Chapitre I: Sous le ciel du crépuscule

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Le soleil se coucha dans un dégradé, allant du rouge au jaune. Progressivement, les ombres des bâtisses de la ville s'étaient étendues de leur long au fur et à mesure que le soleil s'était effacé au loin, laissant place à l’obscurité. Remarquant cela, je m'afférai dans mon ardue besogne. J'avais retiré à l'aide de ma pince les clous qui maintenaient en place la semelle usée par le temps et les kilomètres parcourus. Voyant que le vieil homme qui m'avait confié sa paire de souliers commençait à s'impatienter car lui aussi devait se dépêcher de rentrer vaquer à ses occupations comme tant d'autres habitants qui composaient cette . Je relevai la tête un court instant en effectuant un mouvement de tête en direction du vieillard, lui montrant que j'avais compris son message mais ne pouvant rien faire de plus. Le travail de cordonnier était un métier certes passionnant mais qui usait le corps.

Recommencer encore et encore inlassablement la même manœuvre en boucle durant des heures jusqu'au coucher du soleil. Généralement, je profitais de ce moment pour discuter avec le client, souvent masculin d'ailleurs, les femmes n'ayant pas pour habitude de porter des souliers en cuir. De par la nature de mon métier, je me retrouvais à converser avec différents corps de métiers. De l’employé agricole à l’ouvrier en passant par le petit bourgeois qui pouvait s’offrir de souliers de la mode précédente, n’ayant pas suffisamment de moyens pour s’en offrir de meilleure facture. Néanmoins, cela me permettait à travers les bourgades que je traversais durant mon périple d’en apprendre plus sur la vie de chacun, le travail harassant des champs, le travail usant et périlleux des mines, mais aussi le train de vie confortable des commerçants ayant pignon sur rue. Le temps passait.

La nuit était presque tombée lorsque je finis de remettre les clous sur la seconde chaussure, chaque coup de marteau me rapprochais un peu plus de la fin de mon œuvre. Le dernier clou enfoncé, j’inspectais une dernière fois la paire avant de la remettre à son propriétaire. L’homme arborait un air dur et fermé certainement agacé que n’ai pas été assez rapide à son goût. Il me donna la somme due d’un geste brusque avant de s’en aller, disparaissant dans l’obscurité. Je pris un temps pour souffler, avant de rassembler mes affaires pour les ranger ensuite dans mon grand sac à compartiments qui me servais à stocker mes fournitures ainsi que mon matériel. J’en profitais pour faire le compte de la somme obtenue durant la journée.

Après avoir recompté, j’étais en possession d’une trentaine de francs. Une journée ni bonne ni mauvaise. N’ayant nulle part où dormir et n’ayant pas eu l’occasion de me nourrir durant la journée, j’arpentais désormais la ville à la recherche d’une auberge ou d’une taverne qui saurait faire mon bonheur. Les bâtisses avaient troqué leurs couleurs vives du jour pour une robe sombre, ne laissant laisser passer que la lumière qui illuminait alors la rue à travers les vitres. Sur ma route, je voyais au loin une silhouette munie d’une lanterne à la ceinture, c’était le lampiste. Une fois arrivé à sa hauteur, je me suis permis de l’aborder :

-Dîtes moi mon brave, sauriez vous où je pourrais trouver un endroit où dormir et où me restaurer ?

Le lampiste se tourna vers moi, retira son couvre-chef un court instant pour gratter la tête puis me dit :

-Pour sûr jeune homme ! A quelques rues d’ici se trouve une auberge nommée « Au Petit Moineau » c’est un peu rustique mais on a en pour son argent. J’y passe boire un canon durant la journée, le gérant est un chouette gars.

-Merci je m’y rends de ce pas.

-Bonne route et faîtes attention à vous.

Sur ces mots, je repris ma route, scrutant les façades des maisons à la recherche d’une enseigne ou d’un signe distinctif. C’est au bout d’une centaine de mètres que je commençais alors à entendre du bruit.

Le bruit se faisait plus fort au fur et à mesure que je me rapprochais de sa source. Une fois devant, j’étais face à une grande maison qui avait été aménagée en auberge. Une petite enseigne siégeait au-dessus de la porte comportant l’inscription « Au Petit Moineau ». Sur la droite de la porte était également inscrit un message : « Bienvenue Au Petit Moineau ! Ici de quoi manger boire et dormir ! ». Au moment de passer la porte, une lumière orangée et chaude m’envahit. J’étais face à une grande pièce où des tables ainsi que des bancs placés dans le sens de la largeur, occupaient la majorité de l’espaces, de manière à optimiser au mieux l’espace disponible. Au fond à droite se trouvait le comptoir avec un trou d’où sortaient les commandes, certainement la cuisine.

