Je poussai la porte. L'odeur d'encens s'échappa de l'alcôve à demi-éclairée par une ampoule cachée aux teintes orangées. De longues drapures orientales pendaient d'un plafond haut, dansant sous le mouvement de ce qu'elles cachaient à ma vue mais guère à mes oreilles: les soupirs rythmés de deux corps qui s'aiment.

Je fais un pas, peut-être deux, la porte se referme derrière moi tandis que ma main descend vers mon sexe. Je me touche, je bande déjà, et en tête la sempiternelle règle: tu te toucheras mais tu ne jouiras point. Promis: je ne jouirai point.

Encore une poignée de pas supplémentaires me séapraient du sérail drapé. L'odeur d'épices et d'encens m'enivra. Etait-ce ça ? Etait-ce l'excitation ? Mais mon coeur battait trop fort et ma tête se mit à tourner. A croire que l'essentiel de mon sang avait décidé à alimenter la protubérance phalique qui m'encombrait les cuisses plutôt que mon encéphale en surrégime. Ma main droite ne quitta pas ma queue, qu'elle décalottait de temps en temps, juste pour sentir la dension érotique qui durcissait sa circonférence et alimentait ses veines, tandis que la gauche se leva pour agripper le rideau.

Une hésitation.

M'acceptaient-ils vraiment ? Pourquoi le faisaient-ils ? Pour...

Mais mes questions furent interrompues par ma raison. J'avais enfin l'occasion de ne plus être puceau, il fallait saisir la perche. Les muscles de mes doigts se contractèrent. Mes phalanges se refermèrent. Et lentement j'écartai tout le pan d'un rideau pour laisser m'apparaître cette pièce immense, capitonnée de rembourrage en velours noir et couverte de matelas entassés les uns sur les autres à différentes hauteurs.

Sur l'un deux, ils se trouvaient. Ils ! L'orientale beauté et son étalon couleur d'ébène. A quatre pattes, elle offrait les deux globes gonflés de son cul à l'orgueil démesuré de sa bite qu'il enfonçait en elle comme on enfonçait d'insolites objets démesurés dans le sac de Mary Poppins. Son clito jouissait du claquement régulier de ses couilles - larges, rondes, d'un noir profond - tandis que son visage se crispait d'extase lorsque son gland frappait le fond ouaté de sa compagne.

Ils firent comme si je n'étais pas là, si bien que je pus m'approcher, sentir leurs odeurs, leurs sueurs respectives se mêler et, en un sens, participer à l'acte. J'étais si prêt que je sentais ma virginité m'échapper. Me glisser entre les doigts. Et j'adorais ça. J'adorais ça autant que ce que je voyais. J'aimais le spectacle et ce qu'il promettait, la vue et ce qu'elle déclenchait en moi.

Toujours aussi précautionneusement, comme si un geste trop brusque aurait fait disparaître ce mirage, je me baissait et me rapprochai de son cul à elle. Je tendis une main mais n'osai toucher. Je me contentai d'observer la peau tendue claquer contre la raideur musculeuse de ses cuisses à lui. Puis suivis la courbe sinoptique de ses fesses jusqu'au sillon interne, plongeant vers un anus timide, violacé, trempé de la mouille qui s'échappait de la vulve voisine. Et descendis encore. Encore. Jusqu'au pieu noir qui la transperçait. Ce pic luisant de ses sécrétions à elle, texturé de ces arabesques fantasques gonflées de sang, s'échappant parfois presque totalement des replis de chairs mouillés puis, d'un coup sec, s'y renfonçant de plus belle, encore et encore et encore. J'étais assez près pour sentir les effluves salées de sa mouille et l'odeur musqué de son sexe.

A nouveau, il me prit l'envie d'y mettre un doigt. Juste de toucher. Frôler cette mouille tentante. En humidifier la pulpe de l'index, puis la porter à ma bouche. Faire goûter son jus à mes muqueuses. Puis y replonger mes doigts, mes deux doigts cette fois-ci, et regoûter encore. Puis encore. Me couvrir le visage de ce liquide salé parfumé, fait de musc et d'épices, d'orient et de soleil couchant. Mais à nouveau je n'osai pas. J'avais tout le temps après tout, pourquoi se précipiter. Pourquoi ?

Je reculai. Et m'imaginai à sa place. Ado blanchouilleux à la place de l'étalon noir. Bite respectable à la place du pieu démesuré. Muscles timides contre carapace bodybuildée. J'avais beau être bien foutu, je ne faisais pas le poids. Et peut-être en était-il mieux ainsi. Il était la personne nécessaire pour sa beauté, et elle l'était également. Pourquoi m'imaginer à sa place ? Pourquoi pas simplement profiter ?

Alors je m'assis légèrement à l'écart et commençai à me branler, rageusement. Mon sexe était si dur et l'odeur de mouille si présente dans mon esprit que la purée monta instantanément. Et à ce moment un questionnement : qu'est-ce que perdre sa virginité pour un homme ?

Tremper sa bite ?

Ou simplement baiser ?

Faire du sexe ?

Si je lui éjaculais dessus, je ferais du sexe, pas vrai ?

Serais-je dès lors dévirginisé ?

Je me levai rapidement et me plaça face à elle. Et face à lui. Exactement dans ma ligne de mire. Je voyais la courbe de son corps légèrement penché en avant, Ses hanches larges accueillant entre elles le poteau que sa vulve avalait. Et son visage, ses lèvres pulpeuses, ses longs cheveux bruns, juste à côté de ma bite. Eût-il donné un coup un peu trop fort dans son cul qu'elle se serait retrouvée le visage collé à mon sexe.

Et la fixant ainsi, je me branlai, me branlait plus fort encore. Je sentais le sperme bouillonner, prêt à monter, prêt à lui éclabousser le visage et les lèvres, prêt à...

Le réveil sonna.

Le réveil sonna et j'avais encore mouillé les draps sans mouiller son visage.