Pour oublier l'épreuve quotidienne qui surine son corps, un site procédural nommé Scribay émerge de l'enfer, une ode à la résilience pour tout possesseur d'un smartphone. La folie le guette ; lors, caché dans les champs de lotus, il joue de la cithare.

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Que vous soyez grand ou petit, beau ou laid, de Mars ou de Vénus : seule l'aventure compte. Car le chemin prévaut sur la destination ? Oui, comme de bien entendu. Donc, voyagez si l'envie vous en dit, de temps en temps venez jeter un coup d'œil à la Cité, car, peut-être, celle-ci évoluera au gré des pérambulations que procure l'écriture, à l'aventure empirique que seule l'encre peut nourrir. Il n'est jamais vraiment bon de rester sur place, et quand bien même pierre qui roule n'amasse pas mousse, l'expérience ne peut s'enraciner sans terreau. Alors certes, la ronde table pourrait s'entoiler de soie et de poussière, les rideaux pourraient se pendre au gré des vents tournants, les miroirs nostalgiser les scènes d'huluberlus astiquant leurs colossales épées, mais, nul doute qu'Elle, la Sombresel, l'Encrefiel, sera de nouveau radieuse de contes et de légendes, racontés, criés, hurlés contre vents et marées que monts et merveilles sauront vaincre.

Alors probable voyageur, lichen actuel de ces murs, désireux d'incroyable ou assoiffé de calme, si nous évoquions la folle échappée d'un humain qui, se promenant à l'orée de la forêt, faisait la rencontre d'un tigre ? Et que parmi les végétaux, les lotus se démarquaient car de leurs pétaux s'enpollenisait une cithare ? Ajoutons-y un soupçon d'irréalité, soyons fou, cassons le quotidien, colorons le morne et le triste. Que le banal soit beau. Comme il l'est, mais comme personne ne le voit.

Oui. Évoquons.

Il était comme de multiple fois, une âme errante en faim de soi. Elle avait quitté son beau jardin en quête d'enrichissants lendemains. Les truffes du quotidien, les matous du quartiers, tous la regardèrent s'éloigner. Vers ? La forêt avions-nous annoncée. Vers la jungle, plutôt, nous irons.

Et à l'orée de la jungle, haut perchées au sein de la canopée, les horizondelles cieloteintées, vertes du printemps, piailleaient et chantaient. Des comédies. Des tragédies. Au gré du vent et des envies. La brume orangée, d'évaporation et de rouille mêlée, camouflait les possibles sentiers, ceux connus, ceux possédant une fin ; ceux contraires définitivement à la définition de l'aventure. D'aventures se gargarisaient de curieux chemins, débordant de nouveautés, de senteurs et de couleurs, parfois assimilées à la douleur, ô combien excquise, car elle aussi, fait partie de l'ode à l'exploration. Des souffrances naît le plaisir ; quoi de plus grisant que de chuter d'une hauteur de béton armé, s'écorcher les genoux, les coudes, possiblement s'enbleuir l'arcade ou s'ouvrir la lèvre ? puis de se relever, affamé de la reconquête de l'échec et de regravir, une à une, les aspérités minérales graveuses de chair ; triompher d'elles, les dominer, répondre à l'appel du devant. Le devant, cet horizon inspirant, cette ligne éloignée que les yeux ne font qu'accrocher sans que les membres ne puissent l'attraper. Mais, pas après pas, certainement, l'attrait séduisant que forme le trait collé, serré, épousé de la terre à la commissure du firmament, évidemment, oui, un pied puis l'autre, le là-bas sera l'ici. Que dire aussi des murs de ronces, aux épines acérées et aux mûres mûres que les murmures seuls évoquent sucre et bonheur. Puisqu'alors que le temps chérubin s'égrainait encore un peu, qu'on se le dise, nous avons tous été grondé car notre peau et nos vêtements furent malencontreusement imbibés des teintes des fruits interdits, ces satanées haies de mûrtricolores, si attirantes et pourtant couperet de tant d'enfants, traîtresses viles, pièges de vies dans les vignes, scarifieuses de joies juvéniles.

Mais !

Cessons donc de relater les péripéties du passé, antithétiques antiquités fossilisées par les strates du temps quand l'à-venir, au delà du domaine appartenant au futur, s'imprégnera d'imprévisible que l'on ne pourra ni nommer ni décrire, si ce n'est avec des néologismes émergeant du néant alors que l'on s'efforcera de caractériser ces moments en allégorie du présent, incapable de se muer en modernisme et bloqué par une éthique qui empêche de souffler sa flamme.

Où aller et que faire dès lors ?

Chercher l'invu, découvrir l'imbu. Hypothèquer sa vie, la diluer en monnaie, des fragments de ruine contre un peu d'éphédrine, histoire d'alimenter le conte pour qu'au terme de l'addition le compte adjonctionne les grandeurs extensives, plus et minus, pour que la vie soit consommée et non consumée. Cependant, nous nous égarons ; qu'était-ce le postulat de départ ? Une poésie pauvre, composée d'une rime tout aussi chiche.

Il était de multiples fois, donc, une âme errante en faim de soi, donc.

Deux rimes, valent mieux qu'une. Le début d'une belle aventure, au gré des mots et des maux, facile jeu de veau qui équivaut au regard hagard rigolo d'un blaireau résolument gaillard. Truculent. De roulade en boutade, bourade, de cabriole en farandole, on lui tenait la main, à qui ? à l'âme en vogue • suivez, restez connectés •, et de récits en légendes, les phares en doléance lui intimaient de rebrousser venant. Pas par ici, pas par là-bas. Pourquoi diable les bonnes gens remuaient l'enfer et l'empêchaient de fendre les Dennes ? N'avait-elle pas prouvé à moultes reprises ses qualités d'escaladrices ou d'avalprécipices ? En quoi avancer droit en terre connue serait un problème ; quelle récidive devait-elle craindre ?