La salle bourdonnait de bruit, entre les éclats de rire, le brouhaha ambiant et le bruit des couverts dans leurs assiettes. Je scrutais la pièce à la recherche du gérant ou d’une serveuse. Mon regard se posa sur une femme d’environ la mi vingtaine. Plutôt grande sans non plus dépasser un homme, des cheveux d’un brun chocolat, attachés et recouverts par un bout de tissu blanc, nuancé par deux yeux couleurs noisette. Elle arborait une robe rouge recouverte par un tablier en cuir usé par le temps, tâché à quelques endroits par de la bière sans doute. Nos regards se croisèrent, puis elle me fit signe qu’elle arriva de suite pour me servir. Arrivée à ma hauteur, elle s’adressa à moi :

-Bonsoir monsieur, c’est pour manger ou pour boire ?

-Les deux selon l’envie. Tant que j’y suis, est-ce que vous auriez une chambre de disponible ?

-Bien sûr, pour ce détail, je vous laisserais voir cela avec le gérant, c’est l’homme qui se trouve au comptoir. Si vous voulez bien me suivre. Son visage était d’une finesse et ses traits laissaient paraitre une douceur et une bienveillance. La lumière dégagée par les flammes des bougies dansait sur son visage. Une autre serveuse plus vieille possiblement la femme de l’aubergiste l’aidait dans sa tâche.

-Monsieur ? Sa voix me sorti de mon intense moment d’observation.

-Oui excusez moi j’arrive. Elle s’arrêta au niveau d’une longue table qui se terminait au niveau du mur de la grande bâtisse, des hommes s’y trouvaient déjà. Je posais alors mon lourd sac sous la table à côté de ma jambe gauche, ma longue veste bleue par-dessus ainsi que ma gavroche qui trônait sur le tout.

-Souhaitez vous boire quelque chose avant de manger ? Si je peux me permettre, je vous recommande la bière que l’on a reçu ce matin c’est une belle bière brune avec une forte amertume mais avec une note fruitée sur la fin, les clients l’aiment déjà. Je la remerciai pour sa recommandation et commandai une pinte de la bière brune qu'elle venait de me décrire.

Pendant ce temps, elle me conduisit jusqu'au comptoir où se trouvait l'aubergiste. L'homme était robuste, avec une barbe grisonnante et un air jovial.

-Bonsoir, monsieur, me dit-il en essuyant un verre. Comment puis-je vous aider ?

-Bonsoir, je suis de passage dans la région et je cherche une chambre pour la nuit. Est-ce que vous en avez de disponibles ?

Il prit un vieux registre de réservations aux pages jaunies par le temps et consulta les pages. -Oui, nous avons quelques chambres de libres ce soir. Vous avez de la chance. Pour combien de nuits avez-vous besoin ?

-Une nuit devrait suffire. Je vous remercie. Il me donna une clé en fer qui avait l’air aussi vieille que la demeure elle-même, avec une cordelette se finissant une plaquette de bois, un numéro de chambre inscrit dessus.

-Votre chambre est la numéro 7, au premier étage. C'est une chambre simple mais confortable. Vous trouverez votre lit fait et une bougie allumée pour votre arrivée. Je le remerciai encore et rejoignis la serveuse qui m'attendait à la table. Ma bière était déjà là, m'invitant à prendre une gorgée. La lumière des bougies créait une atmosphère chaleureuse et paisible dans la salle.

-Parfait, dis-je en prenant une gorgée de ma bière. J'ai une chambre pour la nuit, la numéro 7. Merci pour votre aide.

Elle sourit et me répondit sur un ton tout aussi enjoué :

-Mais de rien, monsieur. Si vous avez besoin de quoi que ce soit d'autre, n'hésitez pas à nous le faire savoir. Nous sommes là pour rendre votre séjour agréable. Je lui fis un signe de la tête en guise de réponse et lui demanda alors :

-Dites-moi, que servez vous aujourd’hui ?

La serveuse leva les yeux au ciel et prit un air de réflexion avant de me répondre :

-De mémoire, nous proposons une soupe à l’oignon en guise d’entrée, le plat principal est un poulet aux pommes de terres et pour le dessert, de la tarte aux pommes à la cannelle.

