Prologue
Quand j’ai dit à mes parents que je sortais faire un tour, ils m’ont regardée comme s‘ils me voyaient pour la première fois.
- Comment peut-on avoir le courage et l’envie de « faire un tour » ? avait dit ma mère.
Car oui, dans notre petite ville de Glaon, au sud d’Alegoral, la flemme et la paresse étaient les maîtres mots.
Mais j’étais différente. Je restais lasse, oui, mais pas pour les mêmes raisons que les autres. J’étais lasse de passer mes journées oisive, dans le salon, sur un banc, à écouter l’eau couler ou le vent souffler.
Ce matin-là, je suis donc sortie seule dans les rues désertiques, abandonnées comme dans un film de science fiction. Notre ville ressemblait plus à une décharge qu’à une véritable ville.
Les clochards s’entassaient sur les routes déformées, les maisons s’écroulaient et les plantes envahissaient chaque recoin, changeant les jardins en fôret vierge.
Je me suis avancée en sifflant, cherchant le soleil, je me suis laissée guider par des songeries laiteuses, bienveillantes, chose que j’ai aussitôt regrettée.
À Glaon, les gens ne sortent pas.
J’aurais dû faire comme eux.
Mais je l’ai compris trop tard.
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