chambre. En passant, je plonge mon regard sur la baie vitrée qui longe toute la longueur de l’appartement et y perçois le Soleil levant. J’adore. Même si c’est trop petit, la vue reste une merveille.
— Opérateur. Pour ma tenue du jour. Je veux une robe à pois et la plus cintrée.
J’attends moins de dix secondes et du mur s’extirpe un rayon. La Robe demandée est la première parmi d’autres, plastifiées. De nouveau de la salle d’eau, je retire la serviette.
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