-ça fera la faire merci beaucoup.

-C’est noté ! Je reviens vous dès que c’est prêt, bonne dégustation.

Puis elle repartit en direction du comptoir pour transmettre ma commande puis reprit ses occupations.

J’étais maintenant face à cette choppe en métal remplie à ras bord de mousse de laquelle je pouvais apercevoir par endroit la robe ambrée de son contenu. Je pris la bière par la hanse qui était froide au contact pour la porter à ma bouche. A la première lampée, on sentait tout de suite le caractère fort et amer comme on me l’avait décrite. S’en suit tout doucement un goût légèrement fruité de fruits rouges.

Alors que je savourais la bière, mon regard se tourna vers un petit groupe de clients légèrement plus loin sur ma table, qui étaient en train de discuter autour d’une bonne boisson. Ils semblaient en pleine conversation animée, partageant des histoires et des rires. L'un d'eux, un homme d'âge mûr avec une barbe épaisse, se tourna vers moi avec un sourire amical et un regard curieux.

-Vous êtes un nouveau visage par ici, n'est-ce pas ? dit-il d'une voix chaleureuse. Je ne vous ai pas vu auparavant. Êtes-vous de passage ou comptez vous rester un moment dans notre charmante auberge ?

-Oui, vous avez dû m’apercevoir sur la place durant la journée, je suis cordonnier ambulant. L’homme se gratte la barbe semblant chercher dans ses souvenirs.

-Ah oui ! Le gamin qui réparait la paire de godasse de ce salaud d’Horace. Je me souviens encore du moment où il t’a lâché l’argent qu’il te devait comme à un vaurien.

-Il n’a pas l’air d’avoir une très bonne réputation je me trompe ?

-Il est exécrable avec tout le monde et les gens le lui rendent bien c’est tout. Et toi alors t’es ici pour encore combien de temps ?

-En vérité je ne sais pas encore, tant qu’on me propose du boulot j’ai envie de dire. Puis la ville n’est pas si mal en soit. Au moment où la jeune serveuse repassa non loin de notre coin de table, un court calme s’installa, nos yeux qui la suivait du regard.

-Elle est jolie hein. Reprit l’homme avec un rire étouffé et satisfait.

-Euh oui c’est une belle femme en effet. Lui dis-je un peu gêné sur le moment. D’ailleurs vous connaissez son prénom ?

-Bien sûr ! Cette jolie jeune femme s’appelle Madeleine, c’est pour ça d’ailleurs que de temps en temps les gars ici aiment bien chanter « La Madelon » pour l’embêter un peu.

-Elle travaille ici depuis combien de temps ?

-Oula, ça doit bien faire deux ans déjà qu’elle travaille ici notre petite Madeleine, si je ne me trompe pas. D’ailleurs pourquoi toutes ces questions elle t’a tapé dans l’œil petit ?

-C’est son visage qui me perturbe. On pourrait rester là pendant des heures à le regarder sans se lasser. Puis cette robe qui contraste avec son teint et ses cheveux lui va si bien. -Je peux pas dire le contraire non plus ! Et sinon elle te dit rien la belle Jeannette ?

-Qui est-ce ?

-C’est la dame là-bas, c’est accessoirement la femme de l’aubergiste, Armand que tu vois là-bas. Tu es pas amateur de femme à forte carrure ?

-C’est pas ça…

L’homme reprit tout de suite, ne me laissant pas le temps de finir ma phrase face à mon embarras.

-Roh, je t’embête juste gamin pas la peine de stresser.

Je revis Madeleine revenir vers nous, les mains pleines de bols de soupes à l’oignon:

-Et voici pour ces messieurs.

-Oh merci Madeleine, toujours aussi délicieuse.

-Dis donc Gustave, tu crois que je ne te vois pas là. Lui lança telle avec un regard espiègle. Et vous jeune homme, vous ne m’avez pas dit votre nom. Me dit-elle avec un regard intrigué.

-Je m’appelle Émile.

-Enchanté, Émile, répondit elle avec un sourire chaleureux. C'est un plaisir de vous avoir parmi nous ce soir. Vous avez l'air d'un voyageur fatigué. Vous venez de loin ?

Je hochai la tête.

-Oui, en effet, je suis un cordonnier ambulant. Je parcours la région depuis un moment, à la recherche de clients qui ont besoin de réparer leurs chaussures.