Il était comme de multiples fois, une âme errante en fin de soi.

Une âme qui aspirait à autre chose que des horizondelles de printemps ou de mûres à la récolte urticante. Une âme qui trouva l'original là où elle ne s'y attendait pas ; certes au détour d'un fourré de clameurmilles, improbable si proche du chez soi !, mais, ah ! que les lotus à notocordes brillantes l'attiraient là-bas, elle, l'être fragile aux ailes saupoudrées de cire, l'icarienne prompte à la bêtise qui se fiche de brûler ses basals. Et pourtant, l'aventurière enfermée dans la jungle poursuivit sa percée dans l'inconnu avec l'inconnu aimable qui lui promit saveurs et douceurs en échange de chordes, notes envoûtantes émises de la gorge fine d'une euphonie primitive, vierge candide perdue aux yeux et à la barbe de tous qui suivra le chemin promis.

Et le tigre dans tout ceci ? Le tigre on s'en fout, intéressons-nous plutôt à l'homme qui le montait tandis que ses doigts dansaient sur les cordes de l'envoûtante cithare.

C'est l'genre de mec intelligent, qui ne parle jamais pour rien. Il est pas bien méchant, il est juste un peu taquin. Son enfance fut assez douce, il mène une vie plutôt banale ; quelques amis, un bon travail, loyal, il est aimé de tous.

Même si j'avoue qu'il parle peu, il est loin d'être ennuyant. Le regard doux, un peu fuyant, car il aime bien cacher son jeu, il est un peu mystérieux, il en joue avec les femmes - il est drôle, parfois sérieux, elles disent que ça fait son charme. Le genre de pote qu'on connaît bien, qui aime toujours rigoler et si c'était le tien, putain tu l'aurais adoré.

C'est l'genre de mec un peu lunaire, qui n'a pas trop les idées fixes, qui aime les livres d'Apollinai et les séries Netflix. J'avoue y'a rien d'bandant, mais cependant c'est bien réel et entre nous ça s'invente pas, hein, une histoire pareille, il passe du temps sur son PC, à regarder toutes sortes de choses - enfin rien d'intéressant, j'sais même pas pourquoi j'en cause.

La quarantaine à tout casser, il vit quelques aventures sans trop l'envie d'se caser ou d'avoir de progéniture. Des envies il en a plein, un jour je l'ai compris. Et ce jour c'était celui où elle a croisé sa vie. Il est plutôt épanoui, puis qui tente rien n'a rien, il prend son courage à une main pour la ramener chez lui. Ensemble ils discutent un peu, ils n'ont aucun point commun, mais bon j'avoue ça se voyait bien, je dirais même que ça crevait les yeux : à priori elle était seule, c'était bizarre, mais laisse, le hasard fait bien les choses et parfois c'est l'inverse.

Elle avait de jolies tresses, elle riait à ses sottises, lui avait un maudit stress, d'la maladresse et d'la hantise. Elle était plutôt jolie, inquiète au premier abord, là j'ai pas vraiment compris ; elle a fini par dire d'accord.

Ils sont arrivés chez lui dans une maison plutôt banale, pas d'quoi faire une anecdote qui restera dans les annales. En gentleman, il l'escorte et puis l'invite à rentrer ; il prend soin d'fermer la porte • à clé.

Il était plutôt rassurant, comme une étrange caresse, mais quand il s'est approché d'elle, le froid a envahi la pièce. Elle s'était pris de tendresse, d'innocence un peu naïve, tout s'est passé si vite, avant que tout ça n'arrive ; il lui a dit d'ouvrir la bouche, de ne pas serrer les dents. Ça n'a prit qu'un court instant avant qu'il lui jouisse dedans ; les yeux étouffés par les pleurs, d'instinct elle recrache au sol, paralysée par la peur devant sa verge molle, elle est comme vierge folle à s'en crever les yeux.

Personne viendra la sauver, et encore moins vos dieux. Son cœur n'est plus qu'un trou noir, elle vient de se voir mourir et n'ose pas croiser le regard de celui qui vient de la pourrir. Mais qu'est-ce qui pourrait être pire que de mourir une fois ?

Elle m'aurait dit mourir deux fois.

Elle n'avait pas trop de poitrine, mais lui il aimait ça. Elle était belle comme une ballerine, mais elle ne dansait pas. Son visage n'exprime plus rien, même la peur a foutu l'camp, elle n'est qu'un jouet entres ses mains, une poupée de sang.

Petite pute déshabille-toi ; dire ces mots lui fout la trique ; elle s'exécute encore une fois, en pilote automatique. En lui léchant le bout des seins, elle glisse entre ses doigts, son corps chaud contre le sien, comme un chien contre sa proie, il se met à tenir ses mains, pour mieux la pénétrer et leur seul point commun, c'est qu'il n'ont rien pour s'protéger.

Et je t'assure que c'est réel, c'est peut-être quelqu'un autour de toi, l'être humain est cruel, c'est juste qu'il ne le montre pas. J'ai oublié de vous dire, car ce n'est pas suffisant : la fille que je viens de décrire, elle n'avait que dix ans.

Artiste [Euphonik]

Album [Thérapie]

Titre [Vierge folle]

Lien Youtube https://www.youtube.com/watch?v=fIXnScn__jk

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