08h30
8 h 30
Devant le miroir de l’ascenseur, je termine ma touche de beauté avec une pointe rouge carmin. Parfaite cette couleur. Je ferme les yeux. La porte se verrouille. Mon ventre se soulève soudain. En quelques secondes, je passe du 231e étage au rez-de-chaussée. J’adore cette sensation. Si j’en avais le temps, je remonterais bien pour redescendre. Je les rouvre. Déterminée. Une dure journée m’attend. C’est ainsi fait. Sauf ce matin, je ressens en passant dans le hall de mon immeuble cette lourdeur de l’air. Il s’est alourdi et c’est pire quand je me retrouve dehors.
L’ambiance a changé. Les sonorités multiples de Calandra s’éveillent d’une nuit noire comme le plumage d’un corbeau. Ce même animal est le blason de la cité. Il porte si bien son slogan « Faite pour la métamorphose ». Slogan qui désigne fort bien les reflets obscurs de la ville. Une métropole où la cybernétique bat son plein. Je marche dans l’avenue de mon immeuble. Le trottoir et large et dénué de circulation. Enfin, disons que les voitures ne circulent plus ici-bas. J’avance. Mes escarpins bleu roi claquent en deux temps sur le bitume. L’oppression de l’air me fait accélérer la cadence.
Quand plus, haut sur les voies aériennes où circulent nombre de véhicules. Un clackson retentit. Je relève la tête. Un accident entre deux chauffards. Dérisoire. Comme toujours, j’avance. Les passants deviennent plus nombreux une fois sortis des quartiers d’Or. Ici ils sont moins aisés que d’autres, mais il laisse place à tout type de trafiques. Enfin, je poursuis ma route. Soudain un vent d’est relève ma robe légèrement. Je regarde autour de moi à part le un groupe d’hommes en face de moi, personne ne semble l’avoir vu. Mince. Ils sont nombreux. Je continue, lancée. Mon attitude se fait plus froide, plus rigide. À leurs côtés, c’est comme si je ressentais leur souffle, leur désir, leur envie dégueulasse. Ils me matent. Quelques mètres plus loin, l’un d’eux me siffle et un autre me héla.
— Oh, la geisha revient nous. On a tous vu. Hein, salope !
Je serre les dents. Ce genre d’hommes m’exaspèrent. Je ralentis mon allure. En même temps, je les comprends avec de telles manières bonne chance pour trouver l’amour. Je retourne. Furieuse.
— Oui, Salope. C’est bien de toi qu’on parle.
Celui qui a pris la parole et fort séduisant en plus. Connard. Le petit caïd du groupe. De nerf, je lui impose mon majeur serti d’un saphir. Celui-là, il va s’en rappeler. Je poursuis mon chemin.
— Rappelez-moi les mecs ? Les principes d’une geisha ne sont pas d’être au service des hommes ?!
J’avance un peu plus vite. Ce genre de types sont réputés pour des choses dont j’ignore l’horreur. Je lève les yeux au ciel. Et je vois une patrouille de police. Rassurée. Je lui aurai bien répondu que les geishas ne sont en rien au service des faibles. Et puis c’est souvent qu’elles coupent les couilles de cons. J’aperçois une autre ruelle moins malfamée. Heureusement que les agents sont passées.
— On se retrouvera ma p’tite geisha !
Cause toujours. Enfin, Je progresse dans un boulevard commerçant.
Quand, je passe devant un supermarché, je ne peux m’empêcher de penser à cette enflure en songeant à lui offrir un cœur. Quel gâchis, un être si beau… je grince des dents et mon ventre de noue. Non je ne peux pas être touché pas type de ce genre. En plus je ne suis pas une Japonaise. Il m’agace. J’ai envie de lui dire ce que je pense. Puis le vent se remet à souffler. Mes cheveux de jais passent de mes yeux. Fille du vent. C’est comme cela m’appelait mon père durant mon adolescence. Ce courant d’air plus tiède me pousse à traverser les nombreuses boutiques pour la plupart fermées. Quand un Kiosque à attire mon attention. Surtout la une du magazine Business Corp. Je prends un journal le feuillet numérique. « Soulèvement des robots. Intox ou réalité ? Je poursuis du regard et le lis en diagonale. Puis une image m’interpelle. La photo du PDG de la Nationale Robotique Tour. Il à un faux air avec ce petit caïd. Étrange.
— Merci.
— De rien cela fera trois Tip Coins d’argent.
Je tends mon poignet vers le magasinier, qui d’un geste mécanique il me le scanne.
— Vous avez été solvable. Bonne journée.
Je ne prends pas la peine de jeter un œil au robot repose le feuillet et poursuis ma route. Au bout de ce boulevard. Je m’interroge sur la réelle identité de ce petit con. Je lève le bras. Quelques secondes plus tard. Un taxi descend de sa place. La fenêtre teintée s’ouvre.
— Montez, madame.
La porte coulisse, j’entre.
— L’hôpital général, je vous prie.
— C’est comme si c’était déjà fait. Accrochez-vous, je démarre.
Il est 9h13 et je décolle avec en tête, le visage d’un con. Elle commence bien ma journée.
Je me perds à observer la ville sous toutes ses coutures. Il est clair que mon père a permis l’essor de Calandra et ce depuis son mandat passé. Quand je vois passer une limousine noire, elle me fait penser à celle de la mafia chinoise. Puis un élément m’interpelle alors. La dernière fenêtre s’ouvre suivie d’un flash. Je retourne mon visage et cligne des yeux plusieurs fois. Étrange, j’ai l’impression d’avoir été photographiée.
Cette sensation désagréable disparait aussitôt et la limousine tourne vers le quartier des affaires, où plus d’une dizaine de gratte-ciels s’imposent bien haut dans les cieux. Une tour parmi les autres attire mon attention, la N. R. T. Je repense de nouveau à ce beau-gosse et sa ressemblance frappante avec le PDG de la Nationale Robotique. Cela se pourrait-il qu’il soit affilié à cette famille ? Cela ne m’étonnerait point.
st 10h15. Finalement, je peux dire au revoir à mon rendez-vous.
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