Madeleine leva un sourcil en signe d'intérêt.

-Un cordonnier ambulant ? C'est un métier peu commun. Vous avez certainement beaucoup d'histoires à raconter de vos voyages.

Je souris timidement.

-En effet, j'ai vu et entendu beaucoup de choses en chemin. Les gens ont tendance à me parler de leurs vies et de leurs préoccupations pendant que je travaille sur leurs chaussures. C'est un aspect intéressant de mon métier.

Gustave, qui avait écouté notre conversation avec amusement, intervint.

-Madeleine a un talent spécial pour tirer des histoires des gens. Elle a l'art de faire parler même les plus timides. Madeleine rougit légèrement.

-Ce n'est rien, Gustave. J'aime simplement entendre les récits des voyageurs. C'est une façon de voyager par procuration.

Soudain, une voix se fit entendre qui nous surpris tous les trois.

-Madeleine, les soupes ! Madeleine eu un léger sursaut avant de se ressaisir.

-Excusez moi je dois aller apporter ça et je reviens dès que j’ai finis. A peine eut-elle finit sa phrase qu’elle repartit zigzaguer entre les tables pour servir les clients.

-Quel boulot quand même pour une brave fille.Dit Gustave en portant sa bière à sa bouche. J’aimerai pas avoir un rude patron comme lui. M’enfin, on aura le temps de lui parler un peu plus quand il y’aura moins de monde dans une heure ou deux. Mais dis-moi, tu as déjà une idée de ta prochaine destination ?

-A vrai dire, pas vraiment je vagabonde pas mal de villes en villages et de fil en aiguille je passe d’une région à une autre sans m’en rendre compte. Le plus drôle et le plus marquant c’est lorsque l’on passe de la côte et plages aux collines et vallées, ça me fais voir du pays en somme.

-Tu viens d’où alors, si tu n’es pas d’ici ?

-Je suis d’une ville minière du nord de la France, Liévin. Mon père était cordonnier et m’a appris tôt le métier, j’aimais beaucoup l’aider dans son travail. Ma mère ne travaillait pas quand j’étais encore enfant elle s’occupait beaucoup de moi puis avec le temps, elle a pu donner des coups de main à droit à gauche en échange d’un peu d’argent ou de nourriture pour aider mon père.

-Et qu’est-ce qu’ils sont devenus ?

-Mon père, un jour, a eu un grave accident pendant qu’il travaillait, il en est mort. J’ai vécu pendant un temps avec ma mère puis elle a rencontré un homme plus riche que nous ne l’étions. Avec le temps, j’ai commencé à me sentir de trop et une nuit j’ai pris une résolution qui allait changer ma vie. Le lendemain j’ai rassemblé mes affaires, quelques instruments et matériaux qui étaient restés dans l’atelier de mon père puis je pris la route. Ma mère fut bouleversé de me voir partir mais pas autant que je l’espérais. Au début c’était difficile car personne ne voulait me faire confiance. Personne ne voulait confier ses souliers à un pauvre gamin des rues. Mais j’ai commencé à me faire une petite réputation à force de détermination.

-C’est une bien triste histoire que tu me racontes là fiston. Mais ça me fais plaisir de voir un gamin qui n’a pas baissé pour autant les bras et s’est pris en main.

Beaucoup de gamins devraient prendre exemple sur toi.

Ses mots me firent plaisir.

-Merci c’est gentil de votre part, j’avoue que c’est pas tous les jours que j’ai la chance d’entendre de sympathiques remarques.

-Tiens je viendrais te voir demain si tu veux, j’aurais bien besoin que tu jettes un œil à ma paire. Me lança Gustave avec un sourire en coin.

-Pas de problème, ça me ferais plaisir.

Je revis Madeleine approcher dans notre direction avec un plateau sur lequel était posé un bol de soupe accompagné d’une cuisse de poulet posé sur quatre pommes de terres coupées en rondelles.

-Voilà, excusez-moi Émile, j’ai été un peu débordé.

-Pas de soucis, on pourra reprendre notre conversation quand vous aurez plus de temps. Elle répondit à mon invitation avec un sourire.

-Avec plaisir. Excusez moi j’ai encore quelques clients à servir et normalement je devrais avoir un peu plus de temps ensuite. A tout à l’heure.

Nous répondîmes ensemble à la jeune serveuse.

-A tout à l’heure Madeleine.

