Ceci est mon tout nouveau livre, mais à quoi bon le préciser ?

Vous n'avez en effet sûrement pas lu les précédents, étant entendu que je ne suis qu’une merde. La raison en est simple : je ne sais pas écrire et je passe mon temps à parler de moi.

Je – oui, je, toujours je – vis en banlieue parisienne, à Pourrigny pour être précis. Cette ville n’existe pas réellement, ou plutôt son nom n’est pas exactement celui-là mais je pense que vous aurez compris où je veux en venir. Il y a Paris et puis quelque part à côté il y a Pourrigny – c’est là que je vis.

Et comme son nom l’indique c’est tout pourri.

Je suis ingénieur en je ne sais plus trop quoi, en présentations PowerPoint je crois. Je rédige des cahiers des charges abscons pour des clients stupides et des managers furieux, bref on a vu mieux. En fait à la base je ne suis pas du tout censé faire ça, et d’ailleurs je suis loin de ne faire que ça, mais c’est tellement obsédant que ça en devient occultant. Théoriquement – et même pratiquement – je suis ingénieur en science des données, un terme qui ne dit rien à personne et qu’on a donc tendance à amalgamer à l’intelligence artificielle pour faire plus imagé. Ça me passionne mais j’estime ne pas avoir assez de temps à y consacrer, pris que je suis dans la spirale des appels d’offres et des négociations plus ou moins truquées.

Je me console en lisant de la science-fiction ; je me prends même parfois à rêver de futurs diffractés et de perspectives orthogonales en lisant du Greg Egan, mais très vite je dois redescendre sur terre et mon dieu que cela fait mal.

Et là je sors de chez le notaire pour une donation effectuée par mon père. Nous n’avons rien compris à l’opération, au dernier moment le notaire nous a dit qu’il n’en était pas un, ou tout au moins qu’il n’en était plus un, apparemment il venait de découvrir qu’il était à la retraite et ne pouvait donc plus exercer, ou quelque chose du genre, bref c’était lunaire. Nous avons donc vu son assistant, un petit gros pas très avenant, qui avait fait plusieurs fautes dans chacune des adresses de mes deux frères ; inutile de vous dire que nous sommes sortis de là avec une certaine idée des notaires.

Mais bon je m’en foutais : je partais en vacances donc je n’étais plus à ça près.