En attendant que Madeleine puisse de nouveau converser avec nous, Gustave et moi continuions de nous raconter à tour de rôle des histoires entendu ici et là au cours de nos vies entre deux coups de fourchette.

C’est au bout d’une petite demie heure, une fois qu’il ne restait plus qu’une dizaine de clients qu’Armand le propriétaire, permit à Madeleine de prendre une pause. Je la revis venir vers nous m’apporter mon dernier plat. L’odeur de la cannelle se diffusait déjà dans l’air au fur et à mesure qu’elle se rapprochait. Elle déposa l’assiette contenant la part de tarte devant moi.

-Et voilà pour vous.

-Merci. Alors, le patron vous laisse enfin un moment pour souffler ? Dis-je avec amusement. –

Oui enfin ! Jeannette s’occupe des derniers clients. On n’a plus besoin de moi pour le moment. Alors où en étions nous ?

-Hum je crois que nous parlions d’histoires de voyage, je ne vous cache pas qu’avec Gustave, on a pris un peu d’avance. Madeleine s'assit à la table, reprenant la conversation là où ils l'avaient laissée.

-Ah oui, les histoires de voyage, dit-elle en souriant. Eh bien, je dois dire que j'ai toujours rêvé de voyager, de voir le monde au-delà de cette petite ville. Gustave, avez-vous des récits de vos voyages à partager avec Émile et moi ? Gustave prit une gorgée de sa boisson, puis sourit en hochant la tête.

-Oh, vous savez, j'ai parcouru quelques routes dans ma jeunesse. Rien de bien extravagant, mais j'ai eu ma part d'aventures. Je fus intrigué.

-Des aventures, dites vous ? Je serais ravi d'entendre l'une de ces histoires. Gustave prit une grande inspiration, se remémorant les souvenirs du passé. Eh bien, il y a une histoire qui me revient en mémoire. C'était il y a bien longtemps, alors que je voyageais à travers les montagnes enneigées de l'est. J'étais à la recherche d'un mouton appartenant à un berger du coin. La bête était égarée et se serait caché dans une vieille grotte abandonnée. Madeleine et moi écoutions attentivement, captivés par le récit de Gustave.

-Il faisait un froid glacial ce jour-là, et la neige atteignait parfois jusqu'à mes genoux. Mais ma détermination était inébranlable. Après des jours de recherche, j'ai finalement trouvé la grotte, enfouie sous un épais manteau de neige. Les clients restants dans l'auberge se turent, écoutant avec intérêt l'histoire de Gustave.

-Gustave, que s'est-il passé ensuite ? demanda Madeleine, suspendue aux paroles du vieil homme.

-À l'intérieur de la grotte, je suis tombé sur le dit mouton. Je pris le temps de l'inspecter pour voir si l'animal n'était pas blessé. C'est à ce moment que des loups se mirent à hurler dehors dans le froid. Toutes les 5 minutes, on pouvait les entendre de nouveau hurler mais de plus en plus à chaque fois. Moi qui comptais rester dans la grotte le temps que la tempête se calme pour pouvoir rentrer, je pris la décision de faire un feu avec ce que j'avais à portée de main. J'avais dans la grotte, des petits morceaux de bois mort dispersé ici et là dans la caverne. Par chance, j'avais avec moi une boîte d'allumettes que j'avais dans ma sacoche. Alors que cela faisait une bonne dizaine de minutes que le feu brûlait, je vis à l'entrée de la grotte, trois silhouettes à moitié dans le blizzard puis je les vis rentrer. Le mouton qui se trouvait alors sur ma droite commençait à prendre peur et à bêler face aux loups qui grognaient, j'eu l'idée de prendre un bout de bois et de l'agiter vers les loups pour les empêcher d'avancer davantage. Mes hurlements mêlés aux mouvements eurent pour résultat de les faire partir définitivement de l'endroit. Une bonne heure après, alors que la tempête était enfin retombée je pu redescendre en direction de la bergerie pour rendre le mouton à son propriétaire. En guise de remerciement, il m'offrit le repas et me permis de dormir une nuit chez lui.

Alors que Gustave eu terminé son récit, les derniers membres de son petit groupe excusèrent leur départ, nous laissant, Gustave et moi, seuls à notre table, plongés dans l'atmosphère chaleureuse et les récits de voyages partagés

Je souris et reprit:

-C'est une sacrée histoire ça, Gustave ! Vous avez vécu une vie pleine d'aventures et de découvertes.

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